Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

De Crimée à Clignancourt

J’appréhendais ces 6 jours de congé. Mon projet d’aller me réchauffer au soleil du Sud auprès de mon amie Chacha, installée depuis peu dans les environs d’Aix en Provence, avait été avorté par la visite de sa famille.

Bien décidée à ne pas rester à Paris, j’avais étudié les prix des billets pour Grenade, où j’ai mes habitudes, avant de renoncer : ma contribution au financement de mon master avait vidé mon compte.

C’est donc résignée et dépitée que j’entamais, jeudi dernier, ces 6 jours à Paris. Le ciel clément a dardé ses rayons et réchauffé cette sinistre période de fin octobre. J’en ai profité pour dormir (beaucoup), faire du sport (un peu car je n’ai pas beaucoup d’énergie ces jours-ci), travailler mes cours de gestion des RH et me promener dans Paris.

Hier, j’avais rendez-vous avec mon ami Yo au métro Crimée, dans le 19ème arrondissement, auquel j’avais proposé un goûter –découverte à la Recyclerie, un endroit que j’avais vu dans un reportage télé.

« On prend le métro ? » propose Yo.

« Ca te dérange si on marche un peu ? demandé-je. Si on en a marre, on prendra le métro en route. »

« Bonne idée, ça nous donnera l’occasion de nous arrêter au Grand Train, un nouveau lieu que je ne connais pas. »

Mon compagnon connaît très bien le quartier et me guide sans hésitation.

La rue Riquet enjambe les voies de chemin de fer. Le quartier, ancien repère de toxicos, est en plein réhabilitation, à l’image du nouveau Jardin d’Eole, où il me déconseille tout de même d’aller faire un jogging à la nuit tombée.

A gauche, surplombant les voies de chemin de fer parsemées de verdure, un bâtiment imposant en bois, très joli. Yo affectionne beaucoup cette auberge de jeunesse, dont il a suivi la construction, sur d’anciennes friches ferroviaires. Les poutres d’origine de la halle Pajol ont été conservées et la construction mêle avec brio bois, métal et verdure. Au-dessus de nos têtes, 3500 mètres carré de panneaux solaires font de la halle Pajol la première centrale solaire photovoltaïque urbaine de France.

75018,75019,la recyclerie

A nos pieds, plus de 800 mètres carré d’espaces verts, des jardins partagés donnent à cet endroit un air de campagne, coupé du bruit. Les résidents lézardent sur des balcons, les poires mûrissent paisiblement. On ne se croirait vraiment pas à Paris, plutôt dans un quartier branché de Manhattan.

De l’autre côté, on débouche dans la rue Pajol où des boulangeries « made in USA » et bars branchés ont élu domicile sous les arcades de l’auberge de jeunesse remplacé les constructions glauques d’antan. Au bout de la rue Pajol, nous tournons à gauche pour rejoindre ce que Yo appelle le marché de l’Olive, dans la rue piétonne du même nom. Le marché est fermé et la rue calme mais l’atmosphère doit être toute autre un jour de marché.

Au bout de la rue de Torcy, envahie d’échoppes asiatique (c’est le quartier chinois du 18ème, me dit Yo), on débouche dans la rue de la Chapelle et le choc est violent : bouchons, klaxons, foule.

De là, on prend la rue Ordener. Au 26, le Grand Train, sis dans l’ancien centre de maintenance SNCF de La Chapelle, que Yo voulait découvrir, est désert derrière ses grilles fermées. Et pour cause, je découvrirai à mon retour que ce bar éphémère a fermé ses portes le 16 octobre. Dommage, le Grand Train avait l’air génial avec son exposition de 25 locomotives.

Nous reprenons notre balade pour rejoindre une des curiosités décrite dans mon guide « Paris méconnu ».

Rue Hermann Lachapelle, un immeuble à gradins et colonnades, que je date (à juste titre) des années 20, s’élève sur 3 rues.

Ce bâtiment singulier, HLM fondé sur une conception « hygiéniste » du logement social, est recouvert de carreaux de céramique blanche identiques à ceux du métro parisien. Il fut conçu par l’architecte Henri Sauvage et construit à partir de 1922. Une autre de ses œuvres, similaire à celle-ci, se trouve rue Vavin.

75018,75019,la recyclerie

Pourtant, la curiosité que je suis venue chercher ici n’est pas le bâtiment de Sauvage. Au centre de cette pyramide se niche, en lieu et place du cinéma que voulait initialement y installer l’architecte, la piscine des Amiraux, longue de 33 mètres et dotée de deux étages de coursives. Plusieurs fois rénovée, monument classé, elle est hélas de nouveau en travaux lors de notre visite. Nous n’en verrons donc que la façade ponctuée de bleu, blanc et rouge.

Pour rejoindre la porte de Clignancourt, notre terminus, Yo m’entraîne dans des venelles à l’abri de la fureur urbaine : les passages Kracher , Duhesme et du Mont-Cenis. Il suffirait de peu pour leur donner du charme.

Enfin, nous débouchons devant la station Porte de Clignancourt derrière laquelle se dresse une bâtisse végétalisée : la Recyclerie !

Ce bar-resto-atelier, installé dans l’ancienne gare Ornano, est conforme à ce que j’avais imaginé. A droite, un atelier plein d’objets vieillots, où l’on répare tout. Au centre, le bar, où une serveuse débordée sert une longue file d’attente. Dans une salle attenante surmontée d'un panneau "Bagages et consignes", deux personnes, visiblement en pleine réunion de travail, pianotent sur un ordinateur.

Nous emportons un pichet de citronnade cannelle et nous installons à l’extérieur, au-dessus de la Petite Ceinture.

75018,75019,la recyclerie

A tour de rôle, nous descendons les marches qui mènent sur les quais de l’ancienne gare de la Petite Ceinture. On y trouve un poulailler peuplé d'une quinzaine de volatiles, dont un couple de canards coureurs. Les œufs récoltés sont distribués aux adhérents de la Recyclerie.

Au même niveau, un jardin aromatique et sur les quais, un bar, un potager collectif de 400 mètres carré, cultivé en pleine terre, des arbres fruitiers et un terrain de pétanque. Des tomates et des courges s’accrochent au grillage, la rhubarbe de mon enfance prend ses aises. Encore une fois, on ne se sent absolument pas en ville, même les odeurs sont tout à fait campagnardes. Au bout du quai, l’air est humide.

75018,75019,la recyclerie

Je suis enchantée d’être venue jusque là et ravie de ces initiatives citoyennes, qui permettent aux citadins de se réapproprier la ville. La Recyclerie propose tout un tas d'évènements : des ateliers pour les enfants, des visites de sa ferme urbaine, des échanges autour de "L'Europe des possibles" où on s'inspire des bonnes pratiques de nos voisins. Mais aussi des plats plutôt sains, végétariens  ou pas, et un brunch le dimanche.

Vers 18h30, nous reprenons le métro et nous séparons à la gare de l’Est.

Notre balade champêtre entre 19ème et 18ème nous a  fait parcourir 4 kilomètres !

La Recyclerie
83 boulevard Ornano, Paris 18ème (01.42.57.58.49)

Écrire un commentaire

Optionnel