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  • Gusto Divino

    il gusto divino, restaurants, boulogne-billancourtGusto Divino, c'est un restaurant-traiteur italien ouvert en début d'année, à Boulogne-Billancourt, non loin du métro Marcel Sembat.

    Une façade sombre qu'on pourrait louper, et ce serait bien dommage. Dès ma première visite, j'ai été séduite par le lumineux sourire de Jérôme, le patron, et le temps qu'il consacre à chacun de ses clients, affluence ou pas, pour détailler avec une fierté évidente les produits frais qui parfument ses plats. Ce jour-là, il m'assura que la sauce tomate était faite par la grand-mère. Je ne sais si c'était une blague, en tout cas on a envie de tout goûter tant il les vend bien, ses plats.
    J'y ai déjeuné souvent avant l'été (hélas, il lui manque une terrasse) et converti beaucoup de mes collègues. Récemment, j'y ai emmené un client italien qui a validé la qualité de la maison et reconnu les produits de l'Italie du sud.
    Gusto Divino propose plusieurs formules plat-boisson-dessert au déjeuner, renouvelées chaque jour par le jovial cuisinier : pâtes fraiches (12€50), plats (11€), salades (10€) et foccacias (12€), comme celle que dégusta mon frérot ce jour-là. L'union de la mozzarella et du speck, sur un lit de roquette parfumé au basilic.

    il gusto divino, restaurants, boulogne-billancourt

    Pour faire couler tout ça, Jérôme fait venir d'Italie des limonades artisanales et bios. Et en cuisine, Luciano confectionne des desserts à se pâmer : je raffole de sa mousse puissante en chocolat et légère en sucre, comme j'aime.  Il a même réussi à me faire aimer son tiramisu, dessert qui m’écœure habituellement. "C'est parce qu'il le fait au jaune d’œuf et le travaille jusqu'à obtenir une mousse. C'est comme ça qu'il faut le faire, sinon le mascarpone est écœurant" a dit mon client italien. Tout s'explique.

    il gusto divino, restaurants, boulogne-billancourt

    S'il n'y a plus de places dans cet exigu restaurant qui peut difficilement accueillir des tablées supérieures à 4 convives, on peut aussi emporter les petits plats de Jérôme, dans de jolis boites en bambou.
    Pour finir, Jérôme vend aussi des pâtes fraiches, charcuterie, fromages (dont la célèbre burrata) et épicerie fine. Mais attention, le restaurant-boutique ferme vers 19h !
    Je lis sur le site - qui mériterait une mise à jour - que des cours de cuisine étaient prévus en 2013. En attendant, Jérôme (à gauche) et son cuisinier, Luciano, ont gentiment pris la pose pour illustrer ce billet.  Le jeune serveur, dont le visage m'est étrangement familier, apporte la touche finale à ce joyeux et attentionné trio. Vous la sentez, la convivialité ?

    il gusto divino, restaurants, boulogne-billancourt

    Gusto Divino au 165 rue d'Aguesseau (angle avenue André Morizet) à Boulogne-Billancourt

    Tél : 01 79 71 33 86

  • Fiso s'offre un petit jeûne

    Hier, j'ai fait une expérience inédite et surprenante. Une de mes ex-collègues (musulmane), a organisé un dîner dans un restaurant-riad près de Beaubourg, et proposé à ceux qui voudraient éprouver leur volonté et/ou montrer leur solidarité, de jeûner comme elle de 4h57 à 21h32.

    Vous me connaissez, je suis une femme de défis. Pourtant j'avais de gros doutes sur ma capacité à supporter, non pas la privation de nourriture puisque je m'essaie au jeûne intermittent depuis plusieurs semaines, mais celle d'eau.

    La veille, j'ai profité de la terrasse de ma douce Chacha et savouré un délcieux barbecue aux accents grecs, avec féta grillée et raki artisanal. A 2 heures, après une dernière rasade de flotte, je me couche.

    Le lendemain, je réfrène mon premier geste du matin, qui est de boire un verre d'eau. La première moitié de journée ne m'inquiète pas : le weekend, je déjeune rarement avant 15h. Mais je m'imagine déjà en fin d'après-midi, langue dehors, au bord de la syncope et obsédée par la sensation d'une goutte d'eau sur ma ma langue.
    Au pire, me dis-je, si je souffre vraiment je me rincerai la bouche, ce qui est autorisé (tant qu'on n'avale pas car avaler, c'est tromper péché).   

