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D'un autre temps

Un matin, sous la lumière blafarde du métro parisien. Assise au chaud dans ma bulle musicale, les paupières alourdies de la mienne, trop courte,  je rêve, les yeux perdus dans la nuit du tunnel.

Mon regard s'écarte de la fenêtre et balaie le wagon bondé, s'arrêtant sur le profil d'un homme debout, appuyé contre la porte, la main négligemment posée sur la barre métallique. Hypnotisée, je profite du fait qu'il ne me regarde pas pour le détailler à loisir.

Grand et mince, je lui donne une vingtaine d'années. Son visage est mangé de moitié par une casquette de laine posée sur des boucles soyeuses qui lui caressent la nuque. Le velours imberbe de ses joues et ses lèvres roses et pleines, fermées sur une moue frondeuse comme celle que se donnent les jeunes garçons pressés de devenir des hommes, trahissent sa jeunesse. Il est magnifique.

Je passerai les vingt minutes de mon trajet à dévorer du regard ce jeune homme aux allures de titi parisien. Les hommes à chapeaux, qu'ils soient vieux ou jeunes, m'ont toujours fait de l'effet. Ah comme j'aurais aimé être femme des années 50 et me laisser enlacer, sous les lilas, par un homme coiffé d'un feutre et parfumé à l'eau de Cologne, qui aurait promené sa main gantée sur moi !

Le signal sonore me tire brutalement de ma rêverie. Femme des années 2000, je saisis ma sacoche d'ordinateur, relève le col de mon court blouson, ajuste les écouteurs de mon MP3 et me lève d'un bond. Me voici à un mètre de l'éphèbe aux boucles sauvages qui s'apprête à descendre lui aussi. Nos regards se croisent, j'hésite un instant, ôte les caoutchoucs de mes oreilles et laisse libre court à ma spontanéité : « La casquette vous va à merveille, vous êtes très beau » lui dis-je en sautant sur le quai. Surpris mais pas désarçonné, il me remercie et me décoche un sourire qui me réchauffe pendant de longues minutes alors que je m'éloigne dans les couloirs glacés.

Commentaires

  • Ah ! T'aimes plus les petits vieux, maintenant ?

  • Vous avez raison ma Fiso, foncez, dans la vie on n'a que le plaisir qu'on se donne et les gens meurent du silence dans lequel ils se murent. Partage, partage...

  • très joliment raconté ce moment de transport ! merci ..
    en outre,
    la vie n'hésite pas quand il s'agit d'agresser alors quand il est question d'offrir une gentillesse, pourquoi se priver ?!

  • Nicolas,
    Si ! Dans quelle catégorie classes-tu Tonnegrande affublé d'une casquette ?
    Mamz'elle Gigi,
    Voilà ! Aujourd'hui, dans la rue, une femme m'a fait un compliment, je dois reconnaître que cela m'a fait plaisir.
    Gilles,
    Merci à vous :)
    (je peux aussi être très agressive, hélas)

  • Bravo ! C'est super d'oser faire un compliment à un inconnu !
    J'avoue être ravie quand j'en reçois un alors pourquoi pas dans l'autre sens...

  • Il est toujours plus facile pour une femme de faire ce genre de compliment ... spontané !
    Pour ma part, je me contente de devoir le penser.
    J'ai peut-être tort ...
    Bisous.

  • Chriss,
    Quand je dis que je suis une ex-timide, on ne me croit pas. Et pourtant !
    (je trouve les compliments dénués "d'ambiguïté" encore plus savoureux)
    Philo,
    Hé oui, c'est vrai ... si on répond favorablement à un compliment de la part d'un homme, il se sent souvent le droit d'aller plus loin, malheureusement ...

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