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Souvenirs

  • La patinoire du 59ème étage de la tour Montparnasse

    Ma nièce de 7 ans m'a donné, il y a quelques semaines, l'opportunité de rechausser des patins à glace.

    J'ai passé une partie de mon enfance allemande à glisser, avec mon père et mon frère, sur la piste d'une patinoire en plein air, dans les Alpes souabes.

    Entourée de sapins, proche de la cascade d'Urach, j'ai des souvenirs magiques des heures passées à évoluer, les joues rougies, sur cette étendue blanche. Le passage de la machine pour refaire la glace était l'occasion de nous régaler d'un bon hot dog fumant que je vomissais généralement au détour d'un des virages en lacet qui me donait la nausée.

    Arrivée à Paris, j'ai initié ma petite soeur à cette pratique sur les patinoires de la Main Jaune et de Boulogne.

    Et c'est justement à Boulogne que j'ai emmené ma petite Jade, cet hiver. Après quelques prudents tours de piste, j'ai retrouvé une certaine aisance mais pas mon assurance. Mon intrépide Jade, elle, filait sur ses patins et son excitation me faisait retrouver la petite fille que j'ai été.

    Hier, j'ai réussi à convaincre mon frère de nous accompagner pour découvrir la patinoire éphémère qui a été installée sur le toit de la tour Montparnasse.

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  • When doves cry

    Il y a 3 semaines, le hasard me ramène dans un des quartiers de ma jeunesse, du côté de Plaisance.

    Assise à la terrasse du café où, il y a plus de 20 ans, je la retrouvais parfois, tirant sur une cigarette, je fixe son immeuble grisâtre et repense à mon amie Nathalie.

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  • Don't speak

    Il y a des chansons qui vous rappelle un moment de votre vie, heureux ou malheureux. "Don't speak" de No Doubt et "Unbreak my heart" de Toni Braxton me catapultent à la Barbade, en février 97.

    Je n'ai pas 30 ans, je vis en Irlande depuis plusieurs mois; ici, le verbe vivre prend tout son sens car pour la première fois de ma vie, je me sens libre et forte. Quelques mois plus tôt, j'ai quitté la compagnie aérienne americaine qui m'a amenée ici, et je passe des sélections pour devenir hôtesse de l'air, mon rêve d'alors. Et comme je profite encore des GP, et que le monde est à moi, j'ai convaincu ma copine Claire de partir avec moi à la Barbade où 6 mois plus tôt, je suis tombée amoureuse d'un de ces séducteurs de touristes, à la plastique parfaite, qui arpentent les plages.

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    Mon séducteur est parti vivre à New York mais les nuits sont toujours aussi folles dans le sud de l'île. Le soir, on profite des happy hours pour boire des daiquiris fraise ou banane avant de rejoindre les clubs de Bay street. Au Boatyard, on danse sur la plage. Il y a aussi le Harbour Lights. Mais mon préféré c'est le Ship Inn : un groupe local, Second Avenue, y reprend avec brio les tubes du moment, parmi lesquels "Don't speak", que j'adore. Sa chanteuse, Gwen Stefani, est magnifique de sensualité dans sa robe légère à pois et son rouge à lèvres couleur sang.

    Au Ship Inn, les petites touristes qui se trémoussent le mieux sont invitées à monter sur scène pour se frotter au chanteur qui, bandana sur la tête et abdos sculptés, fait mouiller leur petite culotte. Nous, on a l'atout exotique imparable : on est françaises et il n'y en a pas sur cette ile anglophone où des charters venus de Manchester, Liverpool et Londres déversent quotidiennement leur lot d'anglaises laiteuses et joufflues. Je ne manque donc pas une occasion de monter sur scène.
    A l'aube, on s'arrête au stand de la mama qui fait griller des poulets juste en face de la boîte, on avale une barquette et des bananes plantains puis on rentre dormir quelques heures avant de finir la nuit sur la plage. Et chaque soir, on recommence mais cette fois, je me garde bien d'emballer qui que ce soit. Les amours de vacances, ca fait trop mal. Claire, elle, ramènera dans ses bagages un petit Bajan qu'elle renverra quelques mois plus tard sur son île natale.

