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L'Irlande au fond d'un verre

Hier soir, j’ai ri de bon cœur à ma table du restaurant de l’hôtel Van der Valk. Je fus bien aise de n’avoir pas de voisins me dévisageant d’un air interrogateur. Pourtant, lorsqu’on rit, le nez plongé dans un livre, la nature de cette soudaine bonne humeur ne fait pas de doute, à moins d’être munie par ailleurs de boules de geisha ou autre joujou ré-jouissant, me direz-vous.

Ce soir, dans un Thalys bondé, j’ai failli être gênée de pouffer à nouveau en continuant la lecture des mésaventures d’un Anglais en Irlande qui fantasme le complot de quelque membre de l’IRA qui lui aurait fourré « un oiseau dans le fion » (je cite).Dit comme ça, ce n’est pas drôle, mais moi j’ai d’abord gloussé, puis lâché un éclat de rire qui m’a surprise autant que mes voisins.

N’osant lever les yeux, j’ai perçu dans mon champ de vision le mouvement de tête vers la droite d’un des hommes qui, me faisant face, tentait de déchiffrer le titre de l’ouvrage à l’origine de mon hilarité. Me sentant observée, les tentatives de me calmer provoquèrent l’effet inverse, et en quelques instants, je plongeais dans une crise de fou-rire quasi-hystérique. Tandis que j’écrasais mes larmes le plus discrètement possible et tentais de reprendre mon souffle, entre deux hoquets, j’ai regardé mon voisin d’en face, casque vissé sur les oreilles, qui me fixait, visage impassible, comme si j’étais folle.

« Comment font-ils pour afficher une telle absence d'émotions ? » me suis-je alors demandé. Dans ce monde de plus en plus sinistre où tirer la gueule devient la norme, les gens joyeux passent pour de doux illuminés. Au moins un domaine dans lequel je suis une lumière.

Pour ma part, je suis tellement perméable à ce qu’il se passe autour de moi que les larmes d’autrui en amènent vite à mes yeux et que de la même façon, je ne peux m’empêcher longtemps de partager une hilarité contagieuse.

Dans le wagon cahotant, à l'approche de ma jungle urbaine, j’ai regretté un instant le sourire enjôleur de la petite fille brune de la gare de Verviers.   

Commentaires

  • Merci pour ce joyeux billet, ton rire résonne encore dans mes oreilles, et en plus c'est contagieux !
    Faudrait qu'on prenne le train ensemble un de ces quatre pour dérider tous ces crevards, non ?

  • Hervé,
    On ne les déridera pas mais foutre un peu le bordel est une perspective qui me tente, tu t'en doutes ! Et avec toi, quel bordel, ce serait ...

  • On fait croire qu'on fout le bordel, mais en fait on joue. Comme au théâtre ! À la fin du sketch, tout le wagon applaudit, les flashs crépitent et à nous l'Olympia !!!
    Faudra juste faire quelques répétitions avant pour éviter d'éclater de rire au milieu...
    T'en dis quoi ? Que je suis encore plus cinglé que tu croyais ? Je suis comme l'iceberg, faut me faire fondre pour dévoiler la partie invisible (j'ai pas dit "le plus gros morceau", soyons réaliste).

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