J’appréhendais ces 6 jours de congé. Mon projet d’aller me réchauffer au soleil du Sud auprès de mon amie Chacha, installée depuis peu dans les environs d’Aix en Provence, avait été avorté par la visite de sa famille.
Mon Paris
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De Crimée à Clignancourt
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Au Bistro Le Physalis : la générosité de Tonio
J'ai quelques billets gourmands en retard mais surtout, après 3 visites en 1 semaine, je dois enfin réparer une incroyable justice : l'absence absolument inexpliquée d'un billet dédié au restaurant que j'ai sans doute le plus fréquenté ces 10 dernières années.
Le Physalis, que j'ai découvert dès mon installation en banlieue sud, est une valeur sûre, l'endroit où je vais les yeux fermés et où j'emmène sans hésiter les amis qui s'aventurent de l'autre côté du périphérique. Je suis toujours certaine de m'y régaler et n'ai jamais, en 10 ans, été déçue de ce que je trouvais dans mon assiette.
Antonio Da Costa, qui s'est fait la main dans des restaurants étoilés (Troisgros par exemple), y crée des merveilles à un prix imbattable. Les augmentations de prix y sont toujours raisonnables et justifiées (+ 8€ pour le menu complet en 10 ans). Pour 37€50, vous avez l'apéritif maison accompagné de son amuse-gueule (maison), et le choix entre une dizaine d'entrées, plats, avant-dessert (sorbet à l'alcool ou fromage), desserts, bouteille de vin pour deux et café. Tout le monde y trouve son compte, que vous soyez viandard, gibier (en saison) ou poisson.
Mes papilles se souviennent avec émotion d'un feuilleté aux escargots, d'une nage de saint-Jacques en coque dorée, d'un tartare de dorade aigre-doux, d'un lit de sardines crues ou du classique foie gras accompagné de son chutney maison.
Côté plats, quand le bar entier est à la carte, j'y succombe car Tonio cuit parfaitement ses poissons. Mais quand je suis accompagnée d'un viandard, je partage volontiers une côte de boeuf lardée et escortée de délicieuses frites fraiches, ou comme la semaine dernière, je profite du froid pour déguster un civet de chevreuil. Mon compagnon se régalait, lui, d'un suprême de pintade surmonté de samoussas de homard (et n'en déplaise à mon collègue puriste réunionnais, c'était sublime, Tonio nous a même offert les 3 samoussas restants, qu'il s'apprêtait à jeter).
Les desserts de Tonio sont aussi superbes que raffinés. Pour moi, c'est le signe de la présence d'un vrai patissier en coulisses. J'ai le souvenir de généreux abricots confits de plaisir sou une meringue moelleuse comme un Chamallow, d'un millefeuille maison au croustillant inégalable, garni d'une chantilly mousseuse comme un tutu de ballerine, d'une banane caramélisée aux baies de Goji, de la gaufre maison. Et du fameux 95B, une île flottante dans laquelle ma nièce se noie avec bonheur, qui me fait répéter à Tonio qu'il devrait aller voir un oculiste car c'est au moins un 95D, et je sais de quoi je parle.
Voilà, j'espère avoir rendu à Tonio l'hommage qu'il mérite car il a la passion de son métier et l'amour du client. D'une honnêteté exemplaire, il le fait toujours bénéficier des bonnes affaires qu'il dégote parfois à Rungis et attention agréable, il fait chaque soir le tour de la salle pour saluer ses clients.
Merci Tonio pour toutes ces heures passées à nous régaler. Tes yeux cernés trahissent la dévotion que tu mets à dénicher les meilleurs produits pour les gourmandes comme moi, qui t'en sont infiniment reconnaissantes.