    La matinée se passe sans encombres. Ma collègue s'enquiert gentiment de mon état et m'encourage. Vers 13h, je tourne un peu en rond. C'est que manger, ça occupe, mine de rien. Et pas question de tuer les heures en me lançant dans le ménage !

    J'échange des sms avec les 2 autres volontaires; l'une a mal à la tête et l'autre a tellement bu d'eau la veille qu'il n'arrête pas de pisser. Nous tenons bon.

    Je m'installe devant mon ordinateur et rédige le long billet précédent, ce qui m''occupe jusqu'à 16h. Toujours pas la moindre sensation de faim, je suis très surprise. Je pourrais boire un verre d'eau, certes, mais rien d'insurmontable et même pas le besoin de me rafraîchir la bouche. Je compte le délai qui me sépare de mes amis : il me reste quand même presque 6 heures à tenir. Le plus dur est devant moi.

    Vers 17h30, je ressens un coup de barre et décide de prendre une douche, ce qui m'achève. A 19h, je me glisse entre les draps pour un somme réparateur de 30 minutes. A 20h je sors de chez moi, reposée, pomponnée et toujours pas affamée. Je touche au but et ne peux m'empêcher d'envoyer un message à quelques amis musulmans pour leur annoncer mon dernier exploit, dont je ne suis pas peu fière.
    A 21h15, visiblement un peu déphasée, je dépasse le resto et suis hélée par mes compagnons, hilares.

    A 21h30, ayant un doute sur l'heure exacte de la rupture du jeûne (ce serait quand même con de se louper à quelques minutes près), nous appelons ma Jam qui confirme : c'est bon pour vous à Paris !

    [Ben oui, logique, le soleil ne se couche pas à la même heure pour tout le monde]

    Nous avons enfin mérité de lever nos verres (d'eau) à ce défi relevé, sans aucune souffrance en ce qui me concerne, et je dois dire que le bien le plus précieux de l'humanité a une saveur nouvelle dans ma bouche, tout comme le repas que nous partageons ensuite.

    Cette expérience a fini de me convaincre : les sociétés occidentales mangent bien plus que nécessaire et tout est question de volonté. L'année prochaine, je pourrais bien m'offrir un jeûne prolongé, recommandé par de nombreux médecins désormais, mais avec eau car je reste persuadée que s'en priver est mauvais pour la santé.    

  • Viens chez moi, j'habite chez ma voisine

    sleep as androidJ'ai téléchargé un nouveau gadget la semaine dernière : Sleep as Android, une application de réveil intelligent. Ca fait longtemps que je me pose la question de savoir quel est mon temps de sommeil nécessaire et cette application promet une réponse. Si je me base sur les périodes de vacances où je me réveille naturellement, j'aurais visiblement besoin de 9h de sommeil !

    Le principe de Sleep As Android ? Vous indiquez votre temps de sommeil idéal, vous programmez votre heure maximum de réveil et vous donnez une marge de temps avant votre réveil pendant laquelle l'application peut vous réveiller. Au moment de vous coucher, vous posez votre téléphone sur le matelas, vous le mettez en mode avion et vous appuyez sur l'icône d'analyse de votre sommeil. A partir de là, l'application va détecter vos phases de sommeil aux mouvements que vous faites pendant la nuit et vous réveiller au moment le plus propice dans la plage programmée pour vous éviter d'avoir la tête dans le cul.

    Par exemple : J'ai indiqué un temps de sommeil idéal de 8h , je dois me lever au plus tard à 7h30 et j'autorise Sleep As Android à me réveiller dans les 50 minutes précédant mon heure de réveil, soit à partir de 6h40. Fraîche comme un gardon.

    Au réveil, vous aurez votre courbe de sommeil ainsi que le temps de sommeil (+/- précis en fonction du moment où vous vous endormez) et le pourcentage de sommeil profond sur votre cycle de sommeil.

    J'ai lancé l'expérience le weekend dernier et aujourd'hui, après 5 nuits avec l'android, j'ai une tête de batracien éclaté. Mais je m'amuse beaucoup.

