Suivi hier soir un débat télévisé au cours duquel Jean-François Coppé affrontait 2 "jeunes" représentatifs du mouvement anti-CPE. J'ai trouvé Coppé brillant et ses vannes m'ont fait sourire; ça change du discours paternaliste des septuagénaires habituels. En revanche, j'ai eu envie de coller des baffes au petit mec au teint de jeune fille qui osait comparer sa situation à de l'esclavage et reprochait à Coppé de ne rien faire d'autre que de la représentation en costard-cravate. Je précise que je ne me situe pas d'un côté ou de l'autre en politique mais je trouve quand même que le gouvernement actuel est courageux; pour prendre de tels risques si près de la présidentielle, il doivent quand même y croire un minimum. Pour citer Coppé "Faudrait arrêter un peu de tout voir par le petit oeil d'idéologies écrites par des mecs il y a 150 ans". Et arrêter de prendre les politiques pour des décervelés. Eux aussi lisent, s'informent et s'inspirent de ce qui se fait (et fonctionne) ailleurs . Ce jeune homme, donc, n'arrêtait pas de dire "vous savez bien que ça ne marche pas et que le CPE ne réduira pas le chômage". Ben, comment il le sait, on a pas encore essayé ? Et d'autres conneries comme "on peut se faire virer du jour au lendemain". Franchement, quel interêt pour employer de former quelqu'un (ce qui a un coût) pour le virer, s'il est compétent ? Les Français s'expatrient de plus en plus, sans parler des entreprises, vous trouvez que c'est un signe de bonne santé économique ?
Je commence à penser comme Doudou qui me disait récemment que "le stress au travail venait de l'attachement stupide de l'employé envers son entreprise" ou quelque chose comme ça (merci de rectifier, JM). Un emploi pour la vie, c'est fini et personnellement, je trouve que c'est plutôt une bonne nouvelle. Qu'est ce que j'en ai à foutre de faire carrière et d'aligner 15 ans d'ancienneté ? La mobilité ça me plaît et ne vous avisez pas pas de me traiter de nantie, je n'ai pas le bac et commencé à travailler à 18 ans. Seulement, j'ai pas attendu que ça me tombe tout cuit dans la bouche, j'ai retroussé mes manches, bossé le jour, la nuit, ai toujours considéré mes rapports avec un employeur comme un échange de bons procédés (salaire contre travail), suis même partie bosser ailleurs (because délocalisation et oui, déjà en 1996). Quand on arrête de se considérer comme une victime, on devient maître de son destin.
Alors, quand on invoque l'horrible précarité qui va s'abattre sur les français avec les CPE et CNE, réveillez-vous, la précarité, elle est déjà là !
- échec scolaire, dévaluation des diplômes,
- exploitation des stagiaires utilisés à la place de CDI
- durée moyenne des missions d'intérim inférieure à 5 jours, celle des CDD égale à 1 mois
- départ du foyer familial et entrée dans la vie active de plus en plus tardifs
- exigence de garants et revenus égaux à 4 fois le loyer pour obtenir un logement
- augmentation des sans domicile fixe...
La France est elle incapable de réformes ? Allons nous rester à la traîne de la modernité, accrochés que nous sommes à notre petit confort individuel ? (car c'est bien de ça qu'il s'agit, chacun pour SA gueule).
Lu dans Courrier International :
22 % des jeunes Français de moins de 26 ans sont actuellement au chômage, chiffre qui atteint 50 % dans les banlieues. C'est le record d'Europe", note le Corriere della Sera.
"Ce n'est pas le CPE en soi qui pose problème, mais bien plutôt le fait qu'il ouvre une brèche dans un dispositif légal et réglementaire fondamentalement dissuasif pour l'emploi", écrit La Tribune de Genève. "Car, si la France connaît un taux de chômage élevé, et particulièrement chez les jeunes, ce n'est pas que sa main-d'œuvre serait moins qualifiée qu'ailleurs, mais uniquement que les employeurs hésitent à embaucher des travailleurs qu'il leur sera ensuite très difficile de licencier." Le quotidien suisse stigmatise le Code français du travail, "l'une des législations les plus rigides qui soient".
Dernière chose : Qu'on arrête de prendre les employeurs pour des "Mère Teresa". Un employeur est un chef d'entreprise dont le but est de dégager des bénéfices, pas de faire du social. Voilà où on en est en France : des propriétaires qui préfèrent laisser leur logement innocupé plutôt que de subir un mauvais payeur qu'ils ne pourront pas expulser, des employeurs qui ont peur d'embaucher pour les mêmes raisons. Et puis, si vous en avez marre de la France, allez travailler ailleurs, c'est ce que j'ai fait pendant 6 ans ! Rien de tel pour prendre du recul ...