Le Pysalis au 47 avenue Henri Ginoux à Montrouge (01.47.46.14.26)
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Retour dans les beaux quartiers
Hier, j’ai été rappelée à l’ordre par Obs , qui est – un peu- marseillais : « Coucou ma Sophie ! Pas de nouvelles, rien sur le blog depuis 345638962 mois (environ), ça va ? »
C’est pourtant pas faute d’avoir des choses à raconter. Mais, nouveau boulot oblige, je suis un peu débordée depuis janvier, et carrément sous l’eau depuis juillet. Pour vous dire, mes horaires en juillet ont été en moyenne 9h-20h30 … Je n’ai pas beaucoup profité des –rares – soirées ensoleillées que nous avons eues. Heureusement, ce soir je suis en vacances, et mon ordi perso est réparé, je vais donc pouvoir bloguer comme au bon vieux temps.
Comme je ne déjeune plus (et oui, le rythme Carême me convient toujours), je profite de ma pause déjeuner et du fait que le plateau soit vide pour vous donner les dernières nouvelles.
Depuis 2 semaines, mes bureaux se trouvent dans Paris. L’autre jour, j’ai calculé que ça faisait exactement 18 ans que ça ne m’était pas arrivé ! A l’époque, je travaillais pour une compagnie aérienne américaine, rue du Faubourg Saint Honoré. Ensuite, il y a eu l’Irlande pendant 6 ans et puis la banlieue : Guyancourt, Le Plessis-Robinson, Issy les Moulineaux, Ivry sur Seine, et Boulogne-Billancourt, depuis 1 an.
Quand j’ai appris, quelques semaines après mon arrivée en janvier, que mon nouvel employeur déménagerait du côté de Saint-Lazare pendant l’été, j’ai fait la moue : j’aimais bien BoulBi. Depuis 1 an, j’y avais constitué mon carnet de bonnes adresses : Gusto Divino et le sourire lumineux du personnel, qui me manque amèrement, la Panetière pour son inégalable café gourmand, Pedra Alta pour ses portions gargantuesques et mon ptit serveur préféré, et plus récemment Shiki et Sanki, pour de la gastronomie japonaise à se taper le cul par terre. Et puis aussi la boulangerie du coin de la rue, « Au pain de Boulogne », rapport qualité prix très avantageux pour le quartier, produits frais, pâtisseries et pain fabuleux.
Et puis, j’avais calculé la distance entre chez moi et mes futurs bureaux, et on m’annonçait 9 kilomètres. 2,5 kms de plus seulement, mais à vélo, ça peut être le quart d’heure de trop, celui qui te fait arriver en nage, d’autant plus que cette fois, j’allais entrer dans Paris. La perspective de reprendre les transports en commun, avec correspondance à la clé, ne m’enchantait guère.
Lundi dernier, donc, profitant d’un Paris déjà bien vidé de ses habitants, je tente le coup. Mon appli me conseille un passage par le boulevard Raspail, puis je longe la rue de Rivoli, prend la place de la Concorde et celle de la Madeleine. Sympa, comme visite touristique, vous me direz. Oui mais je me suis bouffé des pavés à partir de Concorde et jusqu’à mon point d’arrivée.
Le lendemain, mon autre appli me propose, elle, de passer par les Invalides. Et là, que du bonheur ! Montparnasse, le boulevard puis l’esplanade des Invalides, le sublime pont Alexandre III, les petits et grands palais, la traversée des Champs et un petit passage devant le palais des rois fainéants : l’Elysée. Et à l’arrivée, 7,5 kms en 26 minutes, soit moins que quand j’allais à Boulbi. Du coup, ça y est, vendu !
Et le quartier, vous imaginez … C’est la grande classe. A 2 pas de mes restaurants japonais de la rue Sainte Anne, du Mesturet où j’étais pas plus tard qu’hier soir et de mes 2 bars « que je m’y sens comme à la maison »!
Comme je ne déjeune plus, je profite de ma longue pause déj’ pour visiter le quartier. Avant-hier, je suis entrée dans l’église Saint-Augustin pour confesser mes péchés et effectuer quelques génuflexions en savoir un peu plus sur son histoire, que je vous raconterai un de ces jours. Et hier, j’ai découvert l’endroit où Louis XVI a été enterré juste après sa décapitation, place de la Concorde.
