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10ème arrondissement

  • Balade dans le 10ème arrondissement

    Vendredi dernier, j'avais rendez-vous avec une vieille connaissance à la brasserie Julien, rue du faubourg Saint-Denis.

    La brasserie Julien est un bel endroit décati, un miraculé du Paris de la Belle Epoque, perdu au milieu des boutiques métissées et épicées du quartier. J'y ai aimé la clientèle, ce vieux couple, peut-être américain (ou pas), cette table familiale présidée par un vénérable monsieur aux cheveux blancs et au couvre-chef assorti à un je ne sais quoi d'excentricité et puis les serveurs, surtout celui-là, avec sa houppette blonde, qui nous servait du "Sire" et "Altesse" avec force clins d'oeil.

    Je m'entraîne déjà, 10ème arrondissement, faubourg Saint-Denis, rue de Paradis, église Saint Vincent de Paul


    Après le baba au rhum, C. est parti retrouver les impôts et moi, j'ai entamé une visite de ce quartier que j'aime beaucoup, aidée dans ma découverte par le livre offert par ma copine Boug' "Jeux de piste et énigmes à Paris".

    Chez Gibert Jeune, je me donne des idées de lecture et me leste du  Métronome illustré et du dernier exemplaire de XXI, que j'offrirai tous deux à mon amie Esperanza.

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    Mon parcours commence sous la très belle porte Saint-Denis. Le Métronome Illustré m'apprend que la voie principale de la rive droite passa, au Xème siècle, de la rue Saint-Martin à la rue Saint-Denis. La Porte Saint-Denis, érigée en hommage aux victoires militaires de Louis XIV, lie la rue Saint-Denis à son faubourg et mène à la ville du même nom.

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    On m'invite à rejoindre "un passage fleurant bon les arômes d'Inde et du Pakistan"; c'est le passage Brady, bien sûr, où Nadette dévalisa, en juin dernier, l'épicerie Velan. Ce que j'ignorais, c'est que le passage Brady rejoint, au-delà du boulevard de Strasbourg et à ciel ouvert, la rue du Faubourg Saint-Martin.

    Le Marché Saint-Martin est fermé, dommage, j'aime déambuler dans leurs allées. Mon défi suivant, c'est la rue Bullet où je cherche un moment "une des maisons les plus étroites de Paris", glisse une tête entre les grilles du n° 6 pour débusquer la façade d'un hôtel particulier, reviens sur mes pas et finalement, la voilà ! Je la cherchais au mauvais endroit cette maisonnette, ou plutôt ce couloir sur deux étages, large d'un mètre cinquante, cachée dans une boutique au n° 37 (voir montage photo ci-dessous).

    Je tourne, retourne mais ne trouve pas cette rue dans laquelle je dois tourner alors je triche et saute quelques étapes pour localiser sur mon plan " celle qui sera trop longue au goût des époux volages". Pour la rejoindre, je reprends la rue du Faubourg Saint-Martin et cherche le Passage du Désir, non pas la boutique coquine, mais l'ancien Passage du Puits. En chemin, à hauteur du n° 75, mon regard est attiré par des hommes coiffés de sortes de toques, qui semblent tenir réunion dans un restaurant. Je stoppe, scrute l'enseigne. Tiens, un restaurant ouïghour ! Mon ignorance est totale au sujet de ce peuple; "Qu'est ce qu'on mange là-dedans ?" me dis-je, le nez collé sur le menu. Un homme orné d'une très fine moustache sort sur le trottoir, m'aborde et devance mes questions.  

    L'accès au Passage du Désir est fermé mais cet écart me permet de découvrir la plaque commémorative qui signale les anciens magasins Lévitan. Ci-dessous, l'hotel particulier au n°6 de la rue Bullet et la fameuse toute petite maison du n° 37, tout proche.

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    Je reviens sur mes pas et traverse l'Afrique qui palabre dans les salons de coiffure, les restaurants de la rue du Château d'Eau et sur les Vélib' garés là. A défaut de défriser mes cheveux raides, on propose de me coller de faux ongles (pouah !).

    Laissant la rue des Petites Écuries face à moi, qui abrite le New Morning, et au bout de laquelle on peut manger gratuitement, selon les jours, couscous ou moules-frites au Tribal Café (testé et approuvé), je remonte la rue du Faubourg Saint-Denis où habitait jadis, avant qu'une saleté de maladie ne l'emporte, une des femmes les plus courageuses et meilleures managers et que j'aie connues, France). Au n° 83 se trouvait le salon de coiffure de la famille Reggiani (source Wikipédia ).

    J'atteins enfin la rue de la Fidélité, puisqu'il s'agit d'elle. J'ai bien aimé cette phrase, lue sur ce blog : " La rue de la Fidélité est l'une des plus courte de Paris. J'ignore s'il faut y voir un symbole."

    J'y avais repéré, après un apéro mojito, les spécialités africaines du restaurant Délices d'Afrique. "On peut y aller ?" avait demandé ma tante, craignant que notre blondeur ne sème le trouble parmi les têtes crêpues. "Oui, on va créer le buzz mais bien sûr qu'on peut y aller" (moi pour un mafé, je braverais tous les dangers, surtout s'il n'y en a pas).

