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J'aime - Page 11

  • Ode au Passe-Muraille, bistrot à Angoulême

    Hier soir, après ma journée de travail, je gare ma Clio aux abords de l’hôtel de ville d’Angoulême et me fais mousser les papilles devant les compositions gourmandes de la délicieuse pâtisserie « Plaisirs sucrés », recommandée par ma cliente.

    Il est presque 20 heures, je soulève le lourd rideau du Passe-Muraille, rue Saint André, à quelques pas de l’église du même nom. J’avais découvert cet endroit très particulier lors de mon dernier séjour. Attirée par l’ardoise dans la vitrine qui dénotait déjà un caractère bien trempé, avec des phrases comme « Restaurateur républicain, le client n’est pas roi mais il peut être servi comme un prince », « Ami client, si tu es pressé, le Quick n’est pas très loin », j’avais pris place sur une banquette et ouvert grand mes yeux et mes oreilles. Mon oeil curieux avait parcouru les murs jaunes tapissés d’affiches du magazine « Vu », les beaux livres offerts par le patron - faussement bourru - aux dîneurs esseulés et surtout, surtout, j’avais soupiré de plaisir à plusieurs reprises en écoutant sa merveilleuse collection de sons soul, jazz, funk et même levé un sourcil en reconnaissant un vieux morceau rap de ma jeunesse, Jazzy Jeff & the Fresh Prince , alias Will Smith. Sur l’ardoise, d’honnêtes plats cuisinés par madame, comme des joues de bœuf confites au citron et épices, un pavé de morue grillé à la portugaise ou encore un pavé du Limousin grillé au gorgonzola.

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    J'en étais repartie détendue et enchantée, me répétant que le Passe-Muraille était le genre d’endroit où je pourrais passer des heures à rêvasser, à supposer que je parvienne à le faire en tapant du pied en mesure. En cheminant vers le taxi qui me ramenait à mon hôtel, j'avais pris des photos de quelques pans de mur angoumoisins et le chauffeur, fort sympathique, avait appuyé mon premier avis : le Passe-Muraille n’était pas le meilleur restaurant d’Angoulême, certes, mais son atmosphère très particulière lui valait de compter parmi ses habitués de nombreux gens du cinéma, comme Gérard Depardieu ou Jeanne Moreau.

    Hier soir, frigorifiée par une bise glaciale, j’étais très heureuse de m’immerger de nouveau dans l’atmosphère feutrée de cet endroit où je me sens comme à la maison. Le patron m’installe sur une banquette, j’ouvre « Gens de Dublin » mais je n’arrive pas à lire, bien sûr, car des fourmis me viennent dans les jambes sur « Bra » de Cymande et « Try me » de James Brown. Ce type devrait tenir un bar, pas un restaurant. Déjà que je compte Angoulême parmi les belles découvertes de 2010, un endroit pareil, c’est un coup à me faire déménager. Puis-je vous confier que  sur « Third world girl » de Marvin, je me laissai doucement glisser dans un état quasi-extatique, la tête renversée sur la banquette, les yeux fixant sans les voir vraiment les affiches en noir et blanc face à moi ?   

    Quelques instants après moi, un jeune homme s’engouffre dans la chaleur du Passe-Muraille s’installe à la table voisine de la mienne. Devant nous, le patron déploie son ardoise. Après avoir hésité entre fricassée d’encornets à la portugaise, risotto aux cèpes, foie gras et queues d’écrevisses et fricassée de rognons de veau à la plancha, je jette mon dévolu sur un civet de lapin à la basque avec un verre de vin rouge.

    Mon voisin attaque son entrée tandis que j’attends mon plat, repoussant le chef d’œuvre irlandais devant moi. J’ai envie de partager avec l'homme qui, visiblement habitué des lieux, dîne seul à côté de moi, mon plaisir de me retrouver dans l’atmosphère feutrée du Passe-Muraille. Peut-être m’en apprendra-t-il plus sur le maître des lieux qui titille ma curiosité, je dois bien l’avouer, ou me donnera-t-il d’autres endroits à découvrir dans les environs ?  «  Vous habitez ici ? » lui demandai-je lorsqu’il finit sa dernière feuille de salade.

