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J'aime - Page 8

  • Un verre à Barcelone avec un pilote de l'US Air Force

    C’était le soir de ma toute première course, à Barcelone. Après une sieste régénératrice, enfouie dans les édredons tandis qu’un déluge s’abattait sur la ville, j’avais vaincu ma paresse et repris le bus pour aller dîner dans le centre. Le réceptionniste marocain m’avait conseillé un restaurant où il avait ses habitudes, à côté de la boutique du FC Barcelona.

    Dans le bar au décor américanisé, je me hisse sur un tabouret, au comptoir. Après avoir commandé un verre de Rioja, je scrute la vitrine et fais mon choix : fèves au jambon, asperges à la croque au sel, calamars à l’andalouse. Les haut-parleurs distillent « I want you » de Marvin Gaye et je me détends, tout en discutant avec le serveur, marocain lui aussi.

    Face à moi, de l’autre côté de l’immense comptoir, un séduisant jeune homme s’est installé, seul lui aussi, devant une pinte de bière. Il dîne, les yeux rivés sur l’écran de télé qui diffuse un concert de Rod Stewart. Nos regards se croisent, des sourires s’esquissent et après plus d'une heure et quelques formules de politesse, nos verres tintent.

    Mon compagnon d’un soir est portoricain et pilote dans l’US Air Force. Il est basé en Allemagne depuis plusieurs années et profite de quelques jours de congés pour parcourir l’Europe, et ce week end, Barcelone, avec des copains pilotes qui se remettent mal de la cuite de la veille.  

    P. raconte sa solitude, loin des siens, ses nièces et neveux qui grandissent loin de lui, les larmes que verse, à chacun de ses retours a Porto Rico, son père vieillissant et terrifié de perdre son petit dernier régulièrement envoyé en mission en Afghanistan. Je lui dis mon opposition à cette guerre stupide et injuste. « Je suis contre cette guerre aussi, dit P., mais je suis un soldat et je dois obéir ».

    Nous nous racontons nos voyages. P. est un homme sacrément cultivé et intéressant. Il parcoure l’Europe et est même allé à Paris « mais je n’ai pas aimé, je dois le dire ». P. s’y est heurté, comme tant d’autres, au mépris des « professionnels du tourisme ». Mais ce qui m’amuse particulièrement, ce soir-là, c’est le portrait sans complaisance que P. dresse des Européennes qu’il a observées :

    -          Les Espagnoles ? Elles ressemblent à mon frère, elles ont un visage trop masculin.

    -          Les Françaises ? Elles donnent l’impression que ce qu’elles portent est plus important que ce qu’elles sont.

    -          Les Scandinaves ? Symétriques et … inhumaines.

    Nous discutons géopolitique et musique. Après que P. m’ait raconté ses nombreuses vies, le doute se fait en moi. Je lui donne 30 ans tout au plus. P. me remercie et arbore un large sourire : il a 38 ans. Il me prend à son tour pour une gamine, je le mets K.O : 1-0, balle au centre.

    Sur le trottoir, P. me serre virilement la main. Nous avons échangé nos coordonnées car j’ai promis de lui montrer une autre facette de Paris, lors de son retour en juin, au gré d’une de mes balades. Et aussi de l'emmener danser la salsa, ce qui m'emmerde, entre nous, mais il aime les danses latinos et Paris en est un des meilleures ambassadrices.

    Qui m’aurait dit que je partagerais avec grand plaisir un verre avec un type qui bombarde l’Afghanistan ? L'humour et l'acuité de P. m'ont enchantée et sa solitude m'a émue. Je repars dans les rues glacées et désertes, conversant maintenant avec une jeune Colombienne qui vit ici depuis des années.

    Quelle belle surprise que cette soirée ! J’en ai même oublié mon parapluie dans le bar.

  • Après le week end "fesses à l'air", la journée "peau du cul"

    Préambule : Je suis sûre que CUI aurait trouvé un bien meilleur jeu de mots à faire avec ce billet.

    Ca faisait un petit moment que j'avais envie de tester les voitures électriques d'Autolib. Une collègue m'ayant rassurée sur la simplicité de leur utilisation, il ne me restait plus qu'à attendre une occasion.

    En début de semaine, ressentant le besoin d'aller discuter avec JM, mon ami de presque toujours, je décidai de me lancer et scannai permis de conduire, carte d'identité et photo récente pour envoyer le tout par mail. Hélas, le message "Vos documents ont été validés, vous pouvez maintenant finaliser votre abonnement à une station Autolib'" arriva le lendemain matin.

    Mercredi soir, sortant du concert de mon frère, dotée de mon tee-shirt de groupie N°1, celui-ci me propose de les ramener, lui et ses potes, et de tester l'engin par la même occasion. Je n'ai malheureusement pas mon permis de conduire avec moi, sésame obligatoire pour finaliser ledit abonnement.

