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vis ma vie de formatrice

  • The Shining, au pied des Pyrénées

    Ma filleule est arrivée très en avance à l'aéroport : 6 heures pour un vol à 7h20. Je me pointe, grand seigneur, à 6h35. En porte 3, je ne vois pas sa jolie frimousse. Je l'appelle :
    " Tu es où ?"
    - Ben, porte 2 !
    - Oui, ma chérie, mais nous on part de la porte 3 !

    Elle me rejoint. En cuissardes. Je la charrie :
    " Toi, tu as la tenue adéquate pour prendre l'avion "

    Aux rayons X, elle tire à 2 mains sur ses cuissardes pour les enlever (oumpfffff ! ) Sur une jambe, la voilà qui devient toute rouge.
    Je sors de mon sac la pochette transparente qui contient tous mes produits liquides. Elle a oublié d'en faire autant et a droit au palpage. Ca y est, la voilà qui bougonne. On va se marrer.

    Le soir, on rejoint notre hôtel. Habituellement, je choisis moi-même mes hôtels mais là, je n'en ai pas eu le temps et ai laissé ce soin à l'assistante du service.
    Notre hotel est une longue bâtisse sombre, en contrebas. Nous garons notre veau sur un parking non éclairé.
    " Purée, c'est le genre d'hôtel lugubre où un chien te saute dessus dès que tu passes la porte d'entrée" dit ma filleule.

     Je pousse la porte d'entrée, un ridicule roquet se jette dans mes jambes en aboyant furieusement La port est tellement étroite que je reste coincée dedans, chargée de mes trois sacs. Crise de fou-rire avec la filleule. La patronne vient à notre rencontre et rabroue le roquet, visiblement vexée.

    "La piscine est chaufée ?" je demande.
    - Oui, mais il n'y a pas de lumière.
    - Ah bon ? On nage dans le noir alors ?" demande ma filleule.
    - Oui, désolée, la lumière est HS.
    Ma filleule charrie à voix basse "Oups ! Pardon monsieur !"

    "On va se claquer dans le jacuzzi ?" propose ma filleule. Tu m'étonnes, j'en rêve, après une journée dans une salle glaciale.

    Quand je passe la chercher et qu'elle ouvre la porte de sa chambre, je suis pliée. Vla le spectacle ! La filleule en bas de pyjama et en cuissardes ! Et sexy en plus !

    Le jacuzzi se trouve au sous-sol où règne un silence de mort, dans une salle glauque. Ma filleule s'évertue à retirer ses cuissardes (oumpffff ! )
    " Tu imagines si un pervers entre ? demande ma filleule, plongée jusqu'au menton dans l'eau qui n'est pas chaude. C'est clair que d'ici que quelqu'un nous entende ....

    Après 30 minutes à attendre, en vain, que l'eau bouillonnante chauffe, on sort du jacuzzi et on se rhabille en 30 secondes chrono, vu qu'on est aussi gelées qu'en y entrant. Sauf ma filleule qui galère pour remettre ses cuissardes (oumpffffff !)

    J'ouvre la porte du hamam, d'où s'échappent des volutes de vapeur.
    " Et si on allait au hamam ?" je demande à ma filleule, qui a enfin réussi à enfiler ses cuissardes.
    (oumpffffff ! ah ouais, on va se claquer dans le hamam !)

    Une heure plus tard, nous pénétrons dans le "restaurant". A une table ronde, 5 paires d'yeux nous dévisagent. A une autre, un couple mange en silence. Ambiance the Shining. On s'attend à voir débouler Jack Nicholson avec son couteau de derrière la porte de la cuisine.

    " Vous proposez quoi en soirée-étape ?"
    - Sauté de porc, répond la serveuse qui a l'air aussi heureuse d'être là que les clients.
    - On peut voir la carte ?
    - Ah mais y'a pas de carte.
    - Ah, donc on a le choix entre sauté de porc et sauté de porc ?

    Finalement, on a réussi à négocier une escalope de dinde grillée. Accompagnée de l'équivalent de deux cuillerées de riz détrempé. Ma filleule mord dans un pain gris et caoutchouteux.

