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  • Comme une image

    Hier, j’ai passé une de ces journées qui te met du baume au cœur (même si, je vous rassure, mon cœur et mon moral se portent très bien).

    Le midi, j’ai déjeuné avec celui qui a été mon manager direct pendant 2 ans, jusqu’en novembre 2016. Un homme que j’ai, je dois le dire, longtemps méprisé.

    Je le trouvais sympathique mais mou, superficiel, plutôt inutile. Il sollicitait nos retours, organisait des ateliers, promettait de « changer les choses » et rien ne se passait.  Nos conditions de travail ne s’amélioraient pas et lorsqu’il venait discuter avec nous en réunion, il était souvent pris à partie et raillé.

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  • Ma voisine d'en face

    Ça fait 15 ans maintenant que je vis dans le même appartement. Un record pour l’être sans racines que je suis.  

    J’aime ma ville, mon quartier, ma rue, véritable écrin de verdure où les oiseaux chantent, et même mon appartement sombre et mal isolé, que je me suis approprié au fil des ans.

    Dans mon immeuble, les gens sont assez sympas.

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  • Comment obtenir le financement de votre formation par le FONGECIF

    Quand je me suis lancée dans un projet de Congé Individuel de Formation (CIF) pour suivre un master, j’ai tout entendu (et lu).

    Que " Si on ne faisait pas sa demande de financement en tout début d’année, le budget du FONGECIF était consommé (premier arrivé, premier servi). Que « Tous les gens que je connais qui ont fait une demande de financement au FONGECIF recevait un refus » etc.

    Sur internet, ce n’était pas plus optimiste. Et surtout, en dehors du site du FONGECIF, j'ai trouvé peu de conseils et de retours d’expérience.

    Avec tout ça, en plus du fait que je ne répondais pas aux critères de priorité de financement communiqués par le FONGECIF, j'étais mal partie. Mais puisque j'ai la chance, depuis septembre, d'avoir obtenu le financement de mon master 2 par le FONGECIF, j’ai décidé d'insuffler un peu d'espoir en partageant ici mon expérience et mes conseils.

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  • Matthieu Ricard, livre de chevet des conducteurs de bus

    C’était un soir où, ayant quitté l’appartement douillet de mon amie P_o_L, j’attendais sur la place de Clichy un bus me ramenant dans le sud de Paris. Notre sereine soirée s’était terminée sur un échange d’anecdotes amenant à un constat bien négatif : la recrudescence des incivilités dans la rue, les transports et les accès d’agressivité difficilement contenue que cela générait en nous.  

    Il était un peu plus de 23 heures et à l’arrivée de mon bus, une violente altercation – pour parler comme à la télé - a eu lieu entre un passager (éméché / défoncé ?) et le chauffeur. Insultes pour l’un, menaces de commissariat pour l’autre, j’ai bien cru que ça allait en venir aux mains.

    Autant vous dire qu’au moment de monter dans le bus, l’atmosphère était électrique et son conducteur, qui n’a pas répondu à mon bonsoir, très énervé.  Comme à mon habitude, je m’installe à la première place, en diagonale du chauffeur que j’observe du coin de l’œil.

    Rue Blanche, encombrée par les sorties de théâtre, il soupire bruyamment derrière une voiture qui roule au ralenti mais attend les passagers qui sortent du théâtre et le hèlent. Au Palais-Royal, une femme monte sans titre de transport ; il ne l’intercepte pas mais je l’entends bougonner.

    Boulevard Raspail, une Autolib lui fait une queue de poisson et il assène un coup de poing sur son volant. Quelques mètres plus loin, un taxi pile devant lui, sans clignotant. « Il n’a vraiment pas de pot, me dis-je en mon for intérieur ». Je repense aussi à cette vieille théorie que j’ai vérifiée maintes et maintes fois, selon laquelle un sourire attire un sourire (et la mauvaise humeur, les emmerdes). L’état de tension dans lequel il se trouve visiblement me désole. J’hésite à aller me poster à côté de lui, comme je le fais parfois aux heures creuses, pour échanger quelques mots. J’ai le souvenir de quelques trajets fort agréables, comme ça, à discuter avec un conducteur sympa en traversant des quartiers prestigieux et chargés d’histoire. Mais mon chauffeur ne semble pas enclin aux échanges, ce soir.

    Le taxi, c’était la goutte de trop pour mon malheureux conducteur. Il fait un écart, s’arrête à la hauteur du chauffeur, ouvre sa porte avant et lance : « Vous allez arrêter quand, les taxis, de nous emmerder ? ». Le type n’attend pas son reste et démarre en trombe.

    A Denfert-Rochereau, mon conducteur, qui sait faire la part des choses, renseigne fort aimablement un voyageur paumé. A 3 stations de chez moi, me disant que si je suis renvoyée à ma place, la gêne sera de courte durée, je m’accoude à côté de lui avec un grand sourire : «  Vous n’allez pas nous faire un ulcère, quand même ? »

    Ouf, mon sourire a appelé le sien : «  Ah madame, ce métier ne vous réconcilie pas avec vos semblables, vous savez  .. .»

