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Les malheurs de Sophie - Page 3

  • S'éffeuiller en janvier, faut vraiment être givrée !

    [EDIT du 3 février pour Les Nuages Bavards qui « violente » mon goût pour le flou]

    « J'ai sorti la guêpière, les filles ! Je suis harnachée comme une pouliche qui va courir le Grand Prix ! » : voilà mot pour mot le sms que j'ai envoyé à ma bande de copines déjantées.

    J'avais confirmé, quelques semaines plus tôt, mon inscription ce vendredi-là à un cours d'effeuillage dans le quartier du Sentier.  Les cours d'effeuillage sont devenus très à la mode après la sortie du film « Tournée » qui a suscité un nouvel engouement pour les tenues rétros et les strip-tease à la Dita (Von Teese, pas la blogueuse). La culotte couvrante est d'ailleurs en passe de supplanter le string, aussi appelé « hilo dental (fil dentaire) » chez nos amis sud-américains. Mais revenons à nos tétons moutons.

    Le vendredi, dans 99% des cas, nous autres formateurs sommes au bureau. Pas de pot pour moi, ce jour-là, ma boss m'avait envoyée donner une formation à un de nos clients, de surcroît 3 hommes qui n'ont pas les yeux dans leurs poches, comme on dit.

    « Prévoyez deux tenues de lingerie, un tailleur jupe, une chemise, des talons » disait le mail de confirmation. La formation se terminerait au plus tôt à 17 heures, le cours commençait à 18h, impossible donc de rentrer me changer.

    Faute de bas couleur chair, j'avais clipsé dans les attaches de ma guêpière rose buvard - non sans peine - la version élastiquée, qui est censée tenir toute seule. J'ai même failli me faire un lumbago en tentant de fixer les attaches arrière. Dans le métro, lorsque je me suis assise, j'ai entendu "chtong".

    « Fait vraiment froid ce matin », me suis-je dit lorsqu'un courant d'air glacial m'a piqué les cuisses. Une heure plus tard, le sourire lumineux de ma « filleule » m'accueille en haut des marches d'une station de la ligne 5. En chemin, je lui donne un coup de coude, soulève ma jupe, dévoile un peu de peau.

    « Waouh, marraine ! Tu portes ça, toi ? » s'écrie-t-elle.
    [Je ne vous ai pas encore parlé de la jeune femme qui a récemment rejoint notre équipe de formateurs et m'accompagne depuis quelques semaines. Craquante de fraîcheur. Moi, si j'étais un homme .....]

    Quelques minutes plus tard, nous pénétrons dans les locaux de mon client en région parisienne. La salle de formation est un véritable congélateur.

    « Ça prend un peu de temps à chauffer » assure un de nos stagiaires, se voulant rassurant. Je m'assied face à eux en plaquant bien mon corps à la chaise, histoire qu'ils ne grillent pas mon accoutrement de coquine.

    Vingt minutes plus tard, ma filleule s'excuse et remet son manteau. Je résiste vaillamment mais finis par me réfugier dans mon petit blouson cintré, que je ne quitterai plus de la journée. Nos stagiaires font de même.
    Malgré leurs multiples tentatives pour couper la ventilation et enclencher le chauffage, nous passons la journée frigorifiés. Ma filleule, qui ne supporte pas le froid, est blême. Moi j'ai les fesses glacées.

    Vers 14 heures, je lis les réponses de mes copines, que je vais retrouver dans la soirée. Ça charrie grave :

    «  Tu cours le quarté ou le quinté ? demande la brune piquante.

    - On va se marrer ! renchérit celle au teint de porcelaine.

    - Ptain les filles, y'a pas de chauffage chez mon client, vous le croyez ? Je ne sais pas si on va se marrer mais j'ai froid au cul ! »

    A 19h, face à un immense miroir dans lequel se reflètent une dizaine de femmes quasi nues, je réalise, alors que la prof nous invite à lancer nos soutien-gorge, que la guêpière n'était pas le meilleur choix pour ce cours d'effeuillage.