Bon, je vais quand même sortir me dégourdir les jambes. Et demain matin, 9h, covoiturage pour Saintes, dans l’ex maison de mamie Coco qui est maintenant en maison de retraite. Stay tuned !
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Du pont de l'Alma au Ranelagh
Les weekends prolongés sont les meilleures occasions de se balader dans Paris, en grande partie vidée de ses casse-couilles habitants. Depuis un petit moment, le 16ème, peut-être l'arrondissement le plus provincial de Paris, me trottait dans la tête.
Peu après 15h, munie du"Jeux de piste et énigmes à Paris", offert par ma copine Boug', et de "Paris méconnu", je monte sur un Vélib. Rue Vercingétorix, les promeneurs s'égarent sur la piste cyclable. Place de Catalogne, dont je fais le tour en sifflant à tue-tête "Beguin the beguine", par Django Reinhardt et Stéphane Grappelli, que j'ai écoutés toute la matinée, un jeune homme me fait écho avec un clin d'oeil complice. Je dévale le boulevard Pasteur à toute beurzingue, sifflant toujours. Django a le don de me mettre la patate depuis que je l'ai découvert, à l'aube de mes 20 ans.
Avant Cambronne, je tourne dans l'avenue de Ségur, déserte, jusqu'à l'avenue Duquesne. De là, je rejoins l'École Militaire et continue sur l'avenue Bosquet, où vendredi soir, j'ai fêté le weekend avec 2 collègues, aux Crocs de l'Ogre, devant une superbe côte de boeuf. Je franchis le pont de l'Alma et dépose mon Vélib car c'est là que mon jeu de piste commence :
"Ce peut être un moine bouddhiste, un mammifère ruminant, ou un chanteur français amoureux des petites femmes de Pigalle. La place servant de départ à ce parcours sera l'anagramme de ce mot."
"Rejoins une flamme qui brille pour marquer l'amitié de la France avec un grand pays. Puis tu prendras l'avenue portant le nom de la ville éclairée par l'original de cette flamme."
[Cet endroit est devenu célèbre depuis la mort de la princesse Diana. Entourée d'une chaine alourdie de ces hideux cadenas qui plombent les ponts de Paris, on lit sur son socle : " Réplique exacte de la flamme de la statue de la liberté offerte au peuple français par des donateurs du monde entier, en symbole de l'amitié franco-américaine, à l'occasion du centenaire de Herald Tribune (1887-1987)"]
"Des femmes dévêtues resteront de pierre lorsque tu passeras devant elles, et peu après, Charles Péguy parlera aux mères de leurs fils qui se sont tant battus."
Sur le parvis du palais de Tokyo, de jeunes skaters torse nu s'élancent dans les airs. Et au pied du palais, il y a des tentes de SDF, parce que c'est ca aussi, maintenant, le pays des droits de l'homme et de la fraternité.
"Si tu ne peux pas le traverser, contourne cet édifice qui a la peinture, l'architecture et la sculpture pour devise. Tu parviendras ainsi à la porte principale."
Ça tombe bien, mon guide "Paris méconnu" signale une curiosité rue de la Manutention. Un jardin potager longe le palais et les habitants ont laissé libre cours à l'humour et la poésie. Olivier, par exemple, y a planté un écriteau où on peut lire :
Mon potager du palais de Tokyo
- Les soins d'arrosage
- Mes tomates-cerises
- Un coin de paradis en plein Paris
- Les melons fugueurs
- Un loisir qui se mérite
- Mes radis rouges
- Les pique-nique du dimanche
- La poule rousse de Maurice
- Un lieu qui facilite les contacts
Et mon jardin secret
Plus loin, au pied des marches qui mènent à l'avenue du président Wilson, Corinne et Didier ont écrit une ode toute en couleurs à l'amitié :
"Le pot ... âgé du Palais" parce que nous sommes de vieux amis ... Le vert caresse l'espoir d'effleurer le rose Le rose effleure d'amour de caresser le vert, Le rose s'enivre de quelques gouttes de vert, Le vert goûte aux gouttes enivrantes de rose, Pour le plaisir et sans modération : soyons "terre à terre" ...
