Mon mâle

Grâce à l’amical coup de pied au cul de Doréus, que je ne désespère pas de rencontrer un jour (ma porte t’est ouverte), je reprends l’histoire de mon installation en Eure et Loir.

Mon précédent billet se terminait sur un cruel teasing : j’emménageais dans ma première maison en septembre 2020, mais pas seule. Je vous imagine piaffer d’impatience et crier en cœur : QUI C’EST ???

En mai 2020, alors que je sortais tout juste du premier confinement, nouvellement célibataire et en double deuil, décidée à quitter la jungle urbaine au plut tôt, mon ex me parle d’une femelle prête à mettre bas une portée de chiots, à 2 pas de chez nous et me convainc que, seule à la campagne, un chien me sera plus utile qu’un chat.

Il faut savoir que bien que j’aime profondément les animaux, j’ai toujours eu une indifférence, voire une forme d’aversion, pour les chiens. Dans notre famille, on est pro-chats et il y a toujours eu des félins chez mes parents. J’attribue cette réserve à plusieurs évènements, le plus traumatisant étant sans doute d’avoir vu, le jour de ma communion à 8 ans, mon chat siamois dévoré par les chiens d’un garde-chasse allemand. Un peu plus tard, j’ai été mordue par le dobermann d’amis de mes parents. Cela a généré une certaine appréhension chez moi, renforcée par le comportement stupide de certains maîtres. Dans la famille paternelle, on est très chiens-chiens, au point de leur faire lécher les visages, les assiettes et de les faire dormir dans les lits. J’opposais donc les chats, indépendants, fiers et propres à la saleté et à la supposée stupidité des chiens qui se reniflent le cul et restent fidèles, jusqu’à la mort, à des maîtres maltraitants.

Fin mai 2020, donc, la citadine que je suis, un peu flippée à l’idée de me retrouver seule dans une maison déserte au milieu des champs, pousse la porte d’un local où une portée de 9 chiots goulus, les yeux à peine ouverts, rampe maladroitement jusqu’aux mamelles gonflées de leur mère, une belle et douce femelle American Staff. Il y a des mâles et des femelles, des bleus (à la robe grise), un noir, des beiges et des fauves comme leur mère. Je cherche un mâle bleu, sur les conseils de mon ex. J’en remarque un, plus gros et plus dégourdi que les autres, visiblement le boss de la portée, qui escalade sa fratrie pour atteindre les mamelles nourricières. Je le trouve classe avec ses pattes grises qui se terminent toutes en blanc : gants et chaussettes. Ce sera lui. A partir de là, je viens le voir tous les jours, et très vite il me reconnaît et se love sur mes genoux.

Il est convenu que je le récupère à ses 2 mois, soit fin juillet. Je le prends une première journée, pour qu’il s’habitue, et il s’habitue bien, à en juger ses ronflements paisibles au creux de mes genoux. Il me reste quelques semaines pour lui trouver un nom et je choisis celui d’un pharaon. Le jour J, le cœur battant comme une amoureuse qui retrouve son bienaimé, je viens le chercher.

Cette année 2020 restera décidément dans ma mémoire. Locataire et citadine depuis que je me suis émancipée de mes parents, je m’apprête à devenir propriétaire et à vivre à la campagne. Et pour la première fois de ma vie d’adulte, je vais la partager avec un animal, qui plus est, un chien.

Là encore, je n’étais pas au bout de mes surprises ... (à suivre)