Le samedi 4 mai, c'était ma dernière balade bénévole pour Parisien d'Un Jour. N'ayant pas réussi à honorer, en 2012, les 6 balades annuelles minimum demandées, j'ai préféré arrêter. Difficile de sacrifier une demi-journée de son précieux weekend quand, en déplacement chaque semaine ou presque, c'est le seul moment que l'on peut consacrer à ses amis. Et encore plus à l'arrivée des beaux jours, où mes envies de weekends au vert sont aussi fréquentes que les mails de PDJ.
Et puis j'ai un autre projet de bénévolat dont j'espère vous parler bientôt, quand ma candidature sera acceptée. Un projet très enthousiasmant, en parfaite cohérence avec mes valeurs et mon parcours professionnel.
N'empêche, être guide bénévole pour Parisien d'Un Jour a été une belle expérience. J'ai rejoint l'association en septembre 2011 pour d'une part, contribuer à donner une meilleure image des habitants de ma jungle urbaine et d'autre part, multiplier les occasions - trop rares - de converser en anglais. J'ose croire que j'ai rempli ma mission. De son côté, PDJ a exaucé mes voeux en ne m'envoyant que des visiteurs anglophones, à l'exception de Paola, ma petite Colombienne.
Le 4 mai, donc, je suis passée chercher Angie et Stan, un couple de fermiers néo-zélandais, dans leur joli hôtel La Maison Favart (A), du côté de Richelieu-Drouot. Du coup, nous avons fait ma balade, qui devait partir de la place de la Concorde, à l'envers. J'ai fait un démarrage en beauté en partant dans la direction opposée de celle souhaitée, ce dont je me suis rendu compte en arrivant à l'angle des rues Lafayette et de Châteaudun. "Ce n'est pas grave, Sophie, a dit Angie, nous on est contents de visiter Paris".
Du coup, comme on repassait du côté de Richelieu-Drouot et que je leur parlais des passages parisiens, nous avons fait un détour par le passage Jouffroy (B) et celui des Panoramas (C).
De là, nous prenons la rue Vivienne et comme je ne suis pas encore dans un de "mes quartiers", je marque un rapide arrêt pour m'asssurer, plan à la main, que celle-ci débouche bien sur le Palais-Royal. Deux hommes s'arrêtent successivement pour proposer leur aide. "Arrêtez, je suis censée être guide touristique, dis-je en rigolant".
Nous longeons la place de la Bourse (D), que Stan prend en photo pour un de ses fils qui travaille à la bourse d'Auckland. La rue Vivienne est quasi déserte par cette première belle journée ensoleillée qui a favorisé une fuite des Parisiens. Cette parenthèse silencieuse est bien agréable entre le vacarme du boulevard Montmartre que nous venons de quitter et celui de la rue de Rivoli qui nous attend.
Mes fermiers néo-zélandais ont l'air plutôt sereins dans ma jungle urbaine, eux qui vivent en plein centre de l'île avec leurs moutons et pas grand-monde à la ronde. Angie a une maison d'hôtes et m'invite à y séjourner. "Si vous avez des moutons, vous faites des barbecues", demandai-je à Stan. "Oh oui !" Cet argument, couplé à l'alléchante description du pain maison d'Angie, visiblement fort apprécié de ses visiteurs, et une vieille envie de visiter la Nouvelle-Zélande me séduisent. En plus, Stan tond lui-même ses moutons et même s'il n'est pas galbé comme Luke O'Neill dans "Les oiseaux se cachent pour mourir ", ça doit valoir le spectacle.
Nous voici dans la rue de Beaujolais, au charme rétro avec son escalier en pierre et nous entrons dans le jardin du Palais-Royal (E) où Parisiens et touristes se rafraîchissent au bord de fontaines. Le temps d'une pause photo sous les roses, je découvre qu'en Nouvelle-Zélande, on ne dit pas "Cheese" pour garantir un sourire photogénique mais "Kiwi". Je raconte à mes compagnons l'anecdote du petit canon du Palais-Royal et profite de ce détour pour entraîner Angie dans la boutique de Serge Lutens. Elle aimerait dénicher une tenue pour le mariage d'un de ses fils, je propose donc de terminer la promenade aux Grands Magasins du boulevard Haussmann, où elle devrait trouver son bonheur.
Pour l'heure nous traversons le parterre de colonnes de Buren pour rejoindre la place Colette, jeter un oeil à la Comédie Française et rejoindre le Louvre et sa pyramide de verre, que Stan n'a jamais vue. Je laisse le choix à mes visiteurs de l'axe pour rejoindre la place de la Concorde, soit le jardin des Tuileries, soit la rue de Rivoli. Ils choisissent le jardin (G), que je n'ai pas traversé depuis une bonne dizaine d'années ! C'est l'occasion pour moi de découvrir que la superbe arche qui fait face au Louvre rend hommage à Napoléon.
Nous voici place de la Concorde (H) où avant l'obélisque trônait une autre curiosité qui fit perdre la tête, au sens propre, à Marie-Antoinette, Danton, Charlotte Corday et plus de 1000 guillotinés en un an. J'aime bien amener les touristes sur cette place majestueuse qui a résonné, autrefois, des cris de l'hystérie collective. Mes Néo-Zélandais, comme beaucoup d'autres, pensaient que la guillotine se trouvait place de la Bastille; c'est qu'elle a pas mal voyagé, la Veuve ...
De la place de la Concorde nous rejoignons la rue de Castiglione qui, comme nombre de rues alentour, célèbre une victoire napoléonienne et aussi, mais il faut avoir de bons yeux pour la débusquer, la mémoire de l'ambassade du Texas, dont la France fut le seul pays à reconnaître l'indépendance, pendant les 9 années où, libéré du Mexique, il n'était pas encore tombé aux mains des Américians.
Nous débouchons place Vendôme dont la colonne de bronze, inspirée de celle de Trojan à Rome, fut érigée en fondant les canons pris aux Russes et Autrichiens. Pour l'anecdote, sous la seconde guerre mondiale, les nazis élurentt domicile ici, au Ritz, tandis qu'à leur nez et barbe, au n°15, s'installait le réseau de résistants Saint-Jacques, dirigé par Maurice Duclos.
Angie et Stan ont soif et envie de m'offrir un verre, je les emmène donc place du Marché Saint Honoré (I), histoire de profiter d'une terrasse sans circulation automobile. Je bois du cidre tandis que Stan paie 7€ pour un verre de vin. Avoir soif coûte la peau du cul, place du marché Saint Honoré ... Je montre à mes compagnons le chemin parcouru, pour qu'Angie puisse en retrouver les étapes dans son guide touristique. Et je leur conseille vivement, le lendemain matin, de profiter de leurs dernières heures parisiennes pour se balader dans Montmartre plutôt que sur les Champs-Elysées.
La balade touche à sa fin. Cette pause nous a un peu coupé les jambes et je propose de remonter jusqu'aux grands magasins en bus, que nous prenons avenue de l'Opéra (J).
A 19 heures, j'abandonne Stan et Angie dans l'effervescence du Printemps Haussmann, les embrasse et leur fait promettre de me raconter la suite de leur séjour parisien. Nous avons passé 4 heures à marcher et parcouru pas loin de 5 kilomètres, je suis éreintée, retour maison pour un samedi soir sur mon canapé, avec un bon verre de rhum.
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