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A ma Boug'

Ton premier message sur ce blog, le 18 novembre 2007 :

"Rien qu'à la lecture j'en salive, un tel mélange de saveurs ne peut qu'être divin ... bon ceci dit j'ai aussi aimé l'aventure des fromages ;) je vais restée traîner par ici, les "a venir" sont pleins de promesses alléchantes."

Ton dernier message sur mon téléphone, le 29 janvier 2020 :

" Je ne peux pas, c'est trop dur. Tu es mon soleil, celle qui m'a offert mes plus belles années et mes jolies histoires. Je ne peux pas te voir en étant aussi diminuée et mal. L'incident de ce weekend est trop récent. Pardonne moi et laisse moi la chance de retenter une invitation dans quelques semaines. Je t'embrasse fort et je t'aime."

 

 

Tu avais raison, ma Boug' : nos avenirs étaient pleins de promesses alléchantes que nous avons tenues ensemble. 

Ton avenir à toi s'est arrêté vendredi dernier, après un dernier verre avec ta mère, que tu chérissais. Depuis plus de 10 ans, une maladie anonyme et cruelle te rongeait inexorablement. Depuis 3 ans déjà, elle t'avait isolée de tes amis et m'avait privée pour toujours de ton sourire et de tes yeux pétillants. 

Depuis samedi où j'ai appris ta mort avec stupeur, je ne pense qu'à toi. Tant de souvenirs défilent, et tous des moments de bonheur tranquille. Notre amitié se passait de mots. Entre ces deux messages, nous avons partagé plus de 12 années de tendresse, de confidences, de rires, de rencontres, de verres et de voyages. Je pioche quelques moments qui les résument si bien. 

Toi, mon amie, mon oreille, mon épaule discrète mais toujours présente. Nous sommes en Allemagne, dans le village où j'ai grandi et tu me serres la main quand je fonds en larmes devant mes souvenirs. 

Toi, l'humaine, la sensible sous ta carapace, l'émerveillée : une vieille femme roumaine caresse ta joue et te dis des mots doux dans sa langue que tu ne comprends pas, en nous tendant une bouteille d'un alcool maison qu'elle a fabriqué pour nous. Lorsque tu remontes en voiture, une larme coule sur ta joue. 

Toi, l'enfant éternelle, la joyeuse : dans la nuit, tu ris aux éclats à mes côtés pour ne pas crier de peur, alors que je fonce sur les routes escarpées du Connemara en chantant à tue-tête "Changing your demeanour" des Chieftains. 

Plus jamais je n'entendrai ta voix de fumeuse lancer "Ça va ma chérie ?". Je redoute le jour où je franchirai le seuil de la maison de Françoise, si vide et si triste sans toi.  

Je me console en pensant à cette pivoine, plantée par ton père dans son jardin avant sa mort, il y a plus de 15 ans, et qui a fleuri pour la première fois le jour de ta mort. Et aussi en remerciant le sort qui t'a enlevée à nous d'avoir enfin abrégé tes souffrances. 

Je sais que les années d'or de notre blogosphère ont été les plus belles années de ta vie. Que comme moi, ce réseau t'a apporté tes plus belles amitiés, sans doute parce que protégés par le virtuel, nous sous sommes livrés sans réserve. Et que nous avons traversé l'écran pour nous aimer vraiment. 

Si j'ai été ton soleil, sache que tu as été ma meilleure compagne de voyage. De là où tu es maintenant, tu sais à quel point je t'aime aussi. 

Commentaires

  • Il y a presque douze ans, elle avait écrit dans son blog une note intitulée "Une peine coulait le long de ses jours", faisant suite à une correspondance que nous avions échangée, elle et moi. Elle l'avait accompagnée d'une image représentant une plante constellée de petites fleurs rouges se détachant sur un ciel flou, brumeux, un peu violet. Fond marin ? Paysage crépusculaire ? C'était difficile à dire, mais de l'ensemble émanait une impression de douceur, de bienveillance et d'apaisement. Tout comme son message. Tout comme elle.

    Je la connaissais moins bien que toi, mais, tout comme toi, je ne l'oublierai jamais. Je ne vous oublierai jamais.

    Alors, si tu veux bien, Petite Soeur, à mon tour je prends ta main et la serre fort, pour que tu saches que je pense à elle, que je pense à toi. L'empathie, le soutien, la tendresse, l'amour que l'on se donne mutuellement, transcendent l'espace, le temps, et même la vie et la mort. La preuve est là.

    Elle demeurera auprès de toi, auprès de nous, pour toujours.

  • Lancelot,
    Merci infiniment de ta présence attentionnée, d'être venu ici lui.rendre un dernier hommage, si émouvant.
    Comme elle, tu as toujours été là, veillant sur moi à distance, entretenant le feu de notre amitié.
    Merci. Je t'aime, grand frère.

  • Mes condoléances. Amitié, tout ça!.

  • Toutes mes condoléances Sophie, c’est un bel hommage

  • Toutes mes condoléances Sophie, c’est un bel hommage

  • Nicolas & Charlotte,
    Merci les amis !

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