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Parisienne d'un jour

  • Vin, parfums et bulles royales

    Il y a 2 semaines, mes touristes urugayens m'ont posé un lapin à Pigalle mais samedi dernier, à 15h, une blonde élégante m'attendait, dans un joli manteau ivoire, au coin de la rue Saint Florentin et de la place de la Concorde. Quand j'avais recu un mail me proposant de jouer la guide pour une stanbouliote, je n'avais pas hésité; la Turquie est un de mes plus beaux souvenirs de voyage et Istanbul, un coup de foudre absolu.

    Dès le premier email, Esra avait adopté le francais et exprimé le souhait que nous conversions dans cette langue, plutôt qu'en anglais. Après quelques pas, j'apprends qu'elle est ingénieure et travaille pour des maisons de parfums, pour lesquelles elle sélectionner et achète les matières premières.

    Comme mon itinéraire emprunte la rue de Castiglione, je lui propose un saut chez Jovoy, boutique de parfums rares dans laquelle j'entre à chaque fois comme si je pénétrais un lieu saint. Esra vaporise des touches qu'elle me tend et décortique les senteurs, détectant matières naturelles et synthétiques. Je me fais un rail d'Ambre muscadin, de LM Parfums, nous sentons le luxueux Musk Aoud de Roja et l'étonnante violette fumée de Les Nombres d'Or. Cest vraiment une boutique pour les orientaux, dit Esra qui m'apprend que seules 700 personnes dans le monde sont reconnues comme "parfumeur" et que le salaire d'un "nez" est de 20.000 € environ.

    Nous traversons rapidement la plae Vendôme, dont la colonne, coiffée d'une toile, est invisible. Esra connait bien le quartier, elle vient en moyenne une fois par an à Paris. Je renonce donc à lui en dévoiler histoire et anecdotes, et me laisse entraîner dans une discussion des plus sympathiques. Esra est amatrice de vins autant que de parfums, ce qui en soi est tout à fait cohérent. En fait, si vous voulez mon avis, Esra voulait juste parler français.

    A Opéra, elle propose de boire un café en attendant "ses amis" au Café de la Paix. Alors que nous attendons qu'une table se libère, une jeune femme et un adolescent aux dents serties de métal nous rejoignent. C'est Esin et son fils, qui est au lycée français d'Istanbul, mais dont je ne parviendrai pas à tirer le moindre son.

    " On boit un kir royal ?" propose Esra.

    - Je croyais que tu voulais boire un café ?" dis-je avec un clin d'oeil.

    - Non, un kir royal, c'est parisien !

    Un kir royal à 16h30, et à jeun depuis la veille, je vais être pompette, mais allons-y. Nous discutons comme de vieilles copines. Mes compagnes du jour sont aussi gourmandes que moi; elles ont le projet d'organiser des voyages gastronomiques pour turcs argentés,et veulent tout connaitre de mes goûts.  Je note mes bonnes adresses parisiennes sur le téléphone portable d'Esin.  

    Esra sort un paquet argenté de son sac : "Tiens, c'est pour toi, je ne connaissais pas tes goûts ..."

    C'est la première fois qu'un de mes touristes m'offre un cadeau ! Je suis sincèrement touchée et déballe un savon délicieusement parfumé, posé sur un linge raffiné dans un panier en osier. 

    Après une bonne heure, et chaud aux étiquettes en ce qui me concerne, je les emmène jusqu'à la rue Sainte-Anne où je pointe mes adresses préférées car elles aussi sont friandes de cuisine japonaise. Nous prenons la rue Thérèse puis nous réfugions dans le jardin du Palais-Royal où je leur raconte l'histoire du petit canon du sieur Rousseau.

    " Je n'avais jamais remarqué à quel point ce jardin était calme, dit Esrin. C'est drôle parce qu'en Turquie, dès qu'il y a une pelouse, les gens y installent des barbecues et ça sent la grillade."

    Peu après 18h, je quitte le groupe, avec des promesses de retrouvailles à Istanbul, et monte dans le bus. C'est que j'ai un rendez-vous de la plus haute importance. Postée derrière la vitre de mon salon, une paire de couettes saute de joie en m'apercevant. Elle a 5 ans aujourd'hui et m'attend pour souffler ses bougies.