    Non, il n’habite pas ici mais à Nantes et son métier, si je résume, c’est de tamponner des documents certifiant de la sécurité de pièces de bateaux. Il n’aime pas son métier et projette de transformer, dans les mois à venir, un moulin à vent en restaurant avec tartines et casse-croûtes bios. Et bien sûr, en papa responsable, il s’inquiète des risques qu’il va prendre. Quelques instants après qu’il m’ait raconté qu’il séjourne dans le même hôtel que Jean-Pierre Marielle, Julie Depardieu, Claude Rich et Jeanne Moreau, en tournage dans la ville, un courant d’air glacial livre le passage à une tête ridée et aux cheveux courts et gris, qui m’est connue. « C’est la réalisatrice », me souffle mon voisin. Je fouille ma mémoire. Ce visage dur et griffé par le temps, ces cheveux en bataille … ??? Dayan …. Dayan … Josée Dayan !

    Elle s’installe avec deux autres femmes à quelques mètres de nous. Et une dizaine de minutes plus tard, qui fait son entrée ? Et bien, monsieur Marielle lui-même, visiblement fatigué, qui nous décoche un clin d’œil et puis M. Rich. Installés autour de Josée Dayan, on n’entend pas ces vieux messieurs ; on ne peut pas en dire autant de leurs compagnes, bruyantes et peu distinguées. Tandis que je parle de mon métier à S. et que nous partageons nos expériences sur les routes, le patron se prend un coup de stress. Visiblement Mme Dayan est une sacrée casse-couilles, d’ailleurs elle trouve les rognons trop cuits et les renvoie. J’ai entendu dire que dans un autre établissement de la ville, elle avait renvoyé des pâtes dont l’eau de cuisson n’était pas assez salée. A la fin du repas, le groupe confisque deux bocaux de fraises tagadas et Carensac posés sur le comptoir, dont ils s’empiffrent comme des gosses. En quittant l’endroit, ces messieurs nous saluent. Je suis contente de constater que Jean-Pierre Marielle, qui compte, avec Rochefort, parmi mes acteurs préférés, est un monsieur tout à fait sympathique. Après leur départ, les langues se délient et on taille des costards : le pognon qu’elle a, c’est sûr, elle ne le dépense ni dans les fringues ni chez le coiffeur …

    S. dont je connais maintenant le prénom, commande deux autres verres de vin et nous discutons de plus belle tout en feuilletant le très bel album « Vu », emprunté au patron. Il est également artiste, c’est un sacré personnage, lui aussi, et je me sens aussi à l’aise que si nous nous connaissions depuis des années. Après avoir échangé adresses de sites internet et blog, il visse une casquette sur son crâne et je l’accompagne jusqu’à son hôtel qu’il me recommande chaleureusement.  J’ai hâte de revenir dîner au Passe-Muraille en janvier et cette fois, je dormirai à l’hôtel du Palais.

    Ce midi, ma cliente étant en RTT, j’ai profité d’un déjeuner en solitaire pour retourner garer ma Clio à proximité de la place des Halles. Le patron m’a reconnue, a posé devant moi un Canard Enchaîné. Cette fois, il était beaucoup plus détendu et nous avons discuté musique. Sur ses conseils, j’ai ajouté sur ma liste de cadeaux de Noel à moi-même l’album « Superfly » et le DVD « Movin’on up » de Curtis Mayfield.

    Vous savez quoi ? J’aime vraiment beaucoup Angoulême et j'enfilerais bien des charentaises au Passe-Muraille, moi.

    Le Passe-Muraille au 5 rue Saint-André à Angoulême (Tél 05.45.92.05.02) - Fermé le lundi

  • Kimiko Yoshida : Là où je ne suis pas

    « Lutter contre l’«état des choses », aller contre «ce qui est»,

    c’est sans doute là pour moi le sens de l’art.

    Être là où je ne pense pas être, disparaître là où je pense être, voilà l’important.»

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    L'exposition "Là où je ne suis pas", à la Maison Européenne de la Photographie jusqu'au 31 octobre, présente une rétrospective des autoportraits de Kimiko Yoshida, des premières "Mariées" aux derniers travaux, inédits en France, intitulés "Peintures".

