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  • Gégé aux hormones

    Ce midi, au restaurant coréen, débat autour de l’engouement pour le tofu, ce truc insipide et spongieux. Gégé, le dandy de mon équipe, un brun viril et ultra stylé, proche de la cinquantaine et amateur d’hommes : « On ne sait plus quoi bouffer ! Ça fait 10 ans que je ne bois que du lait de soja et j’ai appris récemment que c’était bourré d’œstrogènes ! Résultat, je dois avoir le taux d’œstrogènes d’une femme enceinte »

    Eclats de rires autour de la table. « Fais gaffe, Gégé, si tu continues tu vas devoir t’acheter un soutif ! »

    Cet après-midi, sur le plateau, un homme passe, me fait un signe de la main. Gégé se tourne vers moi : « Tu es là depuis 8 mois et tu connais plus de monde que moi ici ! »

    «  Qu’est-ce que tu veux, Gégé … Toi tu as les œstrogènes, moi j’ai le décolleté ! »

  • Marbre à l'âme

    Quand je t’ai vu débouler sur notre plateau et t’installer en face de moi, j’ai cru que j’allais faire une attaque cardiaque. Je ne suis déjà pas connue pour être lymphatique mais là je suis clairement devenue agitée. Comment allais-je passer 7 heures avec toi à portée de mains ?

    [Blink, blink à ma copine « Petits cailloux »  qui m’a fait pleurer de rire hier quand, suspendue à mes lèvres, elle a sorti « Tu aurais dû lui dire : en missionnaire ça ne va pas être possible chéri, passes derrière ! ». Hors contexte, c’est moins drôle mais notre ¼ d’heure de fou-rire a réussi à perturber le patron de Toritcho qui, hilare au-dessus de ses sushis, a demandé « Qu’est ce qui est si drôle ? »]

    Après avoir repris ma respiration, l’atmosphère s’est chargée d’électricité. J’ai eu l’impression que tu étais nerveux aussi. Tu gigotais sur ton siège, comme moi, et nous nous sommes raclés la gorge à tour de rôle pendant une heure, c’était drôle. Habituellement très déconneuse, je n’ai pas sorti un son de toute la matinée. Et surtout je n’ai rien branlé de la journée, incapable de me concentrer. J’ai béni le ciel que mon inséparable pote ait eu la bonne idée d’être malade ce jour-là. A notre habitude, il aurait balancé des conneries, m’aurait charriée. Ton irruption dans notre périmètre  et mon mutisme obstiné aurait sans nul doute éveillé la curiosité de ce garçon très observateur.

    J’ai envoyé un sms à la jolie A., seule à être dans la confidence : « Oh putain, je ne vais pas réussir à bosser aujourd’hui, il y a BQ qui est venu s’installer en face de moi !! ».

    Je n’allais pas louper une si belle occasion de t’observer, à la dérobée. J’ai détaillé la chemise rose qui moulait ton torse musclé, tes mains libres de tout anneau, les fins bracelets de tissu autour de ton poignet gauche. J’ai remarqué que ta bouteille d’eau portait la marque Dia ; c’est donc là que j’irai désormais faire mes courses, en espérant t’y croiser (vu que ça fait 10 ans que nous habitons le même quartier, et que je ne t’y ai jamais vu, c’est mal barré). Parfois ton regard croisait le mien et s’y attardait juste assez longtemps pour que mon trouble augmente. Je n’avais jamais été assez proche pour remarquer à quel point tu avais de magnifiques yeux noisette.

    Toute la matinée j’ai eu chaud, froid, soif, envie de pisser … Je ne tenais pas en place et me levais souvent pour me rafraîchir les idées à défaut du reste. A un moment, j’ai remis ma veste, tu m’as regardée, as froncé les sourcils et chuchoté « Ça va ? ». Ton attention m’a littéralement fait fondre. J’ai failli t’envoyer un message « Arrête de me regarder avec ce regard caressant, malheureux innocent, je vais te sauter dessus ! »

    J’ai envoyé un sms à mon frère. J’avais besoin de partager mes émotions. « Respiration ventrale pour maitriser ses émotions» a-t-il répondu, pragmatique. « Si je fais de la respiration ventrale, j’explose les boutons de mon fut’, dans le genre femme fatale, on fait mieux ». « Lol, reste naturelle » a-t-il conclu. Naturelle, j’étais loin de l’être …

    Au retour du déjeuner, tu as lancé un « Tu es bien silencieuse … » J’ai osé un culotté « Moi ? Toujours ! » (Mon cul, oui !). « Ah bon, je ne savais pas » as-tu répondu avant de disparaitre en réunion et de me laisser reprendre mes esprits.

    Le lendemain matin, tu avais repris ta place et on a passé 1 heure à se titiller sur la messagerie instantanée (quelle belle invention, discrète, silencieuse, tout !) Je peux me tromper mais il y a des signes qui ne trompent pas. Reste à savoir comment on va réussir à passer le cap des échanges virtuels.