Au départ je ne t'aimais pas, comme tous les hommes que j'ai passionément aimés. Et puis, à la faveur d'une réunion, j'ai découvert un homme réservé mais bien plus sympathique que ne le laissait supposer ton visage fermé.
J'ai cru sentir que l'intérêt était partagé. Les occasions de communiquer étaient rares mais les regards appuyés. Un soir, tu as proposé de me déposer et sur la route, je t'ai fait rire. Quelque chose chez toi me donne des élans de tendresse mais tu m'impressionnes tellement que tu me paralyses.
Tu es parti en vacances, moi aussi. Je guettais ton retour pour te lancer "Hey ! Tu es là ! Alors, racontes !"
Heureusement, j'ai su et je n'ai pas fait ce qui aurait été une gaffe magistrale. Et lorsque tu as surgi au bureau, je n'ai même pas pu te regarder. J'ai fui ton regard pendant plusieurs heures. Je n'aime pas les formules de condoléances, je les trouve tellement creuses. Quand j'ai enfin osé te saluer, d'un pudique mouvement de tête, tu avais l'air tellement malheureux que j'ai eu envie de te prendre dans mes bras.
Tu ne sais pas que je sais mais voilà, je sais. Ne voulant pas être intrusive, encore moins remuer le couteua dans la plaie, j'avais décidé de faire comme si je ne savais pas mais c'est impossible. Je devrais alors jouer la légèreté et ce serait tellement indécent, presque cruel.
T'imaginer à quelques rues de moi, peut-être solitaire, toi aussi, et enfermé dans ton malheur,, ça me fend le coeur. Je voudrais t'envoyer un message, te dire "Si tu as besoin d'un sourire, d'une présence, d'un café, je suis là". Tout simplement. Je pense à toi.