    Quand je monte me coucher, un bourdonnement gâche le silence des montagnes pyrénéennes. Tiens, ça faisait longtemps que je ne m'étais pas fait un hôtel de merde.

  • S'éffeuiller en janvier, faut vraiment être givrée !

    [EDIT du 3 février pour Les Nuages Bavards qui « violente » mon goût pour le flou]

    « J'ai sorti la guêpière, les filles ! Je suis harnachée comme une pouliche qui va courir le Grand Prix ! » : voilà mot pour mot le sms que j'ai envoyé à ma bande de copines déjantées.

    J'avais confirmé, quelques semaines plus tôt, mon inscription ce vendredi-là à un cours d'effeuillage dans le quartier du Sentier.  Les cours d'effeuillage sont devenus très à la mode après la sortie du film « Tournée » qui a suscité un nouvel engouement pour les tenues rétros et les strip-tease à la Dita (Von Teese, pas la blogueuse). La culotte couvrante est d'ailleurs en passe de supplanter le string, aussi appelé « hilo dental (fil dentaire) » chez nos amis sud-américains. Mais revenons à nos tétons moutons.

    Le vendredi, dans 99% des cas, nous autres formateurs sommes au bureau. Pas de pot pour moi, ce jour-là, ma boss m'avait envoyée donner une formation à un de nos clients, de surcroît 3 hommes qui n'ont pas les yeux dans leurs poches, comme on dit.

    « Prévoyez deux tenues de lingerie, un tailleur jupe, une chemise, des talons » disait le mail de confirmation. La formation se terminerait au plus tôt à 17 heures, le cours commençait à 18h, impossible donc de rentrer me changer.

    Faute de bas couleur chair, j'avais clipsé dans les attaches de ma guêpière rose buvard - non sans peine - la version élastiquée, qui est censée tenir toute seule. J'ai même failli me faire un lumbago en tentant de fixer les attaches arrière. Dans le métro, lorsque je me suis assise, j'ai entendu "chtong".

    « Fait vraiment froid ce matin », me suis-je dit lorsqu'un courant d'air glacial m'a piqué les cuisses. Une heure plus tard, le sourire lumineux de ma « filleule » m'accueille en haut des marches d'une station de la ligne 5. En chemin, je lui donne un coup de coude, soulève ma jupe, dévoile un peu de peau.

    « Waouh, marraine ! Tu portes ça, toi ? » s'écrie-t-elle.
    [Je ne vous ai pas encore parlé de la jeune femme qui a récemment rejoint notre équipe de formateurs et m'accompagne depuis quelques semaines. Craquante de fraîcheur. Moi, si j'étais un homme .....]

    Quelques minutes plus tard, nous pénétrons dans les locaux de mon client en région parisienne. La salle de formation est un véritable congélateur.

    « Ça prend un peu de temps à chauffer » assure un de nos stagiaires, se voulant rassurant. Je m'assied face à eux en plaquant bien mon corps à la chaise, histoire qu'ils ne grillent pas mon accoutrement de coquine.

    Vingt minutes plus tard, ma filleule s'excuse et remet son manteau. Je résiste vaillamment mais finis par me réfugier dans mon petit blouson cintré, que je ne quitterai plus de la journée. Nos stagiaires font de même.
    Malgré leurs multiples tentatives pour couper la ventilation et enclencher le chauffage, nous passons la journée frigorifiés. Ma filleule, qui ne supporte pas le froid, est blême. Moi j'ai les fesses glacées.

    Vers 14 heures, je lis les réponses de mes copines, que je vais retrouver dans la soirée. Ça charrie grave :

    «  Tu cours le quarté ou le quinté ? demande la brune piquante.

    - On va se marrer ! renchérit celle au teint de porcelaine.

    - Ptain les filles, y'a pas de chauffage chez mon client, vous le croyez ? Je ne sais pas si on va se marrer mais j'ai froid au cul ! »

    A 19h, face à un immense miroir dans lequel se reflètent une dizaine de femmes quasi nues, je réalise, alors que la prof nous invite à lancer nos soutien-gorge, que la guêpière n'était pas le meilleur choix pour ce cours d'effeuillage.

