Nous avons rendez-vous place Clichy. P_o_L a très faim, première urgence : trouver un resto. Le Bistro des Dames m'avait tapé dans l'oeil il y a quelques semaines. P_o_L est d'accord pour tenter le coup malgré une première expérience décevante (un service exécrable, alors, ce que semblent appuyer de nombreux commentaires sur internet).
L'endroit est en tout cas tout à fait ravissant et asymétrique comme j'aime. Le jardin est complet et on nous propose la véranda, où nous nous installons après avoir salué les cuisiniers et descendu quelques marches.
La salle au plafond bas laisse entrevoir des pavés sous le sol. On envie ceux, chanceux, qui déjeunent dans la verdure à quelques pas du vacarme de la place Clichy.
N'empêche, on est bien quand même malgré la table voisine où un homme s'esclaffe fort bruyamment.
Les plats se font un peu attendre mais nous ne sommes pas pressées et puis, avec P_o_L, on trouve plein de sujets de discussions, même si je l'ai vue la veille.
Je lui raconte le meuble de ma salle de bains démonté à 23h avec un tournevis de merde et remonté dans la foulée, à la Fiso. Mon meuble, c'est la tour de Pise, msieu-dames, mais il tient debout (enfin, pour l'instant).
Mon confit de pintade est très correct, le melon de P_o_L pas vraiment gorgé de soleil et le service tout à fait agréable. En dessert, j'hésite entre moelleux chocolaté au piment d'Espelette, panacotta à la verveine et cheesecake (ahhhhh, le cheesecake !) mais comme P_o_L est super raisonnable aujourd'hui et choisit une salade de fruits, je me rabats sur une verrine de perles de coco à la mangue.
Bon c'est pas le tout mais on a une visite à faire. P_o_L va être ma touriste test (je vous en reparlerai).
Le site de l'hotel dont dépend le Bistro des Dames est fort sympathique, je vous le mets donc en lien (goûtez la petite zik version jazz manouche)
Mon bouquin commence son parcours à Opéra, je le rejoins donc en cours de route. P_o_L me guide jusqu'à la rue de Douai.
Rue Chaptal, nous voilà devant le Musée de la Vie Romantique, que je me promet de visiter depuis un moment. Aujourd'hui, je veux juste prendre une photo de l'hotel particulier qui l'abrite mais la jeune femme a l'entrée nous convainc "La visite est gratuite et le musée n'est pas très grand". J'interroge P_o_L du regard, banco !
La grande maison verte et blanche, où il s'installa en 1830, entrepose bronzes et portraits d'artistes et amis du peintre Ari Scheffer et de nombreux objets ayant appartenu à George Sand, qui y séjournait fréquemment. Dans le jardin, on peut s'offrir une pause.
Nous, on veut boire un panaché, on va donc se poser à l'angle des rues de Douai et Fontaine, face au bar Crown qui ne s'appelait pas comme ça lorsque P_o_L le fréquentait, dans sa jeunesse (ouais, t'as vu, je raconte tout, P_o_L ! )
Rue Fontaine, je stoppe, perplexe, devant un panneau de l'histoire de Paris qui indique, au n° 19 bis, l'atelier du peintre Degas (de Gas, en fait). Sauf que su le panneau, il est question de ses ateliers rue Pigalle et ailleurs mais pas là ! Le mec qui l'a posée était bourré ou provincial ?
[en fait, P_o_L, Degas a réellement tenu atelier là, mais au n°21 ... ils sont d'ailleurs nombreux à avoir logé dans cette rue, Toulouse-Lautrec, Pissarro, André Breton ... et même Mimie Mathy, grande copine de Deftones. Pour bien faire, faudrait que je me balade avec mon ordinateur dans les bras!)
Nous continuons dans cette rue bordée de boutiques d'instruments de musique d'où s'échappent parfois des accords de guitare électrique.