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  • Kiwi(s) !

    Le samedi 4 mai, c'était ma dernière balade bénévole pour Parisien d'Un Jour. N'ayant pas réussi à honorer, en 2012, les 6 balades annuelles minimum demandées, j'ai préféré arrêter. Difficile de sacrifier une demi-journée de son précieux weekend quand, en déplacement chaque semaine ou presque, c'est le seul moment que l'on peut consacrer à ses amis. Et encore plus à l'arrivée des beaux jours, où mes envies de weekends au vert sont aussi fréquentes que les mails de PDJ.

    Et puis j'ai un autre projet de bénévolat dont j'espère vous parler bientôt, quand ma candidature sera acceptée. Un projet très enthousiasmant, en parfaite cohérence avec mes valeurs et mon parcours professionnel.

    N'empêche, être guide bénévole pour Parisien d'Un Jour a été une belle expérience. J'ai rejoint l'association en septembre 2011 pour d'une part, contribuer à donner une meilleure image des habitants de ma jungle urbaine et d'autre part, multiplier les occasions - trop rares - de converser en anglais. J'ose croire que j'ai rempli ma mission. De son côté, PDJ a exaucé mes voeux en ne m'envoyant que des visiteurs anglophones, à l'exception de Paola, ma petite Colombienne.

    Le 4 mai, donc, je suis passée chercher Angie et Stan, un couple de fermiers néo-zélandais, dans leur joli hôtel La Maison Favart (A), du côté de Richelieu-Drouot. Du coup, nous avons fait ma balade, qui devait partir de la place de la Concorde, à l'envers. J'ai fait un démarrage en beauté en partant dans la direction opposée de celle souhaitée, ce dont je me suis rendu compte en arrivant à l'angle des rues Lafayette et de Châteaudun. "Ce n'est pas grave, Sophie, a dit Angie, nous on est contents de visiter Paris".

    Du coup, comme on repassait du côté de Richelieu-Drouot et que je leur parlais des passages parisiens, nous avons fait un détour par le passage Jouffroy (B) et celui des Panoramas (C).

    De là, nous prenons la rue Vivienne et comme je ne suis pas encore dans un de "mes quartiers", je marque un rapide arrêt pour m'asssurer, plan à la main, que celle-ci débouche bien sur le Palais-Royal. Deux hommes s'arrêtent successivement pour proposer leur aide. "Arrêtez, je suis censée être guide touristique, dis-je en rigolant".

    Nous longeons la place de la Bourse (D), que Stan prend en photo pour un de ses fils qui travaille à la bourse d'Auckland. La rue Vivienne est quasi déserte par cette première belle journée ensoleillée qui a favorisé une fuite des Parisiens. Cette parenthèse silencieuse est bien agréable entre le vacarme du boulevard Montmartre que nous venons de quitter et celui de la rue de Rivoli qui nous attend.

    Mes fermiers néo-zélandais ont l'air plutôt sereins dans ma jungle urbaine, eux qui vivent en plein centre de l'île avec leurs moutons et pas grand-monde à la ronde. Angie a une maison d'hôtes et m'invite à y séjourner. "Si vous avez des moutons, vous faites des barbecues", demandai-je à Stan. "Oh oui !" Cet argument, couplé à l'alléchante description du pain maison d'Angie, visiblement fort apprécié de ses visiteurs, et une vieille envie de visiter la Nouvelle-Zélande me séduisent. En plus, Stan tond lui-même ses moutons et même s'il n'est pas galbé comme Luke O'Neill dans "Les oiseaux se cachent pour mourir ", ça doit valoir le spectacle.

    Nous voici dans la rue de Beaujolais, au charme rétro avec son escalier en pierre et nous entrons dans le jardin du Palais-Royal (E) où Parisiens et touristes se rafraîchissent au bord de fontaines. Le temps d'une pause photo sous les roses, je découvre qu'en Nouvelle-Zélande, on ne dit pas "Cheese" pour garantir un sourire photogénique mais "Kiwi". Je raconte à mes compagnons l'anecdote du petit canon du Palais-Royal et profite de ce détour pour entraîner Angie dans la boutique de Serge Lutens. Elle aimerait dénicher une tenue pour le mariage d'un de ses fils, je propose donc de terminer la promenade aux Grands Magasins du boulevard Haussmann, où elle devrait trouver son bonheur.