    Et si de retour en Irlande, Toni Braxton qui fait sa chaudasse sous la douche avec le sublime Tyson Beckford me fera verser quelques larmes pour mon éphèbe à la peau noire, La Barbade reste un de mes plus beaux souvenirs de vacances, et " Don't speak", une des chansons que je connais par coeur.
  • Baden Baden, 30 ans après

    Mon pote Maurice m'a fait un joli cadeau : une virée à Baden Baden, en Allemagne, ville où j'ai passé mon année de 6ème, en pension. C'est là que se trouvait, à 200 kilomètres de ma petite garnison militaire de Munsingen, le premier collège français.

    Chaque dimanche soir, un bus de ramassage faisait le tour de ma cité-cadres et nous chargeait, bardé de sandwiches amoureusement préparés par nos mères (en tout cas, la mienne). Casque sur les oreilles (à l'époque, on appelait ça un baladeur), sac rempli de victuailles, je quittais le coeur lourd ma famille et ma petite soeur, encore bébé.
    Après plusieurs haltes à Tubingen, Pforzheim et d'autres garnisons où le bus se lestaient de gosses de militaires, nous arrivions à la nuit tombée sur le parking du lycée Charles de Gaulle. Nous y passions la semaine jusqu'au samedi suivant. J'y ai découvert la vie en communauté et avec des filles plus âgées que moi. J'ai passé de longues soirées à noircir les pages de mon journal intime, où je racontais les chamailleries avec mes camarades. Le soir, une fois les pionnes disparues, on faisait des choré dans les toilettes sur "Femmes" de Jean-Luc Lahaye. 

    Aujourd'hui donc, après un petit déjeuner de viennoiseries et un déjeuner de charcuteries alsaciennes (mention spéciale au filer mignon fumé à la coriandre), Maurice a garé sa ZX dans un parking de la ville. Après une grimpée jusqu'à la chapelle orthodoxe roumaine Stourdza, nous avons rejoint le centre en longeant la rivière. Il y a du monde dans les rues de Baden Baden, ville thermale comme son nom l'indique, et riche.
    Après la traversée de la trinkhalle, "l'endroit où l'on boit" a traduit mon compagnon, nous avons joué des coudes dans le marché de Noel, bien plus typique et bon maché que celui de Strasbourg, aux dires de Maurice l'Alasacien. Les gens y boivent du vin chaud et mangent saucisses et autres tartines roboratives. Aux devantures des chalets de bois sont suspendus les biscuits en pain d'épice de mon enfance. Dans une baraque, des enfants concentrés participent à un atelier de confection de biscuits.

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    En plein centre, j'ai découvert avec surprise - et une pointe de fierté tout à fait ridicule - qu'une des rues de Baden Baden portait mon prénom ! Trop fort !
    "Ah c'est ici les thermes de Caracalla !?" s'écrie Maurice. A proximité, il y a les ruines romaines, mais elles ne ressemblent en rien à celles que j'ai visitées, enfant.
    Dans les rues piétonnes, les salons de thé sont nombreux. Les cafés parisiens ont du charme aux yeux des touristes, mais je leur préfèrerais souvent de jolis salons de thé semblables à ceux qu'on trouve ici, en Irlande ou dans les pays de l'Est. Nous y buvons un chocolat chaud et partageons un gâteau aux cerises et noix.
    La nuit tombe lorsque nous partons à la recherche de mon lycée. Maurice et moi avons visiblement mal évalué l'orientation de la ville car nous parcourons 2 fois l'immense tunnel qui passe sous Baden Baden sans parvenir à repérer quoi que ce soit qui ressemble à des casernes françaises. Enfin, après plus d'une heure de recherches, nous reconnaissons de vilains alignements d'immeubles grisâtres.

    Sur un parking, dans la nuit, la Event Akademie ressemble fortement à nos dortoirs mais je ne suis pas sûre d'être devant les vestiges du lycée Charles de Gaulle. Je reconnais bien, en revanche, l'un des immeubles où habitait mon prof de français chéri, M. Martin, dont je bécotais chastement le fils, dans la cour de l'école.
    C'est aussi à Baden Baden que j'ai appris à faire le mur, et mes parents n'en ont jamais rien su.