    Cette chorégraphie caricaturale ne mérite d'ailleurs pas ce nom mystérieux et empreint de sensualité car plutôt qu'un cours d'effeuillage qui sublimerait la femme, toutes les femmes, la «  prof », qui dans la vie est strip teaseuse, a voulu nous enseigner l'art du déshabillage de cochonne, avec tous les clichés du porno, secouage de crinière (et tant pis pour celles qui n'en ont pas), écartage de jambes (et tant pis pour les rouillées), auto-caressage de croupe. Pour un peu, elle nous aurait demandé de nous sucer l'index. Alors voilà, je reste conne avec ma guêpière, car dégrafer et agrafer ce bel objet prend juste un peu plus de temps qu'avec un soutien-gorge .... Pourtant, quelle plus belle parure qu'une guêpière ?


    Différence entre le strip-tease et... par 20Minutes


    Lundi matin, 9h30, après avoir peaufiné ma choré perso sur Kiss de Prince (et en pyjama, s'il vous plaît !), je roule à travers les paysages enneigés des Hautes-Pyrénées. Ma « filleule », assise à côté de moi, profite de la lumière exceptionnelle et admire les cimes. Notre stagiaire nous accueille avec un sourire chaleureux et nous emmène dans son bureau. Un congélateur.

    « Le chauffage est mis ? » demande ma filleule. « En fait, on a un problème, il y a une panne du système de chauffage »  répond le stagiaire.
    A la pause, je découvre un sms d'encouragement de ma chef de projet « Bon courage, les filles ! »
    - Merci poulette ! Ptain on a pas de chauffage chez XX et y'a de la neige dehors ! La tête de la filleule ! »
    A 14 heures, ma « filleule » craque et demande un chauffage d'appoint, qu'on pique dans le bureau d'à côté. Nous tenons bon en rêvant à la piscine chauffée et au jacuzzi de notre hôtel. Mais nous n'étions pas au bout de nos surprises.

    Ça faisait longtemps que je ne vous avais pas écrit une note « Vis ma vie de formatrice » , non ? Vous allez en avoir deux à la suite, figurez-vous, histoire de vous montrer que mes semaines ne sont pas toujours aussi sympas qu'à Pamplona ....

  • Jerez

    L'atterrissage a été rude. Le premier jour, j'ai eu quelques moments d'absence. Difficile de switcher en moins de 24 heures de l'anglais à l'espagnol, surtout face à des andalous qui ont un accent corsé et avalent les mots. Mais qu'est ce que mon groupe est sympa ! Je les adore !

    Dès le premier jour, et même dès la première pause café, j'ai brisé la glace, à supposer qu'il y en ait eu une, en sortant une connerie monumentale, et bien entendu à caractère hautement masturbatoire. Il y a eu un grand silence, ils ont regardé leurs pieds. A., le sévillan de 34 ans qui venait de me placer, mine de rien, qu'il était sans femme, sans fiancée, sans rien et avait proposé de me déposer à l'aéroport de Séville le vendredi plutôt que je ne prenne le train (tout ça en moins de 5 minutes) m'a dit :"Sophie, vendredi, toi et moi on va avoir une petite discussion dans la voiture". J'ai piqué un fard parce qu'à leurs têtes, j'ai vite compris que j'avais sorti une connerie pas piquée des hannetons, ils ont tous ri aux éclats et moi j'ai essuyé mes larmes. Le soir, j'ai tapé sur un moteur de recherche le mot que j'avais prononcé et j'ai lu "vulve". Bon ben voilà.. ça, c'est fait ...


    Je rame pas mal quand même. Le vocabulaire acquis à Salamanque et Saragosse a été dilué dans la Guinness. Ça, pour faire le vide, je l'ai fait pendant mes vacances en Irlande !


