georgetown
-
Don't speak
Il y a des chansons qui vous rappelle un moment de votre vie, heureux ou malheureux. "Don't speak" de No Doubt et "Unbreak my heart" de Toni Braxton me catapultent à la Barbade, en février 97.
Je n'ai pas 30 ans, je vis en Irlande depuis plusieurs mois; ici, le verbe vivre prend tout son sens car pour la première fois de ma vie, je me sens libre et forte. Quelques mois plus tôt, j'ai quitté la compagnie aérienne americaine qui m'a amenée ici, et je passe des sélections pour devenir hôtesse de l'air, mon rêve d'alors. Et comme je profite encore des GP, et que le monde est à moi, j'ai convaincu ma copine Claire de partir avec moi à la Barbade où 6 mois plus tôt, je suis tombée amoureuse d'un de ces séducteurs de touristes, à la plastique parfaite, qui arpentent les plages.
Mon séducteur est parti vivre à New York mais les nuits sont toujours aussi folles dans le sud de l'île. Le soir, on profite des happy hours pour boire des daiquiris fraise ou banane avant de rejoindre les clubs de Bay street. Au Boatyard, on danse sur la plage. Il y a aussi le Harbour Lights. Mais mon préféré c'est le Ship Inn : un groupe local, Second Avenue, y reprend avec brio les tubes du moment, parmi lesquels "Don't speak", que j'adore. Sa chanteuse, Gwen Stefani, est magnifique de sensualité dans sa robe légère à pois et son rouge à lèvres couleur sang.
Au Ship Inn, les petites touristes qui se trémoussent le mieux sont invitées à monter sur scène pour se frotter au chanteur qui, bandana sur la tête et abdos sculptés, fait mouiller leur petite culotte. Nous, on a l'atout exotique imparable : on est françaises et il n'y en a pas sur cette ile anglophone où des charters venus de Manchester, Liverpool et Londres déversent quotidiennement leur lot d'anglaises laiteuses et joufflues. Je ne manque donc pas une occasion de monter sur scène.
A l'aube, on s'arrête au stand de la mama qui fait griller des poulets juste en face de la boîte, on avale une barquette et des bananes plantains puis on rentre dormir quelques heures avant de finir la nuit sur la plage. Et chaque soir, on recommence mais cette fois, je me garde bien d'emballer qui que ce soit. Les amours de vacances, ca fait trop mal. Claire, elle, ramènera dans ses bagages un petit Bajan qu'elle renverra quelques mois plus tard sur son île natale.
Et si de retour en Irlande, Toni Braxton qui fait sa chaudasse sous la douche avec le sublime Tyson Beckford me fera verser quelques larmes pour mon éphèbe à la peau noire, La Barbade reste un de mes plus beaux souvenirs de vacances, et " Don't speak", une des chansons que je connais par coeur.