    Tiens, je l'ai prise dans le mauvais sens, la rue de la Fidélité, puisque je tourne le dos à celle "qui m'enverra au septième ciel, au nirvana" quand je lirai son nom. La rue de Paradis, "haut-lieu du cristal, de la faïence et de la porcelaine" dévoile au n° 18 la sublime façade de céramiques peintes du magasin des faïenceries Boulenger, construit en 1900. D'ailleurs les carreaux de grès, blancs et biseautés, des couloirs et stations du métro parisien, c'est Boulenger. Sur la façade, l'inscription "Le Manoir" a remplacé celle de "Choisy le Roi", où se trouvait la faïencerie Boulenger.

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    Toujours aussi curieuse, je glisse la tête entre les grilles qui révèlent un vestibule, décoré lui aussi de céramiques, et un mystérieux escalier à balustre. Un homme s'approche (décidemment !) et me demande si je cherche quelque chose. "Non, non, je regarde mais si, tiens, c'est quoi, le Manoir de Paris ?" L'homme m'apprend que l'endroit abrite depuis quelques mois une toute nouvelle attraction, "Le Manoir de Paris" et que la prochaine réprésentation commence dans moins de 30 minutes. Chouette, encore une bonne idée de sortie avec mes copines blogueuses (et les autres) ! 

    Je continue mon avancée en direction du faubourg Poissonnière, dépasse le musée Baccarat, et prends à droite. Me voici sur la rue La Fayette, étrangement embouteillée en ce mois d'août et enfin j'atteins la place Frantz Liszt dominée par la très belle église Saint Vincent de Paul.

    C'est pour elle que je suis venue, en fait. Cette église, je n'en ai jusqu'ici vu que le dos car elle est ceinte de la rue de Belzunce où je me régale, trop rarement, Chez Michel ou dans son annexe, Chez Casimir.  J'ignorais donc tout de sa beauté, jusqu'à un soir de juillet où j'accompagnai deux amis à un concert de salsa au New Morning. Après le concert, nous avions marché jusque là et je m'étais promis de revenir l'admirer de plus près. Ce soir-là, la place Franz Liszt avait quelque chose de provincial mais ce jeudi, elle résonne des bruits de klaxons des automobilistes irrités.

    Je m'octroie une pause en terrasse sous les commentaires du serveur qui  atteste que la rue La Fayette est comme ça depuis mi-juin, un vrai vacarme. A côté de moi, une habituée attribue ces nuisances à la nouvelle voie de bus. Je m'isole du bruit en parcourant les livres que j'ai achetés.

    Un peu plus tard, je gravis les marches du jardin en terrasse qui borde, comme une barbe, l'église Saint Vincent de Paul. Construite par Hittorf sur l'emplacement d'une léproserie tenue par Saint Vincent de Paul, elle est d'inspiration romaine mais son porche est, lui, clairement grec.

    J'entre dans l'église, elle est déserte et emplie d'une délicieuse odeur de cire d'abeille. La fragrance est vraiment prononcée et je fais le tour de la nef, humant et me shootant littéralement à cette odeur douceâtre.
    [De retour chez moi, je lis que sa nef est ornée d'immenses peintures à la cire. C'était donc ça ! )]
    Dehors, j'hésite un instant sur la suite de mon parcours car j'ai décidé d'arrêter là le jeu de piste. Bien inspirée, je choisis de longer le flanc ouest de l'église et tombe en arrêt, au numéro 9 de la rue Fénelon, devant un très bel immeuble orné de peintures sur lave émaillée. On peut voir sur ce blog des détails de sa façade, sur laquelle je n'ai pas pu zoomer.

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    [Des recherches sur internet m'ont permis d'apprendre , ici  et , que cet immeuble est celui des ateliers Gillet, entreprise d'émaillage de lave (de Volvic). On lui doit la sortie du métro Dauphine, classée monument historique. Il réalisa aussi, avec le peintre Jollivet, les décors en lave de la façade de l'église Saint-Vincent de Paul mais ces peintures firent scandale et furent retirées l'année suivante par Haussmann. Il faudra attendre 150 ans et le 26 juin dernier pour que ces panneaux retrouvent leur place d'origine. Note à moi-même : il faudra que j'aille admirer la maison de Jollivet , cité Malesherbe, décorée elle aussi de lave émaillée.]
    Alors que je tente de déchiffrer les scénettes ornant la façade, un homme passe, ralentit "C'est un très bel immeuble" dit-il. Manuel y effectué des travaux, dans un appartement, et m'enjoint de trouver un moyen d'y pénétrer pour admirer le superbe hall. Nous discutons un moment mais Manuel devient très collant et je décline, avec le sourire mais fermement, sa proposition de "bien s'occuper de moi".

    C'est la fin de ma balade, je rejoins la station de métro de la Gare du Nord, ravie de cette échappée que je n'ai, hélas, pas pu partager. Merci Boug', il est bien ton livre !