Il y a quelques mois j’y ai lu une interview de Ted Stanger, journaliste et écrivain américain auquel on doit « Sacrés français ! », « Sacrés Américains ! » et enfin « Sacrés fonctionnaires ! ». Le regard qu’on porte de l’extérieur sur mon pays m’a toujours intéressée.
Voici donc quelques-unes des observations de M. Stanger avec lesquelles je suis plutôt d’accord :
Sur l’enseignement :
« En France, l’enseignement est assuré par des fonctionnaires qui, le plus souvent, n’ont jamais travaillé dans une entreprise. Enseigner la philosophie, la littérature, c’est important mais ça ne prépare pas du tout à gagner sa vie. (…) Le gros problème du système scolaire français est le divorce total entre l’école et le monde du travail ».
Sur l’argent
« En France, il est honteux de parler d’argent et celui qui en gagne beaucoup est souvent considéré comme un voleur ».
Sur les entreprises françaises :
La France est un pays merveilleux pour dépenser son argent, moins pour en gagner. (…)
Les patrons ont rarement pour motivation principale d’améliorer le sort de ses salariés. (…)
On laisse peu de chance aux jeunes qui se trompent de voie ou qui rencontrent des difficultés scolaires. Celui qui ne prend pas le bon chemin aura beaucoup de difficultés à rebondir car la promotion au mérite ne fait pas partie de la culture française. Aux USA si on travaille dur, on est récompensé ».
Sur les Français râleurs et contestataires :
Le monde du travail en France a une très mauvaise image. Tous les Français rêvent d’avoir un CDI. Ils sont attachés à la sécurité de l’emploi. D’ailleurs, 75 % des jeunes Français rêvent de devenir fonctionnaires.
Sur la solidarité :
L’Etat providence viendra à leur aide. Cette confiance en la capacité de l’Etat à se sortir des situations difficiles n’est pas propice aux initiatives personnelles.
Sur les relations des français avec le téléphone :
A l’école la priorité est de savoir écrire, pas de savoir parler.
Sur les Français et le service client :
A partir du moment où l’on considère que celui qui pose une question est un imbécile et un emmerdeur, comment peut-on le satisfaire, lui rendre service ?
Répondre au téléphone n’est pas considéré comme un vrai métier, ce n’est pas très valorisant.
Contrairement aux Japonais, les occidentaux – Français comme Américains – ne se mettent pas suffisamment à la place de l’autre. Le client n’est pas roi, loin de là.
Et vous, vous en pensez quoi des constats de M. Stanger ? D'accord ou pas d'accord ?
Commentaires
Preum's.
Et j'ai une remarque.
M. Stanger semble considérer que le travail est une fin en soi. Il n'est pas honteux d'espérer avoir un CDI et ne pas passer sa vie à angoisser pour savoir comment on va manger le lendemain.
La plupart de ses remarques tournent autour de ça. Par exemple, on ne va pas réformer l'école uniquement pour que les jeunes puissent parler correctement s'ils travaillent dans des services de hot line...
Je ne suis pas d'accord non plus avec le truc pour les Japonais. Enfin si ! Je suis d'accord, mais pas sur le fait de tourner ça au désavantage complet des occidentaux. J'ai travaillé avec des Japonais. Ils passaient plus de temps à se demander pourquoi je voulais quelque chose (en se mettant à place) qu'à faire ce que je voulais !
il faut avoir été aux états-unis pour comprendre leur mentalité et culture....
je n'adhère pas du tout!
en call-center : les champions
l'irlande valorise les étrangers
deux amis y travaillent... il doit avoir 5% d'irlandais à travailler dans le quartier buzz-ssiness à Blanchardstown
turn-over so speed!
sinon le maroc et l'inde ça le fait sur l'exploitation....
Sur les relations des français avec le téléphone :
sinon
A l’école la priorité est de savoir écrire, pas de savoir parler.
(je suis un pédago' c'est une connerie - l'expression orale est favorisée si nous maitrisons l'écrit - un exemple : les enfants qui écrivent et ont peur de parler peuvent partager leurs peurs et s'améliorer voire guérir).
les "ohoh" d'Oprah Winfrey ne favorisent pas l'apprentissage de la langue anglaise (pas l'américain!)
allez je vais aller manger du pavé (pour profiter de la fin du mois de mai)....
