"Toi, Fiso, t'es le lapin blanc d'Alice au pays des merveilles. En r'tard, en r'tard, j'ai rendez-vous quelque part..."
C'est ce qu'a répondu mon frère en se marrant, quand je me suis écrié l'autre jour, après avoir jeté un coup d'oeil à ma montre "Woh, putain, chuis à la bourre!"
J'ai ri aussi, essayant de me souvenir de ce personnage. Je l'avais lu si souvent, ce conte ! Et soudain, je soupire et me souviens ... "Woh la la, me parle pas de ce bouquin, ça me faisait flipper quand j'étais petite!" Au souvenir du livre cartonné et coloré, j'ai soudain ressenti un malaise. Je me suis même demandé l'espace d'un instant, si le lapin blanc et sa montre n'y était pas pour quelque chose dans mes retards légendaires. "Alice au pays des merveillles", ça m'angoissait. C'était le pays de la folie et des cauchemars, pour moi. Je n'y comprenais rien et j'étais horrifiée par les personnage allumés que croisait Alice et les phénomènes étranges qui apparaissaient à chaque fois qu'elle mangeait quelque chose. Et aujourd'hui, je lis chez Mag un commentaire de Monsieur Poireau - dont c'est l'anniversaire aujourd'hui - qui semble partager mon avis. Je n'aimais pas ce conte mais j'y revenais à chaque fois.
Un autre livre "pour enfants" m'a traumatisée. Plus tard, en Allemagne, sur les conseils de ma mère, j'ai dévoré avidement les livres de Sophie Rostopchine ou madame la comtesse de Ségur. Ca m'a fait drôle, d'ailleurs quand, des années plus tard, à la faveur d'un séjour chez une amie bretonne, je me suis retrouvée devant sa tombe, dans le cimetière de Pluneret. Les livres de la comtesse, je les trouvais plus cruels que drôles. Je n'y aimais pas la sévérité et la violence des adultes qui "battaient" les enfants. J'ai lu "Les malheurs de Sophie", bien sûr, dont je me sentais solidaire non parce que je faisais beaucoup de bêtises (j'étais une petite fille très sage) mais parce que j'étais maladroite et godiche, comme elle. J'aimais beaucoup ces livres. Jusqu'au jour ou je me suis plongée dans "Les vacances" et que j'ai lu un passage qui racontent que des voyageurs, passant la nuit dans une auberge, avaient découvert un cadavre sous leur lit. Pendant des mois ensuite (peut-être même des années tant ce souvenir est vivace dans ma mémoire), chaque soir avant d'éteindre la lampe de chevet en macramé rose qui trônait sur ma table de nuit, je respirais fort, le coeur battant, avant de regarder sous mon lit si un mort n'y était pas.
Et vous, vous avez des souvenirs de lectures d'enfants qui vous ont fait peur ?