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Jeux de langue

  • Les pluies fauves (part II)

    de l'amour comme s'il en pleuvait,les hommes de ma vieUn peu plus tard, au restaurant, l'alcool et sa féminité l'enhardissent et il ne peut s'empêcher de jouer le séducteur. Elle s'en amuse et se moque gentiment, mais déjà sous l’emprise de son charme, elle ne se nourrit plus que de sa présence.

    Ce soir, comme à chaque fois qu'elle l'a retrouvé, ses yeux pétillants et son sourire éternel pourrait lui donner l'illusion de lui être un précieux joyau. Mais "Loin des yeux, loin du cœur" est un proverbe qui lui va comme un gant, elle l'a appris à ses dépens.

    Il la questionne maintenant à propos de l’homme qu’elle fréquente depuis quelques mois et feint d’en être jaloux. Elle évoque brièvement la récente prise de conscience d'un scénario douloureux qui se répète depuis trop d'années : un attachement aveugle et borné à des hommes torturés qui la fuient. C'est ainsi qu'elle justifie sa décision de s'intéresser à cet homme qui la laisse tiède.

    Il dit sa lassitude d'une vie sentimentale instable, sa souffrance d'être tiraillé entre le désir d'une relation durable et une irrépressible attirance pour les feux de paille. Elle vante le véritable amour, celui qui se construit, et peint d'elle-même le portrait d'une femme raisonnable et réfléchie, ennemie de la passion. Celle-là même qui, il y a quelques mois, aurait tout laissé pour le rejoindre, si seulement il le lui avait demandé. Il la laisse quelques instants et la retrouve pensive, les yeux dans le vague.

    "Ne réfléchis pas, dit-il, tu as raison, prends la fuite, c'est mieux".

    Elle lui en veut, l'espace d'une seconde, et formule une supplique restée muette :

    "Ne joues pas avec moi ou tu me perdras vraiment."

    La nuit est tombée depuis longtemps lorsqu'il la raccompagne au pied du château, dans les hauts de la ville. L'explication n'a toujours pas eu lieu mais leur tendresse l'un pour l'autre semble intacte. Une pluie fine vernit les pavés gris. Il souligne le romantisme du décor, elle le contredit, tentant de garder la tête froide devant ses multiples appels du pied. Ils s'embrassent, le ton léger, le cœur joyeux, sur une promesse intemporelle. Pourtant, tous deux restent plantés là, comme ne pouvant se résoudre à cet au revoir teinté d'indifférence.

    Elle observe la haute silhouette, debout devant elle, sous la pluie. Dans quelques instants, il disparaîtra dans la profondeur de la ville et elle retournera à la solitude de sa chambre d'hôtel.

    Combien de mois s'écouleront avant qu'elle ne le revoit ? Après l'euphorie insouciante des retrouvailles, la tristesse entreprend déjà son travail de sape. Mue par une pulsion désespérée, elle le prend dans ses bras, s'autorisant sans risque, croit-elle, un élan de tendresse qu'elle s'est interdit jusque là. Mais elle s'attarde sur son épaule, caressée par le souffle chaud de sa bouche sur ses cheveux mouillés. Dans son oreille, il prédit leur perdition. Elle rit et imprudent papillon de nuit, lève son visage vers le sien. Instantanément leurs bouches s'unissent, aimantées.

    de l'amour comme s'il en pleuvait,les hommes de ma vie

    Les yeux clos, le front offert au baptême céleste, sa langue goûte l'haleine virile aux parfums de miel et de tabac. Enivrée, elle perd l'équilibre, comme une carencée qui prend une dose trop forte, trop vite. Il chancelle lui aussi, emporté par elle accrochée à son cou et un baiser étouffe leurs rires.

    de l'amour comme s'il en pleuvait,les hommes de ma vie

    Enserrant la tête blonde entre ses mains, il boit à la coupe de ses lèvres. Elle explore le visage de l'aimé, goûte la chaleur du cou, le rugueux du menton. Plongée dans la chaleur de sa bouche, elle ébouriffe les cheveux courts, caresse son visage, pince la peau fraîche entre ses lèvres. Sur le visage offert, l'amant lèche l'eau qui ruisselle, comme des larmes de joie. 

    de l'amour comme s'il en pleuvait,les hommes de ma vie

    Sous l’ondée nocturne et la lueur complice de la voûte bleutée, la tendre étreinte se mue en une joute féline. Comme deux lionceaux intrépides qui se défient avant de rouler dans le sable, ils s'abandonnent à un corps à corps empli d'une infinie tendresse. Galvanisés par l'érotisme animal qui s'intensifie, ils se mordillent, se lèchent, se respirent et se boivent. Bouches et mains s’autorisent ce que les corps s'interdisent. La passion alterne avec la douceur. Elle love le velours de sa joue dans la chaleur de sa main, ses lèvres chaudes baisent la paume nervurée, sa bouche avale les doigts habillés de métal. Il effleure la vallée des seins, arrosés de pluie.    

