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Acide comme la pluie

Lundi, c'est l'heure du déjeuner dans le quartier de l'Opéra et je m'échappe du congélateur qui me tient lieu de bureau; la clim' y est visiblement bloquée en mode canicule et pas moyen de mettre la main sur cet enfoiré de George dont un seul regard de braise me réchaufferait à coup sûr.
Je traverse les axes miroitants et bucoliques (Petits Champs, Capucines, rue de la Paix) qui me rappellent des parties de Monopoly avec mon frère - il fait un temps idéal pour y jouer, tiens ! -  d'un pas plus frileux qu'enthousiaste, abritée sous un parapluie.

Avenue de l'Opéra, pourtant, j'ai envie de rire en découvrant les touristes, ridicules sous leurs ponchos colorés en plastique. Ils arpentent les rues, les yeux rivés sur leurs godillots trempés plutôt que sur la magnifique architecture hausmannienne, un brin incrédules, de l'air du mec qui se dit "J'ai l'étrange impression de m'être fait niquer ?"

Ma propre mauvaise humeur me titille soudain et je m'imagine, les pointant du doigt en ricanant "Nanananèreeeee ! Comment vous avez l'air cons, avec vos tongs et vos ponchos !" A cette réjouissante idée, un sourire sardonique se dessine déjà sur mon visage mais je suis une grande personne, paraît-il, alors je continue mon bonhomme de chemin en enviant Lafesse.  

Je rejoins la rue des Petits Champs, envoyant au passage un baiser vers l'imposante statue de Molière, à l'intention de Chichi et Kamel, mes barmen préférés.

Sous un porche attenant, la serveuse du restaurant "Aux Bons Crus" fume une clope et je la salue, avant de m'installer devant une entrecôte en sauce bordelaise et son os à moelle. Dans ce restaurant découvert récemment grâce à LaFourchette.com, les portions sont généreuses, le minois de la serveuse séduisant et sa gentillesse naturelle, encore plus.

AuxBonsCrus.jpg



Remarquez, je me fous de la gueule des touristes mais je n'en mène pas plus large. Le ventilateur posé début juin par mon Pôpa, en prévision de la canicule annoncée chaque année, n'a déployé ses pales qu'une fois. La dernière occasion où j'ai fait la belle en bustier remonte exactement au 2 juillet, jour de la chasse aux trésors de Paris. Ces derniers jours semaines, je m'extirpe de ma couette à grand-peine et me suis même rendormie hier, ce qui ne m'arrive jamais. Chaque matin, que j'aie dormi 5 ou 8 heures, je découvre avec la même lassitude ma gueule de batracien éclaté dans le miroir. Le crachin qui tombe sans discontinuer me donne, en prime, une tête de brebis. Déprimant. Bêêêê !
 
Alors, pour égayer un peu mes trajets quotidiens, je me fous de la gueule des gens dans le métro. Les touristes font profil bas et jaillissent des wagons en silence, comme des bêtes qu'on mène à l'abattoir, alors que d'ordinaire ils piaillent comme des moineaux. Les Parisiens quand à eux, qui ont pour une fois une bonne raison de tirer la gueule, s'enfoncent un peu plus dans leurs vestes d'hiver.

Un matin de cette semaine, j'ai retrouvé dans mon wagon une vieille connaissance : le type le plus sinistre qu'il m'ait été donné de croiser, je crois. Celui-là, il ne change pas avec les saisons. Même costume triste, flottant autour de son grand corps maigre, même sacoche en cuir ridiculement petite. Immanquablement accroché à sa barre métallique, les yeux fermés comme s'il ne voulait plus voir la misère du monde, le teint aussi jaune hiver qu'été et une sorte de moquette noire plantée sur le crâne. Y'en a qui disent que les métis sont toujours beaux, ben lui, il a pas eu de pot.

Il y a aussi celle-là, face à moi, le visage criblé de boutons bien qu'elle soit sortie de l'adolescence depuis des décennies. Je la trouve instantanément antipathique. Le téléphone portable dans lequel elle braille y est sans doute pour quelque chose. Je fixe ses tongs, perplexe, (elle va au bureau comme ça ?) et entame un dialogue muet en la voyant réprimer une grimace agacée "Ben alors, bouffonne, tu patauges de bon coeur dans les flaques et tu fais la gueule parce que le parapluie de ta voisine met trois gouttes sur ton chemisier informe ?"   
 