Derrière le palais de Tokyo, il y a le palais Galliera et c'est lui qui porte la devise citée plus haut. Je n'ai pas encore visité ce bâtiment de style Renaissance italienne (ne vous imaginez pas que je sois calée en architecture, c'est mon guide qui l'écrit) qui abrite le musée de la Mode et du Costume, mais je crois me souvenir que Gi a essayé de m'y entraîner lors d'un de ses séjours parisiens.
"Un maréchal de France te montrera la direction à suivre pour rejoindre un général, également président du pays pour lequel il s'est battu."
Alors moi, question grands hommes qui ont servi leur pays, je ne suis pas trés douée. Alors je triche car j'ai lu la suite.
"Sur cette place le musée Guimet (du nom de son donateur) est l'un des plus grands musées d'art asiatique au monde. En remontant la façade oùles carrés entourant les ronds sont plus nombreux, tu passeras devant un institut portant le nom d'un poète allemand."
Je parie sur Goethe. Partons donc à la recherche de l'institut Goethe, mais cette fois sans tricher, ce qui me vaut de prendre la façade à l'envers et de m'embarquer dans la rue Hamelin. Je feuillette "Paris méconnu", pour m'assurer de ne rien rater d'intéressant en route, et il me signale un jardin japonais à l'arrière du panthéon bouddhique, annexe du musée Guimet. Il est 17h14 et le jardin est annoncé comme fermant à 17h mais je décide de tenter ma chance et fais le tour du pâté de maisons.
"Il ferme bientôt" me dit une dame à l'accueil (chouette!). Je fonce. Le panthéon bouddhique, gratuit, est totalement désert. Je m'assieds et me rafraichis quelques instants à l'ombre de l'exigu jardin japonais, bercée par le bruit de l'eau. Le petit pavillon de bois accueille, environ 2 fois par mois et, d'après leur site, uniquement le jeudi, des cérémonies du thé (12€).
"Puis après avoir longé successivement le territoire koweïtien puis l'état de Bahreïn, tu retrouveras un général récemment rencontré, en compagnie de son ami français."
Bon, va falloir que je m'y habitue, le 16ème est l'arrondissement des ambassades. Je dépasse les ambassades mentionnées. Sur la place des États-Unis, ils sont là, comme 2 vieux potes, tels Nico et Tonnegrande, mais sans le comptoir.
"Dans le dos de cet Américain, la rue du cardinal archevêque de Paris te mettra dans la direction d'un astronome et mathématicien."
Les religieux, c'est encore moins mon fort. Mais l'astronome mathématicien, je sais ! C'est Galilée ! Je m'engouffre joyeusement dans la rue qui porte son nom et de drôles de choses sur ses façades : un drapeau du Salvador au-dessus d'un restaurant asiatique, un portrait de Galilée, une hélice ...
Je débouche sur l'avenue Kléber et mon guide me rappelle à l'ordre :
"Puis tu longeras des pays dont les capitales sont Caracas et Beyrouth."
Et merde, c'est reparti pour la chasse aux drapeaux. La vexillologie - de vexillum, nom de l'étendard dans les armées romaines - mon autre point faible. J'ai beau y avoir passé un séjour mémorable en 2004 (dommage je n'étais pas encore blogueuse), aucun souvenir du drapeau vénézuélien !
Dans la rue Cimarosa, j'en repère 2. J'avance jusqu'à eux ... raté, ce sont les ambassades d'Afrique du Sud et d'Argentine. Ah ! Un autre sur l'avenue ! Encore raté, c'est le Pérou ... Tant pis, j'abandonne et continue ma balade en bifurquant dans la rue Copernic. Ah ben tiens, la voilà l'ambassade du Vénèz' !