    Cette chorégraphie caricaturale ne mérite d'ailleurs pas ce nom mystérieux et empreint de sensualité car plutôt qu'un cours d'effeuillage qui sublimerait la femme, toutes les femmes, la «  prof », qui dans la vie est strip teaseuse, a voulu nous enseigner l'art du déshabillage de cochonne, avec tous les clichés du porno, secouage de crinière (et tant pis pour celles qui n'en ont pas), écartage de jambes (et tant pis pour les rouillées), auto-caressage de croupe. Pour un peu, elle nous aurait demandé de nous sucer l'index. Alors voilà, je reste conne avec ma guêpière, car dégrafer et agrafer ce bel objet prend juste un peu plus de temps qu'avec un soutien-gorge .... Pourtant, quelle plus belle parure qu'une guêpière ?


    Différence entre le strip-tease et... par 20Minutes


    Lundi matin, 9h30, après avoir peaufiné ma choré perso sur Kiss de Prince (et en pyjama, s'il vous plaît !), je roule à travers les paysages enneigés des Hautes-Pyrénées. Ma « filleule », assise à côté de moi, profite de la lumière exceptionnelle et admire les cimes. Notre stagiaire nous accueille avec un sourire chaleureux et nous emmène dans son bureau. Un congélateur.

    « Le chauffage est mis ? » demande ma filleule. « En fait, on a un problème, il y a une panne du système de chauffage »  répond le stagiaire.
    A la pause, je découvre un sms d'encouragement de ma chef de projet « Bon courage, les filles ! »
    - Merci poulette ! Ptain on a pas de chauffage chez XX et y'a de la neige dehors ! La tête de la filleule ! »
    A 14 heures, ma « filleule » craque et demande un chauffage d'appoint, qu'on pique dans le bureau d'à côté. Nous tenons bon en rêvant à la piscine chauffée et au jacuzzi de notre hôtel. Mais nous n'étions pas au bout de nos surprises.

    Ça faisait longtemps que je ne vous avais pas écrit une note « Vis ma vie de formatrice » , non ? Vous allez en avoir deux à la suite, figurez-vous, histoire de vous montrer que mes semaines ne sont pas toujours aussi sympas qu'à Pamplona ....

  • Séville, son centre-ville, mes yeux qui brillent

    L’Espagne n’est décidément pas un pays pour les femmes solitaires et cafardeuses.Si en Irlande, on ne reste pas longtemps seul(e), - un dicton ne dit-il pas "qu'il n'y a pas d'étrangers ici, seulement des amis qui ne se sont pas encore rencontrés" -, en Espagne, la solitude se fait d'autant plus cruellement sentir que tout s'y partage. Même Dax un lundi soir de janvier me fout moins le bourdon, c'est dire.

    Ce soir, j’ai feint de me réjouir d’être à Séville. En début de soirée, ça a plutôt bien fonctionné et je me suis crue tirée d’affaire. Il faut être bien orgueilleuse pour croire qu'on va gober ses propres conneries.

    L’hôtel était chouette, il faisait soleil et l’accès à la piscine se trouvait à quelques mètres de ma chambre. Déjà, au moment d'enfiler mon bikini, j'ai hésité. J’ai fait quelques longueurs dans la piscine, sans conviction et sans soleil.

    De retour dans ma chambre, je n’avais même plus envie de sortir dîner. J’ai pourtant hélé un taxi et me suis attablée dans une rue piétonne attenante à la plaza San Francisco. Je n’ai pas encore terminé « L’Irlande dans un verre » et c’est tant mieux, car sa lecture m’a empêchée d’arroser mon assiette de poissons d’autre chose que de citron. Ici, même les demi-rations, gigantesques, te rappellent que dîner seul est une hérésie.

    Vers 22h, j’ai renoncé à aller me promener autour de la cathédrale et c’est d’un taxi que je l’ai admirée. Le chauffeur, et je l’en remercie secrètement, n’a pas troublé mon mutisme. J’ai ouvert la fenêtre en grand, pour laisser la brise chaude caresser mon visage. J'ai pensé à lui et à ces questions que je retourne dans ma tête depuis plusieurs jours. Briser la pudeur que nous avons tous deux, depuis si longtemps déjà, ou rester à ma place ? Parler et oublier le devoir de réserve ou taire mon indignation ? Qu'il puisse imaginer que sa détresse m'indiffère m'est insupportable.