    Le jour n'est plus très loin lorsqu’épuisés par la tension, leurs corps se séparent. La pluie est tombée sans discontinuer, lavant craintes et blessures. Il s’éloigne lentement et envoie un dernier baiser. Sur le parking désert, elle est quasi nue, l'étoffe légère comme une seconde peau sur son corps trempé. La pluie a plaqué la fine chevelure sur son crâne brûlant et dessiné un halo charbonneux autour de ses yeux.

    Elle démarre le véhicule, enclenche chauffage et radio et s’éloigne dans la nuit noire. Après le désir qui a engourdi son corps et anesthésié son cerveau, c’est le bonheur qui l’inonde. Dans un état second, comme flottant entre rêve et réalité, elle sent la chaleur de ses bras et frissonne dans l’habitacle désert. Sur sa langue, les traces volatiles qu’ont laissées l’haleine et l’odeur mâles prolongent la magie de cet instant d’éternité.

    de l'amour comme s'il en pleuvait,les hommes de ma vie

    Les messages qui se succèdent sur son téléphone témoignent de l’intensité partagée. Elle se souvient de ses mots : coup de foudre, feux de paille et ... cendres.

    Séduite mais lucide, elle ne s’immolera plus sur l’autel de l’amour. Drogué aux sensations, accro aux émotions, l'homme qu'elle chérit semble ne se sentir vivant que dans la douleur ou l’extase. Elle accepte, en toute conscience, d'être un de ses nombreux shoots mais elle ne se laissera pas diluer dans ses veines.

     

  • Le seul poème qu'on m'aie jamais écrit

    Toi ma perle du Pacifique
    Toi qui viens d'une de ces îles magnifiques
    Tu es mon soleil, mon été,
    Depuis que je t'ai retrouvée.
    Ta chaleur m'a réchauffé le coeur
    Et je ressens un grand sentiment de bonheur
    Malgré tous les printemps qui nous ont séparés
    Nous voilà de nouveau réunis, c'est notre destinée.
    Je voudrais te pêcher et te garder
    Pour moi, contre moi, m'enivrer
    Du sucre de ta peau
    Et ne pas en souffler mot
    A personne de peur qu'il ne te vole
    A mon être, dont tu es l'idole.

    Toi ma perle magnifique
    Quel est ce don magique
    Que tu as pour réveiller en moi
    Toutes ces choses, cet émoi
    Que nous appelons Amour
    Et qui pour moi rime avec toujours
    Quoi de plus beau que ce sentiment
    Quoi de plus grand, quoi de plus puissant
    Par un seul de tes mots
    Tu peux me faire sourire
    Et pour un seul de tes mots
    Je suis prêt à mourir
    Pour mette fin à ce petit poème
    Je te dis simplement : JE T'AIME !!!

    Sur les photos où les bleus de l'océan et du ciel éclaboussent le regard, nous sommes deux bébés blonds et bruns. J'ai entendu son prénom pendant toute mon enfance car son père était un grand ami de mes parents.Il était mon plus vieux copain, en quelque sorte.

    Et puis, à l'aube de ma vie de femme, le hasard de la vie nous réunit mais son exaltation romantique, ses toujours et ses jamais effraient la jeune fille que je suis alors. La passion ne m'a jamais fait rêver. J'ai fui ses appels et n'ai jamais revu Fabien que je sais aujourd'hui père de famille.

    C'est le seul poème qu'un homme m'ait écrit. Il est touchant mais l'inexpérience de sa jeunesse lui enlève beaucoup de saveur. Je l'ai pourtant conservé toute ces années, pressentant peut-être qu'il serait unique. Comme j'aurais aimé recevoir, ensuite, un poème ou même une lettre d'un homme amoureux qui sait que toujours et jamais n'existent que dans les contes. Un homme qui n'aurait rien promis et m'aurait aimée au présent.

    Et à l'instar de CUI, dont la série "Penses-tu encore à moi ?" me passionne, je me demande quel impact mon indifférence a eu alors et ensuite sur Fabien.

