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Début de soirée à l'anse Cosmy : trempage !

Photo368.jpgCette semaine, je finis mes journées plus tôt, à la demande de mes clients, ce qui nous oblige à déjeuner très rapidement, dans un snack proche de la Z.I. Place d’Armes. Il n'y aura donc sans doute plus de photos de mes déjeuners qui n’ont plus rien de créole.

 Je pars chaque matin avec maillot de bain, serviette et crème solaire. Et depuis ma douche tropicale la veille à Trinité et ma soirée chez Léger, je laisse un spray anti-moustiques, des tongs et ma robe de plage – celle de l’île de Ré -  en permanence dans la voiture.  

Ce soir, Bibiche a récupéré sa marmaille d’ados et propose de me retrouver après le travail pour aller à la plage. Je lui envoie un sms et il me récupère sur un des ronds-points du Lamentin. Il y a 3 têtes de plus dans sa bagnole. Je le suis sur la route désormais familière qui relie le Lamentin au Robert. A la Trinité nous traversons la ville puis à la sortie, juste après le point de vente des pêcheurs où d’énormes poissons sont exposés (et l’odeur très forte), nous tournons à droite en direction de l’anse Cosmy. J’aime bien cette ville où les gens se promènent en borde de mer, le soir, je lui trouve quelque chose qui ressemble à la douceur de vivre.

A l’Anse Cosmy, les vagues font des rouleaux et il y a du monde. Je me change dans ma voiture, comme d’hab, et je retrouve Bibiche et ses enfants. La dernière fois que je les ai vus, c’était un soir où je les ai emmenés tous 3 chez Toritcho. Ils ont vachement grandi, ses deux chenapans de 13 ans. Sous les arbres, des tables sont dressées : posé sur des feuilles de bananier, un monticule de pain émietté et parsemé de dés d’avocat, en fait toute la longueur. « Ce soir, c’est trempage » dit Bibiche. « Ah bon ? Mais je croyais que c’était ce matin ? » « Moi aussi, mais finalement non, tu vas pouvoir goûter ».

Là, je comprends que je suis une sacrée chanceuse, comme me le confirmeront Olivier et mes stagiaires, le lendemain. Ils ouvriront même des yeux ronds car « Beaucoup de Martiniquais n’ont même jamais assisté à un trempage ».  

Un trempage, pour les non-initiés comme moi, c’est « un mélange de pain trempé, pressé, de pois rouges, de morue rôtie pimentée, de ragoût de viande, de bananes mures coupées en rondelles » (source Tidiane N’Diaye)

Pour les curieux, voici même une des nombreuses variantes de cette recette très conviviale :

Nous rejoignons son ami P., vacancier aussi (c’est ainsi qu’on désigne les Martiniquais en vacances au pays) qui est là avec sa mère et sa tante, et qui nous a invités. « Tu en auras vu des choses en seulement 15 jours ! » dit Bibiche. Le temps d’un plongeon dans l’Océan avec les enfants et on sonne l’heure de la cérémonie. « Tout le monde s’est lavé les mains ? » s’enquiert le maître de cérémonie.  

 

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Je prends place autour de la table, de profil et suivant l'exemple de ceux qui m'entourent, je fais une boulette avec le pain trempé et la porte à ma bouche . Je pourrais tenter de vous retranscrire l’ambiance mais ce serait faiblard comparé au live (et surtout, j’ai une pensée pour Jeff et Jean-Marc qui auront un sourire sur la face à l’écoute de l’extrait qui suit)

 
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Bien sûr, étant la seule blanche du groupe, ma présence intrigue les invités ; on me questionne et on tente de me faire des blagues. « Tu manges où ? » demande un monsieur rigolard et lorsque je réponds, il frotte ma portion à l’aide d’un piment coupé en 2. Mais justement, j’aime le piment alors après avoir fourré la boulette dans ma bouche, je le charrie : « Y’a plus de piment ? » Je ne suis pas la seule à prendre des photos et à filmer, dans le groupe il y a pas mal de vacanciers, caméra au poing. Je discute avec l’un d’eux qui vit à Maison-Alfort. L’organisatrice de ce sympathique rassemblement souhaite connaître mon impression et j’en profite pour la questionner sur la composition du trempage de ce soir : on a parsemé du hareng saur sur le pain émietté puis recouvert l’ensemble d’une sauce rouge contenant des moules, bananes, avocats et viande poulet.

Je rejoins Bibiche et les enfants, qui me sautent dessus et tentent de me couler, dans la flotte. Le soir tombe, le ciel est clair et je photographie mentalement ce moment privilégié tandis que Bibiche et P. vantent la saveur d’un autre plat inconnu de moi : le migan, composé de fruit à pain et queues de cochon salées « qui donne à la sauce l’onctuosité d’une béchamel ».

Bibiche, de loin, parce qu'il est pudique :

 

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Sous les arbres, les hommes se sont emparés de tambours et chantent à tue-tête. Ambiance filmée disponible prochainement si j'arrive à convertir mon fichier, de retour à Paris.

Quand la nuit tombe, après nous être rincés, nous repartons en diretion de Ducos. Shana et ses couettes se sont invitées dans ma voiture, elle a changé de fréquence et chante à tue-tête sur Trace FM en se dandinant sur son siège. Je me marre, ça me rappelle une autre ado, il y a presque 15 ans, qui me faisait la même sur les routes du Connemara. Ma petite sœur qui a quitté Paris, elle aussi. Ma fratrie m’a lâchée.

Au cassoulet de papa, les enfants ont préféré les double madras du snack Elize. Ce soir, ados obligent, je ne ferai pas dans la gastronomie mais je dois avouer que j’ai préféré cette soirée à celle d’hier (et pas seulement parce que j’ai fait la nique aux moustiques).

Pour le plaisir et parce que je l’ai trouvé rigolo, voici le site de l’office de Tourisme de Trinité, celui là-même qui organise chaque année, en juillet, un Trempage Show, contre une modique participation (moins de 10€).

 

Commentaires

  • Rien qu'à vous lire je suis dépaysée ! Faire trempage ? Jamais je n'aurais deviné, mais au moins c'était bon ?

  • Mamz'elle Gigi,
    j'en ai mangé très peu, pas voulu faire ma goinfre, mais c'était bon, oui.
    Je pense cependant que je l'aurais préféré à la morue ou au poisson plutôt qu'au poulet.

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