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L'enfant de Kin'

A travers la porte vitrée, je devine un visage sombre. J'ouvre la porte. Je lui tend les bras mais il ne bouge pas, un sourire aux lèvres. Déconcertée, j'essaie de le prendre dans mes bras mais il n'esquisse pas un mouvement. "Quoi tu ne m'embrasses pas?" lui dis-je. "Allez, j'attend" répond-il. Je comprend que je dois lui sauter au cou, ou quelque chose de ce genre. Je le fais avec toute la réserve que je peux avoir envers un être qui, bien que familier, m'est physiquement étranger. Il me prend dans ses bras, me serre très fort en criant "Ah, Sophie! Sophie".

J'aime ces effusions de joie typiquement africaines. Bonheur ou malheur s'expriment dans les cris et les larmes. Je me laisse aller à nos retrouvailles. Il ressemble tellement à son frère. Il est juste moins grand, il a les joues plus rondes et ce petit ventre qui plaît tant, au pays. Je me dis "Mon garçon, tu vas le perdre ton petit ventre en Europe". S'il ne perdait que ça ...

C'est ce que j'ai pensé quand M. m'a appris que son petit frère était arrivé en Irlande. Un moment de bonheur à l'idée de cet instant tant attendu, du soulagement qu'il devaient tous ressentir après ces années vécues dans l'hypothèse d'un "peut-être". La fin de sacrifices énormes, sur des salaires modestes voire misérables, pour envoyer des sommes phénoménales à des intermédiaires malhonnêtes qui vivent de la course à l'Europe. Sommes phénoménales disparues comme dans un thriller avec Pacino et de Niro. Le contact est mort, a été arrêté, tabassé, volé, tant de raisons bidons à une malhonnêteté organisée.

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