    Aujourd'hui, donc, je rejoins une station équipée d'une borne d'abonnement et découvre par la même occasion la ville d'Arcueil. Je trouve les stations Autolib' bien moins repérables que leurs jumelles Vélib' et c'est une épicière qui m'indique la station, sur le trottoir juste en face de moi. Les voitures grises, ce n'est pas non plus très accrocheur, visuellement. Enfin, pour une voiture écolo, ce n'est pas très joyeux, le gris !

    Dans la bulle, une jeune femme apparaît sur un écran et me parle, comme sur Skype. A cause du bruit de la circulation, je dois tendre l'oreille pour entendre ce qu'elle dit (détail qui a son importance, comme vous le comprendrez par la suite).

    Fort sympathique, elle m'indique qu'on va bloquer une caution de 50€ sur mon compte et m'explique comment prendre possession d'un véhicule. Je me plante, bien sûr, et débranche le mauvais véhicule. En fait, c'est exactement comme avec le Vélib, tu passes un badge sur un lecteur, tu tapes ton code secret, on t'attribue une voiture, tu la dévérouilles en passant ledit badge sur un lecteur près du rétro, tu débranches sa prise d'alim et en voiture Simone !

    A bord, un témoin de charge de la batterie indique 96% de charge. Un écran propose de visionner une vidéo qui t'explique comment rouler en mode automatique. Il y a même une option aide qui te permet d'appeler un conseiller directement à partir du véhicule. La classe.

    Au démarrage c'est très étrange, tu as l'impression que la voiture n'a pas démarré, et pourtant si, elle se lance, mais sans bruit !  La boîte automatique ne me dérange pas, j'en ai déjà eu une. Mon GPS ne me sert à rien car la Bluecar en est équipée, ni mon CD de Michael Kiwanuka (elle est dépourvue de lecteur). J'ai toujours l'option radio Nova, mais le volume sonore, bridé, est inaudible en circulation.

    C'est parti ! Après avoir vérifié auprès de ma charmante conseillère que c'était autorisé et possible, je me lance sur l'autoroute A6 en direction d'Evry. Ma voiture métallisée, plus haute que les autres, ne passe pas inaperçue. Je suis assez contente de faire de la pub à ce concept écologique et économique. Sur l'autoroute, j'atteins les 110 comme avec n'importe quelle voiture, aucune différence notable, si ce n'est le bruit du moteur, très différent d'une voiture à carburant. Un peu l'impression qu'on met les turbines et que je vais décoller.

    Peu après, je me gare sur le parking du magasin de JM qui m'attendait pour se faire conduire à la poste à bord de mon nouveau joujou. Comme moi, il est emballé par la petite voiture.

    A l'arrêt, incapable de verrouiller la voiture, je fais appel à un conseiller qui me répond instantanément et me rassure : il va remonter l'anomalie mais de toutes façons, personne ne peut utiliser le véhicule sans badge.

    Vers 18h30, j'appelle Boug' qui devait me retrouver chez moi à 19h30 pour un dîner viet'.
    "Je suis dans le coin, t'es partante pour une expérience inédite ? "
    Elle hésite ma Boug':
    - Ça dépend quelle expérience.
    - Je passe te chercher et on va dîner dans le coin"

    Je gare ma caisse devant le portail avec une demie-heure de retard sur l'heure de l'apéro. Une heure plus tard, après avoir, à la faveur de quelques ralentisseurs, pu mesurer l'assise un peu "dure" de la Bluecar, nous voilà sur le parking d'un restaurant de poissons. Boug' mitraille mon visage au-dessus du slogan "Libre comme l'air", qui dans ma tête résonne comme une promesse. Si seulement !

    autolib'

    22h30, je la dépose chez elle et reprend l'autoroute après avoir réservé une place à la station qui se trouve littéralement au coin de ma rue.

    "Vous avez 90 minutes pour rejoindre cette station; l'emplacement n°2 vous est réservé" me confirme le jeune homme que j'appelle. 20/20 le service client Autolib' !

    Absolument séduite par cet essai, j'appelle mon frère pour lui en vanter les mérites. Arrivée à destination, le témoin de charge de la batterie indique encore 40% d'autonomie après 100 kms de route.

    Je gare la voiture sur la place n°2, la rebranche, la verrouille et me dirige vers chez moi. Mon téléphone bipe "Merci d'avoir choisi Autolib. Votre location a duré 468 minutes pour un montant de 121.27 EUR."