    Vendredi soir, je programme l'heure limite de réveil à 10h et lance l'analyse de mon sommeil à 0h18.
    A 7h samedi matin, ma voisine du dessus se lève (elle bosse visiblement le weekend) et me réveille. Je ne me rendors plus et à 9h20, je décide de me lever.
    Je regarde ma courbe de sommeil, il y a des pics qui correspondent à mes phases de sommeil léger dont un à 4h (pause pipi) et un autre à 7h, juste au moment où ma voisine m'a réveillée. Ca paraît fiable. Sleep as Android indique :
    9:01 de sommeil parce que je l'ai arrêté à 9h20, en fait je n'ai dormi que 7h20 (merci la voisine)
    80% de temps de sommeil profond

    Samedi soir, après une journée éreintante (jogging, vélo puis chasse au trésor au Kremlin-Bicêtre, billet à paraître), je me couche à 23h54. Ma voisine me réveille à 7h mais cette fois je réussis, après un petit moment, à me rendormir jusqu'à 9h09. Courbes cohérente avec un pic à 7h (salope !) :
    9h15 de sommeil
    72% en sommeil profond

    Dimanche soir, coucher 23h04. Ma voisine, elle, ne dort pas et me tient éveillée jusqu'aux alentours de minuit. Je dors très mal cette nuit-là et comme j'ai programmé mon réveil pour 8h max, je me réveille naturellement à 7h54, juste avant que les mouettes ne commencent à crier. 8h50 de sommeil officiellement, au moins 1h de moins, en fait. Je suis crevée :
    8h50 de sommeil (7h50 maximum en fait)
    73% en sommeil profond

    Lundi soir, je retrouve mon voisin auquel je parle de ma dernière lubie et décris toutes les options de l'appli
    - On peut aussi enregistrer ses bruits nocturnes et pour les ronfleurs, tu peux même programmer un signal qui sonne quand tu commences à ronfler !
    - Et ça marche  les ronflements ?
    Je le regarde avec un sourire :
    - Ben, j'en sais rien, je ne ronfle pas, moi, bien sûr !
    Je me couche à 23h28, cette fois avec des bouchons d'oreille. Je suis réveillée à l'aube par ... mes ronflements. Bon.Ca c'est fait. Dans les 5 secondes qui suivent je me prends une vague dans la gueule et les mouettes me narguent. Il est 6h41 :
    7h13 de sommeil
    66% en sommeil profond

    Hier soir, je me couche à 23h54 et programme mon réveil pour 7h30. Il sonne à 7h30, signe que Sleep as Android n'a pas détecté de sommeil léger dans les 50 minutes précédentes. J'ai l'impression d'avoir dormi comme une bûche et quand je me regarde dans le miroir, je l'ai visiblement aussi prise dans la tronche, la bûche :
    7h35 de sommeil
    73% en sommeil profond

    Il me reste 10 jours de test gratuit de l'appli. Je suis convaincue par l'expérience et vais acheter Sleep as Android (2€49) même si pour l'instant, j'ai surtout l'impression de dormir au rythme de ma voisine. Et vous, vous utilisez ce type d'application ?

    [Un blogueur a rédigé ici un guide d'utilisation de Sleep As Android très pointu. D'autres applis similaires existent sur le marché. Pour Iphone, l'équivalent s'appelle Sleep Cycle]

  • Petite mais ... costaud !

    C'est ainsi que je définirais la commerciale nouvellement embauchée. Je l'ai rencontrée lors de notre induction program, il y a 1 mois (un induction program, pour les non-initiés, c'est un parcours d'intégration à l'intention des nouveaux arrivants).

    Lorsqu'elle s'est présentée, le parcours de ce petit bout de femme d'allure un peu austère m'a intriguée. Elle a négocié avec les marchés asiatiques et managé de très grosses équipes; le directeur commercial ne cachait d'ailleurs pas sa joie d'avoir réussi à la débaucher, après plusieurs essais infructueux. Ses interventions me semblaient toujours justes et à son image : discrètes et efficaces. J'ai eu envie d'en savoir plus et le lendemain, je me suis installée à côté d'elle. 

    A la pause, après l'éblouissante intervention du PDG qui m'est décidément fort sympathique, je lui fais part de ma surprise et elle rebondit sur ses propos lapidaires : 

    " En France, on a une culture matheuse. Les banques ont assez de moyens financiers pour s'offrir les premiers de la classe. Du coup, ces types ont tout le monde à leur pieds et se prennent pour les rois du monde. Un jour, ils se retrouvent face à un Indien de 1m22 qui leur explique que la finance, il fait ça depuis X années, pour X clients et dans X pays. L'autre, en face, il n'a bossé que dans sa boîte, ça le calme d'office.  

    Le marché financier, en France, il est tout petit mais ils se la pètent quand même. Ils ont développé qu'une moitié de leur cerveau, ce sont quasiment des autistes."