  • Demander

    Je m'étais promise, il y a quelques semaines, de m'autocongratuler d'un mail envoyé à quelqu'un de cher. J'ai pris un peu plus de temps que prévu. J'ai même failli ne pas le faire, mais ç'aurait été un - mauvais - signe.  
    Cette petite victoire, je la dois à un livre emprunté, il y a quelques semaines, à la bibilothèque : "Pour ne plus vivre sur la planète TAIRE" de Jacques Salomé. Une méthode pour mieux communiquer.

    Dès les premières pages, j'ai identifié les pivots relationnels avec lesquels j'ai des difficultés : demander et refuser, rôles que Jacques Salomé appelle "Père-mère" (les deux autres étant donner et recevoir, positions papa-maman).

    En discutant avec des amis et proches, je constate que la plupart de mes semblables ont le même profil. Faire preuve d'autorité, que l'on confond souvent, et à tort, avec le pouvoir, semble poser problème à beaucoup d'entre nous. En ce qui me concerne, j'associe depuis longtemps, et de façon désormais consciente, le fait de demander quelque chose à une mise en position d'infériorité. Et le refus à une forme de rejet. Du coup, soit je fais semblant d'accepter, soit je refuse, culpabilise et me sens obligé de me justifier, soit encore je me sens acculée et réagis plus violemment.

    Ces schémas de pensée ne se dessinent pourtant que quand c'est moi qui en suis à l'origine. En d'autres termes, je ne considère pas que l'autre se met en infériorité lorsqu'il me demande quelque chose. Ni que son refus équivaut à un rejet  (sauf sur certains points, si je suis dans une relation intime, plus impliquante). Maintenant que je le sais, je vais m'atteler à défaire ces pensées poisons.

    Quand on demande de façon mature, on invite, sollicite, propose, convie. Si on est capable d'accepter que l'autre ne réponde pas comme on l'aurait souhaité, tout va bien.

    Quand on demande de façon infantilisante, on peut développer deux types de comportement :
    - contre-attitude défensive passive : attendre, espérer, souhaiter, envier, séduire, capter, anticiper la réponse, auto-répression imaginaire, laisser tomber.

    - réactionnel actif : exiger, réclamer, revendiquer, contraindre, acculer, obliger, supplier, culpabiliser.

    Exemples de demande infantilisantes :

    " Tu n'as pas envie de sortir, ce soir ?"

    " Si tu crois que c'est marrant de rester toute la journée sans voir personne, alors que toi, tu ..."

    " Tu as vu les voisins, eux, ils sortent le samedi soir !"

    " Ce n'est pas la peine que je te demande de sortir, je connais déjà la réponse !"

    " Je voudrais bien te faire confiance, mais tu ne sais pas garder un secret ..."

    Il m'est apparu qu'ayant du mal à demander de façon mature, je le fais sur le mode défensif passif; je commence par attendre et espérer (que l'autre me devine) donc je me réprime, puis j'anticipe la réponse et laisse tomber. Selon la nature de la relation, je pratique aussi la séduction, bien entendu.

    Il y a, dans mon entourage, cet homme que j'ai rencontré il y a quelques mois et que j'estime énormément. Ma difficulté avec lui réside dans le fait qu'il peut passer des mois sans prendre de mes nouvelles. Moi, j'ai besoin de sentir leur présence et de manifester la mienne auprès de ceux que j'aime.

    Sans doute ce besoin vient-il des remords ressentis lorsque 3 mois après que j'aie fait un saut express chez mon grand-père qui me réclamait depuis longtemps, il est mort. Il était malade, se savait condamné et ne m'avait pas dit que c'était la dernière fois que nous nous voyions. Si j'avais su ...

    Depuis, d'autres évènements, des moments douloureux qu'ont traversé mes amis, des périodes noires que j'ai traversées aussi, sans que personne ne s'inquiète outre mesure du silence, m'ont fait ressentir toute l'importance de se manifester régulièrement. Car celui qui est là aujourd'hui ne le sera peut-être plus demain.

    A vrai dire, je connais plusieurs personnes qui fonctionnent comme cet homme. D'ailleurs, si quelqu'un a une explication à ce choix de non-communication, je suis preneuse !

    Mon amie Esperanza a toujours fonctionné ainsi, depuis ces années où nous nous sommes rencontrées sur les bancs de l'école. A l'époque, le téléphone portable n'existait pas. Un jour, elle m'a appelée, après plusieurs mois de silence de part et d'autre, et m'a appris que son père était mort, un mois plus tôt. Je m'en suis voulue et inconsciemment, sans doute, je lui en ai voulu aussi, à elle, de m'avoir fait adopter son comportement "Puisque tu ne m'appelles pas, moi non plus".

