Lorsque je débouche à la station Ekkamai, à 4 arrêts de la mienne, je me retrouve nez à nez avec 2 immenses centres commerciaux dont un qui ressemble à une soucoupe volante. Munie de l’itinéraire tracé par mes stagiaires, je descends du bon côté de la Sukhumvit Road. J’ai enfin compris comment fonctionnait la numérotation ici. En fait, c’est presque comme à Manhattan, pour ceux qui connaissent. Les rues (soi) portent des numéros. D’un côté, les rues paires, de l’autre les rues impaires. Quand je remonte Sukhumvit Road en direction du centre ville, j’ai à droite les Soi impaires (Soi 33, Soi 31, Soi 29 et ainsi de suite) et à gauche les Soi paires.
Bon, j’ai pas trop compris pourquoi la rue que je prends, perpendiculaire à Sukhumvit, s’appelle Sukhumvit 63 Road, mais c’est celle-là que je dois prendre, à l’opposé du centre commercial Gateway. K. a été très claire dans ces indications : après le centre commercial Big C et juste avant la Soi 10 se trouve le Health Land.
J’entre, impressionnée par le luxe de l’endroit et consulte les tarifs. Le traditional thai massage de 2 heures y coûte 500 Bahts. Je convertis : moins de 12€. Purée ! Je vais me faire papouiller pendant 2 heures pour ce prix là ????? Un homme vient à ma rencontre, je m’inscris et m’installe sur un sofa. Quelques minutes plus tard, une femme vient me chercher, m’offre des tongs en tissu et m’entraîne dans une salle équipée de trois matelas au sol et une télé. Elle me tend une sorte de chemise blanche et un pantalon large en coton. Tiens, on va donc me masser habillée ? Je me change et m’installe sur le matelas, sur le dos. Elle commence par mes jambes et là, je rigole beaucoup moins. Elle appuie sur l’intérieur de ma jambe, le long du tibia. Et elle insiste, la garce. Je grimace. Purée, si je passe 2 heures comme ça, je vais ressortir couverte de bleus et pas détendue du tout ! On m’avait dit que le massage à la thailandaise était vigoureux mais je ne m’attendais pas à une telle douleur !
Après les jambes, elle me tourne sur le côté et me donne un oreiller que je serre entre mes bras. En fait, j’ai pas dû comprendre, ça devait être pour le mordre car voilà qu’elle plante ses doigts dans le petit bourrelet entre fesses et hanche et qu’elle le fait rouler. « You’re ok ? » demande-t-elle, sans doute alertée par la grimace que je n’ai pas pu réprimer. « Heu, comment te dire que là tout de suite, j’ai envie de te mettre un pain dans la gueule ? »
Ensuite, elle me fait faire des torsions dans tous les sens. Elle a l'air de me prendre pour un élastique, heureusement que je suis souple. Elle me chope une jambe et appuie sur mon genou jusqu'à ce qu'il touche le matelas. Elle me replie les genoux sur la poitrine. Elle s'assied en face de moi et pousse sur ma cuisse. Elle pèse de tout son poids, j'ai l'impression qu'elle cherche à me péter le fémur. J'imagine ma pauvre Mère Mi, toute pleine de douleurs, entre ses mains. Enfin, elle me replie un bras derrière la tête et tire dessus. Alors là, ma vieille, pensé-je en moi-même, tu peux toujours y aller ... Si tu arrives à faire avec tes bras ce que je fais avec les miens, je te paie une Singha !
Maintenant elle attrape mes bras et noue ses doigts aux miens pour tirer dessus. Si elle leur fait subir le traitement qu’elle vient d’infliger à mes membres inférieurs, j’ai bien peur qu’elle me repète les 2 poignets et qu’elle fasse sauter la broche que j’ai dans l’un d’entre eux. Mais non, heureusement, elle se contente de planter ses doigts (sadique !) dans mes biceps. Je vous la fais courte mais vous rappelle que ce massage dure 2 heures. Par conséquent, mon supplice a duré longtemps.
Enfin, elle s’attaque à mon dos ce qui devrait être beaucoup moins douloureux. Et de fait, je m'endors à plusieurs reprises entre ses bras. Maintenant elle s’installe derrière moi et m’invite à m’assoir contre elle pour un massage de la tête. Le pied ! Je me dis qu’on approche la fin de la séance et qu’elle va finir en douceur. Mon cul, oui ! Elle m’attrape les bras, lance un « Relax, relax ! » en même temps qu’elle se balance en arrière et me couche sur elle. Crac ! fait mon dos. Tu crois que c’est fini ? Ben non, mon pote. Et vas-y que je te chope les 2 bras et que je te fasse vriller la Fiso sur la gauche : crac ! Et sur la droite : recrac ! Elle rit car après un cri de surprise, je soupire d’aise. Je ris aussi. La séance est finie, il est un peu plus de 22 heures. Je me relève et un peu groggy, me rhabille. Dans le miroir, j’ai une mine éblouissante. Quelle expérience ! A la sortie, je lui glisse un billet de 20 bahts et prend quelques instants pour boire le thé sucré qu’elle m’a préparé.
Toutes ces émotions m’ont sérieusement creusé l’appétit. J'ai repéré un restaurant en plein air, au coinde la rue, en venant. Les restaurants en plein air de Bangkok ont souvent des airs de fête foraine, c’est très plaisant.
Des lampions, des guirlandes rouges et ce soir, un groupe de musiciens qui chante du Oasis. Je m’installe à une table du Thai Banrie Bai Kra Prao Bork et commande une seiche grillée, un bol de riz et un smoothie à la noix de coco qui s'avère être un jus de coco. Il y a beaucoup plus d’Européens dans le coin que dans mon quartier. Ma seiche est ok mais aucune comparaison avec le festin de la veille chez Elvis. Et surtout, les prix sont bien plus élevés ici. Si je ne me trompe, le crabe est presque 3 fois plus cher ici (950 Bht.) qu'en face de mon hotel.
A 23 heures, je reprends le métro jusqu’à mon hôtel et je m’endors à peine la tête posée sur l’oreiller. Merci Jarunee pour la bonne adresse de massage thai, c’était éprouvant mais bon !