Malgré un regard lisse, l'éclat de ses prunelles
D'un implacable duel annonce les prémices.
Sous le sourire de miel, un prédateur s'avance,
Savourant en silence le trouble des gazelles.
Son oeil soudain se fixe et ses muscles se bandent,
Des frissons de désir parcourent son flanc chaud
Louvoyant et agile, il resserre l'étau,
La pupille d'onyx, aux aguets, elle tremble.
Sur ses lèvres carnassières on voit rosir le sang
Et dans ses yeux d'argent, déjà, brille le fer.
Sous son souffle animal, elle frissonnera de joie,
Leurs corps s'agripperont dans une joute bestiale
Dans l'iris minéral se reflètera l'émoi
Provoquée par l'odeur de sa peur impériale.
Quand, enfin victorieuse, sa bouche fouillera
Le corps de velours nu aux courbures graciles,
Le charbon de ses cils incandescents verra
Se répandre le jus de la blessure grenat.
Il plantera alors ses crocs dans la chair tendre,
Ses griffes lacéreront la peau chaude et musquée,
Par les râles du plaisir il se fera surprendre
Sans un mot, elle glissera à ses pieds, irradiée.
Son regard incrédule, doucement, vacillera.
Une poussière de cendre en voilera l'éclat.
D'un dernier soubresaut, sous la morsure divine,
Enivrée du parfum de sa sueur saline
Dans un sursaut ultime, son dos se cambrera.