"Entre les deux, le bateau présent sur la façade aurait pu naviguer dans ce réservoir d'eau de la ville de Paris, dissimulé derrière ces hauts murs."
Juste avant d'atteindre la place Victor Hugo, j'avise un traiteur chinois et décide de m'offrir une douceur, pourtant sans grand intérêt gustatif, dont je raffole depuis mon adolescence : un gâteau à la crème de soja. Je mords dedans, pouah ! Ça a un vieux goût de moisi ! Je l'inspecte, repère une minuscule tache verte et le rapporte au magasin. La patronne me rembourse sans un mot d'excuse. Tant mieux, en fait j'avais plus faim que soif.
Place Victor Hugo, je ne trouve pas trace de Jeanne d'Arc.
"Cette pucelle, brûlée en 1431 par les Anglais, est considérée par certains comme une sainte. Sa statue est adossée au bâtiment dans lequel un saint est honoré. Tu seras sur la bonne route lorsque tu la croiseras."
Alors je triche et recherche sur internet l'adresse de l'ambassade du Nigéria, à laquelle on fait allusion après une énigme arithmétique incompréhensible (hé, c'est que j'ai eu 1/20 au bac, moi!)
"Dans la même voie, recherche le numéro de l'immeuble dont le chiffre des unités est le double de celui des dizaines qui est, lui-même, le double de celui des centaines. Tu passeras ainsi devant la l'emplacement de la dernière demeure de " celui qui mourut en son avenue ."
Bon, comme je n'ai pas envie de rater l'endroit où l'auteur de Notre Dame de Paris, roman qui m'effraya autant qu'il me captiva, a poussé son dernier soupir, je triche encore. Au 124, une plaque indique l'emplacement de l'hôtel où il vécut et son visage est gravé sur la façade. Une plaque de l'histoire de Paris m'apprend que l'avenue d'Eylau fut rebaptisée de son vivant, permettant à ses amis d'écrire "à Monsieur Victor Hugo, en son avenue." Le 1er juin, deux millions de personnes l'escortent en hommage funèbre et triomphal jusqu'au Panthéon, rendu, en son honneur, à sa destination de sépulture des grands hommes.
Je me demande bien qui pourrait susciter un tel hommage aujourd'hui, en tout cas pas nos hommes politiques, ça c'est sûr ...
"Un peu plus loin, tu dépasseras le pays dont Lagos est la capitale."
Bon, si je ne suis douée ni en histoire militaire, ni en vexillologie, ni en maths, les mappemondes, ça me fascine. Et fan de Fela Kuti, je sais que Lagos est la capitale du Nigéria. Je continue sur l'avenue et stoppe devant le nom d'un artisan bien connu, qui mature ses viandes, que j'ai goûtées lors d'un Fooding, pendant 2 mois. Le temps d'une photo volée de ses canons de côtes en maturation et d'une citronnade au Pain Quotidien, je continue ma route.
"Il peut être de science, de pétrole, de lumière, de mine, mais dans notre cas, il est artésien et n'en a pas l'apparence. Tu pourras probablement voir les habitants du quartier venir y chercher celle qui est peut-être une des meilleures de Paris, bien qu'elle soit à 28°."
Ça tombe bien, le puits artésien du square Lamartine était aussi un des spots à ne pas manquer de "Paris méconnu". J'aurais pu le rater si je n'avais été intriguée par un attroupement de bouteilles de plastique. Je traverse l'avenue, et oui, c'est bien le square Lamartine où les gens vienent remplir leurs bouteilles.