Commentaires
Amen ma soeur!
Il y a une réalité. Tout le monde est d'accord syndicat compris pour dire, qu'il faut faire evoluer le systême.
mais personne n'est prèt à en prendre le risque politique et social. alors on tourne en rond.
Il est vrai que ces nouveau dispositifs font une brêche dans notre très verrouillé systême legal du travail.
Mais, il faut avancé because, même dans les pays industrialisés ou il n'y a pas de protection, le chomage est plus bas et pire, ces économies sont plus performantes que la notre.
Avec le CPE, ce n'est pas seulement le jeune qui se retrouve potentiellement en précarité, mais aussi son employeur. pourquoi?
autant le jeune peut être viré sans motif et préavis par son patron durant la période autorisée, de même, le jeune peut se casser du jour au lendemain en plantant tout le monde, si son travail lui prend la tête ou si il a trouvé de l'herbe plus verte ailleur.
Et là, c'est un vrai problème, car il y a beaucoup de patron qui se demande comment il vont faire pour investir sur un jeune qui prendra de trois à six mois pour être opérationnel suivant l'activité, et qui pourra du jour au lendemain le lâcher.
par expérience, je sais que c'est très dur à encaisser, car c'est de l'énergie et de l'argent balancé par la fenêtre.
Si il y quelque chose à rectifier, c'est bien ce point, qui rend les deux partis méfiants et donc qui peut faire plus de mal que de bien.
Ou bien, se dire simplement que ce sera la règle de l'offre et de la demande qui s'appliquera.
Et là, suivant les secteurs d'activités qui son plus ou moin en panne de main d'oeuvre, je ne suis pas vraiment sûr que ce sera le jeune qui sera en position de faiblesse.
NON, pas vraiment!!!!!
Parole de syndicaliste!
En réalité tout n'est pas si simple et je ne prendrais pas de position aussi catégoriques que les vôtres. Pourquoi ne pas dire carrémént qu'ils ne travaillent pas parce qu'ils ne veulent pas ?? Je peux témoigner car je connais la "précarité" (quel sale mot !) de l'intérieur, pour y avoir eu droit, et de l'extérieur, pour m'en être occupé (encore aujourd'hui). Et si j'ai cette démarche, c'est sans aucun besoin d'idéologie aucune. Il est trop facile de fustiger les gens qui ne sont pas d'accord d'archaïques. C'est un leitmotiv politique éculé. C'est par vie de terrain qu'on peut s'en rendre compte. Alors travailler à construire queleque chose ensemble, oui. Se contenter de décréter suivi d'un marche ou crève, non !
Car enfin, s'il y a du chômage, c'est que dans plus de 75% des cas il y a eu licenciement et souvent pour des motifs de rentabilisation plus que pour difficultés réelles, croyez le. S-il le faut je peux plaider quelques dossiers qui vous feront froid dans le dos. Alors, vigilance, oui, mais prudence et mesure dans les jugements hâtifs et faciles, s'il vous plaît.
Mais j'aime assez que chacun défende courtoisement ses opinions, c'est ce que j'apprécie, entre autres, ici.
Merci Rony pour votre témoignage. Vous avez raison, tout n'est pas si simple et malheureusement, ce sont les actionnaires qui font désormais la pluie et le beau temps. En revanche, je ne pense pas que notre taux de chômage ne soit dû qu'aux licenciements. Il est aussi la conséquence du non -respect de la loi par certains : travail "au noir", stages bidons ...
Comment est-il possible qu'une société soit composée de 90 % de stagiaires - non rémunérés bien sûr -, comme je l'ai vu l'autre jour dans une émission en caméra cachée ?
Quant à la précarité, elle n'est pas dûe selon moi au contrats à durée déterminée mais surtout au système français qui exclut tous ceux qui ne sont pas titulaires du fameux CDI. Je ne peux que parler de mon expérience personnelle. En Irlande où j'ai vécu pendant 6 ans, le CDI n'existe pas, tous les contrats sont renouvelables après 2 ans (et ce quel que soit voitre âge). Cela ne pose de problèmes à personne car logements et prêts bancaires sont accessibles à tous, sans toute la batterie de garanties exigées ici. Il est vrai que j'ai connu l'âge d'or du tigre celtique. Mais dans cet ensemble mondial dont nous faisons partie, la France peut-elle encore s'accrocher à ses acquis, envers et contre tous et malgré le marasme économique dans lequel elle s'enfonce depuis plus de 20 ans ?