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Lectures

  • Séducteur-né

    Pourquoi étais-je terriblement troublée en ta présence, c'est la question que j'ai retourné plusieurs jours dans ma tête. Certes tu avais sa taille et te tenais comme lui, mais il y avait autre chose, une sorte de flash douloureux, qui me perturbait régulièrement. Et puis un jour, alors que ton regard, aussi noir et intense que le sien, me dévorait, visiblement subjugué, je me suis réchauffée à cette caresse si délicieuse. Et la morsure est arrivée très vite, et je me suis souvenue. Votre point commun a jailli comme une évidence.
    Mais tu n'es pas lui; tu as bien un cerveau à la place du cerveau, et l'expérience m'a rendue lucide, sinon sage. L'attirance désormais expliquée a rapidement laissé la place à une énorme tendresse.

    Il y a quelques jours, j'ai lu la poignante "Lettre d'une inconnue" de Stefan Zweig, et je vous ai reconnus :
    " Tu m'as pénétrée de ce regard chaud, tendre et enveloppant qui était comme une caresse, tu m'as souri. (...) Ce n'est que plus tard, peu de temps après à vrai dire, que j'ai réalisé que tu posais ce regard sur chaque femme, cette étreinte qui les attirait à toi, ce regard qui enveloppe en même temps qu'il dénude, ce regard du séducteur-né.
    Tu posais ce regard sur chaque femme qui te frôlait, sur chaque demoiselle de boutique qui te vendait quelque chose, sur chaque femme de chambre qui t'ouvrait la porte. J'ai réalisé que tu n'avais pas conscience de ce regard, qu'il ne procédait ni d'une volonté, ni d'une inclination : c'est ta tendresse envers les femmes qui adoucit et réchauffe tout à fait inconsciemment ton regard lorsqu'il se pose sur elles. Mais moi, (...) je ne le soupçonnais pas : c'est comme si j'avais plongé dans un brasier. J'ai cru que cette caresse n'était destinée qu'à moi, à moi seule, et, à cet instant, la femme qui sommeillait en moi, alors adolescente, s'est réveillée et cette femme est tombée sous ton emprise à tout jamais."

  • La rose de l'Alhambra

    A mon retour de Grenade, je courai emprunter à ma bie-aimée bibliothèque municipale les "Contes de l'Alhambra" de Washington Irving, inspirés par son séjour dans cette superbe forteresse, et qui révèlèrent le joyau abandonnée qu'elle était alors.

    La tristesse insurmontable qui me submergea alors que je rêvais, allongée au soleil sur un des remparts de la citadelle, balayant du regard la ville de Grenade à mes pieds et la Sierra Nevada enneigée dans mon dos, trouva quelque explication quand je lus ces lignes du conte "La rose de l'Alhambra" :

    "Pour entretenir la passion d'une demoiselle délaissée, on ne saurait imaginer d'endroit plus propice que l'Alhambra, où tout semble avoir été combiné pour faire naître des rêveries tendres et romanesques. C'est un paradis pour les amoureux, mais quelle souffrance d'être seule dans ce paradis, plus que seule : abandonnée !"

  • Quand peut-on dire qu'une relation est vivante ?

    Je pars demain, et pour une dizaine de jours, en Andalousie, chez un "copain de blogs" rencontré pour de vrai, il y a maintenant plus de 4 ans.

    En attendant de vous écrire de là-bas, et parce que le sujet vous intéresse visiblement aussi, je continue de partager un peu de cette lecture qui me fait beaucoup réfléchir.

    La définition suivante m'a fait comprendre pourquoi mes amis le sont, pourquoi certains ne le sont pas encore, pourquoi d'autres ne le seront sans doute jamais et pourquoi parfois, je n'ai pas eu d'autre choix que de couper les ponts.

    « Une relation est vivante quand 4 possibilités me sont offertes par l'attitude de l'autre :
    - celle de pouvoir DEMANDER sans réticence
    - celle de pouvoir REFUSER sans culpabilité
    - celle de pouvoir DONNER sans regret, ni contrainte
    - celle de pouvoir RECEVOIR sans me sentir redevable

    Si l'une de ces possibilités manque, la relation est en difficulté, à mon bout de lien* et peut-être aussi au bout du lien de l'autre.»

