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lycée charles de gaulle

  • Baden Baden, 30 ans après

    Mon pote Maurice m'a fait un joli cadeau : une virée à Baden Baden, en Allemagne, ville où j'ai passé mon année de 6ème, en pension. C'est là que se trouvait, à 200 kilomètres de ma petite garnison militaire de Munsingen, le premier collège français.

    Chaque dimanche soir, un bus de ramassage faisait le tour de ma cité-cadres et nous chargeait, bardé de sandwiches amoureusement préparés par nos mères (en tout cas, la mienne). Casque sur les oreilles (à l'époque, on appelait ça un baladeur), sac rempli de victuailles, je quittais le coeur lourd ma famille et ma petite soeur, encore bébé.
    Après plusieurs haltes à Tubingen, Pforzheim et d'autres garnisons où le bus se lestaient de gosses de militaires, nous arrivions à la nuit tombée sur le parking du lycée Charles de Gaulle. Nous y passions la semaine jusqu'au samedi suivant. J'y ai découvert la vie en communauté et avec des filles plus âgées que moi. J'ai passé de longues soirées à noircir les pages de mon journal intime, où je racontais les chamailleries avec mes camarades. Le soir, une fois les pionnes disparues, on faisait des choré dans les toilettes sur "Femmes" de Jean-Luc Lahaye. 

    Aujourd'hui donc, après un petit déjeuner de viennoiseries et un déjeuner de charcuteries alsaciennes (mention spéciale au filer mignon fumé à la coriandre), Maurice a garé sa ZX dans un parking de la ville. Après une grimpée jusqu'à la chapelle orthodoxe roumaine Stourdza, nous avons rejoint le centre en longeant la rivière. Il y a du monde dans les rues de Baden Baden, ville thermale comme son nom l'indique, et riche.
    Après la traversée de la trinkhalle, "l'endroit où l'on boit" a traduit mon compagnon, nous avons joué des coudes dans le marché de Noel, bien plus typique et bon maché que celui de Strasbourg, aux dires de Maurice l'Alasacien. Les gens y boivent du vin chaud et mangent saucisses et autres tartines roboratives. Aux devantures des chalets de bois sont suspendus les biscuits en pain d'épice de mon enfance. Dans une baraque, des enfants concentrés participent à un atelier de confection de biscuits.

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    En plein centre, j'ai découvert avec surprise - et une pointe de fierté tout à fait ridicule - qu'une des rues de Baden Baden portait mon prénom ! Trop fort !
    "Ah c'est ici les thermes de Caracalla !?" s'écrie Maurice. A proximité, il y a les ruines romaines, mais elles ne ressemblent en rien à celles que j'ai visitées, enfant.
    Dans les rues piétonnes, les salons de thé sont nombreux. Les cafés parisiens ont du charme aux yeux des touristes, mais je leur préfèrerais souvent de jolis salons de thé semblables à ceux qu'on trouve ici, en Irlande ou dans les pays de l'Est. Nous y buvons un chocolat chaud et partageons un gâteau aux cerises et noix.
    La nuit tombe lorsque nous partons à la recherche de mon lycée. Maurice et moi avons visiblement mal évalué l'orientation de la ville car nous parcourons 2 fois l'immense tunnel qui passe sous Baden Baden sans parvenir à repérer quoi que ce soit qui ressemble à des casernes françaises. Enfin, après plus d'une heure de recherches, nous reconnaissons de vilains alignements d'immeubles grisâtres.

    Sur un parking, dans la nuit, la Event Akademie ressemble fortement à nos dortoirs mais je ne suis pas sûre d'être devant les vestiges du lycée Charles de Gaulle. Je reconnais bien, en revanche, l'un des immeubles où habitait mon prof de français chéri, M. Martin, dont je bécotais chastement le fils, dans la cour de l'école.
    C'est aussi à Baden Baden que j'ai appris à faire le mur, et mes parents n'en ont jamais rien su.

    Peu après 18h30, nous quittons la ville et Maurice appuie sur le champignon car nous sommes très à la bourre. Sur ses consignes, j'ai envoyé un sms au couple d'amis qui doivent venir boire l'apéro chez lui dans 30 minutes : "Changement de programme : apéro chez vous et vous nous trouvez un resto".

    Je dois dire que Maurice fait encore plus fort que moi. "Ils ont l'habitude", répond-il.

    Une heure plus tard, je rencontre le copain de CP de Maurice, et son épouse. Après un Picon bière (alsacien selon eux, chtimi selon moi), nous rejoignons L'osthof, une auberge à colombages fort chaleureuse dans un tout petit village.

    Là, nous commandons la fameuse tarte flambée ou flammekuche. T. l'ami de Maurice, profite de mon statut de grande voyageuse SNCF pour demander ce que je pense de son entreprise. Je lui raconte la gare Saint Lazare et les trains annulés pour cause de feuilles mortes sur les voies. Et je révise mon jugement car visiblement, c'est un vrai problème et pas une excuse bidon inventée par la SNCF.

    Je finis sur un kouglof glacé. "Le schnaps, c'est pour verser dessus, pas pour le boire à côté" dit Maurice. Ok chef.

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    C'est vraiment sympa à Momo d'avoir galéré dans la ville pour me permettre de retrouver mes souvenirs de gamine rebelle. La boucle est bouclée; après Munsingen avec Boug' il y a 3 ans, je suis revenue à Baden Baden, plus de 30 ans après. Et à l'occasion de la rédaction de ce billet, mes recherches m'ont appris que :

    1) Il existe une association des Anciens du lycée Charles de Gaulle de Baden Baden
    2) Ce lycée a compté dans ses rangs un illustre élève : Jean-Claude Brialy.

    3) Baden Baden a accueilli d'autres résidents célèbres comme Dostoievski et Marlène (Dietrich), et son casino fut fondé par un français.

    La prochaine fois, je vais me tremper dans les thermes de la ville !

    L'osthof, tartes flambées & spécialités,

    7 avenue du Général de Gaulle à Eckwersheim (Tél 03.88.69.55.94)