    Pour l'heure nous traversons le parterre de colonnes de Buren pour rejoindre la place Colette, jeter un oeil à la Comédie Française et rejoindre le Louvre et sa pyramide de verre, que Stan n'a jamais vue. Je laisse le choix à mes visiteurs de l'axe pour rejoindre la place de la Concorde, soit le jardin des Tuileries, soit la rue de Rivoli. Ils choisissent le jardin (G), que je n'ai pas traversé depuis une bonne dizaine d'années ! C'est l'occasion pour moi de découvrir que la superbe arche qui fait face au Louvre rend hommage à Napoléon.

    Nous voici place de la Concorde (H) où avant l'obélisque trônait une autre curiosité qui fit perdre la tête, au sens propre, à Marie-Antoinette, Danton, Charlotte Corday et plus de 1000 guillotinés en un an. J'aime bien amener les touristes sur cette place majestueuse qui a résonné, autrefois, des cris de l'hystérie collective. Mes Néo-Zélandais, comme beaucoup d'autres, pensaient que la guillotine se trouvait place de la Bastille; c'est qu'elle a pas mal voyagé, la Veuve ...

    De la place de la Concorde nous rejoignons la rue de Castiglione qui, comme nombre de rues alentour, célèbre une victoire napoléonienne et aussi, mais il faut avoir de bons yeux pour la débusquer, la mémoire de l'ambassade du Texas, dont la France fut le seul pays à reconnaître l'indépendance, pendant les 9 années où, libéré du Mexique, il n'était pas encore tombé aux mains des Américians.

    Nous débouchons place Vendôme dont la colonne de bronze, inspirée de celle de Trojan à Rome, fut érigée en fondant les canons pris aux Russes et Autrichiens. Pour l'anecdote, sous la seconde guerre mondiale, les nazis élurentt domicile ici, au Ritz, tandis qu'à leur nez et barbe, au n°15, s'installait le réseau de résistants Saint-Jacques, dirigé par Maurice Duclos.

    Angie et Stan ont soif et envie de m'offrir un verre, je les emmène donc place du Marché Saint Honoré (I), histoire de profiter d'une terrasse sans circulation automobile. Je bois du cidre tandis que Stan paie 7€ pour un verre de vin. Avoir soif coûte la peau du cul, place du marché Saint Honoré ... Je montre à mes compagnons le chemin parcouru, pour qu'Angie puisse en retrouver les étapes dans son guide touristique. Et je leur conseille vivement, le lendemain matin, de profiter de leurs dernières heures parisiennes pour se balader dans Montmartre plutôt que sur les Champs-Elysées.

    La balade touche à sa fin. Cette pause nous a un peu coupé les jambes et je propose de remonter jusqu'aux grands magasins en bus, que nous prenons avenue de l'Opéra (J).

    A 19 heures, j'abandonne Stan et Angie dans l'effervescence du Printemps Haussmann, les embrasse et leur fait promettre de me raconter la suite de leur séjour parisien. Nous avons passé 4 heures à marcher et parcouru pas loin de 5 kilomètres, je suis éreintée, retour maison pour un samedi soir sur mon canapé, avec un bon verre de rhum.

     
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  • Chevere !

    chevere.jpgIl y a quelques semaines, j’avais reçu de mon asssoc’ une proposition de balade avec une Colombienne. Tiens, ma première en espagnol ! Et avec une personne originaire DU pays que j’aimerais découvrir en Amérique du Sud, je n’allais pas refuser !

    Après quelques échanges de mails, Paola avait préféré le triangle Concorde-Opéra-Palais Royal à la butte Montmartre. Le rendez-vous initial, fixé à 15h, fut décalé à 16h puis 16h30. Finalement, c’est à 17h qu’à l’angle des rues Royales et Rivoli, j’ai levé les yeux de l’essai « Tchao la France,  40 raisons de quitter votre pays » pour héler une jolie jeune fille au teint hâlé et aux cheveux ondulés.