    * Un lien a toujours deux extrémités.

    [Extrait de Pour ne plus vivre sur la planète Taire, de Jacques Salomé]

  • L'Irlande au fond d'un verre

    Hier soir, j’ai ri de bon cœur à ma table du restaurant de l’hôtel Van der Valk. Je fus bien aise de n’avoir pas de voisins me dévisageant d’un air interrogateur. Pourtant, lorsqu’on rit, le nez plongé dans un livre, la nature de cette soudaine bonne humeur ne fait pas de doute, à moins d’être munie par ailleurs de boules de geisha ou autre joujou ré-jouissant, me direz-vous.

    Ce soir, dans un Thalys bondé, j’ai failli être gênée de pouffer à nouveau en continuant la lecture des mésaventures d’un Anglais en Irlande qui fantasme le complot de quelque membre de l’IRA qui lui aurait fourré « un oiseau dans le fion » (je cite).Dit comme ça, ce n’est pas drôle, mais moi j’ai d’abord gloussé, puis lâché un éclat de rire qui m’a surprise autant que mes voisins.

    N’osant lever les yeux, j’ai perçu dans mon champ de vision le mouvement de tête vers la droite d’un des hommes qui, me faisant face, tentait de déchiffrer le titre de l’ouvrage à l’origine de mon hilarité. Me sentant observée, les tentatives de me calmer provoquèrent l’effet inverse, et en quelques instants, je plongeais dans une crise de fou-rire quasi-hystérique. Tandis que j’écrasais mes larmes le plus discrètement possible et tentais de reprendre mon souffle, entre deux hoquets, j’ai regardé mon voisin d’en face, casque vissé sur les oreilles, qui me fixait, visage impassible, comme si j’étais folle.

    « Comment font-ils pour afficher une telle absence d'émotions ? » me suis-je alors demandé. Dans ce monde de plus en plus sinistre où tirer la gueule devient la norme, les gens joyeux passent pour de doux illuminés. Au moins un domaine dans lequel je suis une lumière.

    Pour ma part, je suis tellement perméable à ce qu’il se passe autour de moi que les larmes d’autrui en amènent vite à mes yeux et que de la même façon, je ne peux m’empêcher longtemps de partager une hilarité contagieuse.

    Dans le wagon cahotant, à l'approche de ma jungle urbaine, j’ai regretté un instant le sourire enjôleur de la petite fille brune de la gare de Verviers.   

  • The irish way : leçon n°1

    "Si vous devez voyager en Irlande, il est important que vous sachiez en quels termes demander poliment votre chemin. Ce qui ne se fait pas, c'est de lancer brutalement : "Excuse-moi ! Pouvez-vous m'indiquer la route pour ...?
    Ca, c'est la technique française (1) anglaise , dont le message sous-jacent est le suivant : "Je vous saute dessus sans y mettre les formes dans le seul but d'obtenir un renseignement nécessaire. Cet échange n'a, par ailleurs, aucune raison d'être et ne sera pas source d'agrément. Alors, allez-y, dîtes-moi."
    La méthode d'approche préconisée en Irlande consiste à transformer la rencontre en évènement social, comme ça se passe quand deux inconnus lient connaissance dans une fête ou à une réception de mariage. Un préambule détourné s'impose, quelque chose du genre : "Ah ! quelle jolie haie vous taillez là (2)", ou : "Splendide journée, n'est-ce-pas (3) !", surtout si ça n'est pas le cas (4).
    Un grand nombre d'information personnelles vont ensuite s'échanger, parmi lesquelles figureront peut-pêtre les indications recherchées, mais pas forcément. Les meilleures conversations qu'on puisse avoir en Irlande commencent parfois (5) ainsi.

    Extrait de "L'Irlande dans un verre" de Pete Mc Carthy.

    (1) Rature de Fiso

    (2) Ca, c'est ce qu'on aurait pu s'écrier en me croisant au volant de ma voiture, sur la Sky Road par exemple
    (3) Ca, c'est ce qu'on s'est souvent écrié pendant nos 15 jours de vacances, au coin d'une rue, à un comptoir de pub ...
    (4) Mauvaise langue !
    (5) Souvent