    La série des "Mariées célibataires" trouve son point de départ dans l'enfance de Kimiko Yoshida au Japon. Elle reflète la hantise de la petite fille qui découvre le destin humilié de sa mère, soumise à un mariage arrangé. En une succession de figures sans doute conjuratoires, Kimiko Yoshida incarne une "Mariée intangible" aux identités simultanément fictives, mythologiques et contradictoires. Elle crée des dizaines d'autoportraits quasi monochromes pour mettre en scène le mariage virtuel de la « Mariée célibataire », tour à tour veuve, cosmonaute, chinoise, manga, égyptienne ... (source MEP)

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    La nouvelle série "Peintures" procède, elle, de la pratique du détournement. Pour Kimiko Yoshida, il s'agit de détourner de leurs usages les objets de la vie quotidienne ou de la mode ; les chefs d'oeuvre de l'histoire de la peinture; ses précédentes Mariées ; et la pratique photographique elle-même.

    Ancienne créatrice de mode, Kimiko Yoshida s'approprie, dans une riche série de 80 oeuvres, les créations Haute Couture de Paco Rabanne. Elle transforme robes, jupes, accessoires, pantalons et chaussures, en coiffes Grand Siècle, parures antiques et autres costumes historiques.

    À l'issue de ces mises en scène, ce sont les grands maîtres de l'histoire de l'art qui sont convoqués : Picasso, Matisse, Gauguin, Rembrandt, Rubens, Delacroix, Tiepolo, Watteau... Cette évocation des chefs d'oeuvre, loin d'être une citation ou une imitation, est une allusion au trait unaire, c'est-à-dire ce que le souvenir retient arbitrairement d'une peinture (un marqueur discret, parcellaire et métonymique). De l'oeuvre ne demeure donc plus que le petit détail élémentaire prélevé en éludant le reste du tableau et c'est cette réduction qui conditionne l'identification partielle de l'autoportrait à une peinture du passé (source MEP)

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     Et je signale à l'attention de mes copines férues de photographie un programme de conférences organisées par la MEP.

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    Kimiko Yoshida, Là où je ne suis pas

    Jusqu'au 31 octobre à la MEP : 5-7 rue de Fourcy.

  • Belle dehors grâce à Rionms

    bague_49d5b2a78e_minia.jpgBon, alors en tant que grande soeur préférée (facile, diront certaines mauvaises langues), je peux témoigner de la beauté de ses créations et de la dextérité de ses petites mains.

    Comme d'autres ont été fortement imprégnés de leurs premières années chez les Kanaks, ma petite soeur a, comme le peuple allemand qui l'a vue naître, le goût - et le don - de créer. Elle sait faire plein de choses, jongler, danser le oula oup, parler gaélique et après s'être fait la main sur la pâte à sel, elle crée depuis plusieurs années déjà de très belles bagues et bijoux en perles.

    PS : Elle fait aussi de la super cuisine et des rhums arrangés qui déchirent mais ça n'est pas à vendre (pour goûter, il faut m'épouser et je suis contre le mariage).

    Elle a créé une boutique en ligne, vous pouvez aller la visiter, l'encourager et bien sûr acheter ses créations. Pour la boutique de Rionms, cliquez ici !

    (merci pour elle)

  • Enfin !

    Photo095.jpgCouchée à 4h du matin après avoir zouké avec Bibiche et ses amis à l’As Club, je me réveille à 8h30 puis me rendors jusqu’à 10h. J’ai raté le petit-déjeuner. Bibiche m’envoie un sms et 1 heure plus tard, il m’attend devant l’entrée de l’hôtel.

    Aujourd’hui, nous passons la journée sur la plage des Salines, la plus belle de l’île, aux dires de tous. Bibiche a la situation en main : « On achètera du poulet boucané et des accras, on fait tous ça ici, et on le mangera sur la plage ». Ca me va, comme programme. Je suis impatiente d'être dans l'eau. Contrairement aux apparences, j'ai bossé toute la semaine et n'ai pas encore mis un orteil dans la mer. En attendant, comme je n’ai pas pris de petit-déjeuner, je me tape un sandwich salade- morue à la sauce chien suivi d’un café.