    Et mon chauffeur de bus, qui en a visiblement gros sur la patate, vide son sac. : « Vous avez vu le type à la place Clichy ? Et la femme à Opéra qui est montée en passant son sac sur le valideur ? Je la connais, je la retrouve sur d’autres lignes : seule ou avec ses gosses, c’est toujours le même manège, elle fait mine de valider  et elle ne paie jamais. Le problème, c’est que je n’aime pas afficher les gens. Et l’Autolib ? Et le taxi ? »

    Je compatis : « J’ai les mêmes dans le métro. L’autre jour, j’ai failli balancer un coup de pied dans les tibias d’un costard-cravate qui m’a fait un croche-pattes sans même se retourner. Heureusement que je ne suis pas un homme, je crois que je distribuerais des pains toute la journée».

    Je pointe l’inutilité de toute cette énergie dépensée négativement et lui suggère d’essayer la communication non-violente. « J’essaie vous savez, j’ai même acheté du Matthieu Ricard, mais c’est difficile ». On rit ensemble car moi j’ai le Dalaï-Lama et une biographie de Gandhi sur ma table de chevet. Je me sens moins seule, d’un coup.

    Il me parle de la nouvelle génération de chauffeurs et je le trouve touchant « : « Ça fait 13 ans que je fais ce métier et la nouvelle génération de chauffeurs me fait de la peine, franchement. Nous, les anciens, quand on se retrouve au terminal de bus, on se serre la main, on boit un café, on discute un peu. Eux, ils ne saluent personne, quand ils quittent leur bus, c’est pour se mettre sur leur smartphone, on dirait des autistes. Ce pays a vraiment un problème. »

    Ça fait un peu drôle de parler comme 2 vieux alors qu’on a la quarantaine, et lui peut-être même moins. Quand je descends du bus, il me donne rendez-vous sur un prochain trajet, qui sait ? et promet d’essayer de se concentrer sur les jolies choses de la vie. Je suis contente de lui avoir redonné le sourire et peut-être, d’avoir contribué à embellir ses 3 dernières heures de travail.

     

  • Une nuit dans le cirque de Mafate

    Hier matin, je suis réveillée à 5h15. C'est qu'ici, le rythme n'est pas le même; la nuit tombe vers 18h, on se couche très tôt (avant 22h) et on se lève très tôt (vers 7h).

    Celui que je considère comme mon deuxième papa mais que j'appelerai ici Cricri avait dit "On doit être partis à 7h15 au plus tard". Vers 6h45, je m'amuse de le voir s'agiter en silence, faisant, en bon militaire, les dernières vérifications : "Sophie, tu as pensé au poncho ?" Il a élevé 3 garçons mais, comme il dit, "il connait bien les femmes". 

    7h05, la voiture se met en route. A 8h, nous récupérons Cliane à Saint-Denis et c'est parti pour 2 heures de route dans Salazie et ses virages. A 10h11 très précisément (j'ai mis Runtastic Pro en route mais hélas, le GPS refuse de s'activer, comme souvent), nous harnachons nos sacs à dos et quittons le parking pour rejoindre le Col des Boeufs, point de départ de notre randonnée jusqu'à Marla, où nous dormirons en gîte. Le cirque de Mafate est le plus sauvage et le seul des 3 cirques de La Réunion qui ne soit accessible qu'à pied.

    Il fait un beau soleil mais frais, la température idéale. Sur une pierre, un petit oiseau à la gorge caramel sautille, "C'est le tec tec, l'ami des randonneurs", me dit Cricri. 

    La végétation est luxuriante et nos deux guides satisfont notre curiosité. Cliane pointe une feuille veloutée : "C'est une feuille de bringellier, avant, on s'en servait comme éponge" ... "et comme papier toilette", ajoute Cricri. Il y a aussi de drôles de tiges brunes qui se terminent en queue d'hippocampe, des fouggâteaurborescentes qu'on appelle "fanjan" ici. Nous sommes à 1810 mètres d'altitude. La descente est rude et ma mère, percluse d'arthrose, souffre. Cricri tente de l'aider, prodigue des conseils, propose de porter son sac à dos et se fait engueuler.

    Dans la plaine des tamarins, de nombreux arbres ont été déracinés par la tempête. Ces tamarins là ne donnent pas de fruits mais leurs troncs gris sur le vert vif de la végétation sont du plus bel effet. Nous croisons de nombreux randonneurs et quelques vaches et l'une me menace de ses cornes, je déguerpis sans demander mon reste.

    la réunion,marla

    Cricri me montre, dans le lointain, quelques toits rouges (photo ci-dessus). C'est là que nous allons dormir, à Marla. Ça ne parait pas loin mais à l'exception de la plaine des Tamarins, ce ne sont que montées et descentes, et les marches sont hautes. Je suis ma mère et sa jambe gauche tremble quand elle la pose, je ne dis rien mais je suis inquiète. Et si elle tombait et se faisait mal ? Je passe devant elle pour ne pas accroître son stress.

