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c'est pas tous les jours fête

  • Semaine de merde (ou pas loin)

    Vous n'aurez pas de clichés gastronomiques cette semaine. Pourquoi ? Parce qu'une fois n'est pas coutume, à l'exception des soirées passées avec P_o_L et Boug', j'ai bouffé de la merde. Et j'ai presque passé une semaine de merde. Jugez plutôt ....

    Lundi matin, après un changement en gare de Bréauté-Beuzeville, bled absolument inconnu de moi jusqu'à ce jour, je débarque à 8h à la gare de F. Mon assistante m'avait prévenue "Y'a pas d'agence de location XXX à F., tu te déplaceras en taxi, ok ?" "Pas de problème, je n'y passe qu'un nuit".

    Je sors de la gare, cherche des yeux quelque chose qui ressemblerait à un taxi, que dalle. J'actionne la poignée de la porte de la station, pour demander à un employé où je pourrais trouver un taxi : gare fermée. Super.

    J'avise une femme qui attend un bus, sous un abri. Elle secoue d'abord la tête puis se ravise "Ah si, vous montez les marches, les taxis sont au-dessus".

    Je suis ses conseils et en effet, ça a l'air un peu plus vivant, là-haut. Face à un hôtel, il y a bien un emplacement - vide - au-dessus duquel est planté le poteau salvateur "Station de taxis".

    J'attends quelques minutes puis au moment où je commence à tapoter le n° des renseignements sur mon téléphone, un taxi se pointe. Le chauffeur, petite cinquantaine, cheveux blonds en brosse, a l'air fort loquace (dit-elle d’un ton ironique).

    Au-dessus de son rétroviseur et sur les sièges arrière, un avis indique que monsieur est collectionneur de souvenirs militaires. Ca sent le le facho, me dis-je à moi-même.

    Il m'emmène chez mon client à quelques kilomètres de là. "Ça ne marche pas du tout, dit-il, ils ont déjà licencié des gens". Visiblement il a une dent contre l'installation de mon client il y a quelques mois.

    "Vous pourrez venir me récupérer ce soir?" demandé-je. "Non, ce soir je serai à Rouen". "Je crois que le restaurant de mon hôtel est fermé ce soir, vous connaissez un endroit, dans F., où je pourrai aller manger?" "Je mange pas au restaurant et puis à F., c'est pour les touristes". Quelle amabilité ! Bon te fatigue pas, je me débrouillerai, pensé-je. Il me décoche une dernière flèche "De toute façon, les taxis de F. ne travaillent pas après 20h". Ça promet ... Je sens que je vais passer une soirée d'enfer, moi.

    Heureusement, ma cliente est super sympa, très pêchue. Elle me tutoie au bout d'une heure, m’emmène déjeuner en bord de mer et me dépose même à mon hôtel le soir. Je ne sais pas si ça a un rapport, mais elle est de Rouen, et tous les Rouennai(se)s que j'ai rencontrés jusqu’ici étaient très sympas. C'est quand même à Rouen que pour la première – et jusqu’ici unique – fois de ma courte carrière, ma cliente, la douce Emeline,  m'a fait visiter sa ville, le soir. D’ici à ce que je finisse mes jours à Rouen, moi, y'a pas loin.

    Le soir, la jolie patronne de l’auberge de la Rouge m’accueille. Je soupçonne, à son accent et la blondeur de ses cheveux, des origines bataves ou tout du moins nordiques. Après m’avoir installée dans une jolie chambre avec mezzanine et poutres de bois, elle confirme, hélas, que le restaurant de l’hôtel est fermé le lundi soir. Dommage, la carte était fort appétissante et c'est une table réputée dans la région, comme me le confirmera ma cliente.