    De retour dans ma chambre, je me suis connectée sur un réseau social où personne ne m'a parlé, et j'ai écouté System Of A Down en boucle.

    Demain soir, je rentre chez moi pour plus de 15 jours de vacances parisiennes. Chouette. 

  • Le mieux est l'ennemi du bien

    Autoroute.jpgJe vais bien. J'écris peu, je mange peu, je bois encore moins et je n'ai pas fait de sport depuis près d'un mois. Je me ménage, quoi. Faut dire qu'avec le froid qui sévit, je manque de courage pour courir bras nus. Ca reviendra.

     

     

    En revanche, j'ai toujours un beau lot de conneries à mon actif. La dernière, c'était avant-hier et je ne me suis pas loupée, sur ce coup-là.

    19h30, lundi soir, j'émerge, frigorifiée et toute contractée par le froid glacial, de la bouche de métro à dix minutes à pied de chez moi. Je longe le renfoncement sombre où il y a plein de bus et j'hésite. Allez, ce soir, je me la joue flemmarde et je saute dans un des bus qui relie Paris à la banlieue et me fera gagner 5 minutes et quelques courants d'air. Je scrute l'itinéraire de la ligne : oui, il passe bien à proximité de ma rue.

    Le bus se remplit et tarde à partir. Son conducteur fume une clope avec un collègue jusqu'au moment où le signal sonore et lumineux annonçant le départ retentit. Enfin ! Je me réjouis déjà à l'idée du moment où je pousserai la porte de mon appartement douillet et où je pourrai enfin me débarrasser de l'ordinateur qui m'alourdit le bras. Mon canapé est mon meilleur ami, ces jours-ci.

    Le bus s'élance dans le trafic dense et traverse le carrefour à toute allure. A toute allure, oui, d'ailleurs c'est bizarre, il ne tourne pas à droite comme prévu. Itinéraire modifié ? Mon visage change quand il accélère, serre à gauche et s'engouffre sur ... l'autoroute ! Je me retourne, affolée, vers un des passagers "Heu, excusez-moi, il va où ce bus ?" "Chilly-Mazarin. Pourquoi, vous allez où, vous?" Je contemple, abasourdie, les néons qui longent le boulevard : "Moi, j'habite là ..."

    Je peste contre moi-même. Bien joué, Fiso, t'as voulu gagner 5 minutes, tu vas perdre au moins 1 heure. Et une soirée de foirée !

    "Je ne comprend pas, pourtant, l'itinéraire ne dit pas qu'il va à Chilly-Mazarin". "Ils ont changé les bus il y a deux jours". C'est alors que je remarque qu'il y a 2 plans de la ligne : un à l'avant du bus, le bon, que je n'ai pas vu en montant à bord, et un à l'arrière du bus, l'ancien, auquel je me suis fiée. Est-ce que je vais à l'avant du bus embrouiller le chauffeur ? Bah, il s'en tape et il est capable de trouver ça drôle. Du coup, je prends le parti d'en rire et compose le numéro de mon chef de projet, celui avec lequel je me tape des gueuletons régulièrement, entre Paris et Bruxelles : "Je ne te dérange pas? " "Non, non je quitte le bureau". "Je voulais te faire rigoler un peu en te racontant ma dernière connerie". "Ah bon, tu es où?" "Ben, dans un bus sur l'autoroute A6, en direction d'Orly".

    Ça, pour se marrer, il s'est marré. "Y'a que toi pour nous faire un truc pareil", il a dit.

    Heureusement, ça filait sur l'autoroute. "Descendez à l'arrêt cimetière" avait dit le passager interpellé. Arrêt de ce circonstance, vu ma tronche d'enterrement.

    Bien sûr, lorsque je descends du bus, celui d'en face qui aurait ramené Fiso fissa au point de départ démarre sous mon nez. Et me voilà sous un pauvre abri de bus à me les peler sévère. "Tiens, tant qu'à avoir une soirée ruinée, si j'en profitais pour me faire payer l'apéro, voire le couvert chez un de mes deux amis vivant à proximité ?" 