    Chemin faisant, Paola m’explique pourquoi elle a un n° de téléphone portable national : elle est jeune fille au pair pour un an et habite une ville qui m’est inconnue, dans le 77. Arrivée en France il y a un mois, elle s’est inscrite à cette balade « pour rencontrer des gens ». Sur la rue de Rivoli, Paola me confie le chagrin récent qui trouble ses nuits. Elle a besoin de se changer les idées, j’ai bon espoir de réussir à la divertir.

    Après un arrêt sur la place Vendôme où je la prends en photo, un autre place de l’Opéra, la demoiselle, très légèrement vêtue (pour que je dise ça, c’est qu’elle l’était vraiment !) d’une robe courte et de collants résille à grosses mailles, a froid et rêve d’un chocolat chaud. Je propose ma deuxième maison, l’Oustaou, où elle trouvera, à défaut de chocolat, la chaleur humaine qui lui fait défaut depuis son arrivée ici. La nuit déjà tombée m’a trompée : il n’est que 17 heures et le rideau de fer de la devanture rouge est encore baissé.  Nous entrons dans les jardins du Palais Royal et au hasard à Muscade, un salon de thé sous les arcades. A la carte, un chocolat maison à l’ancienne. Pas donné (6€50), moins généreux que chez Angelina mais épais et parfumé, il tient ses promesses.

    Paola me livre ses premiers étonnements : l’ignorance de mes concitoyens, prompts aux préjugés et aux raccourcis faciles. Au cimetière du Père Lachaise où elle demandait à un passant l’emplacement de la tombe d’Edith Piaf, elle s’entendit répondre, après avoir divulgué l’origine de son accent : « Juste après celle de Pablo Escobar ». Celui-ci, sans doute très fier de sa bonne blague, n’avait sans doute pas soupçonné à quel point Pablo Escobar est un fantôme douloureux dans la mémoire colombienne.

    Au moment de régler, j’entre dans une discussion passionnée sur les précieuses fèves avec un homme derrière le comptoir, qui me présente la pâtissière. Celle-ci commande des cacaos de différentes origines, selon les saisons. Paola, qui ne me connaît pas encore, s’amuse de ma faculté à papoter avec le premier venu.

    Un petit détour par la Comédie Française puis nous entrons à l’Oustaou, encore désert. Au gré des confidences, Paola m’apprend qu’elle est chanteuse ; ce soir il est trop tôt mais je promets de l’emmener un jour prochain dans mon karaoké à Pigalle. Pour l’heure, elle est au téléphone avec une amie colombienne que nous allons chercher au métro.

    Carol est une belle jeune femme douce et plutôt réservée, aux yeux en amande, emmitouflée dans une épaisse écharpe en laine. Professeur d’espagnol dans un lycée, elle supporte mal les 2 mois déjà passé ici. Les gamins auxquels elle tente d’enseigner sa langue l’ignorent totalement et vaquent à leurs occupations. Quand à ses collègues, auprès desquels elle a cru pouvoir trouver réconfort et compréhension, ils se sont gentiment moqués d’elle, l’enjoignant à débiter son cours sans se soucier de sa portée. Elle est choquée par le laxisme qui l’entoure. Et aussi par la goujaterie des Parisiens auxquels, parfois égarée, elle s’adresse, et qui passent leur chemin en l’ignorant. Elles m'apprennent un nouveau mot typiquement sud-américain, « chevere ». D’après ce que j’ai compris, ça veut dire quelque chose comme « super ».

    L’Oustaou bourdonne maintenant joyeusement. Après quelques habitués, Kamel est arrivé, puis « Jackie Chan » et enfin Chichi, le roi du dance floor, que je serre dans mes bras. Je note, surprise, que depuis un bon moment déjà, la musique est étrangement latine « et même très colombienne », dit Paola. Le mystère est bientôt levé ; un habitué, originaire de Puerto Rico, a identifié l’accent de mes compagnes et orienté la playlist. Chichi nous invite à une dégustation d’huîtres sur le comptoir, à laquelle Paola – et moi, bien sûr - se prête avec gourmandise. Au moment de partir, accoudées au comptoir, Chichi dégaine l’arme fatale pour nous retenir : un shot de tequila. Nous voilà toutes parties dans de grandes discussions, mes 2 colombiennes avec leur voisin carribéen, un homme timide et charmant qui nous offre 3 roses, moi avec un jeune homme au doux prénom.