    Le premier jour, je suis allée courir sur l'avenue plantée d'orangers et de palmiers. En début de soirée, les cyclistes et joggeurs y sont nombreux, et les pépés andalous prennent le frais sur un banc en regardant mes fesses (grillés ! ). Si je me fonds souvent dans la foule, c'est mon côté caméléon, ici visiblement, je ne passe pas inaperçue. Au retour, j'ai demandé un ticket d'accès au wi-fi. Il y avait un anglais à la réception. Le réceptionniste, un type très "vieille Espagne", m'a interpellée "Je voulais vous demander quelque chose. Vous aimez les mojitos, le rhum, les cocktails ?" J'ai haulluciné ! C'est écrit sur ma tronche ou quoi ?
    Heu ... oui" ai-je répondu, un peu interloquée. "Je vais vous conseiller un endroit, ils font les meilleurs cocktails d'Espagne".
    Hier soir, après ma journée de travail, j'étais assez stressée. Je me suis dirigée vers le centre ville de Jerez, un plan à la main. D'abord, un hammam. Trois bassins pour moi toute seule, dis donc ! Inespéré !
    Après le hammam, je suis tombée en admiration devant la cathédrale toute dorée. Un ballet de chauves-souris virevoltait dans le ciel rougeoyant.J'ai remonté une ruelle qui longeait la cathédrale, sur sa gauche et ai débouché sur la place de l'Alcazar, déserte. A droite, la bodega Gonzalez Byaz et une statue à la gloire de "Tio Pepe".
    C'est pratique, à Jerez, les restaurants sont indiqués sur des panneaux à fléchettes. Justement, Juanito, c'est là que je vais. Un de mes 8 stagiaires me l'a recommandé. A l'angle de la pescaderia vieja, une ruelle, une courette, c'est là. Je m'installe, commande de l'eau et un bacalhau a la plancha, accompagné de légumes sautés très savoureux. D'un café voisin, la voix d'un chateur de flamenco qui pleure sa mélancolie eplit la courette. Magique.


    Sur le chemin du retour, j'ai entendu un air de guitare. J'ai levé la tête vers les fenêtres mais rien. J'ai cherché quelques instants, puis je l'ai aperçu, son profil se découpant dans le ciel déjà d'encre, jambes ballantes dans le vide. Regardez bien, vous le verrez aussi.

    Assis sur le toit, il grattait quelques accords andalous, la tête tournée vers moi. J'ai regretté mes talons qui perturbait sa mélodie. Et terriblement envié sa liberté. J'aurais aimé le rejoindre sous les étoiles et contempler la ville d'en haut, en rêvassant. Sans faire de bruit.

    Jerez.jpg

     

  • Après Salamanque et Madrid : Zaragoza !

    J’ai fait une arrivée fracassante à Saragosse. Déjà, à la gare Chamartin, à Madrid, j’ai balancé ma valise sur le tapis à rayons X et le manche à plié. Quand je l’ai récupéré, il m’est resté dans les mains.

    J’arrive à Saragosse un peu avant 9h. Et là, je rigole moins car il y souffle un vent à décorner un cocu, comme dirait ma mère, et je dois porter ma valise d’une main et protéger mes fesses, juste couvertes d’une robe, de l’autre, tout ça avec une sacoche d’ordinateur sur l’épaule et mon sac à main. Et bien sûr, dans un moment d’inattention, je montre mes fesses aux quelques personnes qui attendent un taxi …

    Le mien est très sympathique. Je lui explique que j’ai cassé ma valise et que je dois la déposer à mon hôtel avant d’aller chez mon client car impossible de la trimballer dans cet état. Il m’emmène calle Coso, me faisant au passage une visite expresse de  la ville. « Lo que mata es el aire aquí ». Tu m’étonnes. Il fait super  froid, après les 30 et quelques degrés de mon week-end madrilène. Il m'a crue hollandaise et explique que le week-end a été très chaud et que le vent vient de la montagne El Moncayo.

