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Jeux de langue - Page 4

  • Festival de l'eau (2)

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    A bord d’une barje de bois gris, nous monterons.

    Contre ton torse large, je fredonnerai des gammes,

    Mon orteil dans le fleuve tracera un sillon,

    Le clapotis de l’eau bercera mon vague à l’âme.

    Sur une berge joyeuse, résonnant de flonflons,

    Nous rejoindrons en hâte une foule festive.

    Y’aura Oh ! et Zarxas, peut-être d’autres garçons,

    Sur un violon tzigane, je danserai, lascive,

    Et fermerai les yeux, pour retenir les larmes

    Car le chant des gitans, toujours, noie mes pupilles.

    [L’espace d’un instant, je me rêverai sauvage

    Au flanc d’un cheval blanc, galopant sur la plage.

    Dans la moiteur salée des marais camarguais,

    Au vent, comme un roseau, se dressera ma fierté. 

    Mais soudain acculée, le nez dans la poussière,

    Affaiblie par le sang jailli de mes artères

    La foule qui acclame, et demande ma mort,

    Qui jette contre moi la lance des picadors]

    Et l’archet du violon, témoin de mille drames,

    Dans mon cœur palpitant plantera sa banderille.

    Quand tu t’inquièteras de me sentir absente

    Mon sourire désarmant rétablira le charme

    Dans tes bras, je ferai semblant d’être insouciante,

    Et tes baisers ardents raviveront ma flamme.

    [Le festival de l'Oh!, le vrai, c'est le week-end prochain, 25 escales sur la Seine et la Marne, un carnaval de l'Oh! mêlant cirque, musique, danse et théâtre, des promenades commentées, des activités nautiques, expos, ateliers etc.]

    On vous embarque ?

  • Dans la peau d'un homme

    865497160.jpgJ'aime bien parler des choses quand ce n'est pas ou plus "à la mode". Comme WajDi, j'avais renoncé à m'essayer à ce drôle d'exercice proposé par Zoridae. Pas facile de se mettre dans la peau d'un homme sans aligner les clichés. Une conversation franchement hilarante, il y a 2 jours, avec mes collègues masculins, m'a soudain donné l'inspiration nécessaire.

    Merci donc à L. et surtout à JN, ma muse inspiratrice, bien malgré lui. 

    J’ouvre les yeux sur une toile beige, à quelques dizaines de centimètres de moi.

    « Tiens, je ne suis pas dans ma toile de tente … »

    Sensation d'étouffement. Le soleil qui cogne au-dessus de moi ravive les odeurs mélées de corps et celle, caractéristique, des toiles de tentes neuves. Qu’est ce qu’il fait chaud !

    Je tourne la tête à droite et dans mon champ de vision,  un préservatif usagé. Sur mon flanc gauche, une présence chaude. Je remue les jambes, et le contact de mon sexe contre le drap me confirme que je suis à poil. Lentement, je jette un coup d’œil sur la gauche. Une masse de cheveux bruns d’où émerge le profil d’une femme et une épaule, nue. Grand moment de solitude. Qui est-elle ? Je fouille ma mémoire à la recherche du déroulé de la nuit passée. Je me souviens de l’arrivée en boîte avec mon pote Stéph’, des nombreuses bières au bar, des jolies filles, toutes plus sexys – et chaudes - les unes que les autres, de la piste de danse, de corps frôlés et d’odeurs mêlées de parfum et d’aisselles nues. Mais comment je me suis retrouvé dans la toile de tente de cette inconnue, avec laquelle visiblement j’ai baisé, aucune idée. Et merde !

    La chaleur, une barre au front qui confirme que j’ai bien trop bu hier soir, je referme les yeux. Concentre-toi, Loïc, t’as quand même pas pu baiser une nana sans en avoir le moindre souvenir ???

    A ma gauche, elle a bougé. Elle se redresse, me découvrant au passage mais je me garde bien de signaler que je suis réveillé. J’entends le zip de la toile de tente, elle est sortie. Ouf ! Mon soulagement n’est que de courte durée. Quand j’étends les bras, je sens autre chose, sur la gauche. Coup de tête paniqué. Merde ! Une deuxième !! Brune aussi, dos tourné. Oh, putain ! Avec laquelle j’ai baisé ? Les 2 ???

    Dehors, des bruits de casseroles, de l’eau. Je suis tétanisé. La brune allongée à ma gauche remue quelques instants, puis se lève aussi. Bruits de discussion dehors, et rire étouffés aussi. Bon, mon coco, va falloir y aller … D’autant plus que j’ai une méchante envie de pisser.

    Je retrouve mon caleçon en boule dans un coin de la tente. J’enfile mon jean tant bien que mal et mon tee-shirt. Lorsque je mets le nez à l’air libre, manquant de me vautrer dans l’ouverture étroite, elles sont là, debout, toutes 2 à me guetter avec un sourire amusé. Putain, mais c’est quoi ces monstres ??? Chacune d’elle fait deux fois ma carrure … !!!

