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  • La VAE

    Ces derniers temps, je blogue peu, assez débordée entre le sport auquel je me suis remise régulièrement, le boulot, les cours de chant, les sorties et .. la préparation de ma VAE, dont je vous avais parlé, il y a quelques mois. 

    Comme je sais que certains de mes lecteurs (je pense notamment à Zoum' et Trefle) ne sont pas français, je vais expliquer ce qu'est la VAE, dispositif très français, lui. Les employeurs français participent chaque mois, sous forme de cotisation, au financement du Fongecif qui permet ensuite aux salariés de bénéficier de plusieurs dispositifs de formation. L'un de ces dispositifs est le bilan de compétences (que j'ai utilisé) et qui permet de faire le point sur sa carrière et d'identifier des pistes pour une reconversion professionnelle. Un autre de ces dispositif est la VAE, pour Validation des Acquis de l'Expérience, qui permet aux salariés ayant acquis des compétences dans un poste sans relation avec leur formation initiale , de demander la validation d'un diplôme correspondant. Par exemple, un salarié qui serait entré dans une boîte comme manutentionnaire et aurait bénéficié de promotions internes jusqu'à occuper un poste de responsable logistique pourrait prétendre au diplôme normalement délivré à l'issue d'une formation en logistique.

    Cette démarche m'avait d'abord été suggérée par ma consultante en bilan de compétences à l'issue de celui-ci, en 2005.

    Quand j'ai commencé ma carrière de consultante en 2008, le rythme de mes déplacements était tel que je ne pouvais consacrer du temps personnel à cette démarche, qui demande beaucoup d'investissement. . 

    Fin 2012, alors que j'envisageais de quitter la merveilleuse boîte qui m'a appris mon métier actuel (ceci n'a rien d'ironique), j'ai rencontré une conseillère à la bourse du commerce qui a puisé dans son catalogue et trouvé plusieurs diplômes qui me correspondaient. J'ai alors choisi le titre de consultant-formateur, niveau II (bac +3/4), délivré à l'issue d'une formation de plusieurs mois ou via une VAE. Pour l'autodidacte complète que je suis, avec juste un brevet des collèges en poche, autant dire rien dans un pays qui évalue encore souvent les gens à leurs diplômes et pas à leur mérite, la consécration serait belle. J'ai rencontré la référnte VAE de l'école en question, qui a validé la faisabilité de mon projet, j'ai envoyé mon dossier au Fongecif qui a donné son accord pour financement. 

    Ensuite, il y a eu 2 changements d'employeur en une année et j'ai informé l'école que je mettais mon projet en suspens. Et fin 2014, alors que plusieurs de mes amis proches me conseillaient de monter ma boîte, que j'abandonnais l'idée de passer quelques années chez mon employeur actuel et envisageais un congé de formation, j'ai pensé qu'avant d'amorcer un nouveau virage, le temps était venu de valoriser mes 6 années de conseil.

    En décembre dernier, j'ai recontacté l'école et le 19 janvier, j'ai eu mon premier rendez-vous avec la référente, chez elle, dans un joli appartement de Vincennes. Là, elle m'a présenté le calendrier de ma VAE : un rendez-vous mensuel avec elle pour faire le point sur mon travail, des échanges mail ou téléphone entre 2 rencontres et la soutenance devant un jury en juillet. Elle m'a présenté les 4 pôles de compétences que je devrai valider, les 10 compétences associées et remis plusieurs documents pour m'aider à décrire mes activités et compétences.

    Première étape du remplissage de mon dossier de soutenance : décrire chacun des postes (3, pour moi) en relation avec la certification visée, mes activités, mes interlocuteurs, mes relations hiérarchiques, à qui je devais rendre des comptes etc.

    Au rendez-vous suivant, j'étais assez contente : MJ n'a apporté que quelques suggestions à mon travail. En revanche, elle m'a suggéré de retravailler mon CV et même proposé de lui envoyer pour relecture.

    Nous avons alors abordé la méthodologie à suivre pour mettre en relation le référentiel de compétences avec mes activités professionnelles. Et là c'est du costaud.

    Mais comme je suis dans une maison magnifique près de Forges les Eaux, que les femmes de la maison viennent de rentrer d'une razzia de fruits de mer (5,50 le kilo de coquilles Saint-Jacques !!!) et qu'on me sollicite pour mettre en route le sauna dans lequel nous allons nous réchauffer avant le dîner, je vous en dirai plus la prochaine fois.

  • Le jeune homme de la place de la Madeleine

    A l'automne, dans un des couloirs de la sortie du métro Madeleine, j'ai découvert un jeune homme, assis sur un petit carré de tissu. Il était propre, rasé de près et il adresait un sourire doux aux passants. On aurait dit qu'il s'était trouvé chez lui et s'était dit "Tiens, si j'allais m'assoir dans le métro pour regarder les gens passer?" 

    En le retrouvant chaque matin, au détour du couloir, j'ai ressenti le même sentiment de malaise et de curiosité : il avait l'air content d'être là, dans ce courant d'air glacial que je m'empressais de quitter.

    Un matin de décembre, il n'était plus à sa place. A quelques mètres de là, devant l'entrée du Darty, un groupe de 3 ou 4 clochards hirsutes et avinés avaient installé leurs matelas. J'ai retrouvé le jeune homme sur la place, sagement assis sur la marche d'un immeuble de bureaux. Il souriait toujours. J'ai pensé "Merde, ça va être dur pour lui d'être à l'air libre, avec ce froid". J'ai supposé que les autres l'avaient chassé.

    Au fil des semaines, je l'ai vu changer. Une barbe a poussé sur ses joues jadis lisses. Un matin, j'ai remarqué une vilaine entaille et du sang séché sur son sourcil. J'ai pensé " Qui a pu frapper quelqu'un d'aussi doux?" Il a vieilli d'un coup, son visage s'est creusé et durci, son sourire est devenu forcé. Je continuais de le saluer et il me répondait toujours d'un signe de tête mais ses yeux sont devenus noirs, comme chargés de colère. 

    Un matin, je me suis penchée sur lui : "Si je vous offre à manger, vous le prendrez ?". Il a fait un signe de tête et j'ai compris qu'il ne parlait pas français. Je l'ai questionné "Vous parlez anglais?" et il a répondu avec ce délicieux roulement de r : "Roumane".
    Je suis repartie ébranlée et triste "Putain, mon frère roumain, qu'est ce que tu es venu faire ici?". En cheinant, je le revoyais quelques mois plus tôt, avec sa tête de jeune étudiant curieux du monde.
    J'ai décidé de profiter du Carême pour utiliser l'argent qui m'était alloué pour déjeuner à lui acheter un sandwich, des fruits. Et puis, un matin que j'emmenais des cookies maison pour mes collègues, j'ai ouvert la boîte et lui en ai offert.

    Au fil des jours, j'ai eu l'impression qu'il ne me reconnaissait plus. Ou alors la tristesse brouillait désormais son regard et faisait de nous tous des ombres anonymes et filantes. 

    Je supporte de moins en moins que tous ces humains en déchéance fassent partie de notre paysage, comme si c'était normal,. Ils augmentent de jour en jour, des jeunes, des vieux, des femmes, des mères, des grands-mères. Certains nous renvoient nos propres peurs : hier un humain, un nom, une personne aimée, demain un animal dont la crasse et la puanteur répugnent.

    A mon retour de Naples, le jeune Roumain avait disparu. Je l'ai guetté en vain les jours suivants. Il a peut-être changé de quartier ou alors, comme je l'espère, il est rentré chez lui.