    "Avancez au lieu de tchatcher comme des pintades" leur lance Cricri. Il me fait rire et surtout, me fait énormément penser à mon grand-père : bourru mais sensible. Je ne pouvais pas rêver meilleur guide que cet ancien militaire, très sportif, qui a fait 3 fois la Diagonale des Fous (qui porte bien son nom!) et a travaillé comme bénévole sur le Grand Raid pendant 15 ans. 

    Arrivés à la rivière des galets, que nous traversons en sautant sur les pierres, c'est l'heure du pique-nique, qu'on savoure. Après ça, je m'offre une petite pause à la fraîche, dans le fracas de l'eau vive. 

    la réunion,marla

    En repartant, je prends en photo les nombreuses et délicates lantanas (aussi appelées corbeilles d'or ou galaberts) qui bordent le sentier. Il y a aussi des figuiers de Barbarie. Et ça grimpe, ça grimpe ... 

    la réunion,marla

    Après près de 4 heures de marche, nous voici devant une petite église en tôle, l'église de Marla. "On y a fait 2 mariages et un enterrement", raconte Cliane.Et elle raconte aussi la marche en talons hauts et robe de soirée jusqu'au village et le père de la mariée qui ouvrait le cortège en jouant de l'accordéon. Ensuite c'est l'école de Marla, dont la simplicité rappelle mon école en Alemagne. 

    la réunion,marla

    L'îlet de Marla est à 1620m d'altitude. Chez Fanélie, les vêtements séchent sur le toit et la Dodo nous attend, bien fraîche. Les enfants nous embrassent timidement. Bientôt, la maitresse de l'école de Marla s'attable avec nous. Vers 17h30, nous prenons possession de notre gîte. J'avoue que je piquerais bien une petite sieste. On prend tous une douche et vers 19h30, nous entrons dans la salle à manger, où sont attendus "21 randonneurs, avec vous". Cricri préside en bout de table et l'institutrice s'installe avec nous. Une fiole de rhum arrangé orange-ananas nous attend.

    Avec 21 personnes dans une petite salle, le brouhaha est énorme et on s'entend à peine parler. Je surprend le regard dans le vague de Cricri, comme déconnecté de ce qui l'entoure et je me souviens que, comme mon père, ses oreilles ont souffert des tirs de munitions à l'armée, et qu'il n'entend rien de ce que nous disons. Je ne veux pas qu'il passe le repas comme ça, alors je vais le voir et lui glisse à l'oreille "Si je viens m'installer à côté de toi, ça te dérange ?". "Vas-y, viens, répond-il". Je prend ma chaise et m'installe avec lui en bout de table. Quand je lui demande s'il veut un verre de vin, il secoue la tête " Il paraît que je fais mon intéressant, alors ça m'a coupé l'envie de boire un verre de rouge". Cricri a été vexé par la réflexion d'une des femmes mais quand quelques minutes plus tard, je lui sers un verre, il ne dit rien et trinque avec moi.

    La salade fraîche de chou, carottes et tomates est délicieuse. Ensuite, rougail saucisses, cari poulet, riz blanc, haricots et rougail de tomates-arbuste, qui poussent devant la maison. Je n'avais jamais vu de tomates sur des arbres ... En dessert, du gateau "tisson" aux pêches. Je fais épeler à Cliane, qui m'explique que le gateau ti'son, c'est un gâteau au son de mais. 

    la réunion,marla

    Il est 21h28 quand je pose ma tête sur l'oreiller et je n'ai pas souvenir d'avoir cherché le sommeil....

    Le lendemain matin, la pluie me réveille. Il est 5h45 et je me laisse bercer jusqu'à 6h30. Une heure plus tard, nous mangeons rapidement notre petit-déjeuner, réglons les 40 euros de notre séjour, enfilons nos ponchos et reprenons la route sous une pluie battante. Le retour que j'appréhende à cause des sols détrempés, est au moins aussi agréable que l'aller. Il fait frais, les crapauds sautillent dans l'herbe, les montagnes pleurent des cascades de larmes blanches.

    la réunion,marla

    Seulement cette fois, pas question de traverser la rivière des galets, grossie par la pluie, en sautillant sur les pierres. Nous sommes obligés de faire un détour et d'emprunter la passerelle d'Ethève. C'est impressionnant, à 5 mètres au dessus de la rivière déchaînée. 

    Peu avant 13 heures et une cueillette d'énormes chouchoux (j'ai l'impression d'être à la fête foraine en train d'essayer d'attraper la queue du Mickey), nous voilà enfin au col des Boeufs. Je ne suis pas mécontente d'être arrivée au bout de cette randonnée sportive sans que personne ne se soit fait mal. Même pas moi qui me suis retrouvée les 4 fers en l'air à 100 mètres de l'arrivée ..

    la réunion,marla

    "Si tu viens à La Réunion et que tu n'es pas descendu dans Mafate, dit Cricri, tu n'as rien vu". J'avais fait Salazie et Cilaos, ne manquait que celui-là, la boucle est bouclée.