Anata sera désormais son pseudo sur ce blog. Une private joke entre nous, puisqu’il m’appelle « ma femme ».
Il part dans quelques jours au Japon et m’avait invitée, ce soir, à dîner chez lui. J’étais à l’heure car je sais à quel point cela lui importe et je ne souhaite pas le heurter. A la porte d’entrée, je n’oublie pas la règle d’usage et me déchausse.
Dans une marmite, il a disposé d’étranges ingrédients. Les Japonais accorde tout autant de soin à la présentation qu'au contenu et c'est déjà très appétissant. Je distingue de la viande de bœuf tranchée très finement à la manière d’un carpaccio, des poireaux, des champignons, des cubes de tofu et des nouilles. Sur la table, un appareil à fondue attend sa fournée.
« Tu connais sukiyaki ?» demande-t-il. Bon, je me mélange encore pas mal les pinceaux avec tous les plats en yaki alors j’hésite. Il précise « C’est un plat de fête au Japon, un peu comme votre fondue ».
Sur la table, devant moi, un œuf cru flotte dans un bol. « Il faut le battre et ensuite, on va poser dedans les chose qui cuisent. Plus on attend, plus c’est bon. Au Japon, le lendemain, on mélange du riz avec les aliments caramélisés, c’est délicieux ».
Mon ami saupoudre de sucre, avec beaucoup de précision, me semble-t-il, les ingrédients élégamment disposés dans le plat, puis les arrose de sauce soja et mirin (vin doux de riz). Après quelques minutes, certains aliments sont déjà cuits et Anata m’invite à plonger mes baguettes dans le plat.
Les lamelles de viande sont sucrées et parfumées. Les étranges filaments beiges non identifiés sont des champignons. Un shitaké au puissant parfum glisse entre mes baguettes et je me brûle en mordant sa chair. Acheté sous sa forme déshydratée, mon ami lui a rendu son aspect d’origine en le plongeant 24 heures dans de l’eau. Je fais une étonnante découverte : les nouilles translucides (shirataki, littéralement cascade blanche), que j’avais crues de riz, proviennent d’un légume, le konnyaku (konjac). Les cubes de tofu nacré ont une texture crémeuse que je n’ai jamais goûtée jusqu’ici. Le hakusai (chou chinois) est gorgé de bouillon sucré.
Cuit, ça donne ça :
Très touchée du temps passé par mon ami à préparer ce festin si convivial, je me prends avec curiosité et gourmandise au jeu de cette exploration visuelle, olfactive et gustative. Découvrir les saveurs de chacun de ces mets est un ravissement. C'est sain et délicieux.
Après des pâtisseries tout à fait françaises, je prends congé de Anata auquel j’emprunte un livre illustré délicieux, « La vie au Japon », manuel de savoir-vivre nippon à l’attention des Français.