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A Paris - dans le centre

  • Au rendez-vous des camionneurs

    Depuis quelques semaines, ma belle brune prend l'initiative, pour nos dîners réguliers, de nous trouver un endroit gourmet (j'ai l'âme poète ce soir, ce doit être l'effet Chalon sur Saône, d'où je vous écris, sous la pluie). Et c'est très reposant. Ce jour-là, elle nous proposait de découvrir, dans le cadre de "La France recuisinée", un plat du terroir parisien, dans un des 5 restaurants parisiens participant à l'opération.

    Si vous ne suivez déjà plus, vous ne faites vraiment pas d'efforts, parce que moi ça fait juste 17 heures que je suis debout (faites le décompte, il est 22h30) et j'ai encore à peu près les yeux en face des trous.

    Lundi dernier, donc, je la retrouvai sur le boulevard Saint Michel où je cherchais désespérément une veste pour m'empêcher d'attraper une angine de poitrine (la vendeuse saved my life). Quelques enjambées jusqu'au quai des Orfèvres, où nous attendait le célèbre Obs, et nous voilà installés tous trois au Rendez-vous des camionneurs. Cet endroit, joliment acidulé, n'a rien d'un routier et propose aussi quelques tables en mezzanine.

    Pendant qu'Obs, incorrigible romantique, admirait la lumière du soir couchant sur le Pont Neuf, je vidais la corbeille de pain. Une tuerie que ce pain Poujauran et son ramequin de beurre salé, j'en aurais fait mon repas ! Et toujours un plaisir d'entendre un restaurateur vanter les artisans qu'il met à l'honneur.

    Le saumon froid à la parisienne, thème phare de ce spécial "La France recuisinée", était tendre et dépourvu de cette pellicule de graisse qui j'y trouve souvent. Servi avec un oeuf mayo et des champignons de Paris, il était parfait. Nous nous étions réservés pour les desserts, et nous avions raison. Moi j'ai fait péter le compteur calorique avec un pain perdu au caramel au beurre salé et glace au carambar, lui avait choisi un cheesecake (mais je ne sais plus de quoi) et elle avait jeté son dévolu sur un moelleux à la pistache. 

    Le Rendez-Vous Des Camionneurs : une très bonne adresse dans un quartier où j'en ai peu. La carte propose, à titre d'exemple : un croque-monsieur au haddock, chèvre frais et oeufs de hareng fumé (dommage, Boug', y'a du chèvre), un tartare de veau au caviar de truffes ou la blanquette de joue de veau du commissaire Maigret.

    72 quai des Orfèvres, Paris 1er (Tél : 01.43.29.78.81)

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  • Voyage dans le ventre de Paris

    je vous ai croisé,louchébem,restaurants,paolaHier, vers 15h30, j'ai retrouvé ma petite Colombienne, Paola, au pied de l'église Saint-Eustache, pour un déjeuner quelque peu tardif. Elle avait envie de viande, je l'ai donc emmenée au Louchébem, restaurant boucher des Halles depuis 1878. Ne commencez pas à saliver, le propos de ce billet n'est pas le contenu de mon assiette, même si je vous défie d'avoir encore de la place pour une deuxième assiette du rôtisseur (jambon rôti, cuisse de boeuf et gigot d'agneau, 22€90, à volonté) servi avec 3 sauces et une savoureuse purée maison, elle aussi à volonté. Bon, je vois déjà Phil faire la moue, ok une petite photo, mais elle n'est pas de moi :

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    Paola a vite calé et le serveur, habillé en garçon boucher, lui a gentiment emballé le reste de son assiette de viandes pour qu'elle puisse le savourer à la maison; attention assez rare à Paris pour être soulignée.