    Aujourd'hui, Esperanza ne répond quasi jamais à mes appels, m'envoie un sms "Je t'appelle demain" et me contacte par mail, des semaines voire des mois après, pour me proposer une sortie. Et si je ne comprends toujours pas son mode de fonctionnement, je n'ai pas de doute sur l'amitié qu'elle me porte.

    Boug', c'est pareil. Son téléphone est toujours en haut quand elle est en bas, ou inversement. Le jour où un bus m'avait déposée non loin de chez elle et que je m'étais consolée en me disant que j'allais me faire offrir l'apéro, son téléphone avait sonné dans le vide. Elle s'en était désolée le lendemain, étant chez elle. Et puis, un après-midi où, en panique et en vain, je l'avais appelée au secours, j'avais craqué et pratiqué la culpabilisation "Tu as un fils, c'est dingue quand même, si un jour il a un problème et qu'il t'appelle ?" Ca l'avait un peu remuée. Et puis, un autre jour, à l'issue d'une lecture sur la CNV, j'avais enfin exprimé mon besoin (de l'entendre) et mon ressenti, sans la mettre en cause. Elle m'avait rappelée illico presto et confirmé, hilare, l'efficacité de la communication non-violente.

    Mon ami Igor a le même rapport au téléphone. Il n'appelle jamais (note à moi-même : ne jamais dire jamais). Quand je l'appelle, en revanche, il répond et ça dure même trois plombes. Il a le don de me donner l'impression que je lui ai énormément manqué. Mais il n'appelle pas.
    J'en connais un autre, qui se reconnaîtra s'il lit ce billet. Lui communique par sms, sauf urgence, comme par exemple, s'il me cherche à l'heure du rendez-vous parce qu'exceptionnellement, je suis en retard (je vous vois ricaner, au fond, là-bas !)

    Certains se dédouanent de leur apparente absence et ressentent le besoin de se justifier en résumant l'actualité que je poste sur mon blog. Irrecevable. Car bien sûr, ici, j'ai fait le choix d'amuser la galerie autant que possible. Je ne considère donc pas que lire mon blog équivale à prendre de mes nouvelles. Ça rassure juste sur une chose : je suis vivante et j'ai encore l'usage de mes mains, à priori.

    Mais revenons au principal protagoniste de ce billet. Les moyens de communiquer se multipliant, l'homme dont je vous parle est un fervent utilisateur de Facebook. Moi pas. J'ai même de plus en plus le sentiment d'être piégée par ce compte que j'ai ouvert, initialement, pour communiquer avec mes amis qui vivent à l'étranger. Or c'est des Parisiens que je reçois le plus de nouvelles sur Facebook. Eux qui ont mon numéro de téléphone et un forfait illimité.

    J'ai bien tenté, un jour de ras-le-bol, de virer de mon profil les "amis" qui habitent à moins de 50 kilomètres, mais ils se sont vexés et n'ont pas compris le message (qui était un peu flou, je l'accorde). Du coup, je ne poste plus rien sur mon profil, si ce n'est des chansons. Pas question de pratiquer la communication globale et impersonnelle. Si on veut de mes nouvelles, on m'appelle ou on m'envoie un mail.

    J'avais donc adopté avec lui, comme avec ceux que j'ai cités précédemment, l'attitude " Il (elle) n'appelle pas, moi non plus". Je calque souvent mon comportement sur celui de l'autre. C'est une erreur car ce faisant, je me prive de quelque chose dont j'ai besoin, je me fais violence et ne suis pas moi-même.   

    Après avoir lu la partie "Demander" de mon bouquin, je lui ai envoyé un mail où j'adoptais (enfin, je crois) une attitude mature : je me suis positionnée. J'ai donc affirmé mon refus de communiquer avec lui via Facebook, accepté qu'il n'aime pas le téléphone et lui ai proposé de revenir au mail, notre premier moyen de communication.

    Après quelques banalités sur mon quotidien, j'ai terminé mon mail par "Ça me ferait très plaisir d'avoir de tes nouvelles de temps en temps". J'ai cliqué sur "Envoyer" avec une auto-satisfaction très consciente, que j'ai savourée. Pas de reproches, pas de culpabilisation, pas de " Faire semblant d'accepter" de ma part. J'écris mes limites, j'accepte les siennes, je propose un terrain d'entente, je manifeste mon attachement.

    La CNV, putain ! Tiendrais-je enfin le bon bout ?