    Calle Coso, au numéro indiqué, se trouve un immeuble délabré. Je vérifie l’adresse, c’est pourtant bien celle que j’ai. J’appelle l’assistante de mon client qui s’est chargée de toutes nos réservations. Mon taxi me plante là en me disant que mon hôtel se trouve dans une rue à gauche. Pensant qu’il se trompe, j’en hèle un autre. Je n’en mène pas large. Pourtant, oui, la réception est bien à quelques mètres de là. Une jeune femme souriante m’accueille et m’explique qu’ils possèdent plusieurs immeubles. Mon appartement, car cette semaine, j’ai un appartement entièrement équipé, se trouve dans la calle del Dr. Palomar. Décidément, je n’ai pas de chance avec les docteurs espagnols … Je pose ma valise et file chez mon client, qui est à 5 minutes à pied, sur une place en bordure d’un parc.  Les trottoirs sont une catastrophe, très étroits et recouverts de petites céramiques ultra glissantes, de vraies savonnettes. Quelle merde ! J’ai trouvé pire que Paris ! Tiens, il ya plein de pistes cyclables et de vélos ici ! Ca s’appelle des Bizi mais pour une balade dans la ville, c’est raté, il faut un abonnement …

    Le midi, mon client, un massif Andalou originaire de Jerez qui avale donc les S (il dit Backoffi et pas Backoffice) m’indique un restaurant tout proche. Malgré le vent et pour le soleil, je m’installe en terrasse. Le soir, vers 18h30, je regagne avec soulagement mon appartement et décide d’aller courir le long de l’Ebre. Première sortie dans le quartier, qui bien qu’à deux pas du centre, semble très populaire. Ce qui me frappe, après quelques pas dans la rue, c’est la population, beaucoup plus cosmopolite qu’à Salamanque. Je croise des Africains, les premiers depuis mon arrivée en Espagne.

    Demain, je remets la veste, finalement pas si superflue ! Je découvre l’Ebre, beaucoup plus large que le Tormes, qui me fait penser à la Loire. Et Notre Dame del Pilar, superbe dans le soleil couchant. On n’est pas nombreux à lutter contre les bourrasques. Mes mollets, ramollis par un week-end complet à crapahuter en tongs, me font terriblement mal. L’impression d’avoir 80 ans.

    Sur les conseils de la réceptionniste, je dîne dans le quartier, au restaurant Los Cabezudos, une taverne très chouette mais hors de prix. 20 € pour une assiette de crevettes mais on m’offre une coupe de champagne, alors …

     

    vis ma vie de formatrice

    Le mardimatin, je me tape un chocolate con churros au café du coin et quitte les locaux de mon client à 20h avec un mal de dos épouvantable. 

    Je prends la direction du centre, sans carte. Sur la plaza España, je demande à 3 Espagnoles fort élégantes où se trouve la calle Estébanes.

    « Prenez le passage, puis à droite, puis, puis … vous trouverez ». Je trouve. La calle Estébanes est une rue étroite bordée de bars et restaurants. Dans un jardin intérieur orné de loupiotes, des groupes boivent un verre autour de tonneaux. Moi je vais au n°6, à la casa de Doña Casta. Pourtant, une fois devant, j’hésite à entrer car l’endroit est rempli de groupes joyeux et je risque de faire tâche, seule. Tant pis. Je file au comptoir sur lequel sont empilés des tapas de bacalhau , jamón et aussi, de nouveau, les drôles de bestioles blanches et aussi des boulettes panées qui n’attendent que d’être plongées dans un bain d’huile : des croquetas de gallina con chocolate (purée ! faut que je goûte mais pas ce soir !), morcilla con piñones, jamon queso y nueces, setas y queso de cabra, arroz negro.

    Accoudée au comptoir, je choisis une tartine de poi vron farci au bacalhau, une autre de jambon farci de fromage de chèvre et enfin, je satisfais ma curiosité en mordant dans une tartine de « gulas » coiffée d’une tranche fine de saumon fumé.  Mes voisons de table, eux, n’y vont pas de main morte : une assiette d’œufs rotos recouverts de gulas. A la carte, il y a des œufs sous toutes leurs formes. Ragaillardie par ce petit festin, je louche sur de drôles de morceaux beiges, sortes d’andouillettes en plus fines. Vous voyez ce que je veux dire … Non ? Bande d’hypocrites !