    Tout à coup guillerette, je compose le numéro de ma copine bien-aimée (qui se reconnaîtra). Les sonneries s'enchaînent. Et merde, j'avais oublié qu'elle ne répond JAMAIS à son putain de téléphone, qu'on se demande bien à quoi il lui sert, bordel de m.... (ouais, je sais, c'est pas élégant, mais j'en ai rien à cirer de l'élégance quand je suis en train de claquer des fesses dents devant le cimetière d'une banlieue sinistre. Et puis d'ailleurs, les seuls témoins de la bordée de jurons marmonnés entre mes dents sont endormis à jamais).

    Je compose le 2ème numéro de mon répertoire, celui de l'apprenti cuistot que j'avais emmené se faire recoudre. Il me doit bien un coup à boire, celui-là et lui, au moins, il répond à son téléphone, sauf quand il dort. Répondeur: il dort. Je lui laisse un message, quand même. Puis j'appelle ma mère, pour la faire rigoler aussi. Je m'occupe, quoi, histoire d'oublier que j'ai froid et que je devrais être depuis longtemps lovée sur mon canapé.

    J'attend plus de 20 minutes un hypothétique bus en direction de Paris puis saute dans le premier qui se pointe, terminus Massy-Palaiseau RER. Le RER, voilà une valeur sûre. Biens sûr, il ne marque pas l'arrêt à la station la plus proche de chez moi. Je me paie donc encore un petit tour de tramway et cette fois je finis à pied. On va arrêter les frais pour ce soir. En chemin, j'appelle un ami du voisinage qui conclut  "Finalement, même quand tu n'es pas en déplacement, tu trouves le moyen de te balader". Bien vu.

    Embarquée à 19h30 dans ce bus infernal, il est 21h20 quand j'ôte enfin mes chaussures et frotte mes pieds glacés. J'ai quitté le bureau il y a 3 heures. Tout va bien. Je respire. Zen, Fiso, zen. Une bonne verveine, ma fille, ça va te faire du bien. 

  • Semaine de merde (ou pas loin)

    Vous n'aurez pas de clichés gastronomiques cette semaine. Pourquoi ? Parce qu'une fois n'est pas coutume, à l'exception des soirées passées avec P_o_L et Boug', j'ai bouffé de la merde. Et j'ai presque passé une semaine de merde. Jugez plutôt ....

    Lundi matin, après un changement en gare de Bréauté-Beuzeville, bled absolument inconnu de moi jusqu'à ce jour, je débarque à 8h à la gare de F. Mon assistante m'avait prévenue "Y'a pas d'agence de location XXX à F., tu te déplaceras en taxi, ok ?" "Pas de problème, je n'y passe qu'un nuit".

    Je sors de la gare, cherche des yeux quelque chose qui ressemblerait à un taxi, que dalle. J'actionne la poignée de la porte de la station, pour demander à un employé où je pourrais trouver un taxi : gare fermée. Super.

    J'avise une femme qui attend un bus, sous un abri. Elle secoue d'abord la tête puis se ravise "Ah si, vous montez les marches, les taxis sont au-dessus".

    Je suis ses conseils et en effet, ça a l'air un peu plus vivant, là-haut. Face à un hôtel, il y a bien un emplacement - vide - au-dessus duquel est planté le poteau salvateur "Station de taxis".

    J'attends quelques minutes puis au moment où je commence à tapoter le n° des renseignements sur mon téléphone, un taxi se pointe. Le chauffeur, petite cinquantaine, cheveux blonds en brosse, a l'air fort loquace (dit-elle d’un ton ironique).

    Au-dessus de son rétroviseur et sur les sièges arrière, un avis indique que monsieur est collectionneur de souvenirs militaires. Ca sent le le facho, me dis-je à moi-même.

    Il m'emmène chez mon client à quelques kilomètres de là. "Ça ne marche pas du tout, dit-il, ils ont déjà licencié des gens". Visiblement il a une dent contre l'installation de mon client il y a quelques mois.

    "Vous pourrez venir me récupérer ce soir?" demandé-je. "Non, ce soir je serai à Rouen". "Je crois que le restaurant de mon hôtel est fermé ce soir, vous connaissez un endroit, dans F., où je pourrai aller manger?" "Je mange pas au restaurant et puis à F., c'est pour les touristes". Quelle amabilité ! Bon te fatigue pas, je me débrouillerai, pensé-je. Il me décoche une dernière flèche "De toute façon, les taxis de F. ne travaillent pas après 20h". Ça promet ... Je sens que je vais passer une soirée d'enfer, moi.