    PS : Quand je reçois un sms comme hier soir, de ma filleule "Tu me manques, marraine !" et ben ... je rosis de bonheur, moi. Je suis une sentimentale, et j'aime ça.

  • Dans la peau d'un - jeune - homme (4)

    Je reprends l'exercice qui m'avait tant amusée.

    Je l'écoute égréner ses souvenirs d'enfance, accrochée à ses lèvres de conteur.
    C'est un petit garçon, fils de concierge, "issu d'un milieu modeste", comme on dit. Il habite juste en face d'une gare routière de bus. Depuis qu'il est en âge de lire, il déchiffre sans les comprendre les noms des villes prestigieuses que desservent les mastodontes poussiéreux.
    Un jour d'août, il a 17 ans, il s'ennuie et erre dans la gare routière. Il aime son ambiance de départs en vacances, les scènes de retrouvailles qui succèdent aux adieux déchirants, tout ça dans un vacarme de moteurs et de langues inconnues. Il tombe en arrêt devant l'immense carte du monde et les flèches qui la traversent en tous sens, pointant des noms exotiques : Budapest, Oslo, Venise, Madrid. Il reste un long moment devant cette carte. Un nom l'attire : Istanbul. Il se dirige vers le guichet et demande à l'employé : "S'il vous plaît, combien coûte un billet pour Istanbul ?". Il en achète un pour un départ 2 mois plus tard. Quand il rentre chez sa mère et lui annonce son coup de folie, elle le fixe, perplexe. Les jours suivants, ses amis le traitent de fou. Plus tard, il apprendra que sa mère ne pensait pas qu'il partirait. La veille du départ, son corps se couvre d'eczéma.
    Le jour J, au petit matin, il monte dans le bus pour Istanbul. Il n'a jamais fait de voyage de sa vie et n'a aucune idée des vêtements à y emporter en ce début de novembre. Le bus est rempli de Turcs qui rentrent au pays. Angoissé, il s'assied à proximité d'un groupe de 4 Français. Peu de temps après, un Turc entreprend de discuter avec lui. Le jeune homme découvre avec stupéfaction que non seulement le Truc persiste à lui parler, malgré son anglais médiocre, mais qu'en plus il ne se moque pas de lui. C'est un véritable choc pour ce gamin complexé.
    En ex-Yougolsavie, on leur interdit la traversée du territoire et ils doivent emprunter une autre route. Le voyage dure plus de 2 jours. Enfin, Istanbul se dresse devant lui, au matin du 3ème jour. Il pose le pied par terre et se sent "chez lui".
    "Tout était évident, dit-il, je ne connaissais pas la ville mais j'ai tout aimé, dès le premier instant. L'odeur des poissons grillés sur les rives du Bosphore, les ruelles tortueuses, les marchands ambulants, les chats assoupis à l'ombre des abricotiers, les rires des hommes, la frénésie stambouliote. Depuis, j'ai retrouvé cette sensation d'être parmi les miens dans tous les pays arabes que j'ai visités"
    A partir de cet instant, il n'a& vécu que pour retrouver cette ivresse de l'inconnu. Le monde lui appartenait, il était partout chez lui.
    Après Istanbul, il a poursuivi jusqu'à la Grèce, puis l'Italie. Il n'avait pas envie de rentrer alors il a eu l'idée de rendre visite à des amis Zurichois, puis il est monté jusqu'à Prague et enfin Budapest. Quand il a retrouvé les portes de Paris, il était parti depuis deux mois. Depuis, il a parcouru une cinquantaine de pays, fuyant les voyages organisés.


    "Quand je voyage, je suis un autre, dit-il. Moi le timide maladif, je me découvre meneur, sûr de moi, extraverti et drôle. Je me fonds dans la population, j'ai traversé des quartiers mal famés, ai tenu tête à des types patibulaires qui voulaient voler mon sac. Je suis un autre homme."  

  • Doux fantasme

    L'origine du monde .jpegJ'ai eu envie de publier ce poème coquin d'une poétesse souhaitant rester anonyme ...

     

     

     

     

     

    Qu'il est excitant

    De parler de sa chatte

    A son tendre amant

    De manière chaste.

     

    Et le savoir troublé

    D'imaginer en pensée

    Une fente tentante

    Parfaitement insolente.

     

    Vouloir la caresser

    D'un regard malicieux

    Avant que d'y poser

    Un doigt audacieux.

     

    Et se representer

    Lappant doucement

    Le pistil enivrant

    De l'ardente dulcinée.