    Peu après 18h30, nous quittons la ville et Maurice appuie sur le champignon car nous sommes très à la bourre. Sur ses consignes, j'ai envoyé un sms au couple d'amis qui doivent venir boire l'apéro chez lui dans 30 minutes : "Changement de programme : apéro chez vous et vous nous trouvez un resto".

    Je dois dire que Maurice fait encore plus fort que moi. "Ils ont l'habitude", répond-il.

    Une heure plus tard, je rencontre le copain de CP de Maurice, et son épouse. Après un Picon bière (alsacien selon eux, chtimi selon moi), nous rejoignons L'osthof, une auberge à colombages fort chaleureuse dans un tout petit village.

    Là, nous commandons la fameuse tarte flambée ou flammekuche. T. l'ami de Maurice, profite de mon statut de grande voyageuse SNCF pour demander ce que je pense de son entreprise. Je lui raconte la gare Saint Lazare et les trains annulés pour cause de feuilles mortes sur les voies. Et je révise mon jugement car visiblement, c'est un vrai problème et pas une excuse bidon inventée par la SNCF.

    Je finis sur un kouglof glacé. "Le schnaps, c'est pour verser dessus, pas pour le boire à côté" dit Maurice. Ok chef.

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    C'est vraiment sympa à Momo d'avoir galéré dans la ville pour me permettre de retrouver mes souvenirs de gamine rebelle. La boucle est bouclée; après Munsingen avec Boug' il y a 3 ans, je suis revenue à Baden Baden, plus de 30 ans après. Et à l'occasion de la rédaction de ce billet, mes recherches m'ont appris que :

    1) Il existe une association des Anciens du lycée Charles de Gaulle de Baden Baden
    2) Ce lycée a compté dans ses rangs un illustre élève : Jean-Claude Brialy.

    3) Baden Baden a accueilli d'autres résidents célèbres comme Dostoievski et Marlène (Dietrich), et son casino fut fondé par un français.

    La prochaine fois, je vais me tremper dans les thermes de la ville !

    L'osthof, tartes flambées & spécialités,

    7 avenue du Général de Gaulle à Eckwersheim (Tél 03.88.69.55.94)
     

  • Les fous du roi

    index.jpgIl n'y a pas de crise du leadership. Il n'y a que des leaders en crise.

    Pourquoi ai-je sorti de mes étagères ce livre prêté il y a plusieurs années par mon ami JM et que je n'avais jamais lu ? Sans doute parce qu'aujourd'hui, après 4 années dans une PME détenue par un financier, évidemment principal actionnaire, je suis à même de comprendre le sens du discours de son auteur, Rémi Tremblay, alors PDG de la filiale canadienne d'Adecco.

    4ème de couverture :

    Les patrons sont les nouveaux fous du roi. Leur souverain ? L'actionnaire, cet être inconscient et cupide qui exige que ses actions montent en flèche. Pour le satisfaire, les fous licencient, fusionnent, rationalisent, centralisent et décentralisent (...)

    Dans les fous du roi, Rémi Tremblay lance un cri du coeur. Ses cibles : la tyrannie de l'actionnaire, le manque d'éthique, les patrons qui se servent au lieu de servir. Son rêve : éveiller les consciences, rétablir la confiance, rapprocher les leaders de leurs valeurs profondes.

    Réflexion sur le pouvoir, cet ouvrage troublant place le lecteur face à ses propres comportements. Après tout, nous sommes tous les fous d'un roi. Que seriez-vous prêts à faire pour un bon mot de votre patron, de vos parents, de votre professeur ? Lire ce livre, c'est prendre un risque, celui d'affronter ses peurs pour tenter de s'en libérer.

    Imaginez le carnage quand votre patron est en plus actionnaire ... En écoutant mon nouveau PDG cette semaine, la raison évidente de la mort annoncée de mon ex-société (que je sens venir depuis janvier 2012 très exactement) m'est apparue comme une évidence : comment une société dont le coeur de métier est l'humain (gestion des RH) peut-elle être détenue par un financier dont la seule préoccupation est de faire de l'argent ? Comment ses salariés, majoritairement animés par le sens du service client, peuvent-ils s'épanouir et être heureux dans un tel climat, où leurs préoccupations sont à l'opposé de celles de leur PDG ?