    Il est presque 22 heures. « Et si on allait au karaoké ? » lancé-je. Devant le Moulin Rouge, elles prennent la pose et je me joins à elles, pour un cliché joyeux et plus ou moins bien cadré.

    A la porte du karaoké, Bibiche m’étreint chaleureusement « Je ne t’attendais plus ». Paola met bientôt le feu à la salle sur un morceau de Shakira, moi je me fais piquer « The scientist » de Coldplay et me rabat sur « When doves cry » du kid de Mineapolis. Le type de la table d’à côté, un habitué qui essaie chaque semaine de se faire des amis, nous offre tous nos verres et même un bouquet de roses.Entre deux chansons, je joue les gardes du corps pour les protéger des mains baladeuses de quelques relous bien éméchés.

    « Tu bosses dans la sécurité ? » demande un homme qui m’observe, amusé, depuis le comptoir.

    Un séduisant jeune homme anglais s'approche de moi et essaie de m’emmener danser dans un club voisin. Son français est parfait. « Il y a eu une femme », avoue-t-il en riant. J’ai des échanges moins courtois avec d’autres et Bibiche, qui veille au grain, évacue manu militari un opportun. Dans la rue adjacente, une bagarre éclate. Au moment de partir, j’offre quelques roses aux femmes de la table voisine.

    A 5h30, je suis en train d’attendre le premier métro avec Paola et Carol et ça me rend mes 25 ans (au moins !). Je n’ai pas voulu que Paola prenne le RER D seule à 6h du matin, et puisqu’elle doit aller visiter le château de Versailles le lendemain avec une amie, elle dormira chez moi. Dans le wagon, nous nous endormons l’une contre l’autre.

    Le lendemain, Paola m’envoie un sms. « Muchas gracias por el sabado tan chevere que pasamos juntas ! No hablamos esta semana para mirar que hay para hacer. »

    Et ben, si les weekends de l'année 2013 ressemblent à celui que je viens de passer, je sens que je vais rajeunir, moi…

     

  • Balade avec une famille australienne (et francophile)

    Samedi matin, 10h50, je reçois un appel d'une jeune femme à l'accent anglais. "Je suis la fille de C., je voulais savoir où nous devons vous rencontrer pour la visite ?"
    Au téléphone, j'indique qu'on me reconnaîtra à la casquette rouge. "Moi aussi" répond C.

    Lorsque je débouche sur le terre-plein, à Pigalle, je répère vite, au milieu d'un groupe de 5, la fameuse casquette rouge. Après les présentations, nous traversons l'avenue et empruntons la rue Germain Pilon. Au passage, je recommande La Bougnate et en chemin, fais la connaissance de la jeune fille qui parle français. Elle l'a appris à l'école et a passé 3 mois à Bordeaux, l'hiver dernier. La famille vit à Sydney et sont venus à Paris, qu'ils adorent, il y a plus de 10 ans.

    Place des Abbesses sont installés plusieurs stands où l'on vend des crêpes, des huîtres, du vin.

    "Qu'est ce que c'est, un marché ? demande M., le père de famille, un jovial moustachu aux yeux bleus.

    - Un marché touristique", je réponds.

    Quelques minutes plus tard, après une grimpette dynamique au cours de laquelle je recommande à M., qui adore ça, l'os à moelle des Ronchons, ils admirent la vue du parvis du Sacré Coeur. Je passe un appel à mon ami chtimi tandis qu'ils visitent l'édifice.

    En route vers la place du Tertre, où je leur révèle l'origine supposée du mot bistrot, M. me confie sa passion pour l'histoire et Paris en particulier. Il en connaît un rayon, M., sur l'histoire et la géographie françaises, et fait mentir les résolutions que j'avais prises au sortir de la balade avec Annelies et Arvin. Il sait même qu'il y a un vignoble montmatrois. C'est justement prévu au programme de ma balade.

