Hachijû (attention, site web éphémère)
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Hachijû (attention, site web éphémère)
Je vais bien. J'écris peu, je mange peu, je bois encore moins et je n'ai pas fait de sport depuis près d'un mois. Je me ménage, quoi. Faut dire qu'avec le froid qui sévit, je manque de courage pour courir bras nus. Ca reviendra.
En revanche, j'ai toujours un beau lot de conneries à mon actif. La dernière, c'était avant-hier et je ne me suis pas loupée, sur ce coup-là.
19h30, lundi soir, j'émerge, frigorifiée et toute contractée par le froid glacial, de la bouche de métro à dix minutes à pied de chez moi. Je longe le renfoncement sombre où il y a plein de bus et j'hésite. Allez, ce soir, je me la joue flemmarde et je saute dans un des bus qui relie Paris à la banlieue et me fera gagner 5 minutes et quelques courants d'air. Je scrute l'itinéraire de la ligne : oui, il passe bien à proximité de ma rue.
Le bus se remplit et tarde à partir. Son conducteur fume une clope avec un collègue jusqu'au moment où le signal sonore et lumineux annonçant le départ retentit. Enfin ! Je me réjouis déjà à l'idée du moment où je pousserai la porte de mon appartement douillet et où je pourrai enfin me débarrasser de l'ordinateur qui m'alourdit le bras. Mon canapé est mon meilleur ami, ces jours-ci.
Le bus s'élance dans le trafic dense et traverse le carrefour à toute allure. A toute allure, oui, d'ailleurs c'est bizarre, il ne tourne pas à droite comme prévu. Itinéraire modifié ? Mon visage change quand il accélère, serre à gauche et s'engouffre sur ... l'autoroute ! Je me retourne, affolée, vers un des passagers "Heu, excusez-moi, il va où ce bus ?" "Chilly-Mazarin. Pourquoi, vous allez où, vous?" Je contemple, abasourdie, les néons qui longent le boulevard : "Moi, j'habite là ..."
Je peste contre moi-même. Bien joué, Fiso, t'as voulu gagner 5 minutes, tu vas perdre au moins 1 heure. Et une soirée de foirée !
"Je ne comprend pas, pourtant, l'itinéraire ne dit pas qu'il va à Chilly-Mazarin". "Ils ont changé les bus il y a deux jours". C'est alors que je remarque qu'il y a 2 plans de la ligne : un à l'avant du bus, le bon, que je n'ai pas vu en montant à bord, et un à l'arrière du bus, l'ancien, auquel je me suis fiée. Est-ce que je vais à l'avant du bus embrouiller le chauffeur ? Bah, il s'en tape et il est capable de trouver ça drôle. Du coup, je prends le parti d'en rire et compose le numéro de mon chef de projet, celui avec lequel je me tape des gueuletons régulièrement, entre Paris et Bruxelles : "Je ne te dérange pas? " "Non, non je quitte le bureau". "Je voulais te faire rigoler un peu en te racontant ma dernière connerie". "Ah bon, tu es où?" "Ben, dans un bus sur l'autoroute A6, en direction d'Orly".
Ça, pour se marrer, il s'est marré. "Y'a que toi pour nous faire un truc pareil", il a dit.
Heureusement, ça filait sur l'autoroute. "Descendez à l'arrêt cimetière" avait dit le passager interpellé. Arrêt de ce circonstance, vu ma tronche d'enterrement.
Bien sûr, lorsque je descends du bus, celui d'en face qui aurait ramené Fiso fissa au point de départ démarre sous mon nez. Et me voilà sous un pauvre abri de bus à me les peler sévère. "Tiens, tant qu'à avoir une soirée ruinée, si j'en profitais pour me faire payer l'apéro, voire le couvert chez un de mes deux amis vivant à proximité ?"
Tout à coup guillerette, je compose le numéro de ma copine bien-aimée (qui se reconnaîtra). Les sonneries s'enchaînent. Et merde, j'avais oublié qu'elle ne répond JAMAIS à son putain de téléphone, qu'on se demande bien à quoi il lui sert, bordel de m.... (ouais, je sais, c'est pas élégant, mais j'en ai rien à cirer de l'élégance quand je suis en train de claquer des fesses dents devant le cimetière d'une banlieue sinistre. Et puis d'ailleurs, les seuls témoins de la bordée de jurons marmonnés entre mes dents sont endormis à jamais).
Je compose le 2ème numéro de mon répertoire, celui de l'apprenti cuistot que j'avais emmené se faire recoudre. Il me doit bien un coup à boire, celui-là et lui, au moins, il répond à son téléphone, sauf quand il dort. Répondeur: il dort. Je lui laisse un message, quand même. Puis j'appelle ma mère, pour la faire rigoler aussi. Je m'occupe, quoi, histoire d'oublier que j'ai froid et que je devrais être depuis longtemps lovée sur mon canapé.
J'attend plus de 20 minutes un hypothétique bus en direction de Paris puis saute dans le premier qui se pointe, terminus Massy-Palaiseau RER. Le RER, voilà une valeur sûre. Biens sûr, il ne marque pas l'arrêt à la station la plus proche de chez moi. Je me paie donc encore un petit tour de tramway et cette fois je finis à pied. On va arrêter les frais pour ce soir. En chemin, j'appelle un ami du voisinage qui conclut "Finalement, même quand tu n'es pas en déplacement, tu trouves le moyen de te balader". Bien vu.
Embarquée à 19h30 dans ce bus infernal, il est 21h20 quand j'ôte enfin mes chaussures et frotte mes pieds glacés. J'ai quitté le bureau il y a 3 heures. Tout va bien. Je respire. Zen, Fiso, zen. Une bonne verveine, ma fille, ça va te faire du bien.