Ce matin, nous traversons la ville pour rejoindre le Techn Ppark de Casablanca, une zone d’activité où se trouve beaucoup de sociétés. Là, je retrouve M., que j’ai rencontré le jour de mon arrivée. Le midi, il m’emmène déjeuner de brochettes à la Grillardière.
Nous discutons un peu. M. a passé 3 mois en stage à Paris, entre Voltaire et le 13ème arrondissement. « Quand j’habitais à Paris, je ne connaissais pas mes voisins ». Il demande, comme à chaque rencontre, si je suis mariée, je retourne la question, il répond par l’affirmative. « Et où est ton alliance ?» demandais-je. « Je ne la porte pas toujours ».
Je balaie la salle du restaurant du regard, la plupart des hommes attablés ne portent pas d’anneau à la main gauche. Ils sont pourtant sans doute mariés. Je partage ma réflexion avec M. En France, si un homme marié ne porte pas son alliance, il a des problèmes avec sa femme ». « Et les femmes aussi peuvent ne pas porter l’alliance ? » « Ah non, les femmes c’est obligatoire » dit M. « Ah oui ? Hé ben ! C’est du beau ! » Il se marre et reconnaît que ce n’est pas très équitable. « Moi je peux te dire que si je me mariais et que mon mari ne portait pas son alliance, je ne la porterais pas non plus ! ».
M. fume et nous prenons de nombreuses pauses thé à la menthe-cigarette dans la journée. Le soir, je retrouve Aziz, le fringuant chauffeur que je n’ai pas revu depuis plusieurs jours, toujours aussi élégant dans son costume vert amande. Je lui raconte mon séjour, ma soirée au hammam et lui montre la photo de ma métamorphose. Il me dépose à la gare ONCF de l’Oasis, qui ressemble à s’y méprendre à une gare française. Juste à côté, un bureau de poste, en tout point identique aux nôtres. Pour le dépaysement, on repassera. Il me reste une heure à attendre avant le départ de mon train pour Marrakech. J’avise un café peuplé d’hommes. Rien d’autre. Je déboule avec ma valise et m’installe en terrasse. Au moment où je m’assois, 2 hommes se lèvent d’un même élan. J’ai un moment de crainte. Si tout le café quitte les lieux, j’aurai pas l’air con, moi ! Mais non, tout le monde reste à sa place et je sirote mon dernier thé casablancais. Peu avant 18h50, je rejoins le quai où un chat rôde, chassé à grands gestes par une jeune fille, ce qui me surprend ! Je croyais qu’on aimait les chats, en pays musulman. Mais après tout, peut-être souffle-t-elle d’allergie.
Dans le train, j'écris mes billets en retard. Peu avant l'arrivée à Marrakech, je relève la tête et un homme face à moi entame la conversation. Il vante la beauté de Marrakech et s'étonne que je n'aie pas très envie d'y aller. Originaire de Fès, il a travaillé dans le transport en Europe et connaît bien Paris. Il me questionne sur mon séjour à Casa et ce que j'y ai vu. "Quand certains parlent de travail d'arabe, dit-il, j'aimerais bien qu'ils soient capables de réaliser ce que les artisans marocains ont fait dans la mosquée Hassan II"
En arrivant à la gare de Marrakech, il veut s'assurer que mon chauffeur est bien là. Un monisuer àç la bouille bien ronde, très jovial, m'attend avec sa pancarte à la main. Sur le parvis de la gare, il s'arrête près de 2 enfants. "Ce sont mes enfants", dit-il. Le plus jeune me claque deux bises, puis il grimpe sur la mobylette derrière son grand-frère et ils nous suivent jusqu'à mon hôtel. J'y suis accueillie par de jeunes garçons. Donnant sur une cour centrale , ma chambre, décorée de stuc, est très belle avec ses portes en bois sculpté. Il est 22h30, j'avale une salade vite fait sur la terrasse et vais me coucher.