Autre chose me fait doucement sourire, en ce moment, ce sont les affiches publicitaires estivales. Je suis tombée sur 3 ou 4 qui m'ont enchantée par leur humour involontaire, du coup, maintenant, je les traque. Jugez plutôt :

Glacé... et mouillé !

Eté glacé.jpg

Pendant que les Belges jouent aux boules sur le sable (???),

ici, on les arbore en guirlandes !

LéondeBXL.jpg

PS : Je rappelle à mes lecteurs, à toutes fins utiles, qu'en avril en Irlande, les passages pluvieux ont totalisé 2 heures en 15 jours. Le prochain qui me dit qu'en Irlande, il pleut tout le temps se prend mon coup de pied au cul.

Commentaires

  • J'adore!!!!!!!!!!!!!!!!!!rien à ajouter de plus. J'adore, cela vous suffit non ?.................................

  • "Les boules à la playa, les moules à la plancha", c'est du grand art !! ;) t'as trouvé ça où ?!!!

  • Une passante etc.,
    Je crois qu'il n'y a rien à ajouter, en effet. ;)
    Les Nuages Bavards,
    Je pensais que les mots-clés "moules" et "Belges" t'auraient aiguillée mais visiblement non (tu dois avoir le cerveau aussi embrumé que moi) : je l'ai donc trouvée dans le métro et c'est signé Léon le roi de la moule.

  • En verve, la Fiso :D
    - Question : tu manges des os à moelle ? Moi j'ose toujours pas, rapport à la folitude de la vache dans le pré hormoné...
    - Remarque : tu n'es pas la seule à avoir une tronche de batracien explosé le matin, si ça peut te rassurer. C'est la vieillesse, chérie (huhu, j'vais me faire taper...)

  • J'ADORE moi aussi!!!!!! Trop bien vu les pubs... Et c'est vrai que les moules sont de sorties!!! Par contre j'ai récemment appris qu'elles sont meilleures les mois en -bre... Nos amis Belges nous conseillent donc d'attendre encore quelques mois...

  • Deef,
    Ah oui, je n'en rate pas un ! Et même en temps de psychose vache folle, j'en mangeais ;)
    (J'ai beaucoup ri de ta remarque. Et j'adore quand tu m'appelles chérie ;) Donc non, moi pas taper !)
    Senga,
    La bienvenue, fan toute neuve :)
    Pour les -bre, oui, j'ai toujours entendu dire ça.

  • Heureusement que je ne prends plus le métro sinon, à vous croisez, je serais habillée pour l'hiver. Fiso sur le mode vénère, ça lacère. Ici il fait très frais aussi et j'ai remisé mes vêtements d'été alors que je rêve de montrer mes épaules de nymphe. Ah, Fiso, tout est dans l'idée qu'on s'en fait : décrétez que la vie est gaie et ça ira bien mieux !

  • Le problème, avec le temps parisien, c'est qu'immanquablement il arrive sur Budapest 48 heures plus tard. Nous y sommes, donc. Le tongues sont remisées, les pantalons ressortis, on s'improvise des parapluie de circonstance,mais rien à faire, je trouve aux Hongrois et aux Hongroises de belles gueules. Même dans le métro...

  • Qu'est-ce que je me suis marrée en te lisant (j'éternuais aussi, parce que ça caille) !!! Ben si quand tu es en mode vénère, tu es aussi drôle, moi j'en veux encore ! ;-) Moi qui voulais un "homme ventilateur" au mois de mai, à présent, j'ai des pales électriques, qui, comme toi, ne tournent pas !!... Snifff.... Quand aux moules, sacré Léon ! J'avais vu la pub dans le métro, j'avais bien rigolé en la voyant ! ;-) Bon, sinon, c'est vrai quoi, quand est-ce qu'on ressort notre bustier ?!? Meeeerde....

  • La Philosophe,
    Et mamz'elle Gigi, la Fiso en mode vénère, ça lui inspire des vers ;)
    De ce côté-ci du monde, la vie est belle, oui. J'ai d'autant plus eu eu mal à digérer mon petit-déj' devant les images d'un peuple somalien, encore et toujours frappé par la famine. On a beau se réjouir que le hasard nous ait fait naitre au bon endroit, je me demande vraiment comment on peut croire en Dieu quand depuis des siècles, ce sont les mêmes qui vivent dans l'opulence.
    Oh!91,
    Je ne dois pas être sensible aux charmes de l'est moi, je n'ai rien remarqué ;)
    ChachafromParis,
    Moi aussi je me suis marrée en te lisant !
    (pour le bustier, c'est en bonne voie il me semble. Profitons-en, ça risque de ne pas durer)

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