    Autiste : voilà bien un des adjectifs que j'appliquerais à mon ex-PDG. "Se la pète" aussi, lui qui, dirigeant d'une PME de 60 personnes, a l'aplomb de répondre à une remarque sur le fait qu'il ne salue pas ses salariés par " Est-ce que le PDG de SFR fait le tour de ses collaborateurs le matin ?"

    Le soir, au pot de bienvenue, j'ai proposé un déjeuner ensemble au petit bout de femme. Et un midi, je l'ai emmenée au coin de la rue.

    Nous avons partagé nos premières impressions sur notre nouvelle boîte, dynamique et ambitieuse, dirigée par un conquérant et pourvue d'étonnantes et talentueuses personnalités.

    Comme moi, le petit bout de femme a été favorablement impressionnée par un processus de recrutement exigeant et extrêmement professionnel : pour elle, un jeu de rôles, pour moi une mise en situation. Pour la dernière étape de mon recrutement, j'avais dû former, pendant près d'une heure, un petit groupe composé de ma chef, de ma N+2 et d'une chef de projet. J'avais déroulé ma prestation avec assurance, revigorée par les conseils et encouragements de quelques collègues-amis qui avaient accepté de me soumettre, 2 jours plus tôt, à une répétition générale. Mes futurs responsables avaient noté ma pédagogie et fait un retour si élogieux que la suite faisait peu de doute.

    - Toi, dès qu'on te voit, tu dégages tout de suite quelque chose de très positif, confirme le petit bout de femme.

    Nous racontons aussi nos expériences. Elle travaillait dans un très grand groupe et n'a plus supporté que ses supérieurs brisent constamment ses collaborateurs directs, sans raison. Nous tombons d'accord sur le fait que le management à la terreur ne fonctionne pas et qu'on continue pourtant à l'encourager. Les gens bossent parce qu'ils ont peur mais ils détestent leurs chefs et sabordent, plus ou moins consciemment, leur boîte. C'est quelque chose qui m'avait frappée à mon retour d'Irlande, il y a 10 ans. Le petit bout de femme ajoute " Les gens ont de l'énergie mais elle est négative."

    Elle raconte qu'elle a travaillé pour un client (une banque, tiens) où des types étaient payés à élaborer des projets foireux qu'on confiait ensuite aux personnes dont on voulait se débarrasser; ils foiraient le projet foireux et l'affaire était réglée. Alors quand des chasseurs de tête l'ont contactée, elle a prévenu : "Petite boîte, grande boîte, je m'en fous, je veux juste travailler dans une boîte saine." Et de fait, notre nouvelle boîte n'est pas parfaite mais elle est sympathique. 

    Nous partageons aussi nos constats des carences de notre nouvelle boîte, constatées ailleurs : en France, on choisit les managers sur la base de leurs résultats, pas de leurs qualités managériales. Et hélas, on ne les aide pas à acquérir les compétences qui leur font défaut.

     - C'est très français, affirme le petit bout de femme.

    Nous parlons aussi du système scolaire qui entreprend très tôt le travail de broyage des différences. Son fils de 17 ans a déjà hélas tout compris : "En France, si tu n'as pas fait une école de commerce ou d'ingénieurs, tu ne vaux rien".  Le petit bout de femme, effaré par le traitement appliqué à son fils, a placé la cadette, qui a des difficultés d'apprentissage, dans une école qui mélange enfants handicapés et valides. Pour ne pas qu'on brise sa confiance en elle déjà vacillante. "Tu es folle d'avoir mis ta fille dans une école d'handicapés !" se sont écriés ses amis.

    "Ma fille aujourd'hui, elle a de très bons résultats, elle se trouve belle et très forte. Elle grandit dans un milieu qui la valorise et lui inculque la bienveillance. Elle part en classe de voile avec des handicapés qui balance la chaise roulante dans le bateau. Ils n'ont peur de rien, ils font tout comme les valides. Ce ne sont pas eux qui se mettent des freins, ce sont les autres. "

    Une heure était trop courte pour tout ce que nous avions à échanger. Il y aura d'autres déjeuners, j'en suis sûre.

  • Mafé rêvé

    Il y a presque 10 ans, à l'époque où je bossais pour la grande distribution, un collègue sénégalais, informé de mes appétences pour la cuisine africaine, m'avait emmenée, un midi, dans un foyer africain de l'autre côté de la Seine. Dans une résidence grise peuplée d'hommes, après un dédale de couloirs, on entrait dans une cuisine où des mamans s'affairaient derrière d'énormes marmites en fer-blanc. Pour 1€50, on pouvait manger de généreuses portions de mafé, thiep, bananes plantain et autres plats exotiques.
    Tout fin connaisseur vous dira que la meilleure bouffe afriacaine se trouve dans les foyers. Les travailleurs sont exigeants et ont de l'appétit.