    Je sens des gouttes de sueur perler à mon front.

    « Tu veux un café ? » me demande l’une d’entre elles. Je balbutie un « Oui, merci » étranglé.

    « Vas-y assieds toi ». Je pose la pointe de mes fesses sur un siège pliant de couleur verte. Surtout, fermer sa gueule, attendre et observer. En dire le moins possible, y’aura bien un signe à un moment ou un autre qui me dira avec laquelle j’ai couché. Pendant que la brune au débardeur kaki remplit un mug de café brûlant, je les détaille. Comment j’ai pu finir avec ces meufs, elles sont pas du tout mon genre ! On dirait des videurs de boîte de nuit. Grandes, toutes en muscles, un dos en V, des épaules de nageuses est-allemandes. La vache ! La deuxième me tend un paquet de pains au lait. "Laquelle, bordel ????" Je dois avoir l’air con, mais con !...

    « Alors, bien dormi ? » J'acquiesce et essaie de me détendre. Je ne sais rien, même pas leur prénom ! Le stress, putain, de se retrouver nez à nez avec une (deux?) nanas avec laquelle on a couché, et se rendre compte qu'on ne sait absolument rien d'elle.

    "Tu habites où" demande l'une. "Au camping municipal". "De Biscarosse ?" "Heu, non, de Mimizan ... pourquoi on est où, là ?" "Ben à Bisca." "Ah, ok .." 

    Et merde ! Comment je vais rentrer ? 

    La brune au top kaki passe à côté de moi et me caresse le bras au passage. Bon, ça doit être elle. 

    Elle susurre "Et tu fais quoi dans la vie?"

    C'est ça ma cocotte, continue à causer, ça meuble.

    "Je bosse dans la grande distribution, et vous ?"

    "Nous, on est profs de karaté"

    Je manque m'étrangler en avalant mon café de travers. Le palpitant qui s'emballe. Une peur irraissonnée s'empare de moi.

    Pas question, désormais, de dire "Ecoutez les filles, je ne sais pas laquelle d'entre vous j'ai sauté cette nuit, j'étais bourré, je ne me rapelle de rien, c'était une erreur monumentale, vous êtes pas du tout mon genre, chuis désolé, on oublie tout, ok ?" Je m'imagine déjà, latté comme jamais par 2 nanas rendues hystériques par le fait que je me fasse la belle après une nuit d'amour.  

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    J'ai pas intérêt à déconner, faut la jouer fine. Les pensées défilent à toute vitesse dans ma tête. Je touille mon café, tentant de me remettre les idées en place. Comment je vais faire pour me tirer sans déclencher un drame ? Bon, d'abord pisser parce qu'avec le cerveau embrumé plus la trique matinale, j'arrive plus à réfléchir. Je me dirige vers les toilettes du camping d'un pas traînant. Je vais appeler Stéph' qu'il vienne me tirer de ce cauchemar. Pourvu qu'il réponde ce con, parce que j'ai pas l'intention de faire la causette pendant des heures avec 2 ceintures noires ! 
    Je reviens vers les filles. Visiblement, elles ne se rendent compte de rien et continuent à discuter. 
    "Heu, je dois appeler mon pote, vous savez où il y a une cabine téléphonique ?"
    "Oui, à l'entrée du camping, tu prends la première allée à gauche, là."
    "Ok, bon ben je reviens."
    "Tu voudras un autre café ?"
    "Ouais, super !"
    Je m'éloigne vers la liberté. Au téléphone, Stéphane est mort de rire et me charrie "Ben, mon salaud, t'avais la patate hier soir !"
    "Ramène ton cul et vite, j'ai pas envie de faire un remake de Kill Bill, je t'attend devant la mairie".
    Je raccroche, et file en hâte, sans me retourner.
    Quand je suis arrivé au camping et que j'ai raconté ma mésaventure aux copains, aussi frais que moi, ils m'ont charrié. Moi je riais jaune et tout le reste du séjour, cet été-là, j'ai flippé de recroiser mes profs de karaté. La moindre paire de cheveux bruns se promenant à moins de 50 mètres de moi me donnait des sueurs froides. 
    Pour rien au monde, je ne voudrais revivre l'angoisse de ce réveil dans une toile de tente inconnue. Quand j'y repense, j'ai encore honte de ma lâcheté. J'étais jeune. C'est peut-être ce matin-là que j'ai décidé de ne jamais plus m'enfuir au petit matin.
  • Festival de l'eau

    Enlève moi et voguons

    Sur les méandres du fleuve Amour,

    A fleur de Pô, tu traces mes contours

    Et m’amène à ébullition.

    L’eau à la bouche, tu me mets,

    Et l’écume au bord des lèvres.

    Sur mon corps brûlant de fièvre,

    Lèche le sel cristallisé.