Comme moi, vous vous demandez : mais qu'est-ce-que c'est qu'un puits artésien ? Et bien, c'est un puits duquel l'eau jaillit spontanément, contrairement à un puits traditionnel où l'eau reste stagnante. Mon guide m'apprend l'histoire de cette petite curiosité. Le forage de cinq puits parisiens fut une des solutions imaginées pour alimenter les Parisiens en eau non contaminée, après l'épidémie de choléra qui frappa la capitale en 1832. Inauguré en 1866, le puits de Passy est le dernier puits artésien de Paris encore en activité. Foré à une profondeur de 587 mètres, il avait pour ambition d'approvisionner les riverains, mais aussi d'assurer l'irrigation du bois de Boulogne et même d'en remplir les deux lacs ! Intriguée par la mention de son goût ferrugineux, incompatible avec la frénésie avec laquelle les gens présents remplissent leurs bouteilles,et puis, hey ! Ce n'est pas si souvent que j'ai l'occasion de boire à la source, je la goûte. Elle n'est pas à 28° ou alors c'est la lourde chaleur qui me la fait trouver fraîche ... et bonne !
" Grâce à Rodin, il batifole en tenue légère avec les Muses. Va le retrouver à la fin de son avenue." Non ??? Rodin n'a quand même pas foutu le vénérable Victor à poil ? Ben si !
"Éloigne toi de cet écrivain en allant du côté du soleil artificiel qui l'éclaire la nuit. S'il est 8h45, les pointes de l'aiguille de l'horloge t'indiqueront dans quel sens tu devras parcourir cette avenue, qui porte le nom de famille peut-être le plus courant en France" (hé non, ce n'est pas Dupont, je mensuis faite avoir aussi !;-) )
Alors, je voudrais pas faire ma chieuse, mais je me demande quels paradis artificiels fréquentent les auteurs du bouquin pour nous pondre ces énigmes à la mords moi le noeud ! J'ai mis 3 plombes à comprendre le coup des 8h45, qui en plus m'aurait envoyée dans la direction opposée (ben oui, parce que si on veut prendre la bonne route, il vaut mieux, face à Totor à poil, partir vers du 15h15 ou 3 heures et quart pour les insomniaques). Tu comprends rien, cher lecteur ? Moi non plus !
"Ensuite, tu déboucheras sur une place qui sentirait bon le café si les noms de pays avaient une odeur. Mais tu en sortiras en croisant, toujours aussi vêtu, l'écrivain rencontré récemment. Il te montrera que la vision du poète n'est pas toujours très joyeuse."
La verdoyante place de Colombie était nimbée d'une jolie lumière, hier soir. Dans le lointain, on distinguait les tours de La Défense.
"Pour l'agrément de ta promenade, il sera préférable de choisir un chemin de terre bordé de verdure. À cet endroit, le 21 novembre 1783, on effectua la première ascension en montgolfière."
Ça tombe bien, j'avais naturellement abordé la place par la droite, longeant un enclos de verdure où se dresse un batiment que je devine être cette organisation pour laquelle travaille ma copine Choups (et où ma foi, je bosserais bien aussi parce qu'ils ont de sacrés avantages, le salaire n'étant pas le moindre).
" Tu longes le siège permanent de l'Organisation de coopération et de développement économique (O.C.D.E) qui est, depuis 1948, un territoire international."
Me voici dans le jardin du Ranelagh. Il fut dessiné en 1860 sur l'emplacement du Petit Ranelagh, salon de danse et haut lieu de plaisir pour Marie-Antoinette et la cour jusquà la Révolution Française. Le petit Ranelagh parisien tenait son nom de la rotonde pour concerts édifiée à Londres par Lord Ranelagh, Irlandais amateur de musique. Plus d'histoire ici.
Ranelagh, un quartier au sud de Dublin dans lequel j'ai vécu quelques mois, porte donc aussi son nom. Vous allez me croire terriblement distraite mais jusqu'ici je n'avais pas fait le lien, ou en tout cas pas consciemment, entre le Ranelagh d'ici et celui de là-bas. Que pourtant je prononçais, comme les Dublinois et à l'inverse des Parisiens, "Ranela". Depusi quelques mois, à l'instar de ma copine Choups, je me forçais à le terminer par un sonore G. Je vais donc reprendre les bonnes habitudes, puisqu'irlandais le Ranelagh est !
