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souffrance au travail

  • Le harcèlement ne connaît pas la crise

    harcèlement,travail,nouvel observateurPourquoi ai-je trouvé dans ma boîte aux lettres, il y a 2 jours, un exemplaire du Nouvel Observateur, auquel je ne suis pourtant plus abonnée depuis longtemps ?

    Lorsque j'ai ouvert l'emballage et découvert le titre du dossier spécial, j'ai souri : " Stress, harcèlement, souffrance au travail : mon chef me rend fou ! " Voilà qui tombe à pic, alors que je multiplie les billets sur les ravages et bienfaits de la communication. La coïncidence est troublante.

    Extraits :
    Le mal se banalise. Nombre d'études l'affirment, les personnalités difficiles s'épanouissent au boulot, où elles grimpent sans peine l'échelle hiérarchique, jusqu'à régner en despotes. (...) Ce tyran séducteur s'arrime partout où le pouvoir, le statut social et l'argent sont des enjeux. D'aspect aussi normal que vous et moi, le SOB (Seductive pOperational Bully) se caractérise par son absence d'empathie, de sentiment, de culpabilité et de remords, mais aussi par des qualités d'adaptation hors du commun. Aucun scrupule à faire des crocs-en-jambe, une vraie propension à doubler par la droite. Le ticket gagnant pour atteindre le haut de la pyramide.
    "Les entreprises les aceptent parce qu'ils sont très rentables : comme ils n'ont pas d'états d'âme, ils font merveille pour dégraisser", décrypte le psychiatre Dominique Barbier, auteur de "La fabrique de l'homme pervers".
    (...)
    Le chef tyrannique s'attaque toujours à des employés dévoués, soucieux de bien faire. Des proies sensibles aux critiques, jamais des je-m'en-foutiste. Plus que la psyché dérangée des chefs, ce sont les méthodes de management à la hussarde qui sont la clé de voûte de cet édifice en péril. Partout où la souffrance se déploie, les boîtes sont en sous-effectif chronique. Les objectifs, irréalistes. A moins de sortir la cravache. Ils sont amenés à se muer en harceleurs en mettant la pression, en véhiculant la peur, en clamant : "Si tu n'es pas content, tu t'en vas!" Jusqu'au jour où ils deviennent à leur tout des victimes du système. Arrêts maladie qui se multiplient, productivité en baisse. L'élastique trop souvent tendu vous revient inéluctablement en pleine figure.  
    (...)
    Les recruteurs cherchent désormais à repérer les apprentis tyrans. Un test en 111 points, le Business-Scan (B-Scan) a été élaboré pour traquer ces personnalités à problèmes. Et éviter de les embaucher.

    (source Le Nouvel Observateur, édition du 16 au 22 mai 2013; réactions ici)

    J'ai croisé une seule fois dans ma carrière une chef perverse. Entrée dans la boîte en tant qu'assistante, elle avait vécu une histoire d'amour aussi passionnée que tumultueuse avec son patron, lequel s'était fait virer manu militari après avoir menacé de casser la gueule de son N+1 qui commençait à tourner autour de la jolie blonde. Moins de 2 années après son arrivée, elle prenait le poste de son responsable. Ça vous fait sourire tellement c'est gros ? Et pourtant c'est du véridique. Elle m'a raconté l'histoire d'amour, du temps où elle était en mode séduction/copinage, et ses collègues ont complété la suite de l'histoire.
    Moi je déboule dans le service au moment où son adjoint démissionne en l'assignant aux prud'hommes pour harcèlement moral, et son assistante, en arrrêt maladie, pour harcèlement moral et physique. J'ai eu la présence d'esprit de décliner, quelques mois plus tard, sa proposition de devenir son adjointe, au vu de "mes excellents résultats". Au bout d'un an, nos rapports se durcissaient et 2 ans plus tard, je commençais à perdre pied, prise entre le marteau et l'enclume : mes collaborateurs avec lesquels j'entretenais de bons rapports et elle, qui me reprochait un management trop humain, illustré par ma fâcheuse manie de boire des cafés avec mes collaboratrices, à ses yeux de vulgaires subalternes, au lieu de viser les cadres supérieurs.
    Conseillée par mon ami JM, j'avais alors entrepris un bilan de compétences et sorti l'artillerie lourde : la panoplie de protection du harcelé. Ma consultante m'a fourni le portrait du harceleur et les mesures à mettre en place pour la contrer. Désormais ses instructions systématiquement verbales, auxquelles bien sûr je ne comprenais jamais rien, furent suivies d'un mail de ma part qui résumait la tâche demandée. Elle est allée jusqu'à me faire convoquer par mon N+2 pour me dissuader d'utiliser ces méthodes, dont elle avait parfaitement compris le but.  Je n'ai rien lâché, un véritable bras de fer. Elle en avait usé d'autres mais moi, elle ne m'aurait pas. J'étais apprécié des gens que je servais et irréprochable : même pas un arrêt maladie en 6 ans.

    Après quelques mois j'ai demandé un changement de service et répondu aux questions de la DRH (qui était chapeautée par l'éxécutif, en l'occurrence mon N+2) : j'ai dénoncé les insultes, les abus de pouvoir (elle avait exigé et obtenu de tout son service, sauf moi, les mots de passe de leurs messageries et connexion au SI-RH). Quelques mois après s'être faite élire membre du CE, elle quittait l'entreprise pour un poste de responsable chez LVMH. Sa belle réussite professionnelle confirme le constat du Nouvel Obs : les salopards réussissent, en tout cas pendant quelques années, le temps de briser quelques travailleurs (en France, 400 suicides par an sont directement liés au travail)

    Quand à moi, j'ai beaucoup appris de cette expérience. D'abord, que j'étais moralement forte. Ensuite, que j'avais des valeurs qui n'étaientt ni l'argent, ni la réussite sociale, en tout cas pas de cette façon-là. Et puis j'ai appris à faire confiance à mon intuition, celle-là même qui m'avait fait décliner la promotion apparente qu'elle m'offrait, en dépit des conseils de mes amis. Enfin, j'avais désormais une idée assez précise du profil type de la suspecte (ben oui parce qu'à mon grand regret, les seuls arrivistes avec lesquels j'ai été contrainte de travailler dans ma carrière étaient de sexe féminin) :
    - douce (en apparence)
    - rarement moche et bien consciente de son pouvoir de séduction
    - apparemment ambitieuse mais en fait arriviste, la réserve et l'humilité ne sont pas ses meilleures qualités. Elle prend soin de faire savoir, de préférence à sa hiérarchie, tout les merveilleuses choses qu'elle fait pour la société (le mail et la touche "cc" sont ses meilleurs alliés).

    Et vous, vous avez déjà eu à faire avec des chefaillons, harceleurs et assimilés ? Quel était leur portrait ? Et comment vous en êtes-vous sorti ?

    A venir, le test : "Votre boss est-il psychopathe ?"