    J'ai relévé, dans le livre de Rémi Tremblay, quelques passages qui ont fait cruellement écho :

    "C'est fou ce qu'on tolère. Les jeux de pouvoir, notamment. On commence par les tolérer, puis on finit par y participer. Parce qu'on veut se protéger. Chose certaine, l'effritement de la confiance s'opère graduellement, insensiblement. Je l'ai observé dans mon organisation. J'ai vu les employés se protéger toujours davantage les uns des autres. Pour moi, le plus bel exemple de méfiance, ce sont les copies conformes, que je déteste souverainement (...) Pourquoi me mêler à cela ? La réponse est simple : parce que celui qui envoie le courriel n'a pas confiance en celui à qui il l'adresse. ET parce qu'il veut lui faire peur en m'informant de leur échange."

    Dans mon ex-société, ma boss refusait que nous la mettions en copie de nos échanges avec d'autres services. Certains d'entre nous insistions, voulant l'obliger à jouer son rôle : être au courant de ce qu'on nous demandait de faire, à nous ses collaborateurs. Et surtout intervenir lorsque la teneur ou le ton des échanges était inappropriés et/ou irrespectueux. Ce n'était même pas une question de confiance; c'était, en ce qui me concerne, un refus de recevoir des ordres d'autres qu'elle, et surtout de cette façon-là. Quand j'étais manager, je n'ai jamais accepté que qui que ce soit d'autre que mes responsables donne des consignes à mes collaborateurs. Et de la même façon, je respecte ma hiérarchie et je ne double pas par la droite (référence au billet à venir).

    " A l'été 99, j'étais en détresse. Cette détresse n'a pas débuté du jour au lendemain. Elle s'est installée petit à petit. J'ai commencé par ressentir de moins en moins de plaisir. Un conquérant, d'ailleurs, ne connaît que le plaisir, jamais le bonheur. Le plaisir, c'est physique, c'est instinctif. Tromper sa femme procure du plaisir, pas du bonheur. Obtenir une promotion en écrabouillant un collègue procure du plaisir, pas du bonheur. Atteindre des objectifs financiers en licenciant des employés procure du plaisir, pas du bonheur."

    Je suis certaine que mes copains adultères ou repentis pourraient témoigner de la misère morale et affective dans laquelle ils se trouvent ou se sont trouvés. En écrabouillant un collègue ou en tentant de le faire, on n'est même pas garantis d'obtenir la promotion recherchée. En revanche, je sais ce qu'on y perd : le respect des autres, ceux qui n'ont pas de pouvoir mais des valeurs et de la lucidité. Quand aux licenciements pour obtenir des résultats financiers, mes ex-collègues sont hélas en plein dedans : 6 licenciements annoncés il y a 15 jours, dont 1 qui est un pur règlement de compte, et l'annonce récente d'une baisse des salaires décidée de façon unilatérale et à durée illimitée. Les salariés paient les erreurs de gestion et de stratégie de leur dirigeants. En revanche, la femme du PDG, elle, emploi fictif notoire et un des meilleurs salaires de la boîte, fait toujours partie des effectifs ... Et j'entend des gens essayer de me convaincre que c'est normal. On marche sur la tête.

    " Une amie m'a raconté que dans son entreprise, la DRH conseille aux gestionnaires de congédier un employé en cinq minutes, le vendredi à 17h. On appelle ça "terminer un employé". Quelle expression épouvantable !

    Pensez un peu à la douleur de ces personnes à qui on cache les véritables raisons de leur départ, ou encore à qui on ne dit rien. A qui on montre simplement la porte, par manque de courage."

    J'ai vécu ça, en live, dans le groupe de grande distribution dans lequel j'ai travailé pendant 6 ans. J'ai vu, outre des assistantes en larmes et des patrons qui se mettaient la loi Evin au cul et fumaient sous le nez de ces mêmes assistantes, parfois enceintes, des responsables de service hagards et incrédules, escortés par la sécurité jusqu'à leur voiture. L'un d'entre eux, avec lequel je m'étais liée d'amitié, a fini en dépression nerveuse après s'être fait chasser de cette façon et n'a plus répondu à mes mails.

    Pour aller plus loin :

    Des interviews de Rémi Tremblay dans les magazines Le Manager Urbain, En Quête