    Heureusement, ma cliente est super sympa, très pêchue. Elle me tutoie au bout d'une heure, m’emmène déjeuner en bord de mer et me dépose même à mon hôtel le soir. Je ne sais pas si ça a un rapport, mais elle est de Rouen, et tous les Rouennai(se)s que j'ai rencontrés jusqu’ici étaient très sympas. C'est quand même à Rouen que pour la première – et jusqu’ici unique – fois de ma courte carrière, ma cliente, la douce Emeline,  m'a fait visiter sa ville, le soir. D’ici à ce que je finisse mes jours à Rouen, moi, y'a pas loin.

    Le soir, la jolie patronne de l’auberge de la Rouge m’accueille. Je soupçonne, à son accent et la blondeur de ses cheveux, des origines bataves ou tout du moins nordiques. Après m’avoir installée dans une jolie chambre avec mezzanine et poutres de bois, elle confirme, hélas, que le restaurant de l’hôtel est fermé le lundi soir. Dommage, la carte était fort appétissante et c'est une table réputée dans la région, comme me le confirmera ma cliente.

    Devant mon inébranlable optimisme quand à mes chances de trouver un taxi en soirée, elle me tend le n° d’une pizzeria auprès de laquelle je pourrai commander de quoi me nourrir. Et en effet, après avoir bataillé ferme pour me connecter à internet, la compagnie de taxis me confirme que je serai cloîtrée dans ma chambre ce soir. Bah, de toute façon, je suis malade, ça ne me fera pas de mal. Peu avant 20h, je commande des tagliatelles et une salade. Le livreur arrive, casque sur le crâne, je déballe la boîte cartonnée, fouille, cherche : putain ! pas de couverts ! (sont cons ou quoi ???)

    Pas grave, me dis-je, je vais aller gratter une fourchette à la patronne. Je traverse le jardin et me heurte à la porte de l’hôtel, fermée et dans l’obscurité. Et merde !

    Après quelques minutes de réflexion affolée, je n’ai pas le choix : je plonge les doigts dans les pâtes (me les cramant au passage) et bénis le ciel de n’avoir pas choisi des lasagnes. Je ne prends pas de photos, vous comprenez aisément pourquoi, et me couche tôt, la bouche ouverte, comme une carpe qui cherche de l’air.

    Le lendemain matin, je papote devant mon petit déjeuner avec un employé de l’hôtel, en attendant que mon taxi vienne me chercher. Il jette de temps en temps un coup d’œil par la fenêtre. Mon taxi a déjà 5 minutes de retard. « C’est bizarre qu’il ne soit pas encore là …Il ne va quand même pas me planter, j’espère ? » dis-je en me levant. Il se penche « Ah zut, je ne l’avais pas vu, il s’est garé juste en dessous des fenêtres ! ». Je le salue, attrape ma valise et rejoins l’entrée ; pas de taxi. Lui, derrière moi : « Mais ??? Il s’est tiré ? Je scrute les abords de l’hôtel : pas l’ombre d’un taxi. Un monsieur confirme : « Il y avait un taxi, il vient de partir ». Je bougonne « Ah ben il est gonflé celui-là ! Il attend 5 minutes et il se casse, sans même prendre la peine de s’annoncer ». J’appelle l’agence qui confirme que son chauffeur est reparti « car il n’y avait personne ». Je l’engueule et quelques minutes plus tard, mon taxi arrive. Je ne suis que peu surprise de retrouver le paramilitaire de la veille. Je ne lui décroche pas un mot et à ma grande surprise, il engage la conversation pour me demander ce que je pense de mon client. « Ils se sont installés dans ma campagne, et moi j’aime bien ma campagne » dit-il avec une pointe d’amertume. Ouais ben n’empêche que ça te ramène des clients.

