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Suicide, l'envers de notre monde

L' émission Bateau-Livre présentait ce matin le dernier livre du sociologue Christian Baudelot "Suicide, l' envers de notre monde", étude mondiale et sur 2 siècles portant sur cette énigme qu'est le suicide.

La France se place au 3ème rang dans le classement du nombre de suicides, derrière la Russie et la Littuanie.

Tout d'abord, un constat : on se suicide plus dans les pays riches que dans les pays pauvres. Emile Durkheim - auteur d'un traité fondateur sur le sujet en 1897 - disait même "La misère protège". Plus que la misère, c' est la solidarité et l'instint de survie collectif qu'elle entraîne qui protège. Dans les pays riches,  ce sont les pauvres qui se suicident. Ce n'était pas le cas à l'époque de Durkheim. Plus vous gravissez l'échelle sociale, plus vous avez d'amis, de relations, et moins vous vous suicidez. Et inversement quand vous descendez. Devenir pauvre dans un pays riche engendre bien plus de souffrances qu'être pauvre dans un pays pauvre. La religion, encore très présente dans les pays pauvres, protège également du suicide, comme la famille : les célibataires et les divorcés se suicident plus que les gens mariés. J'ai relevé certaines statistiques étranges: on se suicide plus le lundi que le dimanche, et au printemps plutôt qu'en hiver. L'auteur explique la recrudescence des suicides le lundi par le fait que c'est le jour de la reprise, alors que la fin de la semaine signifie les retrouvailles avec la famille qui joue un rôle protecteur. Les femmes se suicident 4 fois moins que les hommes, ce qui contrarie les prévisions initiales des sociologues qui pensaient qu'en adoptant un mode de vie similaire à celui des hommes, l'écart allait se réduire. Il semble que là aussi, le réseau familial et le rôle central de la femme qui s'occupe de toutes les générations la protège. En s'occupant des autres, elle s'écouterait moins. Cela explique aussi qu'on enregistre une baisse des suicides féminins le mercredi (jour où les enfants sont à la maison).

Signe révélateur de la morosité ambiante, le suicide des jeunes ne cesse d'augmenter dans la majorité des pays de l'OCDE, depuis les années 1970. Au 19ème siècle, les jeunes se suicidaient très peu et les personnes âgées bien plus. Cette tendance s'est inversée  partir des premiers chocs pétroliers. Les jeunes sont les plus touchés par les nouvelles formes d'emploi précaire, le chômage, l'âpreté de la compétition, l'absence de perspective d'avenir, apparus après la crise. Seuls l'Allemagne et le Japon sont épargnés car ils favorisent davantage l'insertion professionnelle des jeunes. Cet écart entre les pays montre bien que le suicide des jeunes n'est pas une fatalité ...

Commentaires

  • J'ai une explication sur le suicide le lundi. A mon avis c'est surtout pour les gens seuls. Le week end ils sont entourés par la famille mais le lundi les rappelle à la dure réalité et les remet face à leur solitude.
    Quant aux hommes qui se suicident plus que les femmes, je pense qu'ils sont plus fragiles que nous.

  • Oui, mais plutôt que la fragilité masculine, je pense que les hommes ont plus de mal que nous à appeler au secours quand ça va mal. Ils ont une vie sociale moins riche et se retrouvent parfois isolés dans les moments difficiles. Peut-être aussi ont-ils plus de mal à supporter les échecs ?

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