    La serveuse confirme « Ca va te plaire ». Oh que oui, ça me plaît ! Je me délecte de ces morceaux grillés, arrosés de persillade. Trop bon !

    2 verres de vin rouge plus tard, je reprends la rue jusqu’à l’église  San Andres. Sur la place, je m’arrête quelques instants pour déchiffrer l’histoire du théâtre municipal, qui s’élève sur l’ancienne muraille romaine de la ville de Caesaraugusta (mais oui, bon sang ! bien sûr !) et, à l’époque médiévale, l’ancien quartier juif. Plus loin, je rejoins l’étrange structure de métal que j’avais aperçue plus tôt. Elle semble suspendue au-dessus d’un trou béant. Je m’approche et découvre des ruines, vraisemblablement celles d’arènes. Pourtant, aucun panneau n’indique de quel site il s’agit.

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    Il est plus de 23h, me voilà de nouveau dans la calle Coso et en quelques minutes, je rejoins mon appartement où je m’offre une nuit un peu agitée.

  • Un dimanche à Madrid autour du mercado San Miguel

    Petit-déj rapide puis traversée d’est en ouest de la plaza Mayor pour atteindre el mercado San Miguel, sur la très jolie place du même nom. La plaza Mayor, sur laquelle des échafaudages annoncent la préparation de la semaine sainte, est quand à elle bien moins belle que celle de Salamanque. Nous sommes toujours à pied et je suis toujours en tongs. Hé, après un si long hiver, on a envie de se mettre les orteils à l’air !

    Aux abords des halles du marché San Miguel, il y a foule. Les terrasses ensoleillées sont déjà prises d’assaut. La structure de verre et métal bruisse des murmures gourmands des familles attablées sur les bouts de comptoirs pour partager des tapas de fruits de mer, jambon et autres savoureux mets. Les pinchos sont tellement appétissants qu’on aurait envie de goûter à tout. Nous flânons, les yeux brillants comme des enfants dans un magasin de jouets. « Oh ! Des cornichons farcis, s’écrie C. Je n’en ai jamais vu ! »

    Nous hésitons car tous les stands semblent nous crier « Venez ici, les gourmandes ! » Au fond du marché, je repère un comptoir où tout le monde se presse et où s’amoncellent moules, huîtres – françaises- et quantité d’autres coquillages. Nous nous attablons devant des verres de blanc accompagnés d’une assiette de poulpe fondant, finement tranché et arrosé d’huile d’olive. Un délice.

     

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    Nous voici parties en direction des cavas baja y alta.  Des gens débordent des bars et restaurants, les rires fusent. Des jambons suspendus allèchent C. qui entre dans la boutique, et nous à sa suite. Ca sent bon la fumaison là-dedans. Plus loin un madrilène prend la pose pour une photo.

    Dans le bar Txakoli, nous atteignons difficilement le comptoir, pris d’assaut, et commandons des pinchos de morcilla enroulé dans des rondelles de pommes de terre, des tartines de bacalhau, des poivrons farcis de fruits de mer, des brochettes de chipirones.

    Moi je suis intriguée par une tartine couverte de trucs bizarres qui ressemblent à des lombrics d’un blanc laiteux. Je demande, curieuse, ce sont des angulas con ajos. Me voilà bien avancée.

     

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    Depuis, j’ai regardé, ce sont des civelles, des alevins d’anguille. J’ai même appris que l’anguille est désormais une espèce en voie de disparition. Des recettes ? C'est .

    La plupart des gens mangent debout ici et ça ne me gêne pas, alors qu’en France, pas question. Et vraiment, j’aime cette façon espagnole de partager les bouchées.

    Il est temps de reprendre le chemin du quartier de la Castellana car une de nous 3 repart à Paris. Je pique un petit somme avant de suivre C. chez un Espagnol qu’elle a rencontré, quelques jours plus tôt, sur un site de couchsurfing. Ce soir, on fête … la Chandeleur avec une Lituanienne et deux originaires des Canaries et c’est nous, las francesas,  qui faisons sauter les crêpes!