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En Andalousie

  • En la bodega Guerola

    Il est plus de 15h quand je franchis le seuil de la bodega Guerola. A l'exception d'un couple installé à une table près de la porte, les convives sont massés au fond du restaurant. Les ventilateurs rafraîchissent la lourde chaleur de cet après-midi andalou. Je grimpe sur un tabouret, comme nous l'avions fait quelques jours plut tôt, en compagnie de Pepito et sa copine. Derrière le comptoir, un type d'une bonne cinquantaine d'années m'observe, un sourire en coin derrière ses lunettes. Sous mes yeux, derrière des vitrines, poissons et coquillages exhibent leur fraîcheur. Pour un peu, on se croirait chez Toritcho ... pourtant, le décor est bien différent.

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    Au dépouillement immaculé de Toritcho, la bodega Guerola oppose un chaleureux fatras de poutres et ornements. A droite, derrière la porte d'entrée, une peinture représente un torero. Sur une table, des bouteilles de vin sont exposées. Sur la gauche, le long comptoir de bois foncé s'étire jusqu'au fond de la salle. Les murs sont couverts de cadres, photos et affiches.

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    Un serveur m'invite à m'assoir à une table ou je serai plus à l'aise pour manger. J'acquiese et le suis, avant de me raviser et de retourner m'installer au comptoir. C'est que je vais m'emmerder moi, toute seule à une table ! Je préfère de beaucoup être au coeur de l'action, observer, m'étonner, poser des questions et sans doute, intriguer assez le personnel pour qu'ils entreprennent de me parler. Voyager seule a cet énorme avantage qu'il facilite les rencontres. En couple, rare sont ceux qui osent troubler le tête à tête et et entre amis, on se suffit souvent à soi-même.

    Me voilà donc déménageant pain, assiette, serviette et verre en bredouillant au serveur, vaguement gênée, que vraiment, je préfère manger au comptoir. Il propose alors de me placer près de la caisse, pour que j'ai plus de place. Le plus âgé me charrie en me disant que je vais faire le tour du resto avant même d'avoir commencé à manger. Je commande des calamares fritos ainsi que des coquinas, ces fameuses tellines que je n'ai plus eu l'occasion de déguster depuis mon voyage en Avignon, il y a déjà 2 ans. En attendant mes plats, je demande au serveur à lunettes le nom de ces coquillages assoiffés qui promenaient, l'autre soir, des langues démesurées d'un beau rouge corail. Conchas finas, répond-il.

    Un autre serveur, arborant de belles moustaches poiver et sel, pose bientôt devant moi deux belles assiettes de petits calamars frits et de tellines arrosées d'huile d'olive, citron et persil.

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    Tandis que je suçote mes tellines d'un air gourmand, il me demande d'ou je suis et ma réponse le surprend, visiblement. Je demande si je peux prendre des photos du restaurant, il m'entraîne et désigne ici des affiches de ferias de toros, là des photographies en noir et blanc de l'ancien Torremolinos.

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    "46 ans que la bodega est ouvert, tu n'étais pas née". J'acquiese, même si le monsieur doit me croire beaucoup plus jeune que je ne le suis.

    "Je suis venue avec des amis, il y a 2 jours". "Oui, oui, je sais, je t'ai reconnue", dit-il. Je lui demande s'il est le patron, il dément et pointe du doigt le monsieur à lunettes. Lui s'appelle Pepe. Le patron se présente, il s'appelle Clemente. Je le complimente sur sa bodega et lui dis que j'ai un blog et que je vais faire un billet dessus. J'ai fini mon repas, succulent, et Pepe me débarrasse avant de poser bruyamment 3 verres sur le comptoir, de les remplir et de m'en tendre un avant de porter les deux autres à une table. Quand il revient, je demande si c'est de la sangria, il secoue la tête et me fait signe d'approcher et de grimper sur un des tabourets tandis qu'il soulève un couvercle contenant un liquide ambré ou je distingue des rondelles d'orange et de la canelle.

    Lorsque la bodega ferme ses portes, je retrouve la chaleur de la rue et les boutiques bas de gamme de la calle San Miguel. Je piquerais bien ma petite sieste quotidienne, tiens ...

    Bodega Guerola

    Las Mercedes n° 2 - Torremolinos

    Telf. 952 38 10 57