Sur la valeur travail, je suis assez d'accord avec Nicolas. Il me semble que notre culture défend l'être et pas le faire. Sujet à creuser. Peut-etre que c'est justement le point de rupture entre sociale démocratie et libéralisme !
Ça me fait toujours rire les trucs avec le téléphone. Quand on te recrute pour du phoning, on essaie de te motiver parce que tu représentes l'entreprise et patati et patata, c'est vachement important. Mais c'est tellement peu rémunéré, qu'en fait de valorisation, ça ne va pas chercher bien loin ! C'est vrai qu'en France, on ne gagne pas d'argent !!!
Pour l'école et le monde du travail, ce n'est pas son rôle !
Je veux bien que l'éducation national fournissent aux entreprises privées des employés formés sur mesure mais, à mes yeux, il s'agit déjà de formation professionnelle et plus d'enseignement.
A la limite, l'Etat devrait assurer jusqu'au bac et le reste devrait revenir aux professionnels, quitte à passer en partie par un financement privé…
Je souligne que l'auteur est obligé de grossir le trait pour rendre le livre intéressant. S'il ne le faisait pas, comment pourrait-il espérer accrocher les lecteurs français ?
:-)
99,9% d'accord avec Ted ! Je repasserais pour expliquer le 0,1% de désaccord, parque je n'ai plus les doigts en face des touches, à l'heure qu'il est ;-))
Ca ressemble à ce que mes amis étrangers m'ont rapporté sur la France, ce qui m'a frappé dans leurs remarques, c'était surtout le "vous faites la grêve pour un rien!". Pour le reste, je reconnais certains de mes concitoyens dans ce que tu as dit. C'est fou comme ils voient juste, c'est pas que des préjugés.
Je pense notamment aux profs qui nous enseignent des choses alors qu'ils ont jamais bossé dans le privé, l'état assistance, le fait qu'on a du mal à parler d'argent etc.
Pour le 0,1% restant, je pense que Ted ne s'est pas montré assez cruel :-)
Mais, plus sérieusement chacun jauge l'autre, l'étranger au travers d'une gilles de lecture composée de ses propres valeurs, celles qui ont la côte dans sa propre culture.
Donc, rein d'étonnant à ce qu'un Américain décèle des monstruosités dans la société française et... vis versa.
Bon Dimanche !
Nicolas,
Merci de ton avis et ton apport sur les Japonais; vu comme ça, c'est vrai qu'on tourne en rond ;)
Pour le CDI, je ne partage pas ton point de vue, je pense que le CDI freine l'embauche (sans parler des difficultés qu'ont les non-CDI à se loger ou obtenir des prêts, ce que trouve absolument injuste)
Olive,
Tu parles de l'Irlande que je connais pour y avoir vécu et bossé en call-centers justement. Le nombre important d'étrangers n'est pas expliqué par une supposée volonté d'exploiter mais par le fait que les call-centers recrutent majoritairement des personnes parlant une autre langue que l'anglais. Et crois-moi, l'Irlande a été un eldorado pour bon nombre de jeunes français, en particulier parisiens d'origine étrangère ou provinciaux condamnés au chômage ici. Ca a d'ailleurs éveillé un certain racisme chez les Irlandais et généré pas mal d'incidents.
Quand au Maroc et à l'Inde, c'est facile pour nous, bien nourris et au chaud, de dénoncer une exploitation. Il faudrait leur demander, à eux, s'ils vivent mieux maintenant qu'avant. Les considérations sociales et philosophiques, quand on est misérable, malade et qu'on a faim, on s'en tape le coquillard.
Filaplomb,
Bien sûr que l'école ne doit pas se substituer à la formation professionnelle. Je ne sais pas ce que tu en penses, mais quand je vois le nombre de mes amis qui font un métier sans aucun rapport avec leur formation initiale et leurs diplômes, je me dis qu'il ne serait pas inutile de mettre en relation le monde du travail et les lycéens auxquels on demande très tôt de choisir une orientation. Par exemple, je suis favorable à des jeux de rôle psychologiques pour aider les jeunes à cerner leurs goûts et valeurs. Ca se fait au Canada. Et aussi favorable à des journées de rencontres avec des travailleurs qui expliqueraient leurs métiers. Et une orientation basée non pas sur une supposée intelligence (toi t'es trop con tu seras plombier ou dactylo) mais sur des aptitudes.