    Visiblement, je ne suis pas la bienvenue à F. Ça tombe bien, je n’ai aucune envie de m’y éterniser. A peine arrivée chez ma cliente, je lui propose de déjeuner d’un sandwich devant l’ordi afin que je puisse prendre le train précédant celui, initialement prévu , qui m’aurait fait arriver à Paris à 22h. Elle accepte, ouf, et je fous le camp de Fécamp sans un regard en arrière.

    Le lendemain, je forme un directeur en région parisienne.

    A midi, je me retrouve dans la salle de pause entourée du PDG, du directeur et des comptables, devant des rillettes premier prix, du jambon gonflé aux poly phosphates, du frometon qui pue sa mère et des plats cuisinés de chez Marie. J’ai la gorge et les sinus tellement irrités qu’ils pourraient me filer des boîtes de pâtée pour chiens sans que je m’en rende compte. En parlant de pâtée pour chiens, c’était moyen de bouffer en écoutant la description de l’état dans lequel on a retrouvé 4 jeunes qui se sont tués à 200 Km/h sur la N20, le weekend précédent.

    Le soir je file retrouver P_o_L pour un dîner improvisé et savoureux Chez Pierrot, à Meudon. Jeudi, ma voix part sérieusement en couilles et je finis la journée à siffler comme une chambre à air. Je file me faire dorloter par la maman de Boug’ et j’en profite pour l’initier à Skype. Et pendant 3 jours, j’ai bouffé les plats cuisinés de Marie. Enfin, 2 jours finalement, puisque le vendredi, mon client qui partait en weekend m’a donné congé à 12h30. Finalement, elle aurait pu être pire cette semaine, non ?  

  • Laval-Paris

    Fin de formation, nous cavalons jusqu’au parking. Il est 17h30, il nous reste 45 minutes pour rejoindre Laval, rendre la voiture de loc.’ et prendre notre train à 18h18.

    Ma voiture est une injection toute neuve mais il y a pas mal de bouchons autour de Laval. Je dépose les clés sur le comptoir de l’agence à 18h05. Dans le hall de la gare, le petit nouveau en formation lève les yeux sur le tableau d’affichage et annonce : « Paris, voie 3 ».  

    Le train arrive quelques minutes plus tard, nous nous installons à nos places, j’ouvre mon ordi et commence mon rapport. Bosser en train me file vite la nausée et j’arrête après environ 30 minutes. Le contrôleur passe, poinçonne nos billets, drague gentiment notre jeune voisine.

    Environ 45 minutes après notre départ retentit une annonce : « Ce train est à destination de Vannes. Prochain arrête, Rennes ». Mon collègue et moi nous regardons subitement. Moi, sûre de mon coup : « Il s’est planté le mec, on ne va pas à Vannes ! » Mon collègue semble perplexe. J’insiste « Ben non, le contrôleur a vu nos billets à destination de Paris, il aurait tiqué, quand même ! »

    Cependant, les voyageurs autour de nous n’ont pas l’air perturbé le moins du monde par l’étrange annonce faite. Mon collègue se penche vers la voisine « Excusez-moi, madame, ce train va bien à Paris ». « Ah non, répond-elle, nous venons de Paris. Ce train va à Vannes »

    Nous nous regardons et éclatons de rire. On a passé les 10 minutes suivantes à être pliés en deux de rire et à s’essuyer les yeux. J’entendais les passagers autour de nous se marrer, faut dire qu’on foutait un sacré boucan. « C’est bien, on l’a eu notre train. Mais pas dans le bon sens. Tu vas me payer un coup de chouchen, mon pote », je lui dis.

    Heureusement, à Vannes Rennes (je ne sais plus où je suis, moi, avec tout ce bordel !), un train pour Paris est annoncé 15 minutes plus tard. « Qu’est ce que je vais raconter à ma femme » dit mon collègue avec un sourire, en faisant semblant d’être inquiet. « Moi si je racontais ça à la mienne, elle ne me croirait pas » dit le contrôleur qui nous a pris sous son aile pour nous recaser dans le bon train. « Ca arrive plusieurs fois par jour » dit-il. Du coup, dans le train, après que j’aie dormi pendant une bonne heure, on a bu une bière.

    Cette anecdote n’a eu que peu de conséquences, finalement : nous sommes arrivés à la gare Montparnasse à 21h au lieu de 20h.