En cette fin d'été, perdue dans mes pensées, j'arrive au terme de mon voyage métropolitain quand une voix chaude me tire de mes rêveries. Je tourne la tête, croise son regard, mon rayon de soleil souterrain est là, guitare en main. Une après-midi déjà, je l'avais aperçu, sur le quai opposé, grattant les cordes avec des frères de couleur.
Terminus, le wagon se vide, je m'attarde, le hèle par son prénom africain, qu'il a remplacé par un pseudo d'artiste plus anglophone. Nous cheminons ensemble en bavardant. Peu de concerts à venir, la gloire annoncée se fait désirer et la carrière d'Oumar semble avoir raté son prometteur envol. Je demande pourquoi Oumar est devenu Kinsy, il s'enquièrt de ma préférence : j'ai toujours aimé l'authenticité.
La présence d'Oumar en bout de ligne s'explique : il habite mon quartier et effectue régulièrement le voyage en chantant. Chemin faisant, je demande des nouvelles de son (ex) manager, qui m'avait repérée ici-même et comme il se demande comment je connais Thierry, je lui raconte ce soir de 2007.
"C'était toi, la blogueuse ?" s'écrie Oumar.
Mon billet, visiblement, l'avait touché. Il donne son numéro de téléphone, m'embrasse et lève le doigt avant de s'éloigner "Surtout, ne me lâche pas, ok ?".
A l'air libre, je le regarde s'éloigner. Oumar et moi, ça y est, les présentations sont faites !