    La veille, M. est allé se promener autour du Panthéon, émerveillé. Je lui raconte l'histoire de la rue Saint-Jacques et l'engage à admirer le jubé de l'église Saint Etienne du Monts, toute proche. M. travaille comme juge dans un tribunal pour réfugiés et me confie le stress qu'il vit quotidiennement à devoir décider de leur sort. Notre conversation se fait plus philosophique. Il satisfait ma curiosité quand à ses origines; sa grand-mère irlandaise lui a même donné droit à un passeport vert.   

    Après être passés devant la fameuse maison rose d'Utrillo, nous voilà maintenant au pieds des vignes de Montmartre. M rit de bon coeur en écoutant l'anecdote de l'âne Lolo du café Le Lapin Agile. Cathy et lui connaissent tous les noms des peintres montmartrois. Je prends moi-même beaucoup de plaisir à cet échange avec eux.

    Un salut à Dalida, et au pauvre Saint-Denis qui n'a toujours pas retrouvé sa tête, puis nous descendons l'avenue Junot et saluons le géant qui domine la butte depuis 400 ans. Une des jeunes filles a une envie pressante, c'est l'occasion de pousser la porte du Studio 28, qu'ils visitent rapidement, avant de rejoindre la rue Lepic. Je les pris de m'excuser quelques instants, il est 16 heures et je n'ai pas déjeuné, j'achète une part de quiche Aux Petits Mitrons et un sachet de chouquettes pour ma petite famille australienne.

    Alors que nous jetons un coup d'oeil au café d'Amélie, des bruits de fanfare se font entendre et une étrange procession apparaît au bas de la rue Lepic. En tête de cortège, on promène une statue en bois sombre. Plus loin, je remarque un drapeau breton, des cornemuses, des coiffes. J'interroge un groupe vêtu d'un tee shirt du Loiret. Le défilé fête à la fois la Saint-Vincent, patron des vignerons, et la coquille Saint-Jacques. La procession se terminera par une messe. Mon groupe d'Australiens est ravi de ce folklore inattendu et prend, comme moi, quantité de photos.

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    Plus bas, je leur fais admirer la façade de la maison de l'Escalopier avant un dernier arrêt devant le Moulin Rouge. Je propose un verre mais ils ont visiblement un autre programme, leur offre de refaire une autre balade avant leur départ dans 2 semaines et les salue. Nous avons passé 3 heures ensemble, il m'en reste 2 avant de retrouver P_o_L devant la Cigale pour un concert. J'appelle Yo qui attend son bouchon lyonnais - garanti 100% halal - dans un café du Marais et les y rejoint. 

  • Balade avec Annelies et Arvin

    Cet après-midi, je vais faire visiter Montmartre à une famille australienne. L'occasion de me rendre compte que j'ai oublié de vous raconter la balade de novembre, au retour du Maroc, avec un couple d'Australiens aussi.

    Je n'aime pas imposer un parcours. Difficile de choisir entre les nombreux charmes de Paris. Avant la balade, la communication entre mes visiteurs et moi se fait par mail. Je lance plusieurs pistes : Montmartre, Montparnasse ou le Palais Royal.

    En novembre dernier, Annelies et Arvin me retrouvaient après une matinée passée à Versailles. J'avais donc proposé de les récupérer à leur gare d'arrivée, Montparnasse, et de leur faire visiter ce quartier. Rendez-vous dans la gare, devant le Quick, signe de reconnaissance : la casquette rouge que m'a offerte P_o_L.
    A 15h, une jeune femme blonde m'aborde. Annelies, australienne, a de multiples origines européennes, notamment hollandaises. Alvin, quand à lui, est d'origine philippine. Tout en faisant connaissance, je les entraine sur le toit de la gare, dans le jardin Atlantique que m'a fait redécouvrir récemment ma collègue et amie Cat. Peu de gens imaginent qu'au dessus des voies s'étend un paisible jardin, auquel on peut accéder via un escalier à gauche des voies. En novembre, cependant, son charme est amoindri et le mémorial Jean Moulin n'a que peu d'intérêt pour des Australiens. Note à moi-même : éviter les jardins en hiver et les références historiques pour des visiteurs venant de l'autre bout du monde.