Le jardin est envahi de flâneurs par cette chaude journée ensoleillée. Des jeunes jouent au ping pong, ou plutôt ils s'engueulent bruyamment, s'accusant de tricherie. Tiens, des adultes ont piqué les jeux des enfants ? Ah non, c'est un espace libre de remise en forme, avec des machines comme on en trouve dans les salles de gym.
Le jardin du Ranelagh est un endroit très agréable et je m'étonne de n'être jamais venue me promener jusqu'ici. Je ne sais pas si c'est la proximité de la place de Colombie mais j'entend pas mal parler latino dans le coin. Sur un banc, je m'offre ma première pause de la journée et note quelques détails de ma balade quand ma copine Jam m'appelle.
"Tu passeras entre deux tennis bien plus petits et d'un usage différent que ceux utilisés au stade de Roland-Garros, non moin d'ici. Ensuite, dès que l'occasion se présentera, traverse celui que l'on dit clouté et qui ne comporte plus de clous depuis longtemps."
Un rapide coup d'oeil au musée Marmottan et c'est là que j'abandonne le jeu de piste. Je suis à mi-parcours, il est 20h et mine de rien, j'ai parcouru pas mal de kilomètres depuis 15h. Et puis, j'ai envie d'aller me perdre du coté de la rue du Ranelagh où le guide " Paris méconnu" signale des sites intéressants.
Je traverse la petite ceinture et débouche sur le boulevard de Beauséjour, désert. Je me dirige vers la rue du Ranelagh qui commence ici avant de me raviser et de poursuivre jusqu'à la rue de l'Assomption. De là, je rejoins la rue Mallet-Stevens, une impasse où se cache "un véritable manifeste de l'architecture moderne : des jeux de cubes blancs et lisses, des décrochés, des gradins, des tours, des jeux d'ouverture, des auvents et des terrasses. Je m'attend à découvrir à tout instant la maison futuriste du film "Mon oncle"de Jacques Tati.
Puis je continue la descente de la rue de l'Assomption qui est longue, très longue. Je traverse l'avenue Mozart et note l'adresse du Bô Zinc Café, aux tarifs inespérés dans un quartier aussi chic (plats à moins de 10€). Il est d'ailleurs bondé d'une jeunesse bruyante. Je continue ma route.
Le 16ème est l'arrondissement des ambassades, mais aussi des terrasses. Du haut de chaque immeuble et de tous les balcons s'échappent des toupets verts.
Rue Jean de La Fontaine, je tourne à droite pour aller jeter un œil au numéro 14. A posteriori, je réaliserai que c'est là que m'aurait amenée mon jeu de piste, si je l'avais continué. On y trouve le Castel Béranger, un immeuble construit par Hector Guimard entre 1897 et 1898, et qui, en remportant le premier concours de façade de la ville de Paris en 1899, rendit immédiatement célèbre son architecte.
Un immeuble étrange, alliant pierre et briques rosées, bois, fonte et acier, grès vernissé et briques émaillées. De surprenantes gargouilles métaliques vert tendre s'accrochent à sa façade. A l'époque, le plus grand nombre renomma cet édifice Art Nouveau "Castel dérangé" mais certains ne s'y trompèrent pas, comme le peintre Paul Signac qui s'y installa. Devant l'immeuble, une station Velib. Il fait doux, le soleil a disparu et je traverse la Seine, rejoins la rue Linois, celle des Entrepreneurs puis celle de l'abbé Groult, et je rentre tranquillement chez moi, alanguie et moite.
Une petite balade de 6,1 kms quand même, allongée de 14 kms à vélo aller-retour et une parenthèse à l'écart du bruit et de la fureur de ma jungle urbaine, qui me fait dire encore : Paris je t'aime !
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Carême mais quand même !
Vous me croyiez au pain sec et à l’eau ? Vous rigolez des genoux ou quoi ?