A l'angle de la rue Pigalle, une enseigne dorée attire mon regard. C'est chez Moune, club à .... (faites la rime)
Rue Victor Massé, à gauche, se trouve l'avenue Frochot et un édifice couvert de vitraux. Mon bouquin ne les mentionne pas, je me carre donc mes questions où je pense, et j'apprendrai, de retour chez moi, que cette impasse a accueilli Alexandre Dumas, les frères Renoir, Victor Hugo à son retour d'exil, Toulouse-Lautrec et Django Reinhardt. La jolie maison à l'entrée serait même hantée ! (ptain, je vais te les faire flipper, les touristes !)
Quand à l'édifice à vitraux, c'est le théâtre en rond de Paris (ça c'est une info pour Boug' qui s'est extasiée devant en rentrant du théâtre, jeudi dernier)
On ne peut quitter la charmante ruelle pavée sans remarquer cette demeure de 1837 qui fait angle avec la rue Frochot.
[Dans les années 1920, elle fut reconvertie en cabaret, Le Shangaï. Sa façade incurvée s'orna alors d'un magnifique vitrail Art déco inspiré d'une estampe du peintre japonais Hokusaï. Ce tableau représente le mont Fuji près d'être submergé par de gigantesques vagues. Sur chaque côté, un couple de cigognes en fer forgé peine à fuir ce désastre imminent. En 1954, A. Gomis et J. Peccoux la transformèrent en Théâtre en rond, salle de théâtre expérimental au centre de laquelle se trouvait la scène. Aujourd'hui, un cercle de jeux occupe les lieux. En prenant du recul, on peut apercevoir au-dessus une terrasse bordée d'une balustrade en ferronnerie et les faux pilastres qui encadrent les fenêtres. Une corniche saillante à modillons délimite le second étage en retrait coiffé d'une toiture en parapluie. La façade de la même maison mais côté rue Frochot au n° 2 se signale par deux statues à l'antique posées dans des niches.] [source]
Malheureusement, l'avenue Frochot est fermée au public mais j'ai trouvé un filon : on peut la visiter au travers d'un "parcours imaginaire" annuel, tout ce qu'il y a de plus réel, et grâce au conseil de quartier Lorette-Martyrs (P_o_L, tu notes ?)
Rue Victor Massé, il faut lever le nez, car l'achtiecture est belle.
A gauche, un décroché mène à la cité Malesherbe. Cité Malesherbe, cité Malesherbe ... ?? Mais oui, m'écrié-je, devant une P_o_L médusée. C'est là qu'est la maison de Cuvelier ou Juvelier ! Heu, Jollivet, le fameux gars qui a peint les plaques scandaleuses de l'église Saint Vincent de Paul (allez, faites marcher votre mémoire ou remontez de quelques jours)
Hélas, la porte de fer est fermée et bien fermée. Quoi ??? m'étranglai-je en couinant, comme Coluche en son temps. Je peste déjà contre ces voies publiques qui deviennent privées pour préserver la tranquilité des nantis. Mais je n'ai pas dit mon dernier mot et P_o_L sur les talons, j'atteins la place Lino Ventura, bifurque à gauche et hèle un trio qui vient de me claquer la porte au nez. "Il faut appuyer sur le P de Porte pour l'ouvrir " dit-il. Je ne l'aurais pas deviné. Donc, ami lecteur, si tu veux aller flâner dans la cité Malesherbe, la lettre magique c'est P comme "Personne ne m'empêchera de rentrer".
Dans la cité Malesherbe, P_o_L repère vite la facade couverte de lave volcanique émaillée qui porte le nom de son propritétaire. Il y a aussi la villa Clara et d'autres belles demeures où vécurent, au n° 18, les Lesueur, couple de comédiens et amis de George Sand, Drieu de la Rochelle ...
P_o_L file récupérer son scooter et m'abandonne à la suite de ma flânerie. Moi je descend la rue Pigalle ... (à suivre)