    Au Lamentin, en prenant la direction de Ducos, Bibiche laisse échapper un regret « Zut ! Je n’y ai pas pensé, il y a une dame qui vend du jus de canne, je t’aurais fait goûter. C’est un rituel, dès que j’arrive en Martinique, il me faut mon gobelet de jus de canne ». Moi aussi j’ai un rituel, en Irlande, c’est mon fish & chips sur le port de Howth. Nous dépassons Canal Cocotte, qui me fait toujours sourire puis arrivons à Trois Rivières. « C’est le Trois Rivières du rhum ? » Oui, c’est là, d’ailleurs peu après, sur la droite, on aperçoit le moulin emblématique et en lettres noires sur la pierre, « Habitation Trois Rivières ».

    Juste après Sainte Luce et le Trou au Diable, au rond-point, Bibiche prend, à droite, la direction « Anse Figuier / plage Poirier » et s’arrête devant une cahute, en contrebas. Là, deux femmes, fichus sur la tête, grillent des cuisses de poulet et ribs. Des seaux en plastique contiennent des accras de poisson, crevette, morue et des boudins créoles.

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    Après Le Marin, le ciel est gris devant nous et quelques minutes plus tard, nous voici sous des trombes d’eau. « Là, c’est mal barré. Ca va se finir aux Trois Ilets, ma chérie » soupire Bibiche. A 5 kilomètres de Sainte-Anne, grand ciel bleu et soleil éclatant. Olivier n’avait pas tort quand il disait qu’il y avait des microclimats en Martinique. « Parfois, on  se prend un déluge sur la tête. Avant, c’est sec, après c’est sec. A croire que le nuage s’est posté là et n’en a plus bougé ».

    Nous dépassons Sainte Anne et Bibiche gare ma 107 sur la plage des Salines. Il est un peu plus de midi et les familles sont attablées, à l’abri sous des parasols.

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    Nous posons nos serviettes sur le sable. Bibiche sort les boudins ficelés entre eux, les séparent à l’aide d’un couteau et me les tend.  J’observe la chose. « Vas-y, je sens que tu vas dire une grosse connerie ». Et bien non. « Je ne peux pas toujours être là où on m’attend », dis-je en vidant le contenu du boudin dans ma bouche. Bon, après usage, ça a quand même l’air d’une capote vide.

    Le boudin  est bien pimenté-même Bibiche le dit- et la rasade de boisson au gingembre que je siffle après ça ne calme pas les choses. Les accras sont délicieux aussi mais je n’ai plus de place pour le poulet. Le temps de me tartiner d’indice 50 et je suis dans l’eau, délicieusement chaude. Nous y resterons quasiment toute l’après-midi. « Dommage, j’ai oublié mon masque » dit Bibiche. Merde, moi aussi.

    Sur la plage, il y a une femme aux seins nus et un homme qui la vaporise de crème solaire. On la remarque parce que le monokini ne se pratique pas vraiment, dans le coin. Lunettes de marque sur le nez, elle passe son temps à se badigeonner de crème et à ajuster son maillot au plus près pour bronzer au maximum. Au bout d’un moment, comme nous n’avons pas grand-chose d’autre à faire que de regarder ce qu’il se passe autour de nous, nous remarquons leur petit manège.  Quand il sort de l’eau, elle y entre et quand il vient nager autour d’elle, elle s’éloigne. En fin de journée, ils nagent près de nous et nous assistons à leur engueulade. En fait, ce n’est pas une femme mais une gamine. Elle a à peine la vingtaine et lui, 40 piges facile.

    Peu avant 18 heures, le jour décline, il est l’heure de rentrer. Nous rinçons nos peaux pleines de sable sous la douche de la plage et reprenons la voiture. Berçée par le zouk, je suis cassée et j’ai une méchante envie de dormir. Dans le soir couchant, on aperçoit le rocher du Diamant. Le ciel est magnifique. Bibiche me quitte devant l'hôtel : « Bon, ma chérie, tu dors, moi aussi et je t’appelle pour sortir un peu plus tard, ok ? ». A 19 heures, après m'être tapé la cuisse de poulet boucané que j'ai dédaignée ce midi, je sombre dans les bras de Morphée. A 23 heures, je me réveille, complètement dans le gaz et 4 minutes plus tard, je reçois un sms de Bibiche : « Ca va ? Pascal propose d’aller à Rivière Salée ».

    Je saute dans la douche, dans une robe, je mets un peu de mascara et mon eau de toilette du moment, « 5 sur 5, lotion anti-moustiques » et c’est reparti pour zouker.