Contrairement à ce que j’avais imaginé avant le Carême, cette expérience ne m’a pas coupée de toute vie sociale, bien au contraire. Je suis presque chaque soir au restaurant ! D’abord parce que, tant qu’à ne manger qu’une fois par jour, j’ai vraiment envie de partager ce moment de plaisir. Diner devant ma télé toute seule comme une conne serait, pour le coup, une vraie pénitence. Ensuite parce que je manque d’imagination dans la façon de cuisiner le poisson de façon gourmande. Donc, je vais au resto et je me régale de poisson, comme vous allez le constater.
D’abord le restaurant Les Voiles, trouvé par hasard sur La Fourchette alors que je recherchais un bon restaurant de poissons.
Un très bel endroit, à quelques encablures de Charles de Gaulle-Etoile. A l’entrée, on vous débarrasse fort courtoisement de manteaux et sacoches d’ordinateur avant de vous conduire dans un grand espace divisé en plusieurs ambiances. Les tables y sont très espacées, visiblement le patron ne fait pas la course à la rentabilité. On nous a donné une jolie table ronde dans la salle où un feu de cheminée flambait joyeusement. La décoration est particulièrement cosy. J’ai eu bien envie, après le repas, de me caler dans le très beau canapé en cuir qui lui faisait face …
Après une soupe de poissons de roche fort goûtue, j’ai choisi le poisson du jour, une sole entière dont je me suis, inutile de le préciser, régalée. Mes compagnons de table ont tous deux choisi le Breizh Burger : un pain boulanger fourré de bar et champignons au beurre blanc. J’ai zappé le dessert, évidemment, et eux ont choisi une crème au chocolat avec sorbet cacao et 4 jolies madeleines moelleuses. Je reviendrai sans aucun doute dans cet endroit idéal pour un diner intimiste, où le service n’a rien à envier à la qualité des mets. De plus, le patron met à l'honneur son chef africain et ça, je dis chapeau !
Scusez le peu de qualité des photos, qui ne rendent pas hommage à la beauté des plats, mais l'éclairage tamisé, ça n'aide pas et je n'utilise jamais de flash au restaurant pour ne pas incommoder les dîneurs.
Jeudi soir, j’ai rejoint mes anciens collègues adorés pour un poisson yassa à L’équateur, un restaurant africain de la rue Saint-Maur. Du coup, j’ai remis le nez dans mon bouquin de recettes africaines. Samedi, j’étais la première (tellement rare que je me fais le plaisir de le souligner) au 6 Paul Bert , où je dinais avec Gi et ma belle Suissesse. J’ai eu une pointe d’inquiétude en découvrant qu’il n’y avait pas de carte mais un menu unique à 44€, qui propose une entrée, 2 plats (un de viande et un de poisson) et un dessert. En entrée, j’ai choisi un carpaccio de sar, pamplemousse grillé, radis et fenouil, le pamplemousse grillé s’avérant être une purée de pamplemousse. Fort heureusement, la serveuse m’a accommodée en me proposant un deuxième plat de poisson en remplacement du plat de viande (n’empêche, j’aurais bien fait sa fête au carré de petit cochon, endives, babeurre et panais). J’ai donc démarré sur une barbue rôtie, écrasé de potiron, coques et oignon fumé et poursuivi sur un tronçon fondant de poulpe de Saint Jean de Luz, poireaux et ail rôti (en haut sur la photo).
En dessert, je n’avais pas vraiment le choix : poire grillée, mousse de caramel, glace au pain. J’ai échangé ma glace au pain contre le sorbet à la betterave de ma belle Suissesse qui avait choisi (voir photo)une ganache et fondant chocolat, sorbet betterave et mûres sauvages (et dures, visiblement). Encore une excellente adresse. Le menu n’est pas donné mais la qualité et les saveurs sont bien là.
Et ce soir, je vais Chez Casimir, restaurant breton iodé où je ne regretterai que le fabuleux plateau de fromages. Vous voyez, tout va bien.
PS : C'est le bordel dans la police de mon billet, désolée les amis.