NDLR : Je sais qu’on dit "amatrice", c’est pour le titre ….
En ce moment, j'accumule un peu les conneries (je ne m'appelle pas Sophie par hasard), certaines que je préfère garder pour moi et d'autres racontables, comme celle qui suit.
Il y a quelques mois, les installations électriques des appartements de mon immeuble ont été entièrement changées. Les ouvriers qui sont intervenus ont mal revissé le cordon d'alimentation en eau de ma machine à laver et le soir, en rentrant du boulot, j'ai trouvé une flaque dans ma cuisine. J'ai sollicité un ami pour régler le problème mais après avoir serré le boulon à la pince, ça gouttait toujours. Donc, depuis, je coupe l'eau entre 2 machines et je mets une bassine quand je lance une lessive. Mais ça me gave parce qu'il arrive que j'aille me coucher en oubliant de fermer l'eau.
Bref, hier soir, ça me prend comme une envie de pisser et je décide de régler le problème.
J'appelle mon pote Oh!91 et comme il ne comprend pas trop de quoi je parle, ou plutôt je ne suis pas très calée en vocabulaire plombier, j'active le flash sur mon appareil photo et lui envoie un cliché de mon installation. Si vous voulez des nouvelles de ma fuite, et bien, quand j'ai rouvert le robinet, ça giclait comme jamais. Retour à la case départ et je ne sais pas comment je vais laver mes culottes avant mon départ en vacances déplacement sur une île paradisiaque des Caraïbes.
Ce matin, je prends le métro comme d'habitude mais bien mieux réveillée qu'hier. Ce doit être la perspective de retrouver Boug' et Petite Française, ce soir, qui me remplit d'énergie.
Avant de vous raconter ma mésaventure, je dois vous confier un de mes travers.
Je prends beaucoup de photos, ça ce n'est pas une nouvelle. Des photos de ce que je mange, des photos de ma jungle urbaine et, depuis que j'ai trouvé comment désactiver le son de l’appareil photo de mon téléphone portable, des clichés des drôles d'animaux qui la peuplent. Je photographie les jolies femmes, les belles chaussures, les détails raffinés, les situations cocasses, les trucs qui m’agacent.
Or, depuis peu, je me suis trouvé un nouveau divertissement : je photographie les hommes qui me tapent dans l'œil. C'est toute une technique de diriger l'appareil pour avoir un bon angle de prise sans se faire griller par le modèle malgré lui. Généralement je ne fais rien de ces photos, si ce n'est les envoyer à mon copain Yo qui a les mêmes goûts que moi, assorties d'un "Mignon, hein ?"
Ça nous amuse, au moins autant que lorsque nous nous posons ensemble à une terrasse de café ou dans un parc.
Bref, ce matin, je vois débouler dans mon wagon un brun à la beauté vénéneuse, mat, yeux verts, dans une chemise blanche sous un costume noir un peu trop grand pour lui. Il reste debout, se tenant au poteau métallique et il ne m'a pas remarquée, assise contre la fenêtre. Je le mate donc à loisir.
Décidément je l'aime bien ma ligne de métro, on y croise plein de beaux spécimens, mâles ou femelles. Dans mon train de banlieue, par exemple, je n'ai pas trouvé pareil ravissement.
Mais revenons à nos moutons agneaux.
Je mate donc mon beau brun qui doit avoir dans les 35 ans voire un peu plus. Je me dis qu'il faut absolument que j'immortalise cet instant de grâce et je sors mon téléphone portable, appuie sur Multimédia puis Appareil photo et, telle une féline tapie dans l’ombre, attend patiemment que mon innocente proie tourne la tête dans ma direction.
Assis sur la banquette face à moi, il y a un touriste frisé qui me gâche un peu le panorama mais ça ira. Et lorsqu'enfin, le beau brun lance son regard merveilleusement carnassier vers le fond du wagon, hop, j'appuie sur le bouton. Et là, un éclair illumine le wagon, et tout le monde tourne la tête vers moi, y compris le beau brun.
Et merde ! J'ai oublié de désactiver le flash ! Grillée en flagrant délit de matage, la Fiso !
Sentant sur moi le regard désormais insistant de ma proie, j’ai essayé de garder un air naturel malgré ma surprise au moins égale à celle des passagers. Je ne pense pas avoir rougi, j’ai fait semblant d’être plongée dans mon téléphone et puis, lorsque tout le monde a repris ses occupations, j’ai nonchalamment tourné le regard vers le tunnel dans lequel j’aurais voulu, à cet instant, disparaître et je suis partie dans un fou-rire solitaire.
J’envoie un sms à Oh !91 « Je peux t’appeler ? J’en ai une bonne à te raconter ! »
Arrivée à Châtelet, je me lève et là, le beau brun me remarque (ah quand même !). Il faut dire que mes chaussures Betty Boop sont irrésistibles. Il détaille mes jambes d'une façon qu'il pense discrète. Je fais la gazelle (on est dans une jungle, n'oubliez pas).
Sur le quai où il est descendu devant moi, il hésite. Dommage, il part à droite, se retourne et moi aussi.