    Devant mon inébranlable optimisme quand à mes chances de trouver un taxi en soirée, elle me tend le n° d’une pizzeria auprès de laquelle je pourrai commander de quoi me nourrir. Et en effet, après avoir bataillé ferme pour me connecter à internet, la compagnie de taxis me confirme que je serai cloîtrée dans ma chambre ce soir. Bah, de toute façon, je suis malade, ça ne me fera pas de mal. Peu avant 20h, je commande des tagliatelles et une salade. Le livreur arrive, casque sur le crâne, je déballe la boîte cartonnée, fouille, cherche : putain ! pas de couverts ! (sont cons ou quoi ???)

    Pas grave, me dis-je, je vais aller gratter une fourchette à la patronne. Je traverse le jardin et me heurte à la porte de l’hôtel, fermée et dans l’obscurité. Et merde !

    Après quelques minutes de réflexion affolée, je n’ai pas le choix : je plonge les doigts dans les pâtes (me les cramant au passage) et bénis le ciel de n’avoir pas choisi des lasagnes. Je ne prends pas de photos, vous comprenez aisément pourquoi, et me couche tôt, la bouche ouverte, comme une carpe qui cherche de l’air.

    Le lendemain matin, je papote devant mon petit déjeuner avec un employé de l’hôtel, en attendant que mon taxi vienne me chercher. Il jette de temps en temps un coup d’œil par la fenêtre. Mon taxi a déjà 5 minutes de retard. « C’est bizarre qu’il ne soit pas encore là …Il ne va quand même pas me planter, j’espère ? » dis-je en me levant. Il se penche « Ah zut, je ne l’avais pas vu, il s’est garé juste en dessous des fenêtres ! ». Je le salue, attrape ma valise et rejoins l’entrée ; pas de taxi. Lui, derrière moi : « Mais ??? Il s’est tiré ? Je scrute les abords de l’hôtel : pas l’ombre d’un taxi. Un monsieur confirme : « Il y avait un taxi, il vient de partir ». Je bougonne « Ah ben il est gonflé celui-là ! Il attend 5 minutes et il se casse, sans même prendre la peine de s’annoncer ». J’appelle l’agence qui confirme que son chauffeur est reparti « car il n’y avait personne ». Je l’engueule et quelques minutes plus tard, mon taxi arrive. Je ne suis que peu surprise de retrouver le paramilitaire de la veille. Je ne lui décroche pas un mot et à ma grande surprise, il engage la conversation pour me demander ce que je pense de mon client. « Ils se sont installés dans ma campagne, et moi j’aime bien ma campagne » dit-il avec une pointe d’amertume. Ouais ben n’empêche que ça te ramène des clients.

    Visiblement, je ne suis pas la bienvenue à F. Ça tombe bien, je n’ai aucune envie de m’y éterniser. A peine arrivée chez ma cliente, je lui propose de déjeuner d’un sandwich devant l’ordi afin que je puisse prendre le train précédant celui, initialement prévu , qui m’aurait fait arriver à Paris à 22h. Elle accepte, ouf, et je fous le camp de Fécamp sans un regard en arrière.

    Le lendemain, je forme un directeur en région parisienne.

    A midi, je me retrouve dans la salle de pause entourée du PDG, du directeur et des comptables, devant des rillettes premier prix, du jambon gonflé aux poly phosphates, du frometon qui pue sa mère et des plats cuisinés de chez Marie. J’ai la gorge et les sinus tellement irrités qu’ils pourraient me filer des boîtes de pâtée pour chiens sans que je m’en rende compte. En parlant de pâtée pour chiens, c’était moyen de bouffer en écoutant la description de l’état dans lequel on a retrouvé 4 jeunes qui se sont tués à 200 Km/h sur la N20, le weekend précédent.

    Le soir je file retrouver P_o_L pour un dîner improvisé et savoureux Chez Pierrot, à Meudon. Jeudi, ma voix part sérieusement en couilles et je finis la journée à siffler comme une chambre à air. Je file me faire dorloter par la maman de Boug’ et j’en profite pour l’initier à Skype. Et pendant 3 jours, j’ai bouffé les plats cuisinés de Marie. Enfin, 2 jours finalement, puisque le vendredi, mon client qui partait en weekend m’a donné congé à 12h30. Finalement, elle aurait pu être pire cette semaine, non ?