Mon parcours commence donc sur le flanc ouest du parc de Montsouris, ainsi nommé à cause des multiples rongeurs qui fréquentaient jadis la vallée de la Bièvre.
J'emprunte la rue Émile Deutsch de la Meurthe, à l'angle de laquelle se dresse une imposante maison de style Art Nouveau. Cette rue honore le fondateur de la Cité Internationale Universitaire qui s'étend de l'autre côté du boulevard.
[Anecdote : j'ai à peine parcouru quelques mètres, le nez en l'air, que j'entends crier mon prénom. Incrédule, je me retourne vaguement, un jeune homme caché derrière des lunettes de soleil et un bouc me fait un signe timide de la main : c'est Arnaud, rencontré quelques heures plus tôt au Café du Marché à Montrouge.]
Le long du parc de Montsouris, les maisons de style Art Déco ou Art Nouveau qui bordent les impasses et ruelles pavées ont hébergé des artistes comme Georges Braque, Amédée Ozenfant, l'écrivain américain E.E. Cummings, le peintre chinois Oui, ou encore Foujita qui vécut également rue d'Odessa et rue Delambre.
Les escaliers situés à l'extrémité du square Montsouris me déposent avenue Reille, devant les Réservoirs de Paris. Il s'agit d'une immense butte gazonnée qui renferme 200 millions de litres des eaux des rivières de la Vanne et du Loing, distantes de 150 kilomètres, et alimente presque toute la rive gauche de Paris.
Après avoir salué la médaille d'or 2011 de la meilleure andouille, je me plonge dans mon guide qui indique "A un général et un maréchal, tu préfèreras un saint".
Rue Saint-Yves, la Cité du Souvenir rend hommage aux morts de la grande guerre et abrite même une petite chapelle.
Plus loin, à l'angle des rues du Père Corentin et Marie Rose, un important édifice de briques rouges se dresse. Avant de m'y intéresser, je repère, au n°4, l'immeuble dans lequel Lénine vécut 3 ans.
Le bâtiment de briques rouges m'intrigue; il s'agit d'un couvent de franciscains. J'en pousse la porte, elle cède, je me faufile comme une voleuse. Le rez de chaussée est désert, les accès fermés. Pourtant, à travers les fenêtres, je devine un bucolique jardin. Inutile de demander un renseignement au gros chat noir qui paresse sur un banc.
La porte donnant sur la rue s'ouvre à nouveau, un jeune homme entre. Vaguement coupable, je prends les devants "Excusez-moi, ce n'est pas ouvert au public ici ?" "Si, la chapelle est ouverte, venez, je vous montre". En haut d'un important escalier, je pénètre dans une impressionnante chapelle. Pendant que le jeune homme s'abandonne à la génuflexion, je parcoure quelques niches puis repart vite. Depuis, j'ai appris là que le père Corentin y avait été assassiné en 1944.
Délaissant mon guide qui file vers Montparnasse, je suis la rue du Loing qui me ramène vers celle d'Alésia. A l'angle de la rue de Bigorre, une boulangerie-épicerie affiche son amour du pays basque. Au numéro 20 bis, ma nuque assouplie découvre deux beaux reliefs sculptés par l'avignonnais Jean-Pierre Gras. Mes recherches indiquent des atlantes, or il s'agit d'un couple, totalement nu, de surcroît. Je n'ai aucune connaissance en architecture, appellerait-on simplement ces sculptures un atlante et une cariatide ?
Plus loin, sur le trottoir, un homme est allongé par terre, dans l'indifférence générale. Je prends la rue de la Tombe Issoire et après quelques hésitations, ignorant que, plus loin, la villa Seurat vaut le détour - Henri Miller y écrivit ses Tropiques -, je bifurque à gauche dans la rue de l'Aude. La rue des Artistes ne tient pas ses promesses et je descends son escalier pour rejoindre l'avenue René Coty.
Je tourne autour depuis le début de ma balade, il fallait bien que j'y entre dans ce fameux parc de Montsouris, auquel je préfère pourtant celui de la Cité Universitaire. Les joggeurs en short y sont nombreux. Il abrite pourtant quelques curiosités. D'entre les arbres émerge une étrange aiguille; c'est là que les prévisions météorologiques de Paris et sa petite couronne sont faites. La ligne B du RER traverse également le parc. Et de retour sur le boulevard, la verrière et les sols de mosaique du restaurant Le Pavillon Montsouris ont accueilli Lénine, Trotsky, Sartre et Jouvet.
PS : Notez qu'ils n'ont pas osé afficher la météo de juillet et août ...
Ma balade dans cette partie du 14ème arrondissement, jusqu'alors inconnue, est terminée. J'en aurai encore appris, des choses !
Le mot du jour :
atlante : figure d'homme debout ou agenouillé, employé dans certains temples grecs et soutenant un entablement. Dans les temples romains, ces éléments portent plutôt le nom de télamons (source Wikipédia) => son équivalent féminin : la cariatide
Commentaires
Belle balade ! (impressionnant le réservoir)
Nb: "Les joggeurs en short y sont nombreux" ...tiens il n'y avait pas de joggeuses ? :-)
Voilà qui me rend tout nostalgique du quartier où j'ai vécu 8 ans avant de m'exiler en banlieue ^^
Le parc Montsouris est pour moi le 2e plus beau parc parisien, après celui des Buttes-Chaumont et avant celui du Luxembourg. Un très bel endroit pour pique-niquer aux beaux jours (je me souviens d'ailleurs du pique-nique géant sur la Méridienne, qui traversait le parc, en l'an 2000).
Zoumpapa,
Et bien plus calme que le 14ème que je fréquente habituellement.
Pas vu de joggeuses, non :)
Comme une image,
Je n'ai pas mentionné la méridienne mais c'est une autre particularité de ce parc.
Je n'ai pas fréquenté assez de parcs parisiens pour pouvoir établir un palmarès ;)