    Il y a quelques semaines, alors que je suis revenue dans le quartier, le foyer s'est rappelé à moi. J'ai regardé un plan : il devait être dans le quartier où mon frère bosse, à 2 stations de bus de mes bureaux. J'ai appelé mon frère, avec lequel je devais déjuener :

    - Ca te dit une bonne bouffe africaine ?

    Il y a 10 ans, je n'aurais jamais réussi à le traîner dans un foyer africain. Mais depuis, il a goûté, et il sait. Je le préviens que je crois avoir retrouvé ma super adresse mais que j'ai pu me tromper.

    - J'ai un collègue qui est intéressé, on ira avec lui, dit-il.

    Le jour J, armée de l'adresse convoitée et de mon GPS, nous nous mettons tous 3 en route. Je reconnais la rue, c'est bon signe. Nous voilà devant la résidence grise, des hommes sont aux fenêtres, nous montons les marches et entrons. Je jubile et met les résidents à contribution : " La cusine, c'est où s'il vous plaît ?"
    Un jeune homme indique une cour où des vieux discutent, posés sur des chaises d'écolier. Je continue ma chasse au trésor. " Par là" disent les vieux, un peu surpris de voir 3 petits blancs débouler dans leur quotidien. On ouvre des portes, on descend des marches, guidés par des hommes rigolards. On débouche dans une salle à manger où des hommes déjeunent sur des nappes plastifiées, les yeux rivés sur une télé qui donne des nouvelles du pays.

    On prend nos places dans la file d'attente, parmi les travailleurs affamés. Rien n'a changé, les mamans qui s'affairent, les marmites qui glougloutent. Des poissons braisés se sont échoués là. Mon frère a les yeux qui font roue libre.

    J'opte pour une belle assiette de veau aux épinards sur du riz blanc, eux se saisissent d'un mafé au boeuf et brochettes. Les prix ont à peine augmenté : 2€ par personne.

    Un homme fait la vaisselle en direct et balance des couverts dans une bassine. Je préfère ne pas déranger les travailleurs qui mangent entre eux; mes compagnons acquiescent.
    - On peut manger dehors ? je demande à la dame
    - Ou ça dehors?
    - Ben dans la cour
    - D'accord mais vous nous ramenez les assiettes ok ?

    - Vous allez bien manger ! nous lance un homme hilare alors que nous repartons dans les couloirs, nos assiettes dans les mains.
    Nous nous installons sur un banc et c'est super bon. Mon frère est ravi.

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    Après avoir fini nos plats, nous ramenons les assiettes en cuisine et allons boire un thé à la menthe dans le foyer où des hommes vendent des babouches, des cigarettes au détail et autres bricoles. Un vrai, avec la branche de menthe.

    2 jours plus tard, mon frère m'appelle : On y retourne, Fiso ?

    Je chope un Vélib et y arrive avant eux. Les femmes nous reconnaissent (tu m'étonnes!). Je me fais souffler une barquette de bananes plantain sous le nez à 10 secondes près et me console avec un mafé. Une petite bombe de cholestérol. Frérot commande un thiep et ses 5 légumes par jour. 

    Cette fois, on prend nos aises. Dans la cour, il y a une table un peu gondolée et des chaises d'écolier.
    - On se fait une terrasse, les gars ? lancé-je à mes compagnons.
    - C'est plus cher en terrasse, dit un homme avec un clin d'oeil.

    Prudents, on a opté pour l'ombre. Et là, franchement, ça a été royal. On se serait crus à la campagne.

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    - Et en plus, ils sont super sympas, a dit mon frère.

    - Cet après-midi, on va y reprendre doucement, ajoute son collègue berbère, avouant que la dernière fois, ils ont été pris de somnolence au retour du déjeuner.

    Heureusement que je viens à vélo. A 126 calories les 7 kms (diwxit ma super appli Runstatic), ça ne va pas être superflu, si vous voulez mon avis.

    PS 1 : Ce n'est pas un oubli. L'adresse est secrète et se transmet sous le manteau. Tout le monde n'est pas volontaire pour s'aventurer en Afrique de l'ouest. Et pourtant ...

    PS 2 : Phil, desserres ta ceinture.

    PS 3 : 2 billets de bouffe de suite : rassuré, mon Obs ?