    La salle étant quasi-vide, j'ai discuté un peu avec le serveur, m'enquérant de l'activité du restaurant : le mois de mai est une catastrophe, m'a t-il dit. Un peu plus tard, j'explique à Paola la signification du mot louchébem, qui signifie "boucher" en argomuche, langage inventé par les bouchers du quartier, à l'époque où les Halles n'était pas un centre commercial mais véritablement des halles maraîchères, le fameux "ventre de Paris". Ces halles étaient fournies par les abattoirs de Paris, ceux de la Villette et aussi ceux de Vaugirard, une de mes balades préférées. Je pointe du doigt, par la fenêtre, la facade en boiseries du restaurant "Chez Denise" autre institution du quartier, et en profite pour glisser sur la magnifique et toute proche tour Saint-Jacques, dernier vestige de l'église Saint-Jacques de la Boucherie, où les découpeurs de viande venaient prier.

    M'aidant d'internet, je lui révèle aussi la présence d'un immense charnier humain, le cimetière des Innocents, à l'emplacement de la fontaine du même nom, dont les ossements furent déplacés dans les catacombes lorsque les fosses commencèrent à s'écrouler sous le poids des squelettes qu'elles contenaient. En y réfléchissant, c'est peut-être ce qui a coupé l'appétit de ma jolie Colombienne, qui en redemandait pourtant et m'écoutait en ouvrant de grands yeux. Je prends à partie le serveur, qui s'ennuyait ferme à quelques pas, pour qu'il complète mes propos. Il nous invite à regarder les nombreuses photos, de l'époque du "ventre de Paris" qui ornent les murs du restaurant, en bas, dans l'escalier et à l'étage.

    Après le dessert où Paola suit mes conseils et déguste un Paris-Brest, l'occasion pour elle autant que moi de découvrir (merci Internet), l'origine du nom de cette pâtisserie, tout en picorant les desserts de mon café gourmand (que chevere ! el arroz con leche de mi mama ! s'écrie-t-elle en dégustant une cuillerée de mon riz au lait à la cannelle), nous partons en exploration dans le restaurant.

    Un autre serveur, plus âgé que le précédent, nous rejoint et fournit les légendes des photos. Il montre celle d'un type rougeaud, coiffé de gigantesques oreilles de porc, verre à la main. "C'est ce qu'on appelait un fort des Halles, dit-il. Ce sont les types qui portait des quartiers de viande entiers sur leurs épaules, à l'époque. Ce monsieur est venu il y encore 5 ans, c'était un colosse, plus grand que moi. Ils portaient le chapeau qui est dans l'escalier." Accroché au mur, il y a un chapeau à larges bords ronds, une sorte de sombrero. Après recherches, il s'agit du coltin, un chapeau muni d'un disque de plomb. Un site rend un fort bel hommage aux forts des Halles, et en musique, ici. Je pique une photo :

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    Didier, puisque c'est son prénom, complète ma mémoire défaillante en donnant les dates de la destruction des Halles.

    "C'était l'équivalent des Halles de Rungis d'aujourd'hui, n'est ce pas ? demandai-je. On vendait tous les produits frais, ici, pas seulement la viande ?"
    Didier confirme et pointe le doigt : " Du côté de la bourse du Commerce, ancienne halle aux blés, c'était le marché aux volailles. Au pied de Saint-Eustache, le marché de la viande."

    Je l'interromps : "Vous avez connu les Halles de l'époque, on dirait ?"

    - Oui, j'étais tout gamin et j'accompagnais mon père qui venait au cul des camions aider au déchargement, pour gagner un peu d'argent avant de partir travailler. Moi je l'attendais dans la voiture mais je m'en souviens bien."

    Quelle chance de rencontrer quelqu'un qui qui n'est pas là par hasard mais véritable contributeur de la mémoire du quartier. Un griot des Halles !

    Paola est aussi ravie que moi de ce déjeuner très culturel. Didier nous entraîne jusqu'à l'écran LCD, à l'entrée du restaurant, qui diffuse des images de l'époque, qu'ils ont eu quelque mal à retrouver. On y voit une photo de la facade du restaurant, à l'époque, lorsque son entrée se trouvait dans l'angle.

