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  • La blonde de la ligne 12

    Elle entre régulièrement dans mon wagon de métro, aux heures de pointe. Elle reste dos à la porte, toujours. A chaque fois, je suis frappée par le contraste entre son visage, austère et nu, et sa tenue, légère et sophistiquée.

    Sa tenue, d’abord, puisque c’est ce que j’aime et en quoi je me retrouve. Car comme moi, elle aime le style d’après-guerre. Ses chaussures sont toujours très féminines et originales : compensées ou salomés à gros talons sur des bas en résille noire. Ses jupes sont droites ou froufroutantes, comme cette jupe en voile noir à pois blancs, si Betty Boop. Elle porte parfois un blouson cintré de motarde. Nos points communs s’arrêtent là.

    Elle est grande, (fausse) blonde, les cheveux au carré. Les racines de ses cheveux blonds platine sont noires, tout comme ses sourcils. Ses mâchoires carrées encadrent un visage pâle et fermé, totalement dépourvu de maquillage. Cils nus, bouche nue. Je ne comprend pas ce contraste raté entre sophistication et naturel. Comment peut-on sortir de chez soi avec une tenue aussi féminine et sans une once de maquillage ?

    Ce mystère me frappe à chaque fois qu'elle entre dans le wagon et nous fait face, glaciale. J'ai fini par supposer qu'elle se maquillait en arrivant au boulot. Ou qu'on la maquillait en arrivant au boulot. La curiosité me tiraille. Si je la croisais à 19h, je me dirais qu'elle est danseuse à plumes dans un cabaret parisien mais je la croise à 9h, alors elle doit être vendeuse aux Galeries Lafayette ...