Samedi, j'ai emmené l'artiste peintre de la famille, de passage dans le coin, visiter avec moi une exposition que j'avais repérée et qui promettait mille délices : "Désirs et voluptés à l'époque victorienne", au musée Jacquemart-André.
J'avais oublié à quel point l'hôtel particulier qui abrite le musée Jacquemart-André est somptueux et mérite à lui seul les 11€ qu'il faut débourser pour pénétrer dans son enceinte. J'ai dû tirer Mère Mi par la manche jusqu'au premier étage où se tenait l'exposition, elle qui, malgré une vingtaine d'années à Paris, ne connaissait pas l'endroit.
Premier plaisir : les photos - sans flash - sont autorisées ici. 8 salles dévoilent une cinquantaine d’œuvres à travers lesquelles les peintres britanniques, appartenant au mouvement esthétique, ont sublimé la beauté et la sensualité féminine, sous le règne de la reine Victoria. Ce soir, je me coucherai moins bête, j'ai également appris ce qu'était le préraphaélisme.
Dans la salle 1 "Désir d'antique", on découvre l'engouement de Lawrence Alma Tadema, d'origine néerlandaise, pour l'Antiquité. Et une toile grand format magnifique, "Les roses d'Héliogabale", qui restitue un épisode tragique du règne du jeune et pervers empereur Héliogabale : celui-ci, lors d'un banquet, ordonna de déverser le contenu d'un plafond réversible sur ses courtisans qui moururent étouffés sous une pluie de violettes (remplacées ici par des roses).
La salle 4 rend hommage aux "Femmes fatales", celle dont la beauté vénéneuse ensorcelle et qui fut grandement représentée par John William Waterhouse. On y trouve plusieurs portraits de sorcières comme désolées de semer l'épouvante, comme "La Mer Enchantée".
Les encadrements gravés sont somptueux aussi, comme sur ce tableau d'Arthur Hughes, dans la salle 5 dédiée aux "Héroïnes amoureuses", où l'on peut lire :
"Geraint le courageux chevalier de la Cour d’Arthur avait épousé Enid. Le seul enfant d’Yniol. Et il l’aimait comme il aimait la lumière du ciel".
Moi j'ai été subjuguée par la robe d'un velours qu'on aurait cru pouvoir toucher du doigt tant il était réel, celui du "Sentier de l'amour" de Talbot Hugues. D'une manière générale, j'ai trouvé la luminosité des huiles sur bois exceptionnelle.
Salle 7, on célèbre la "Volupté du nu", plutôt imberbe, comme l'aime Patton. J'ai goûté le très beau pastel de Dante Gabriel Rossetti qui célèbre la beauté rêveuse de Venus Verticordia (reflet inévitable, désolée).
Et bien sûr, "Crénaia, la nymphe de la rivière Dargle", qui orne l'affiche de l'exposition et dont j'ai découvert qu'il avait été peint pour le vicomte irlandais Powerscourt dont j'ai jadis visité la demeure, près de Dublin.
Enfin, on s'adonne, salle 8, avec les artistes qui composent cette exposition au "Culte de la beauté". Cellle qui m'a fait tendre la main pour cueillir les iris si réels de la toile de Godward, "L'absence fait grandir l'amour".
Vous ne trouvez pas qu'on les croirait vivants ?
J'ai aimé aussi sa "Beauté classique", pleine de mystère.
Sur le site du musée, vous pouvez trouver le parcours de l'exposition et l'analyse de plusieurs toiles.