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    " Vous trouverez toutes les infos sur le site internet du restaurant " précise Didier. Moi, je crois que je ne vais pas tarder à me programmer une balade-reportage dans ce quartier, un must pour la gourmande que je suis, non ?

    Si l'histoire du restaurant et du quartier vous intéresse, cliquez sur l'onglet Historique, . Pour des photos d'époque, c'est ici. Si vous êtes tombée amoureuse d'un boucher qui le parle ou que vous voulez juste faire le malin au prochain dîner avec vos potes en parlant l'argomuche, cliquez . Et surtout, ne manquez pas d'aller vous taper un morceau de la savoureuse barbaque du Louchébem, où les serveurs sont si sympas (parce que ce sont de vrais Parisiens, eux ! )

    Le Louchébem au 31 rue Berger, Paris 1er (Tel 01.42.33.12.99)

  • Aux Ronchons avec "Roro"

    Ronchons.JPGCette adresse m’avait été conseillée par mon chef de projet. « Le restaurant porte mal son nom car le service y est très agréable » avait-il dit.

    Ce soir-là, profitant d’une visite dans le 5ème arrondissement, j’avais invité Roland, un ami de ma petite sœur, à me retrouver pour un verre voire plus si affinités*. En l’attendant, je déchiffrai les cartes alléchantes des restaurants de la rue Saint-Jacques. Hé oui je ne suis pas tout à fait une fille comme les autres, elles font les boutiques et moi je salive devant les cartes de restaurants.  J’avais le souvenir d’un garçon plutôt silencieux et réservé, et je retrouvai un homme enjoué et volubile. « Je ne t’avais pas reconnue », dit-il. Ah bon ? J’évite de me demander comment je dois le prendre.

    Après une pinte de Guinness à l’angle de la rue Malebranche, où le serveur derrière le comptoir avait un accent dépaysant – mais pas de jeu de fléchettes – je l’entraîne jusqu’à la Seine. Je ne viens jamais dans ce quartier et tout en marchant, je me laissai charmer par la lumière qui tombait ce soir-là sur le Panthéon. De belles journées de septembre remplissaient encore les terrasses.

    Sur le quai de la Tournelle, à deux pas de la Tour d’Argent, je propose un dîner aux Ronchons. La carte l’inspire, nous entrons. (Entre nous, il n'avait pas tellement le choix même si j'ai l'art de laisser croire le contraire). Le patron a quelque chose d’un instituteur de province à l’ancienne, dans sa tenue sobre et bourgeoise. Il nous installe près de l’entrée et des fenêtres, sur lesquelles la pluie tambourine maintenant.  

    « C’est pour qui, la dose de cholestérol ? » demande-t-il. « Pour moi ! ». O. n’avait pas menti, l’os à moelle rôti au four, fleur de sel et pain grillé est une tuerie que je déguste à la petite cuillère. Roland fait une cure d’iode face à une marinade de sardines fraîches à l'huile d'olive et poivrons doux au curry.

    Os à moelle de Fiso aux ronchons.JPG

     En plat principal, j’avais choisi un filet de poisson rôti au piment d’Espelette et Roro, je ne sais plus, à croire qu'il a bouffé tellement vite qu'on a pas eu le temps de prendre son plat en photo ?

    Dos de cabillaud aux ronchons.JPG

     Ce festin date de quelques semaines déjà et ma mémoire me fait défaut, pourtant je me souviens des boutades du patron, également de très bon conseil en ce qui concerne les visn, et d’un moment très agréable aux Ronchons.

    « Mais vous n’êtes pas ronchon du tout ! Je suis très déçue ! » lui lançai-je. C’est pas moi, c'est mon frère » répondit-il avec un sourire goguenard.

    Les Ronchons au 25, quai de la Tournelle, Paris 5ème (01 46 34 50 99)

    * plus si affinités = resto !

    (Roro t'as assuré de prendre ton appareil photo pour relayer mon téléphone portable qui n'avait plus de batterie)