En 1996, suite à un plan social de mon entreprise qui délocalisait tous ses bureaux européens en Irlande, j'atterrissais à Dublin. J'y vécus 6 ans. Le pays, jadis l'un des plus pauvres d'Europe, faisait alors l'admiration de tous. Une croissance record, un taux de chômage ridicule. Les constructions allaient bon train, les voitures étaient toutes neuves, les bars et boutiques branchées se multipliaient et les agences de recrutement fleurissaient à chaque coin de rue. Avec moi, une flopée de français, italiens, allemands, espagnols etc. vendit son exotisme dans des centres d'appels. Nous étions courtises par les plus grandes entreprises internationales - principalement américaines - pour travailler sur les marchés de la zone EMEA (Europe- Middle East-Africa). Les Africains francophones ne tardèrent pas à rappliquer, eux aussi, des pays européens ou ils vivotaient. C'est alors que la légendaire hospitalité irlandaise fut mise à mal. Le "tigre celtique" n'avait pas été préparé à l'immigration, habitué qu'il était à se vider de sa population. Une vague de xénophobie s'empara du pays et les passages à tabac se multiplièrent. Mes amis Irlandais étaient horrifiés que leurs compatriotes reproduisent un comportement dont leurs ancêtres, fuyant la misère, avaient été victimes en Australie, USA ou Angleterre. Je me suis retrouvée dans la peau des étrangers en France qui sont si souvent accusés de venir "piquer le boulot" des autochtones (sic).
Moi et mes amis étrangers ne manquions pas alors de souligner ce que tous semblaient avoir oublié. Les immeubles, les bus, toutes les constructions portaient la mention "Financé par la Communauté Européenne". En adhérant à l'UE en 1972, l'Irlande sortait de la misère grâce à l'argent de la communauté européenne. Certes, d'autres pays ont bénéficié des mêmes aides et n'ont rien su en faire. Les Irlandais sont courageux et travailleurs. Mais l'attitude populaire était puante d'arrogance et de xénophobie. Au moment du vote pour le traité de Nice, les banderoles "L'Irlande ne veut plus d'étrangers" et "Le traité de Nice va appauvrir l'Irlande" ne se comptaient plus.
Pourquoi l'Irlande a-t-elle dit non, par deux fois déjà ? Moi je dis : parce qu'elle est xénophobe et parce que, maintenant qu'elle s'en met plein les poches, elle ne veut pas participer au budget de l'Union. Il suffit de lire les gros titres des journaux irlandais pour le constater.
Ingrate Irlande ! As-tu oublié d'ou tu venais ?
Commentaires
peut être aussi que personne ne souhaite d'une d'Europe aussi libérale qu'elle est aujourd'hui
elle fait figure de handicap plutôt que d'avantage en ce moment.
personne n'a eu son mot à dire sur cette constitution sauf les politiques..c'est pas normal et les irlandais.
suis européen convaincu et ravi du non irlandais
Salauds d'Irlandais qui veulent rester eux-mêmes ! C'est un scandale, cette ridicule volonté de survie, moi j'dis...
Le titre est parfait. Le reste moins...
Les irlandais ne sont pas anti-étrangers, ce sont les étrangers qui sont anti-irlandais.
Ta vision des choses est caricaturale, à mon avis.
Il y a des avis que je partage.
Les Irlandais sont plus proches des Anglais qu'on ne le croit. Et plus encore qu'eux-mêmes ne l'avoueraient jamais...
Ellie,
Leur modèle est américain, surtout.
1.Il ne me semble pas que cette attitude soit propre aux Irlandais. J'ai vécu en Allemagne (certes contributeur et non bénéficiaire), en Belgique. J'y ai entendu les mêmes propos par certaines personnes. Je crois que c'est une question de maturité.
2. Quant aux passages à tabac d'étrangers, j'ai toujours du mal à critiquer autrui quand je vois ce qui se passe chez nous (cf. les élections de 2002). Il me semble qu'il ne fait pas bon être blanc dans cts pays africains non plus du reste.
A mon avis, ce "non" marque :
a ) ou l'incapacité du grand public à se prononcer sur ds sujets pointus comme une constitution (j'en suis)
b) ou l'incapacité de nos politiciens à expliquer clairement les choses, à prendre leurs responsabilités par rapport à l'Europe.
Il y a sans doute de la xénophobie mais pas que… Je crois que le NON est plus complexe que cela. Par exemple, le fait de voir tomber un texte aussi complexe à voter d'une seule pièce, ça laisse tellement de place au doute !
Les politiciens ont oublié en route qu'ils représentent le peuple et non pas qu'ils le dirigent ! :-))
Monsieur Poireau,
Je ne remets pas en question le "non" mais une attitude que j'ai observée et qui m'attriste :)
Nos dirigeants ont oublié une notion essentielle, celle du suffrage universel ...
C'est Ledru-Rollin, son fondateur, qui disait :
"Il faut bien que je les suive, puisque je suis leur chef!"
La vraie question essentielle et surement la plus importante que pose ce NON Irlandais est :
QUELLE EN SERA LA CONSEQUENCE SUR LE MARCHE DE LA GUINESS?
Bin ouai quoi, c'est important!!!
Ton expérience est intéressante. Je ne crois pas non plus qu'il y ait tellement moins de xénophobie chez nous. Peut-être s'exprime-t-elle un peu moins, parce qu'avec l'histoire qu'on se traine, c'est trop politiquement incorrect ! En tout cas, je ne crois pas qu'il faille résumer le peuple irlandais à l'image dans laquelle les tabloïds veulent l'enfermer, y'a sans doute des consciences un peu éclairées dans ce pays aussi.
Et puis il y a une portée symbolique à ce non : le seul pays sur 18 sollicité par référendum dit non. Pas un seul peuple, dans aucun pays, n'aura dit oui. Ca pose un vrai problème démocratique que les choix libéraux se poursuivent comme si de rien n'était... Bises, ma belle.
Je trouve ça égoiste de rejeter le système qui leur a permis de s'éléver à leur niveau actuel ...
United we stand, divided we fall!
Plumette,
Désolée, je n'avais pas répondu !
D'abord, bienvenue ici et merci de ton apport.
Ensuite, le sujet m'intéressant particulièrement, je sais parfaitement que la xénophobie n'est pas le propre de l'Irlande ! Ni même de l'Europe.
Et le fait que ça se passe aussi ailleurs ne le rend pas plus acceptable à mes yeux ... Au contraire.
Arno,
La pinte augmente, c'est un scandale !
Oh!91,
Voir réponse à Plumette :)
Cha,
Oui.