    Au bout du jardin Atlantique, je fais un crochet pour montrer à Annelies et Arvin les édfices construits par Ricardo Bofil. Nous empruntons la rue de la Gaité dont je raconte l'histoire et montre les nombreux théâtres, puis la rue Delambre jusqu'au boulevard Raspail. Là, Arvin tombe en arrêt devant l'impressionnante devanture du Bar à Huîtres. "J'adore les huîtres, on s'en prend une assiette, Fiso ?" demande-t-il en se tournant vers moi. Voilà un bien original goûter. Je harcèle un serveur pour qu'on vienne nous servir. 20€ l'assiette de 6 huîtres avec un verre de blanc, c'est hors de prix mais Arvin découvre le vinaigre à l'échalote et se régale tandis qu'Annelies s'enquille le verre de blanc.

    Après un crochet rapide par la rue Campagne Première et ses superbes ateliers d'artistes, nous reprenons le boulevard Raspail, que je trouve bien triste jusqu'au Lutétia. Je pousse les portes de ce palace parisien, dans lequel j'ai travaillé en extra il y a de longues années maintenant, et montre le hall à mes visiteurs.

    "Qu'est ce qui vous surprend le plus à Paris ?", leur demandé-je tout en cheminant.

    - La beauté des immeubles" répondent-ils. Hier, on voulait visiter le Louvre. On sort de l'hôtel, on voit un très beau bâtiment, on se dit "Ca doit être le Louvre. Non, c'était juste un très bel immeuble. On tourne le coin de la rue, on voit une autre imposante construction. Ca, ça doit être le Louvre. Encore raté. Tous les immeubles sont incroyablement beaux à Paris !"

    -Oui, on l'a échappé belle pendant la seconde guerre mondiale".

    Nous voilà sur le boulevard Saint-Germain, et même s'ils n'ont jamais entendu parler de Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, ils prennent des photos des cafés qui ont fait la célébrité du quartier. A l'angle du boulevard Saint-Michel, je leur montre les thermes de Cluny, le musée du Moyen-Age. Je dois me contrôler car il y a toujours une rue, un détail pour m'entraîner plus loin.

    Nous parlons gastronomie :

    "Vous mangez beaucoup de cuisses de grenouilles et d'escargots?" demandent-ils.

    - Pas du tout, c'est un cliché. Je n'ai pas mangé de cuisses de grenouilles depuis au moins 10 ans et les escargots, pour ceux qui aiment ça, on en mange plutôt lors de repas de fête".

    Annelies et Arvin, attirés par l'effervescence de la rue de la Huchette, piège à touristes que j'évite systématiquement, m'y entraînent. Arvin pointe du doigt le menu qui s'étale à la craie sur une ardoise "Pourtant, là, il y a des cuisses de grenouilles et des escargots ?"

    Damned, mais c'est vrai ! Au menu de chacun des restaurants de la rue de la Huchette, on trouve ces plats censés constituer l'essentiel des repas français. Je comprends mieux. Ces enfoirés de restaurateurs entretiennent le mythe !   

    A la fontaine Saint-Michel, peu après 18h30, après leur avoir conseillé une balade en bateau-mouche et montré sur un plan l'emplacement de l'embarcadère, je quitte Annelies et Arvin, en leur souhaitant, l'année prochaine, un merveilleux mariage.

    Je suis contente de ma première balade, en revanche, je me suis rendu compte de plusieurs choses :
    1) Eviter les références artistiques et historiques à des personnages qui sont totalement inconnus aux visiteurs non-Européens.
    2) Conséquence du point 1 : réfléchir à des balades plus appropriées aux visiteurs anglophones. Pourquoi pas rechercher des traces australiennes dans Paris ?
    3) Une balade, c'est un peu comme une formation, finalement. Il faut définir un / des objectifs, un plan de balade et annoncer le programme.