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quine

  • Chez Quine, ça défourraille !

    Vendredi soir, je prends le train, arrivée prévue à 20h10. Je m'assoupis, la faute à une pinte de Leffe bue avec les collègues à la gare Saint-Lazare, associée à un petit déficit de sommeil.

    20h15, je me réveille, en pleine campagne, toute vert tendre sours le soleil couchant. Un message de Quine sur mon répondeur : "Ton train est arrivé mais je te trouve pas dans la gare, t'es où ?"
    Je l'appelle "Ben non, je suis pas arrivée, je suis en plein campagne, là".

    Le wagon est désert à l'exception d'une jeune homme endormi que je réveille, malgré moi, prise d'un affreux doute. Il ne sait pas non plus où on est mais c'est sûr, on se trouve dans le bon train car il va au même endroit que moi.
    - Tu as fait plusieurs arrêts ?" demande Quine, toujours en ligne.
    - Ah oui, pleins d'arrêts.
    - Bon, ben cherches pas, t'as pas pris le direct mais l'omnibus, tu arrives dans 30 minutes."
    Je suis confuse mais elle est cool, Quine, tout la fait rire.
    En attendant je réponds au sms de la jolie brune avec laquelle j'ai diné la veille et la mène en bateau, lui faisant croire que j'ai pris le train pour Bruxelles.
    A l'arrivée, Quine, hilare, m'emmène au resto et on mange une énorme salade bressanne au poulet grillé et crème de Maroilles, une tuerie craquante et copieuse.

    Chez mon amie Quine, la météo maussade nous a contraintes (tu parles !) à passer le week-end lovées sur son canapé, à refaire le monde, entre rires et confidences. J'avais ramené Paddy Casey, mon chouchou irlandais, et Michael Kiwanuka, les deux CD que j'écoute en boucle en ce moment. Et samedi soir, après un concert de clarinette, une question : quel DVD va-t-on regarder ? Quoiiii ? Tu ne l'as jamais vu ???? Ah ben alors, "Les tontons flingueurs" !

    J'avais déjà, il y a peu, découvert "Faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages" et ri devant la délicieuse petite peste qu'incarnait alors Marlène Jobert, une des plus charmantes frimousses du cinéma français.
    Et voilà que, une boule de poils répondant à l'étrange sobriquet de Plume sur les genoux, un Nespresso dans la main, je découvrai le savoureux argot des Tontons flingueurs, ses expressions cultissimes, ses scènes d'anthologie, Francis Blanche et une brochette d'acteurs entrés dans la légende. Une phrase qui résonne, familière, quelques instants à fouiller mes souvenirs et une énigme résolue, l'origine d'une publication sur le mur de Deftones : "J'connais une polonaise qu'en prenait au p'tit déjeuner".

    Après le film, on a embrayé sur les suppléments que Quine n'avait pas eu le loisir de visionner et ceux-là valent autant d'être vus que le film.
    La Cuisine des Tontons, ce sont les secrets de tournage, où j'ai appris que la dernière scène du film fut tournée à l'église Saint-Germain de Charonne, devant laquelle, en route pour le collège, je passais chaque matin à l'époque où j'habitais le quartier Saint-Blaise. Des interviews, celles de Jean Lefebvre, Costa Gavras, Robert Hossein.

    Une autre partie décrypte les multiples références faites dans le film à une époque que je n'ai pas connue : l'homme du XXème siècle, l'argot utilisé dans le film et, si j'en connaissais pas mal, l'apprentissage de nouveaux termes : le velours, décambuter, baccara etc.

    Un chouette site recense quelques savoureux extraits : ici et un autre, l'intégralité des dialogues du film .

    Et puis, après le dico des Tontons, "Le fantaisiste pop", un documentaire passionnant sur un inconnu de nous, Michel Magne, romantique farfelu, qui se suicida à 54 ans dans une chambre d'hôtel de Cergy-Pontoise. Un génie, auteur des B.O. de plusieurs classiques français, ami de Jean Yanne, propriétaire d'un studio d'enregistrement très couru, le château d'Hérouville, et qui eut des idées aussi loufoques et percutantes que de diffuser un discours d'Hitler à l'envers, "pour lui faire ravaler ses paroles".

    Et moi, à la prochaine visite à la médiathèque de ma ville, je vais filer tout droit à la lettre A comme Audiard.