    Je relis le message. 121.27 EUR ??? Qu'est ce qu'ils me chantent, Autolib', j'ai pris l'otpion à 10€, moi !
    Je commence à composer le n° du service client et me ravise. C'est gratuit d'un fixe, je vais d'abord vérifier sur internet que je ne me suis pas planté et j'appellerai de chez moi. Sur internet, je retrouve l'offre abonnement 24h. J'appelle. La jeune femme m'apprend que les 10€ sont le tarif de l'abonnement, mais qu'à cela il faut ajouter un coût de location à la demie-heure, "que je retrouve à gauche, sur la page". Je proteste sur le manque de clarté du site, dis même que j'ai les boules. "On vous l'a indiqué lors de l'abonnement". Peut-être, mais ça devait être quand je n'entendais rien, justement. C'est le moment que choisit ma box pour s'éteindre et mettre fin à mes jérémiades. Et là, contrairement aux autres fois, personne ne me rappelle. Je raccroche, résignée, imaginant déjà la tête de Boug' et de JM quand je vais leur raconter ma dernière mésaventure. Entre nous, je trouve que je les accumule un peu en ce moment.

    Sur gmail, un ami est le premier témoin de mon nouvel épisode des malheurs de Sophie. Il me trouve pétillante et rigolote, tu m'étonnes. On ne s'enuie pas avec moi, j'en ai toujours une bonne à raconter. Je préfère en rire, de toute façon je l'ai dans le cul, Lulu, mais j'aurais préféré claquer 120€ de lingerie plutôt qu'en aller-retour vers Evry  !

    En écrivant ce billet, je me remémore en mode aigre-doux le séduisant slogan affiché sur la portière de la Bluecar : "Libre comme l'air" ... mais surtout fauchée comme les blés !

  • Street art à Vitry-sur-Seine

    Après un déjeuner au Café d'Enfer, qui expose de jolies femmes dénudées, j'ai enfourché mon vélo pour honorer une invitation à goûter à Vitry sur Seine, chez ma rouquine préférée. A peine partie pour mes 8 kms de route, un énergumène de 80 kilos s'est invité sur mon porte-bagages, pour se faire déposer au parc Montsouris (mes cuisses s'en souviennent encore).

    Après le goûter, Roger (le surnom que je donnerai à ma copine) m'a proposé une balade dans son quartier. "Je vais te montrer quelque chose qui devrait te plaire" a-t-elle dit.
    En chemin, elle en dit un peu plus : un copain à elle décore le mobilier urbain. Le copain, c'est Christian Guémy alias C215, pochoiriste désormais célèbre dans le monde du street art.
    Il réalise ses oeuvres d'après des photos qu'il reproduit sur des compteurs électriques, des boîtes aux lettres, des portails ...
    La ville de Vitry sur Seine est parsemée de ses portraits saisissants de réalisme ...
    des habitants du quartier,

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    des laissés-pour-compte,

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    des familles des détenus de Guantanamo (au passage, ça fait 10 maintenant que des hommes y sont arbitrairement enfermés)

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    des matous (celui de ma copine, tiens! )

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    C215, artiste sensible à la notion d'enfermement, a aussi laissé sa trace dans de nombreuses villes comme Berlin, Londres, Rome et collaboré avec d'autres artistes ...

    la Canadienne Indigo (coup de coeur pour cette fresque)

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    Alice

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    Et moi j'ai beaucoup aimé cette promenade urbaine.
    Et au moins autant le trajet du retour où avant le Port à l'Anglais, j'ai bifurqué à gauche et longé la Seine pour rejoindre les boulevards des maréchaux, refaisant le trajet qui me fut quotidien, pendant 2 ans et demi, mais cette fois sans pester (les anciens se souviennent).

    Merci Roger ! :)

  • Quand peut-on dire qu'une relation est vivante ?

    Je pars demain, et pour une dizaine de jours, en Andalousie, chez un "copain de blogs" rencontré pour de vrai, il y a maintenant plus de 4 ans.

    En attendant de vous écrire de là-bas, et parce que le sujet vous intéresse visiblement aussi, je continue de partager un peu de cette lecture qui me fait beaucoup réfléchir.

    La définition suivante m'a fait comprendre pourquoi mes amis le sont, pourquoi certains ne le sont pas encore, pourquoi d'autres ne le seront sans doute jamais et pourquoi parfois, je n'ai pas eu d'autre choix que de couper les ponts.

    « Une relation est vivante quand 4 possibilités me sont offertes par l'attitude de l'autre :
    - celle de pouvoir DEMANDER sans réticence
    - celle de pouvoir REFUSER sans culpabilité
    - celle de pouvoir DONNER sans regret, ni contrainte
    - celle de pouvoir RECEVOIR sans me sentir redevable

    Si l'une de ces possibilités manque, la relation est en difficulté, à mon bout de lien* et peut-être aussi au bout du lien de l'autre.»

