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vanessa van durme

  • Avant que j'oublie

    Sur scène, une vieille femme, en chemise de nuit sous son manteau, cheveux longs et gris, visage griffé par le temps. C'est la mère : "Parlez moi de ce que j'ai été plutôt que de ce que je suis devenue". Face à elle, sa fille, qu'elle vouvoie et ne reconnait plus. Dans la bouche de la mère, il n'y a que le fils, et elle en parle sans cesse, de ce fils qui vit loin. Et j'ai mal pour cette fille, aimante et transparente. Je me souviens du livre d'Alain Corneau "Père manquant, fils manqué" et je me dis que les mères n'ont que ce qu'elles méritent. Et je pense à ma mère et sa mère, à la blessure secrète, aux histoires qui se répètent, aux silences complices. Et je me vois avec ma mère, demain, le plus tard possible, jamais j'espère, mais les histoires se répètent, même sans blessure secrète. Et je pense à mon amie, si seule et si patiente face à la démence de sa mère. Et je trouve les mères tellement injustes envers leurs filles. Je pense aux regrets, à la splendeur perdue, à la fragilité, aux mères devenues petites filles, aux filles qui serrent les dents et pleurent des larmes invisibles. Et les mots de la mère redevenue enfant, si spontanément cruels : "Je crois que j'ai eu un autre enfant mais il est décédé". Et l'enfant renié et oublié, qui explose et crie sa douleur d'avoir été rejeté parce que différent. Et la mère, dans un éclair de lucidité : "Je te reconnais. Tu as beaucoup changé ..." "Toi aussi, mère." Et lorsque les lumières reviennent et que le visage de Vanessa Van Durme s'avance vers nous, sublimement douloureux, je suis en larmes. "Avant que j'oublie" au théâtre du Rond-Point Une pièce de et avec Vanessa Van Durme. Et son histoire ici.