Depuis cette soirée où Jean-Louis, carillonneur montrougien, m'avait invitéé à un apéro improvisé dans sa boutique, le patron de Saveurs et Millésimes, face à la piscine, est mon caviste préféré. Ce soir-là, comme souvent lors de mes pérégrinations, le "petit saut" dans sa boutique s'était prolongé devant une assiette de charcuterie et fromage et j'avais trinqué de bon coeur avec Jean-Louis. Cerise sur le gâteau, le patron de Saveurs et Millésimes est bel homme. Ce dimanche matin, en compagnie de Boug', j'y entre juste pour le plaisir de le saluer.
Quelques mètres plus loin, devant le Café du Marché, un homme qui porte bouc et lunettes de soleil nous barre le passage; à l'interieur, le patron nous hèle : "Qu'est ce que vous buvez, les filles, je vous invite ?"
Présentations faites, nous nous posons quelques minutes devant deux petits noirs. Au mur, le portrait du patron trône au milieu de ceux d'acteurs et de l'enfant de la ville, Coluche.
"Romy, c'est mon ex" dit Nasser.
- Ça ne lui a pas réussi de sortir avec vous" lui dis-je.
Il prend la pause devant l'objectif de Boug' qui prévient pourtant "Vous ne savez pas qui vous avez fait entrer chez vous!"
Autour du comptoir, les habitués ricanent. Il y a Arnaud, l'homme au bouc, Loic, le charcutier qui prend une pause avant de retourner au marché et d'autres anonymes. Nasser ne sait pas où nous pourrions prendre un brunch. "Au pire, on ira manger des crêpes au marché". "Prenez vos crêpes et ramenez les ici, les filles".
Je propose à Boug' d'aller voir si Chez Friloux est ouvert. Nous traversons l'avenue de la République, éventrée par les travaux de prolongement de la ligne 4 du métro. Hélas, Chez Friloux, il n'y a personne et nous ne pouvons qu'admirer le beau décor de bois en nous promettant d'y revenir, accompagnées des deux joyeux lurons du quartier.
Puisque nous somme là, remontons jusqu'au Rubeo Monte où une salopette inaugurée en juin dernier rend hommage à Coluche, l'enfant de Montrouge, enterré non loin de là, au-dessus du périphérique.
Au retour vers le marché, nous passons par la rue Sadi Carnot où je découvre une trouée de verdure. "C'est un petit parc, me dit une mamie que son chien promène, il est très joli". Bon ben alors, on entre et le petit parc est fleuri et doté d'un petit pont de bois qui tient bien (on est montées dessus).
Mon téléphone bipe, c'est Nicolas qui m'engueule gentiment "Tu devais pas passer cette semaine ?"
Il est déjà 13h30 et nous accélérons le pas. Au marché de Montrouge, Marc et sa belle moustache dorée solde ses galettes, à quelques minutes de vacances bien méritées. "On remballe mamie et c'est les vacances" dit-il à Thomas qui rêvasse en le regardant badigeonner les crêpes brunes de beurre salé. Je le taquine "Comment ça, vous remballez mamie ?" "Non, ça ça fait longtemps que c'est fait".
Marc nous offre de belles gaufres épaisses, cadeau de la maison, et ses recommandations. On le rassure "Elles n'auront pas le temps de sécher".
Quelques minutes plus tard, comme promis, nous déballons nos crêpes chez Nasser, devant un petit verre de blanc. Au comptoir, David et Arnaud jouent au 30. Un homme nous aborde et taille la bavette avec nous, il est dépanneur auto et surtout très sympa. "Ça peut servir" dit Boug', sauf pour celles qui circulent à vélo. Yannick est Brestois de naissance mais Malakoffiot depuis plus de 35 ans. "Il fait beau, faut aller à la piscine" dit David. Ouais, enfin, restons calmes, c'est pas la canicule, non plus ....
Il est plus de 14 heures quand Boug' m'embrasse et monte dans son auto direction le soleil. Cette flânerie dans les rues de Montrouge m'a donné envie de prolonger la balade, cette fois de l'autre côté du périphérique ...