    * Un lien a toujours deux extrémités.

    [Extrait de Pour ne plus vivre sur la planète Taire, de Jacques Salomé]

  • Fiso entre en scène (une première !)

    Impro.jpgUn vendredi soir, 18h30, je franchis les grilles d'un lycée parisien et pousse la porte de la salle 15, une pièce sombre occupée au tiers par plusieurs rangées de chaises en bois sur lesquelles sont assises une vingtaine de personnes. Les cours que j'avais choisis cette année - allemand, chant et tango - parmi la liste de ceux proposés par la formidable Association Philotechnique, que je connais depuis plus de 20 ans, avaient lieu en semaine ou étaient déjà complets. Après avoir converti quelques-uns de mes amis et collègues, j'avais finalement jeté mon dévolu sur un cours de théâtre "Jeux d'expression, créativité, improvisations  - Travailler ensemble à définir l'espace scénique, à occuper individuellement et collectivement la scène pour jouer et interpréter à travers des improvisations." J'y avais également vu un intérêt professionnel.  

    Un homme d'une cinquantaine d'années, imposant, cheveux gris, me fait face derrière un bureau d'écolier. Je le salue, me présente, m'excuse de n'avoir pas été présente au premier cours. "Assieds-toi Sophie" dit-il d'une voix puissante.
    Je balaie le public du regard, tandis que tout le monde s'installe. Un public disparate, un homme, la quarantaine, en survêtement et coupe mousquetaire, cheveux mi-longs bouclés, une belle quinqua en tailleur et rouge à lèvres vif, deux jeunes africaines, trois jeunes garçons proches de la trentaine - charmants -  et tout un panel d'hommes et femmes s'étageant entre 20 et 60 ans.
    Le prof interrompt mon analyse : "Fiso, en scène !"
    [Ah ben merde, je viens juste d'arriver, moi, je ne sais même pas de quoi on cause !!!]
    Me voilà sur le lino noir, face à un des charmants jeunes hommes, avec comme mission d'improviser un sketch dont je ne connais même pas le thème. Le prof souffle "Tu lui apprends que Chloé ne viendra pas ce soir, elle a trop de boulot". Le dialogue s'enclenche et très vite, je m'amuse. Quelques minutes plus tard, me voilà en train de caresser la joue veloutée du jeune homme (cougarpower !)

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    Pendant les 2 heures qui suivent, nous faisons joyeusement les cons sur scène. Le prof nous donne par exemple l'exercice suivant. Vous formez un cercle et marchez les uns derrière les autres, en rond, les yeux fermés (rien que ça, c'est déstabilisant). L'un d'entre vous sort du cercle et effleure le cou d'un des participants. Celui-ci doit hurler et se mettre en quête de la prochaine victime et ainsi de suite. Certains poussent des rugissements, d'autres glapissent, on se marre bien. Moi je couine avec difficulté, mine de rien, c'est pas évident d'hurler, on n'est pas habitués.
    Clou du cours : 3 scénariis de sketches que nous devons préparer et éxécuter en 10 minutes. Notre groupe choisit :"Une future mariée va récupérer la robe qu'elle a achetée dans un magasin. N'oubliez pas l'élément perturbateur, la chute et surtout, n'oubliez pas d'être drôles."

    On me désigne comme étant la future mariée. Mon mari est le quadra à la coupe de mousquetaire, ce qui dans la vraie vie, est tout simplement inenvisageable. En effet, mon "mari" a un goût vestimentaire à chier et quelques soucis d'hygiène ou quelques chats, voire les deux, en témoignent son sous-pull taché et décousu, son parfum "litière" et son jogging distendu retenu par une ceinture en cuir bouclée haut sur le ventre. Devant nos camarades, nous jouons un sketch où j'essaie d'enfiler une robe trop petite pour moi, sous les quolibets de ma mère, qui se termine par mes fesses à l'air (pas en vrai, bien sûr). Le prof évalue notre prestation. Bien sûr, nous parlons parfois tous ensemble, nous tournons le dos au public, il a y des "blancs", la chute cafouille, bref, on a du boulot. Il s'adresse à moi "Fiso, pour quelqu'un qui se retrouve les fesses à l'air, tu n'as pas l'air très paniquée". Ma spontanéité légendaire me fait répondre "Oh, je ne suis pas très pudique. Et puis, vous savez, mon mari connaît mon cul et ma mère aussi !". Le prof reste sans voix. Bon, ben voilà, Fiso, ça c'est fait, le ton est donné.

    Le cours est terminée, je suis enchantée et me suis bien marrée. Le prof propose de poursuivre la soirée dans un café voisin pour le pot de l'amitié, premier d'une longue série.