Cha,
Oui les français n'ont pas très bonne réputation en tant que travailleurs. Toujours à ronchonner et à traîner la patte. Je me souviens de l'étonnement de mes collègues irlandais face à mn discours souvent revendicatif. Les moutons ne sont pas que dans les prés, parfois, mais c'est aussi dû à l'histoire du pays et à sa toute récente sortie de la misère.
Et c'est vrai que dans ce pays, le type qui réussit et surtout qui a du fric est considéré comme un voleur.
Scheiro,
C'est ce qui est intéressant. S'inspirer de ce que les autres font mieux que nous et ne pas faire les mêmes erreurs qu'eux.
sophie
pourquoi un tel turn-over si c'était si bien les call-centers?
le reste trop long à développer! cotisations sociales,...
il n'y a plus d'irlandais dans dublin center!
bonne soirée je dois aller enlever le sable de la plage et les confettis de "à caen la paix!"
Olive,
Le turnover ? Parce qu'il y a tellement de boulot (quoique ça commence à changer, normal, toute croissance a ses limites) que les gens changent rapidement de sociétés. Et puis, comme on bénéficie de nombreuses formations, on acquiert des compétences et on évolue vite à des postes d'encadrement ou autres. Ensuite, la plupart des expatriés comme moi reviennent en France ou ils trouvent enfin un boulot dans un autre domaine que les centres d'appels (boulot qu'ils n'auraient pas eu ici avec leur seule motivation comme bagage). Il ne faut pas cracher dessus, les call centers peuvent être des tremplins.
Ca me surprend toujours cette habitude très française de se sentir exploités dans tout, alors qu'au départ, on a signé un contrat en toute connaissance de cause.
Fiso,
Ta réponse est agréablement contradictoire : le CDI freine l'embauche mais tu ne peux rien faire sans CDI...
Nicolas,
Ben oui c'est le système français qui est complètement con. Et c'est le fait de galérer pour tout si on n'a pas de CDI qui explique que les gens y soient autant attachés.
Fiso, je te rejoins complètement sur cette remarque : "Ca me surprend toujours cette habitude très française de se sentir exploités dans tout, alors qu'au départ, on a signé un contrat en toute connaissance de cause." Moi aussi, c'est qq chose que j'ai vraiment du mal à comprendre. On signe bien un CONTRAT à l'embauche en France, non ? Et sans que personne ne braque un calibre sur la tempe du signataire, je crois ? Je dis je crois parce que les choses ont peut-être changées depuis, l'époque lointaine où j'ai signé ce genre de choses :-)
Pour les call centers j'ai en tête un roman de Douglas Kennedy dont je ne me rappelle pas du titre mais avec une histoire de startup tordante ;-)
Oui, mais ce n'est pas une raison pour supprimer le CDI !
Je me demande si tu ne prends pas le problème à l'envers !
Nicolas, je vais t'avouer un truc : je suis pour la suppression du CDI.
Parce que j'ai vécu dans un pays ou les contrats d'embauche étaient de 2 ans renouvelables et ou tu pouvais te loger sans qu'on te demande 3 mois de caution + des garants + un salaire net égal à 4 fois le montant du loyer. Et ou, hasard ou coincidence, on ne te demandait pas toute une batterie de dipômes + expériences pour t'embaucher. Et je n'ai pas jamais été virée.
Quand je suis rentrée en France à 31 ans et qu'on a voulu me faire le coup des garants, j'ai bien cru que j'allais repartir illico presto.
De plus, aujourd'hui, je suis sincèrement désolée pour les gens qui n'ont pas d'autre ambition que de décrocher un CDI et de végéter en attendant la retraite.
On voit ce que ça donne, des gens aigris qui passent leur temps à se plaindre (mais quittent rarement leur boulot, bref, ils emmerdent tout le monde) et au bout de quelques années, si on a de chance, des gens qui n'en ont plus rien à foutre.
Je vais te dire, si je savais que j'avais les mêmes droits que les CDI, je serais en intérim aujourd'hui.
Et encore ça va, il est gentil Mr Stanger avec nous... Pas très loin de la réalité même...
Bon, il est tard, je reviendrais mettre mon grain de sel plus tard...