    Tu voudras aborder, mouillé de ma salive, 

    Je noierai ton désir dans mes reflets troublants.

    Les perles de rosée, je cueillerai, lascive,

    Jusqu’à ce que ton plaisir jaillisse, comme un torrent.

    Pose tes mains sur ma chute de Rhin

    Remonte-moi lentement et à contre-courant

    Plante ton duc d’Albe dans mes sables mouvants,

    Ouvre les écluses et remplis moi, enfin.

  • A toi je suis soumise

    Il m'a prise dès le réveil. Encore endormie, roulant tantôt sur le dos, le visage tourné vers lui, paisible, tantôt sur le ventre, le nez dans les oreillers chargés de mon odeur, je sentais son énergie apaisante irradier la chambre obscure. Ensuite, comme chaque dimanche, je me suis réveillée doucement en m’évadant vers des contrées lointaines qu’il visite souvent, tout en buvant un thé aux oranges et en mordant dans des tartines croustillantes. M’étirant comme un chat au réveil, j’ai savouré sa présence discrète, promesse d’une journée réussie.

    Je me suis habillée léger en ce matin de février. Ma peau au sortir de l’hiver avait faim de ses caresses, je voulais lui offrir ma blancheur virginale pour qu’il y imprime son empreinte. A chaque retrouvailles, il m’embrasse d’abord doucement, m’effleure avec délicatesse. Il sait que sous le feu de sa passion, mes yeux s’allument de mille reflets dorés. Ce n’est que quand il sent sa propre odeur sur moi, quand ma peau chauffée à son contact et gorgée de plaisir exhale une odeur de cuir chaud vanillé qu’il commence à me mordre. Avec le temps, j’ai appris à le quitter juste à temps, avant que le plaisir ne laisse place à la douleur.

    Plus tard, sur mon vélo, j'ai filé dans les rues, traversant les carrefours à toute allure et évitant de justesse les piétons imprudents. Sur la jolie place d'un square, près d'un manège d'enfants, il était là. Ses lèvres étaient fraîches comme un baiser à la neige.

    Nous nous sommes retrouvés à la terrasse d’un café. Il était face à moi et je me retenais de fermer les yeux pour savourer la chaleur qui montait à mes joues. Son regard balayait avec gourmandise chaque parcelle de mon épiderme laiteux. Il s'immiscait dans le creux de mes seins dont j’ai regretté le décolleté trop sage, caressait les boucles sur ma nuque et rosissait mes joues charnues qui parfois appellent les morsures. Ce contact léger et constant, si troublant, me donna envie de glisser au fond de mon siège, de renverser la tête en arrière et d’offrir mon cou à sa bouche impérieuse. Mais je me connais. Je n’arrive pas à m’arrêter quand il commence à me posséder. Mon trouble eût été trop visible et le spectacle indécent aux yeux de nos voisins de table.

    Vers 16h, il m’avait plongée dans un état de torpeur et de bien-être tel que j’ai eu envie de lui, encore. J’avais beau essayer de me hâter pour le retrouver, je me déplaçais lentement, toute alanguie par la torpeur dans laquelle il m’avait plongée. Il ne me restait plus que quelques heures pour profiter de lui. Je cherchais un endroit où nous serions enfin seuls, tranquilles. Sur le toit terrasse d’un centre commercial déserté, à l’abri des regards, je me suis allongée devant lui. J’ai enfin pu fermer les yeux et me laisser aller sous ses caresses. Il était moins intense, déjà, peut-être triste de notre séparation imminente.

    Quand il a disparu, j’ai eu froid. Un froid glacial. J’ai rangé mon livre, croisé les bras sur mon manteau et le menton rentré, les épaules contractées, j’ai marché dans les rues qui s’assombrissaient.

    J'ai alors repensé à une jolie phrase lue ailleurs.

    « Mais j’ai su à cet instant que l’hiver était mort et que bientôt nous fêterons son enterrement.

    Et j’avais le sourire aux lèvres. »

  • Désir virtuel

    C’est divin, parfois, de se laisser aller

    D’oublier pudeur et principes arrêtés

    D’abolir la distance et les interdictions

    En se laissant aller à des jeux polissons.

    Sentir nos émotions si étroitement liées

    Attendre le cœur battant de lire tes mots stylés

    Et en les découvrant, un délicieux frisson

    Qui glisse sur ma nuque et balaie ma raison.

    Peut-être ai-je évité cette joute dangereuse

    Par peur de défaillir sous ta plume vénéneuse

    Au fond de moi sans doute, en silence, je craignais

    De voir confirmation de cet instinct secret.

    Nous, ça n’est pas dans l’eau que notre danse s’esquisse,

    Mais sous la chaleur sèche d’une savane métisse.

    Et quand d’autres se frôlent et s’amusent en coulisse,

    Nous entamons un duel qui n’a rien de factice.

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